Chansons populaires de la Basse-Bretagne/La maîtresse dédaigneuse
Quand j’étais dans mon berceau, tout petit,
Je fis choix d’une maîtresse.
Trou la ri lai tra la lan,
Roularilanlaine !
Maintenant que nous sommes devenus grands tous deux,
Il est né des tendresses (entre nous.)
Son père, sa mère, quand ils l’ont appris,
Au couvent l’ont envoyée ;
Ils ont envoyé ma douce jolie,
Oh ! oui, à Guingamp, au couvent.
Et quand il m’en coûterait cinq cents écus,
J’irai à Guingamp la voir.
A Guingamp quand je suis arrivé,
Ma maîtresse jolie j’ai vu.
— Bonjour et joie, ma douce jolie,
Me. voici venu vous voir à Guingamp.
Dites-moi, ma maîtresse gentille,
Que vous dit votre petit cœur ?
— Mon petit cœur me dit
De vouloir du bien à qui m’en veut aussi ;
De vouloir du bien à qui m’en veut aussi,
Et à moi-même, plus qu’à personne.
— Trois paires de sabots j’ai usé,
Ma douce jolie, en vous venant voir ;
Je suis sur le point d’user la quatrième,
Encore ne sais-je pas votre pensée.
— Si vous êtes las d’user des sabots,
Venez sur la semelle de vos bas,
Ou faites faire des galoches en cuir,
Ou si vous êtes las, restez chez vous !