Chronique de la quinzaine - 31 mars 1848

Chronique n° 383
31 mars 1848


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mars 1848.

Une révolution à Vienne, une révolution à Berlin, les Autrichiens chassés du royaume lombard, l’Italie tout entière insurgée contre l’Autriche, une constitution à Rome, des constitutions partout, le Danemark et la Suède agités comme s’ils étaient nos voisins, la Pologne en émoi, demain peut-être en bataille, l’Angleterre frappée d’immobilité, la Russie confinée dans un isolement qu’il est également dangereux pour elle ou de repousser ou de subir, voilà ce que l’Europe a fait en quinze jours, quand elle a su ce qui s’était fait en trois jours à Paris. C’est un grand et merveilleux pays que le nôtre, au milieu même de ses faiblesses, de ses inconséquences et de ses travers. Des années durant, il s’était ennuyé jusqu’à donner à croire qu’il allait mourir par ennui ; il avait accepté le plus docilement du monde cette maladie de langueur qui semblait le miner, et le voilà tout d’un coup qui se lève par un si violent soubresaut, que, son élan dépassant toute prévision, il va tomber bien plus loin qu’il ne s’était promis d’arriver. N’importe ; il cède au branle qui le pousse et s’installe de son mieux sur la planche qu’on lui tend. La situation n’était pas de son choix, il en prend bravement et sincèrement son parti. La situation n’est pas commode, et elle coûte cher ; elle amène avec elle toute sorte de hasards et de périls ; elle soulève toutes les passions, les dangereuses passions du cerveau plus encore peut-être que celles du cœur ; elle appelle par force tous les chercheurs d’expédiens, tous les amateurs d’expériences ; elle arme en guerre toutes les vanités, toutes les crédulités, et cependant, avec tant d’embarras qui la compromettent, avec tant de petitesses qui la diminuent, la situation du pays demeure si éclatante et si solide, qu’elle s’impose d’elle-même à l’Europe étonnée. D’où vient donc cet empire que la jeune république exerce déjà sur le vieux monde, où elle est à peine entrée ? D’où lui vient le charme qui transforme à sa seule apparition toutes les anciennes sociétés politiques ? C’est qu’elle a dit le mot du siècle dès son premier pas ; c’est qu’elle a dit ce que la monarchie constitutionnelle égarée dans ses voies par de fausses directions ne voulait pas et ne savait plus dire : elle a dit qu’elle s’appelait la démocratie.

Allons en effet au fond des choses ; ne nous effrayons pas trop de ces idées exagérées qui croissent comme une végétation parasite sur toutes les idées fortes ; ne nous rebutons pas à la rencontre des idées fausses qui embrouillent toujours l’histoire humaine dans ses momens d’aventure et de transition.

Qu’est-ce que la vraie puissance de la révolution de février ? N’est-ce pas d’avoir démontré, par un jugement suprême, qu’il n’était point d’autorité possible en dehors de la nation ; que les institutions extérieurement les plus vigoureuses tombaient au moindre choc de l’esprit public, lorsqu’elles avaient laissé l’esprit public se retirer d’elles ? N’est-ce pas d’avoir une fois de plus et à tout jamais proclamé que, dans le mécanisme des sociétés modernes, le pouvoir exécutif se réduisait à rien aussitôt qu’il prétendait se retrancher derrière une prérogative et fonctionner pour son compte ? N’est-ce pas, enfin, d’avoir ouvert la carrière toute grande à la libre activité de l’esprit, en promettant de réaliser le gouvernement du peuple par le peuple ? Ce sont là les promesses qui, à juste titre, ont séduit et entraîné l’Europe, parce que l’Europe était mûre pour en solliciter partout de semblables. Tel est essentiellement l’idéal auquel nos voisins aspirent en même temps que nous, parce que c’est, pour ainsi parler, le seul idéal authentique de notre âge. Il est bon de constater les motifs dominans de leur enthousiasme, parce que nous constatons ainsi pour nous-mêmes le caractère propre, la base sérieuse de notre révolution. Avouons toute notre pensée : si l’Allemagne s’est mise en mouvement et tire de ses princes concessions sur concessions ; si l’on s’assemble d’un bout à l’autre de l’Italie pour chasser l’étranger, ce n’est pas évidemment parce qu’on nous voit ici surtout occupés à prêcher ’organisation du travail et à réglementer l’industrie. On affecte trop de regarder la révolution de février comme une révolution sociale ; y aurait-il place pour une révolution de ce genre-là dans un pays où il n’y a réellement ni des races ni des castes aux prises ? Quoi qu’il en soit cependant, on ne prétendra pas du moins que l’universelle émotion des peuples découle aujourd’hui de ce qu’on veut nommer l’événement social dans notre révolution ; tous les contre-coups qui se succèdent en Europe sont des contre-coups politiques. Lorsqu’on s’est battu dans les rues de Milan pour la conquête de l’indépendance, dans celles de Vienne et de Berlin pour la conquête des institutions, ç’a été tout simplement parce qu’on avait appris que la France changeait ses maximes d’état et redevenait la France libérale. On n’a pas eu besoin de savoir et l’on eût été peut-être embarrassé de comprendre ce que pouvait être la France égalitaire et humanitaire.

