VENIR à la clarté sans force et sans adresse
Et, n’ayant fait longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d’un secours étranger
Pour quitter l’ignorance en quittant la faiblesse.

Après, servir longtemps une ingrate maîtresse
Qu’on ne peut acquérir, qu’on ne peut obliger,
Ou qui, d’un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie et beaucoup de tristesse.

Cabaler à la cour, puis, devenu grison,
Loin du monde et du bruit attendre, en sa maison,
Ce qu’ont ses derniers ans de maux inévitables.

Tel est le sort de l’homme. Ô misérable sort !
Tous ces attachements sont-ils considérables,
Pour aimer tant la vie et craindre tant la mort ?