Tout l’été sur la colline,
En visitant mes raisins,
Rien qu’à voir leur bonne mine,
Je prédisais de bons vins ;
Et la nuit levant la tête
Vers les cieux tout grands ouverts,
J’appelais une comète
Pour dorer mes pampres verts.
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
Une influence bénigne,
Comme je l’avais rêvé,
De loin réchauffait la vigne ;
Les savants l’ont bien prouvé.
Amis, la vendange est belle ;
Ce n’est jamais sans raison
Qu’une planète nouvelle
Met le nez à l’horizon.
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
On dit qu’à notre équilibre
Manquait ce monde nouveau ;
La-dessus chacun est libre
De tourmenter son cerveau.
Depuis que sur ma vendange
A soufflé l’astre clément,
Ma tête varie et change
D’équilibre à tout moment.
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
Les tonneaux et les bouteilles,
Les pressoirs et les celliers,
Laissent la vendange aux treilles ;
Le bois manque aux tonneliers.
Qu’il est lampant et limpide
Ce vin terrible et naissant !
C’est comme un soleil liquide
Qui s’allume en votre sang.
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
Dieu n’est pas un méchant juge ;
Tout en frappant, il sourit :
Le lendemain du déluge
Le cep de Noé fleurit.
La pluie a noyé les terres.
Le soleil a cuit les blés,
Mais la vigne emplit nos verres :
Buvons à coups redoublés !
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
Oh ! la bienheureuse année !
En dépit de nos revers,
Ma Lisette enluminée
Met sa coiffe de travers.
Au lit conjugal fidèle,
Le rusé marchand du coin
Souffle à minuit sa chandelle,
Et laisse dormir son vin.
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
Le vin de notre planète
Dans mille ans sera cité.
Voyez, la vapeur en tête,
Cheminer l’humanité :
C’est une ère qui commence
L’âge fleuri de l’amour.
Qu’on cisèle un verre immense
Où chacun boive à son tour !
J’appelais une comète,
La planète vient au pas
Faire oublier la comète,
Dont le vin ne valait pas
xxLe vin de la planète.
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