Cette simple réserve, que nous ne pouvons nous empêcher d’exprimer, ne gêne d’ailleurs en aucune façon le sentiment que nous inspire l’admirable spectacle auquel nous assistons à présent : s’il faut tout dire, elle nous permettrait plutôt de nous complaire davantage dans notre admiration. Oui vraiment, il y a quelque chose de magique à regarder ainsi le monde en marche, et toute la pompe des triomphes guerriers de l’époque impériale n’égale pas les magnificences du triomphe des idées. L’imagination populaire n’a jamais eu d’aliment plus noble, et, dans un moment où tous les freins moraux sont si nécessaires pour contenir chez nous l’inévitable effervescence des masses, pour leur inculquer le respect d’elles-mêmes, la seule pensée de cet immense succès, qui a reproduit partout le grand coup frappé par la France, suffirait à remplir les cœurs d’un orgueil salutaire. L’enfant de Paris, qui depuis le lendemain des barricades entend crier chaque jour la fuite d’un empereur ou la déchéance d’un roi, doit bientôt s’imaginer qu’il remue le monde, comme il remuait les pavés des carrefours.

Étudié de plus près et analysé avec une connaissance quelconque des hommes et des lieux, cet ébranlement soudain de l’Europe étonne presque autant l’esprit qu’il le surprend à première vue. L’agitation du midi de l’Allemagne, les émeutes du peuple de Munich, les révoltes de paysans du Wurtemberg, les discussions publiques des citoyens de Bade, toutes les formes que le mouvement a prises dans ces contrées-là, s’expliquent par des précédens déjà nombreux, par une propagande continuée sans interruption depuis des années. Il n’en est pas de même de Vienne et de Berlin. Quand on sait les mœurs pacifiques, les habitudes routinières des Viennois, quand on se représente le mélange d’étrangers qui peuple la capitale de l’Autriche, on a peine à se figurer une exaltation assez vive et assez générale pour réunir tant d’assaillans dans un si vif assaut. Comment, d’autre part, le bourgeois de Berlin, qui, l’année dernière encore, s’inclinait si respectueusement devant la majesté du trône, qui subissait, en gémissant, les saillies les plus excentriques de l’humeur royale, obéissant toujours néanmoins, parce qu’on ne pouvait point ne pas obéir au roi, comment le bourgeois de Berlin a-t-il si brusquement relevé la tête ? Comment ces roturiers si méprisés par les officiers nobles des régimens prussiens ont-ils tenu contre ces régimens ? Et comment aussi les Milanais, sans armes et presque sans pavés, sont-ils venus à bout de leur garnison ? Il y a là le miracle de la volonté révolutionnaire ; il y a là surtout une démonstration acquise à l’histoire de ce temps-ci : c’est que l’armée, dans tous les états de l’Europe, a cessé d’exister comme puissance à part au sein de la société. L’esprit de corps qui la constituait en dehors de l’ordre civil n’est plus assez énergique pour lui donner la supériorité aussitôt que l’ordre civil entre en lutte avec elle. Le soldat se fond de lui-même avec les citoyens ou leur cède la place. L’Europe entre ainsi par un côté de plus dans les voies de l’Amérique.

Ira-t-elle jusqu’au bout sur cette pente rapide des idées et des institutions démocratiques ? Dans ce tourbillon qui emporte autour de nous les hommes et les choses, il serait insensé de chercher à préjuger l’avenir, et l’on peut tout au plus fixer au passage les traits du présent à mesure que le présent se déroule. Le drame se joue maintenant sur trois théâtres à la fois : en Pologne, où il est encore caché par l’ombre dont s’enveloppe la tyrannie moscovite ; en Allemagne, où il ne fait peut-être que commencer ; en Italie, où cette fois encore, comme au XVIe siècle, il semble que doive s’engager la lutte principale. Le but de cette triple entreprise est le même dans les trois régions. Il s’agit partout de fonder l’unité nationale sur des institutions libres. On verrait ainsi la face de l’édifice européen renouvelée tout entière par ce nouveau partage des territoires ; le sol se distribuerait non plus selon l’équilibre des dominations, mais selon le droit des nationalités. La question ne serait plus de borner à telles ou telles limites l’empire de tel ou tel prince pour ne point inquiéter les autres chez eux ; la question serait, entre peuples fraternels, d’assigner à chacun son patrimoine de famille. Voilà le problème à résoudre, et l’on est tenté de croire que l’Europe a juré de le résoudre au pas de course, dût-elle, pour aller plus vite, trancher les nœuds qu’elle ne pourrait pas délier. Voyons pourtant les difficultés et les obstacles qui menacent d’entraver la solution. À moins qu’ils ne soient levés par un coup de baguette, tout l’intérêt de cet immense effort est dans le travail qu’il faudra pour les surmonter.

