Chansons madécasses/Chanson XI


CHANSON XI.


Redoutable Niang ! pourquoi ouvres-tu mon sein dans un jour malheureux ?

Qu’il est doux le souris d’une mére, lorsqu’elle se penche sur le visage de son premier-né ! Qu’il est cruel l’instant où cette mère jette dans le fleuve son premier-né, pour reprendre la vie qu’elle vient de lui donner ! Innocente créature ! le jour que tu vois est malheureux ; il menace d’une maligne influence tous ceux qui le suivront. Si je t’épargne, la laideur flétrira tes joues, une fièvre ardente brûlera tes veines, tu croîtras au milieu des souffrances ; le jus de l’orange s’aigrira sur tes lèvres, un souffle empoisonné desséchera le riz que tes mains auront planté ; les poissons reconnoîtront et fuiront tes filets ; le baiser de ton amante sera froid et sans douceur ; une triste impuissance te poursuivra dans ses bras. Meurs, ô mon fils ! meurs une fois, pour éviter mille morts. Nécessité cruelle ! Redoutable Niang !

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