Chansons (Antoine Clesse)/L’Amour

Librairie Nouvelle ; Librairie Universelle (p. 10-11).

L’AMOUR


Musique de l’auteur

 

L Amour, c’est la source de vie.
C’est pour aimer que nous naissons :
Le cœur pur et l’âme ravie,
Aimez, fillettes et garçons.
Tout enfante dans la souffrance,
Depuis qu’Adam tomba des cieux ;
Mais, par un lot délicieux,
Tout arrive avec l’espérance.

L’Amour, de ses enchantements,
Remplit les airs, la terre et l’onde.
L’Amour, c’est le maître du monde ;
Et, dans la joie ou les tourments,
Qu’il soit béni, car il féconde.


Plaignons l’être, dans sa misère,
Qui doit vieillir et mourir seul.
L’Amour fait rayonner la mère,
Il semble rajeunir l’aïeul.
Tout se transforme à sa lumière :
Sans lui les palais sont maudits ;
Il fait au pauvre un paradis
De la mansarde ou la chaumière.

L’Amour, de ses enchantements, etc.

L’Amour ramène l’hirondelle ;
Le doux printemps charme nos yeux ;
L’alouette à son nid fidèle,
Jette au vent ses concerts joyeux.
Terre, par le ciel arrosée,
Tu peux répondre au bien-aimé
Dans le langage parfumé
Que la fleur parle à la rosée.

L’Amour, de ses enchantements, etc.

Imitons Dieu dans sa puissance,
Miséricordieux toujours,
Lui qui fait naître l’innocence
Même des impures amours.
La femme alors se renouvelle :
Auprès du berceau qu’il défend,
L’ange qui veille sur l’enfant
Ne doit-il pas veiller sur elle ?

L’Amour, de ses enchantements, etc.

L’Amour sort vivant des abîmes ;
Il prêche la fraternité.
L’Éternel, aux œuvres sublîmes,
C’est l’Amour dans l’immensité.
Permets à l’humble créature,
Dieu qui fais mûrir les moissons,
De répéter, dans ses chansons,
Ce grand refrain de la nature :

L’Amour, de ses enchantements,
Remplit les airs, la terre et l’onde,
L’amour c’est le maître du monde ;
Et, dans la joie ou les tourments,
Qu’il soit béni, car il féconde.

Avril 1870.