Les morceaux de la Pologne n’ont pas encore été depuis assez long-temps séparés les uns des autres pour ne pas aspirer toujours à se rejoindre. Le cri d’espoir des plus hardis patriotes polonais, c’est qu’ils auront, au premier jour de combat, 20 millions d’hommes tout prêts à marcher derrière eux. Le plus amer reproche qu’ils élèvent contre ceux qui ont mené la révolution de 1831, c’est de n’avoir pas su grouper autour d’elle ces innombrables soldats dont elle pouvait disposer. Un bruit court à Posen, un bruit que nous ne garantissons pas, que l’empereur Nicolas ne serait point éloigné d’accéder à la création d’un royaume de Pologne, formé du royaume de 1815 joint aux provinces de l’Autriche et de la Prusse. Le prince de Leuchtenberg porterait cette couronne non point sujette, mais alliée de la couronne impériale. Quel que soit le succès d’un plan qui n’est probablement qu’une hypothèse diplomatique, on conçoit bien qu’il puisse servir de dernier retranchement à la politique du czar, et que le gouvernement russe fasse ainsi la part du feu, pour sauver les portions les plus sûres de son empire en sacrifiant les douteuses : on ne conçoit pas que la Pologne, à moitié ressuscitée, délaisse en un pareil entraînement toute l’autre moitié d’elle-même. Rétablir la Pologne de 1815, c’est renoncer, par une conséquence inévitable, aux conquêtes de 1792. Cèdera-t-on celles-là ? il faudra tout aussitôt rendre celles de 1772, Vitebsk et Smolensk comme Minsk et Wilna. La prescription n’est pas plus possible contre le premier partage qu’elle ne l’est contre le second. On ne s’arrête pas à moitié chemin quand on est en train forcé de restitutions légitimes. Et cependant la Russie peut-elle rétrograder jusqu’à Moscou sans disparaître de la scène européenne ? Peut-elle retourner à l’Asie, quand depuis un siècle elle veut vivre en Occident ? À quel prix sortira-t-on de ce terrible conflit ?

Le conflit n’est pas, en Allemagne, engagé d’une manière si fatale, dans des termes si absolus ; mais les ambitions particulières des princes ou des peuples pourraient bien cependant l’aggraver plus qu’on ne pense au début de cette ère d’harmonie, et déjà même, d’après les plus récentes nouvelles, l’harmonie née d’hier courrait quelque risque d’être endommagée. Ce qui éloignait jusqu’ici l’Allemagne du midi de l’Allemagne du nord, ce n’était pas seulement que le roi de Prusse se sentait peu de goût pour les libertés constitutionnelles de nos voisins : c’était que les Prussiens eux-mêmes prétendaient trop durement à la suzeraineté, c’était l’orgueil avec lequel ils regardaient tous les autres états germaniques comme les acolytes prédestinés de leur grandeur, c’était l’égoïsme fort transparent avec lequel ils pratiquaient leur union douanière. La première parole solennelle que le roi Frédéric-Guillaume ait dite au lendemain des fusillades qui lui ont tant gâté son trône historique a été une parole de commandement pour le reste de l’Allemagne. Au nom de ce même droit historique dont les ruines étaient partout sous ses yeux, en vertu de cette autorité qu’il venait de compromettre chez lui, il s’est avisé de s’impatroniser chez les autres. « De ce jour, a-t-il dit dans sa proclamation du 21 mars, la Prusse se transforme en Allemagne. » Cette sentence magnifique d’un roi qui, battu par ses sujets, voulait leur donner le change sur sa défaite en exaltant chez eux l’esprit de domination, cette façon arbitraire de disposer du sort des autres états quand on a si mal gouverné le sien, tout ce qu’il y avait d’arrogant et d’exclusivement prussien dans cette rhétorique a été vivement senti par l’Allemagne entière. À Munich, la proclamation du roi de Prusse lui a valu les honneurs d’un auto-da-fé en effigie. La Gazette de Vienne lève aujourd’hui le masque des politesses officielles pour combattre à outrance la présomption du futur empereur. Cette présomption n’a pas été mieux accueillie par les libéraux de Bade et de Wurtemberg. Toute cette partie de l’Allemagne incline déjà spontanément à la république et ne s’amusera certes pas à jouer le jeu de la Prusse pour reconstruire à nouveau quelque parodie du saint-empire, Tout le monde comprend d’ailleurs que, quelle que soit la forme sous laquelle se produira l’unité du corps germanique, chacun des citoyens membres de ce vaste corps a des droits égaux du moment que la reconstitution du pacte est soumise à des suffrages réguliers. La première assemblée vraiment nationale du peuple allemand s’ouvrira bientôt à Francfort. Il ne se peut pas que cette assemblée ne soit qu’une succursale des états-généraux de Berlin. Ces états, tour à tour et inutilement convoqués pour le 27 et pour le 2 avril, ont été rejoindre dans les limbes de l’histoire toutes les institutions avortées. La révolution a soufflé sur cette diète encore pleine de la pensée du moyen-âge, comme elle a soufflé sur le congrès que les princes allemands devaient tenir à Dresde dans toutes les règles de la vieille diplomatie. Le peuple allemand va lui-même décider de son sort. Ce qu’il fera sera bien fait. L’unité qu’il se donnera dans la pleine jouissance de ses libertés ne saurait être hostile à la France comme le serait probablement toute hégémonie imposée par la politique d’un cabinet.

