N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 177-178).


LE CANARD GRIS


(mallard)


Le canard gris que les chasseurs nomment canard de France, a la tête et la croupe ornées d’un beau vert changeant ; les quatre plumes du milieu de la queue sont recourbées en demi-cercle. Il a la miroir violet, entouré de noir ; la poitrine noisette, pourpre ou jaune. Cette espèce est la souche de toutes les races domestiques ; elle habite le nord des deux continents. Ces canards nichent quelquefois sur une touffe de jonc dans les marais. La ponte est de huit à quatorze œufs d’un gris-verdâtre très clair, plus petits et plus colorés que ceux du canard domestique ; avant l’éclosion des œufs, le mâle se tient près du nid et le défend contre les autres canards. Les canards que l’on élève en domesticité et qui proviennent d’œufs sauvages trouvés dans les roseaux sont farouches comme leurs parents et cherchent sans cesse à reprendre leur liberté[1] ; mais lorsque la captivité s’est perpétuée pendant plusieurs générations, l’instinct s’efface, l’animal devient familier. Aucun oiseau de basse-cour, l’oie exceptée, n’est plus facile à nourrir ; il ne faut lui donner que de l’eau et un gîte : il sait se procurer le reste ; il ne coûte rien à son maître.

Longueur : 24 ; ailes 10-11 pouces.


LE CANARD NOIR


(black duck)


Le plus commun de l’espèce ; il fréquente l’eau douce aussi bien que l’eau salée ; plumage, brun-foncé ; bec, jaunâtre ; pieds, rouge-orange ; speculum, vert, aux reflets pourpres, entouré de noir ; iris, brun ; longueur, près de 24 pouces ; ailes, 11 pouces. La femelle est moindre de taille ; sa livrée est plus claire et chez elle, le spéculum est moins brillant.

La ponte est de 6 à 10 œufs, bruns-verdâtre.

Le canard noir se montre au commencement de mai ; il couve au sein des lacs, au nord de Québec et arrive à la fin d’août, en bandes, sur tout le littoral du St-Laurent, les îles de Sorel et les lacs de l’intérieur ; il est fort recherché comme comestible, par nos gourmets.

  1. Jadis ce canard couvait chaque printemps sur les vastes battures, de l’Île-aux-Grues : les insulaires dressaient leurs chiens à pourchasser les jeunes, avant qu’ils fussent capables de voler : j’ai vu jusqu’à quatorze jeunes capturés de cette sorte en une seule journée, à cette isle giboyeuse. Bien que cet oiseau acquiert facilement les habitudes du canard domestique, je me rappelle avoir tenu tout un hiver un canard gris, dans mon étable ; il avait été blessé, mais ayant recouvré l’usage de ses ailes, il monta dans les airs, aux beaux jours d’avril et partit pour ne plus revenir.