Cette unité aura-t-elle un chef permanent ? fonctionnera-t-elle au moyen d’un pouvoir exécutif délégué à perpétuité pour la représenter ? Qui tenterait aujourd’hui de rien prédire ? Il est un point cependant sur lequel on peut d’avance affirmer. Que l’Allemagne jouisse ou non d’un empereur, qu’elle garde ou renvoie ses trente-deux souverains, qu’elle les égalise ou les subordonne dans une hiérarchie de son goût, l’embarras sera toujours de décider entre l’Autriche et la Prusse, de mettre l’une au-dessus de l’autre, ou de les mettre toutes les deux au niveau de tout le monde. Il semble qu’on rêve en posant seulement ces alternatives, auxquelles hier même on n’eût pas essayé de marquer une date dans le plus lointain avenir. En tout cas, les puissances d’hier gardent encore aujourd’hui assez de réalité pour ne pas accepter sans combat les alternatives qui leur seraient trop défavorables. Ce serait, par exemple, une erreur de croire que la dissolution de l’Autriche doive suivre immédiatement la perte de ses provinces italiennes et polonaises. Avec les pays allemands, avec les pays hongrois, avec la Bohème, bien plus germanisée qu’elle ne voudrait elle-même se l’avouer, l’Autriche peut encore se défendre. Il faut seulement qu’elle sache grouper tant de populations différentes dans une de ces unions fédératives pour lesquelles l’Europe orientale paraîtrait assez naturellement disposée. Nous ne pensons pas que l’anéantissement de l’Autriche réponde à l’intérêt bien entendu de la civilisation. Il vaudrait mieux à coup sûr que ce vieil établissement politique gardât en lui la consistance et l’énergie nécessaires pour entreprendre l’éducation des peuples à peine policés dont il reste le tuteur. Quiconque a réfléchi sur le lent apprentissage par lequel se forment les sociétés souhaitera, pour l’Autriche et pour l’Europe, une mission qui peut être encore honorable et féconde pour toutes les deux ; mais, l’Autriche debout en face de la Prusse, au sein de l’Allemagne, comment s’accomplira l’unité ? C’est toujours le problème qui revient.

Le problème n’est pas moins complexe en Italie. Le vœu du pape Jules II est, pour la première fois depuis trois cents ans, à la veille de se réaliser. Si les étrangers vident aujourd’hui le sol national, pour qu’ils repassent ensuite la frontière des Alpes, il faudra tout au moins que l’Europe entière donne le démenti le plus complet à ces quelques jours qu’elle vient d’inscrire dans son histoire en traits ineffaçables. L’Italie délivrée, l’Italie purgée des petits princes satellites de l’Autriche, sera nécessairement appelée à se reconstituer. Charles-Albert a déjà été salué roi d’Italie, comme Frédéric-Guillaume a été salué roi d’Allemagne. Derrière ces cris impatiens, il y a partout l’obstacle des faits. Sans doute, il est difficile que la royauté de Charles-Albert ne gagne pas au remaniement des territoires italiens, et, gagnant quelque chose, elle est nécessairement sur le chemin de gagner beaucoup ; mais, avec un empire considérable dans la péninsule, quelle place reste-t-il au saint-siège ? Et si d’un autre côté nous voyons renaître une république cisalpine, si le noyau républicain rallie, comme il serait probable, toutes les régions avoisinantes, quelle est encore la situation de l’église, obligée de gouverner un domaine trop étendu pour que le caractère ecclésiastique et spirituel ne disparaisse pas chaque jour davantage des actes de son autorité ? Toutes ces perspectives ont je ne sais quoi d’éblouissant qui trouble et confond la vue de l’esprit ; mais la plus grande confusion qu’elles lui causent, c’est encore la pensée qu’elles soient si tôt devenues possibles.

Nous n’avons pas la prétention de chercher le mot de cette énigme à peu près uniforme qui se trouve ainsi proposée maintenant à tous les coins de l’Europe ; nous tenons uniquement à montrer qu’elle ne pourrait guère se résoudre tout de suite d’une façon trop absolue. Cette étroite unité pour laquelle l’histoire et la nature ont lentement préparé la France, cette unité qui fait le nerf de sa vie intérieure et de sa puissance au dehors, notre unité politique et sociale a séduit toute l’Europe. Il est clair qu’on s’avance de partout vers des destinées analogues aux nôtres, vers un état pareil à celui dans lequel nous sommes installés. On peut pourtant se demander si cette involontaire imitation doit se poursuivre radicalement jusqu’au bout, si cette analogie progressive doit se consommer jusqu’à parfaite ressemblance. Il y a quelque chose dans l’esprit français de tellement sympathique, qu’on peut toujours craindre que les autres nations ne dévient de leur route régulière en cédant à sa propagande. L’unité est sans doute la combinaison suprême de l’intelligence humaine ; il ne faudrait pas admettre cependant avant mûre réflexion qu’il n’y ait qu’une méthode pour la réaliser en politique, et que cette méthode inexorable soit la méthode française. Il n’est peut-être pas mauvais de dépouiller autant que possible le zèle du prosélytisme inhérent à notre espèce gauloise, et d’interroger de sang-froid les destinées des divers membres de la grande famille européenne. On en vient alors à douter un peu que ces destinées puissent aboutir à une parfaite conformité : en les voyant si constamment parallèles, on ne sait pas trop comment elles pourraient jamais se confondre, et l’on finit par penser que cette universelle absorption de tous en un ne serait peut-être très salutaire à personne. Tel est le doute que nous avons voulu simplement éveiller en descendant un peu dans chacune des trois régions qui sont aujourd’hui si fort tourmentées du besoin de se concentrer en groupes compactes. La seule morale que nous voulions tirer de ce bref examen, c’est qu’à cette heure, en face des événemens de l’Europe, il ne faut pas trop ajouter à la pression naturelle de nos idées par un déploiement d’initiative révolutionnaire qui nous substituerait trop directement nous-mêmes, à nos voisins. On risquerait ainsi de les rappeler à la conscience des diversités nationales avec une vivacité qui finirait par tourner contre nous.

Nous voyons du reste avec bonheur que M. de Lamartine pratique en nobles termes cette généreuse politique de conciliation et de paix. Grace à l’autorité de sa parole, grace à l’éloquente sincérité de ses convictions, il a réparé vis-à-vis de l’étranger le mauvais effet de certaines démonstrations qu’on ne saurait assez hautement désavouer. La Belgique a fait sa révolution au mois de juin dernier, elle l’a faite avec les moyens pacifiques dont elle disposait sous une monarchie sincèrement constitutionnelle ; elle a donné l’exemple du bon service que peuvent toujours rendre les institutions loyalement respectées. C’est une belle page de son histoire, après tant d’autres qui honorent ce peuple énergique. Cette page, les Belges entendent la garder ; ils n’admettent pas qu’on vienne du dehors la déchirer à coups de sabre, en leur imposant, au lieu d’une monarchie dont ils se trouvent bien, une république qu’ils ne désirent point. Il est arrivé, par un hasard qui n’est pas coutume, que la diplomatie, en improvisant un royaume, a rencontré sous sa plume une nationalité vivace, qui ne demandait qu’à durer. Les Belges, qui voulaient être Français il y a dix-huit ans, ne le veulent plus aujourd’hui ; c’est peut-être au fond leur meilleure raison, sinon pour ne pas être, du moins pour ne pas s’appeler républicains. Ils sont donc de très mauvaise humeur, et fort justement en vérité, quand ils se voient envahir par de prétendus compatriotes qui accourent de Paris, leur apportant la république, comme si c’était une contrefaçon ordinaire.

Les Allemands ont reçu plus mal encore l’expédition qui leur est arrivée ces jours-ci. C’est cruellement injurier l’orgueil teutonique, à force de le méconnaître, que de lui supposer l’humilité nécessaire pour accepter des inspirations venues si directement de la France, et, disons-le, par l’intermédiaire de messagers aussi peu engageans. La France, le gouvernement français, ne sont heureusement liés à ces aveugles entreprises par aucune solidarité. La France ne veut nulle part soudoyer des émigrés, fût-ce même ses protégés les plus chers ; la France a d’autres moyens de les servir, des moyens plus sûrs, plus dignes d’elle, plus dignes des bonnes causes. Les discours adressés par M. de Lamartine à la députation savoisienne et à la députation polonaise, par M. Buchez à la députation belge, expriment nettement la conduite extérieure de la nouvelle république française. La république de 1848 se félicite de l’adhésion spontanée des peuples ; elle reçoit leurs drapeaux, mais c’est « pour les suspendre comme drapeaux pacifiques dans l’arsenal de la liberté. » La république de 1848, en promettant son secours à la résurrection des nationalités, ne veut pas les aller soulever à l’aventure dans leur linceul ; « elle se réserve l’appréciation de l’heure et des moyens. » Confirmée dans sa foi par cette magnifique expérience de trente jours, elle attend tout « de ce système de paix et de fraternité déclaré aux peuples et aux gouvernemens, ce système du respect de la liberté des territoires et du sang des hommes. »

Sous l’impression magique des révolutions extérieures, nous nous laissons aller presque invinciblement à fermer les oreilles aux bruits encore assez tristes qui s’élèvent du sein même de notre propre patrie. Nous sommes tout portés à juger avec beaucoup de mesure les conséquences plus ou moins inévitables de ce profond déchirement d’où sort la république. Nous ne voulons point décourager ceux qui tâchent sincèrement de faire le bien, et ce n’est point l’amertume qui convient ou qui suffit pour combattre ceux qui voudraient faire le mal. Dans l’attente de toutes les élections qu’on a dû successivement ajourner, il y a d’ailleurs disette d’événemens très notables. La situation se caractérise beaucoup moins par de grands incidens que par une suite de mesures spéciales ou de détails locaux dont l’ensemble mérite néanmoins une attention sérieuse. La situation financière, la situation morale ainsi examinées, présentent tout de suite l’aspect d’une crise, et la crise est bien réelle, parce que le gouvernement, pressé de remplacer l’ordre ancien par un ordre nouveau, brusque douloureusement toutes les transitions.

Les embarras s’accumulent sur la place de Paris, la rente baisse sur le marché, les transactions s’arrêtent, leurs intermédiaires accoutumés se retirent ou succombent, les ateliers se ferment, la consommation languit ou s’éteint. La cause du mal est simple ; il paraît trop que le remède ne l’est pas. La cause du mal, c’est l’insuffisance du capital réel, aussitôt que le capital fictif formé par le crédit vient à disparaître. La difficulté tout entière est donc de retrouver ce capital qui s’obstine à fuir. Dans un temps où la nécessité de ce grand élément des industries humaines est si soigneusement amoindrie par la glorification exclusive du travail, ce sera peut-être un avertissement utile d’avoir senti si péniblement combien on souffrait de ce déficit au début même des expériences sociales qu’on prépare en l’honneur du trayait tout seul. Le gouvernement a largement usé de sa dictature pour parer au manque d’argent. Il a donné cours forcé aux billets de la Banque de France ; il a soumis les bons du trésor aux mêmes conditions que les livrets de la caisse d’épargne, c’est-à-dire qu’il en ajourne le paiement ; il a augmenté de près de moitié la contribution directe ; il a mis soixante millions à la disposition des comptoirs de Paris et des départemens ; il a emprunté à l’Angleterre le système des warrants, en ouvrant des entrepôts aux négocians pour y déposer leurs marchandises, afin que ce dépôt, certifié par la douane, circulât par voie d’endossement. Il vient encore de donner cours forcé aux billets des banques départementales en limitant ce privilège pour chacune d’elles à la circonscription de son département. Il est impossible de méconnaître, dans la plupart de ces mesures, une activité, une bonne volonté véritables ; elles ne sont malheureusement ni toutes assez efficaces, ni toutes assez réfléchies. Ainsi, le système des warrants a bien constitué des gages qui permettent d’emprunter directement sur consignation ; mais ce n’est pas tout de créer un gage, il faut encore créer un prêteur, et l’argent n’est pas assez abondant entre les mains des comptoirs nationaux pour qu’ils puissent faire beaucoup d’avances sur cette nouvelle espèce de garanties. L’argent manque, et ce n’est pas le répandre que de rompre l’unité monétaire de la France en établissant dans un département comme obligatoire une monnaie qui ne l’est plus dans l’autre : or, voilà seulement à quoi l’on est arrivé par le cours forcé du papier des banques départementales.

Le ministre des finances est d’ailleurs surchargé de nécessités qui l’obligent souvent d’aller au plias pressé avant d’aller au plus essentiel. Il y a des charges quotidiennes qui grèvent lourdement le trésor ; le trésor a dû se mettre aux lieu et place de l’industrie privée pour alimenter une population sans travail, dont le chiffre s’élève chaque jour. Ce désoeuvrement forcé de la multitude double pour ainsi dire le poids dont elle pèse sur toutes les questions politiques. Le pays s’habituera sans doute à voir l’ouvrier régulièrement occupé quitter cependant sa tâche pour intervenir, à l’heure et au jour fixés, dans tous les actes communs de la vie du citoyen. Le pays aura, nous l’espérons, à se féliciter du concours universel de ses enfans, aussitôt que tous rempliront leurs devoirs publics selon des règles prescrites et dans un ordre respecté ; mais, il faut le dire, le pays s’inquiète à bon droit en voyant ces masses oisives promener encore aujourd’hui un triomphe qu’elles grossissent à force de le célébrer. Ce triomphe, qui est devenu celui de la France entière, elles s’accoutument trop à le regarder toujours comme leur propriété exclusive. Elles ne prennent pas ainsi une juste notion de leurs droits incontestables ; elles les exagèrent jusqu’à contester ceux des autres. Il est pourtant, nous en sommes sûrs, au milieu même de ces masses profondes, des esprits naturellement justes, capables de redresser cette direction mauvaise. Nous voyons avec une satisfaction toute particulière les sages rédacteurs de l’Atelier adresser à leurs camarades des conseils dont personne ne saurait égaler l’autorité. C’est à eux surtout, c’est à tous les travailleurs sensés qu’il appartient de prêcher la liberté de la presse et la liberté de la discussion ; c’est à eux que l’une et l’autre doivent le plus profiter.


Histoire de l’esclavage dans l’antiquité, par H. Wallon[1]. — Ce livre n’est point un ouvrage de circonstance. Fruit de patientes recherches et de longues méditations, tout y porte l’austère et mâle empreinte dont la science marque les œuvres durables. C’est sans doute une heureuse rencontre pour un écrivain qui a consumé ses veilles à chercher des armes contre l’esclavage jusque dans les plus lointains et les plus obscurs monumens du passé, que son livre paraisse la veille d’une révolution destinée à porter le dernier coup à la plus sacrilège des institutions ; mais, si cette coïncidence est une bonne fortune pour M. Wallon, il est aisé de voir qu’il n’a point couru après elle, et c’est justement pour cela qu’il la mérite et que nous l’en félicitons.

L’histoire de l’esclavage dans l’antiquité est un des plus grands sujets qui pût tenter la curiosité d’un érudit et la raison d’un philosophe. Il demande à la fois des recherches précises et une sagacité profonde. C’est tout un ordre immense de faits essentiels à coordonner ou à découvrir, et, du point de vue où l’historien se trouve placé en les recueillant, son regard pénètre si avant dans les entrailles des anciennes sociétés, que personne ne peut et ne doit assigner mieux que lui les causes des révolutions qui les ont agitées, les principes de dissolution qui ont amené leur décadence et leur ruine. Ajoutez à cela que ce magnifique sujet est resté neuf, ou peu s’en faut. L’Allemagne et la France ont exploré, il est vrai, quelques parties du vaste champ qu’il ouvre à l’histoire : s’il s’agit, par exemple, du prix et du nombre des esclaves à Athènes, ou bien de leur condition dans la société romaine, on peut avoir recours aux doctes recherches de M. Bœckh, à la science fine et profonde de M. Letronne, aux notes si ingénieusement érudites du traducteur de Plaute, M. Naudet ; mais aucun historien n’avait encore embrassé la question de l’esclavage ancien dans son ensemble et dans sa grandeur.

Pour remplir toutes les conditions du sujet, M. Wallon est remonté jusqu’au berceau des sociétés humaines. Malgré l’obscurité profonde des origines, malgré la rareté des monumens, il cherche et il détermine jusqu’à un certain point l’état des classes serviles dans l’Égypte, l’Inde, la Chine, et d’abord dans la Judée, car le peuple hébreu, M. Wallon le constate à regret, le peuple de Dieu a eu aussi ses esclaves. Abraham compte dans sa famille des esclaves par naissance et des esclaves achetés ; ils composent, avec ses troupeaux, l’héritage qu’il transmet à son fils Isaac. Joseph est vendu pour vingt pièces d’argent à des marchands ismaélites qui le revendent en Égypte. De jeunes filles sont données à Rébecca, lorsqu’elle passe de la maison de son père en celle d’Isaac. D’autres forment la dot ou plutôt le pécule de la femme, alors que la femme est achetée par du travail ou des présens. Ainsi Lia et Rachel reçoivent l’une et l’autre, de Laban, une esclave en épousant Jacob. Une coutume bien curieuse et particulière au peuple juif, c’est que la femme cédait à son esclave son droit d’épouse, pour acquérir d’elle les droits de mère, et elle se consolait d’être stérile par cette fécondité d’emprunt dont elle recueillait les fruits.

Si la législation juive admit l’esclavage, ce qui est assez embarrassant, quoi qu’en dise M. Wallon, pour ceux qui croient comme lui cette législation divine, il faut convenir qu’elle a fait de grands efforts pour le tempérer. On s’attendrait moins à rencontrer cette douceur à l’autre extrémité de l’Asie, dans l’empire chinois. M. Wallon cite deux ordonnances très remarquables de Kouang-Won, qui protégent la vie et la personne de l’esclave dans un langage digne du christianisme. Une autre particularité curieuse, c’est l’échelle des vertus théologales des Chinois, qui compte pour une faute le fait de réprimander injustement ses esclaves ; les voir malades et ne pas les soigner, les accabler de travail, dix fautes ; les empêcher de se marier, cent fautes ; leur refuser de se racheter, cinquante fautes. Aussi ne rencontre-t-on pas une seule guerre servile dans les annales de la Chine, pas plus que dans celles de la Judée.

En quittant l’Orient pour la Grèce, M. Wallon rencontre les documens précis et abondans qui lui avaient manqué jusque-là, et son exposition, désormais appuyée sur des bases solides, peut se développer sur une échelle plus étendue. Un volume entier est consacré à l’étude de l’esclavage en Grèce. L’auteur examine successivement les origines de l’esclavage, la condition des classes serviles et l’influence que cette condition a exercée, soit sur ces classes elles-mêmes, soit sur le travail libre et sur la société en général. On remarquera le savant chapitre où l’auteur, après avoir distingué à Sparte deux degrés de servitude, celle des Périèques ou Laconiens et celle des Hilotes, détermine approximativement le chiffre de ces deux populations comparé à celui des citoyens libres. Voici les nombres où son calcul aboutit : 8,000 Spartiates, ou, avec les femmes et les enfans, 31,400 personnes ; 120,000 Périèques et 220,000 Hilotes ; ce qui donne une population esclave dix fois plus nombreuse que la classe libre. Ces chiffres fournissent le secret de l’extrême sévérité des lois de Lycurgue. « Le législateur, comme dit excellemment M. Wallon, avait voulu, en réglant cette société, en faire un corps plein de force, et la force lui apparut sous la figure d’un homme armé. C’est sur cet idéal qu’il forma son état. La famille, pour lui, c’est l’homme, l’homme de guerre ; le peuple, une armée ; Sparte, un camp. Ainsi, des exercices et point de travail. »

Fidèle à sa méthode simple et régulière, M. Wallon cherche dans la société romaine, comme il a fait dans la société grecque, les origines, les conditions et les influences de l’esclavage, et, pour épuiser enfin le sujet, il entreprend de déterminer les causes qui ont concouru à l’affranchissement des classes serviles. Ici l’historien touche la limite qui sépare le monde ancien du monde nouveau, et il rencontre le christianisme. Aucun esprit éclairé ne conteste aujourd’hui que la religion de l’Évangile n’ait contribué d’une manière puissante et décisive à l’abolition de l’esclavage. Elle est de saint Paul cette grande parole : Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni maître ; il n’y a plus ni sexe dominateur, ni sexe opprimé : tous les hommes sont un en Jésus-Christ. L’Évangile est plein de traits non moins sublimes, et bientôt cet esprit nouveau de charité et d’égalité fraternelles passa des croyances dans les mœurs et des livres saints dans les codes de l’empire. M. Wallon se complaît à recueillir avec une sagacité savante les traits de l’influence exercée par le christianisme sur la législation romaine, et à Dieu ne plaise que nous lui fassions un reproche de faire éclater dans cette recherche la noble et sincère ardeur de ses croyances religieuses ! mais nous regrettons qu’il se soit laissé emporter jusqu’à manquer souvent de sympathie et même de justice à l’égard de la philosophie. Les pages consacrées à Sénèque, à Épictète, aux Antonins, trahissent une sorte de parti pris contre cette forte morale stoïcienne qui a proclamé si haut la fraternité humaine et préparé tant d’aines au christianisme. Est-il donc impossible d’être équitable envers la raison humaine, tout en restant un chrétien sincère, et faut-il, pour mieux honorer saint Paul, rabaisser Caton et Marc-Aurèle ?

Le livre de M. Wallon se termine ou plutôt s’ouvre par une sorte de dissertation sur l’esclavage dans les colonies françaises. Pour l’édifice vaste et sévère que l’auteur a voulu élever, il faut convenir que cette introduction forme un portique un peu étroit et, pour tout dire, assez mesquin. À quoi bon réfuter gravement les systèmes d’un écrivain aussi peu naïf que M. de Cassagnac, et quelle nécessité d’établir par des preuves savantes que l’esclavage n’est pas la meilleure initiation possible à la vie sociale et le beau idéal des peuples enfans ? Tout ce morceau est un hors-d’œuvre que l’auteur eût mieux fait de retrancher.

En général, l’art fait un peu défaut à l’incontestable science de M. Wallon. Sa marche est régulière, mais point aisée. Disposées dans un bon ordre, les parties de son œuvre se touchent trop souvent sans se fondre, et se succèdent sans s’unir. Quelquefois aussi, l’auteur disserte au lieu d’exposer, et, à côté d’un excellent chapitre d’histoire, il nous donne un mémoire académique d’un autre caractère et d’un autre ton. Malgré ces réserves, nous ne serons que strictement Justes en disant que l’ouvrage de M. Wallon, recommandable par l’élévation morale de la pensée, par la pureté et la fermeté du style, ne se distingue pas moins par l’exactitude vraiment bénédictine et par l’étendue de l’érudition.


  1. 3 volumes in-8) ; Paris, 1848, chez Dezobry et Magdeleine, rue des Maçons-Sorbonne, 1.