Cham - Albums du Charivari/L’exposition charivarisée (1867.)

Journal le Charivari (6p. 213--).

L’EXPOSITION
CHARIVARISÉE

PAR CHAM

— Ma chère, c’est de ma faute, avant d’entrer chez le coiffeur de l’Exposition
j’aurais dû m’informer de sa nation et de sa peuplade.



PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— J’ai tant voituré madame, qu’elle me permettra de me reposer un peu !

Le voiturier faisant l’homme très-altéré chaque fois que vous passez devant un buffet.

— Quel animal ! il ne s’arrête que devant les vitrines qui l’intéressent, lui.

LES VOITURES DE L’EXPOSITION.
Inconvénient d’un voiturier sourd qui vous conduit sans en être incommodé au milieu des carillons et des fonderies de cloches.

— Misérable ! qu’attendez-vous donc pour me relever ?

— J’attendais que l’heure de madame soit finie, il n’y a plus que dix minutes.

— Marchez donc ! qui est-ce qui vous a dit de vous arrêter ?

— Mes rhumatismes.

Les cochers se vengeant comme ils peuvent des personnes qui les forcent d’aller au Champ-de-Mars.

— Tiens, un bourgeois qui monte dans un fiacre sans être battu ; faut qu’son cocher ne soit qu’surnuméraire.

LA TRANQUILLITÉ DES COCHERS.
Nouveau système de fiacres sans ouvertures ni portières pour les personnes désireuses de se rendre à l’Exposition.

— J’ai pas voulu le conduire, je me suis douté qu’il voulait aller à l’Exposition.

— À quoi que t’as vu ça ?

— Il avait déjà reçu un coup de fouet sur la figure.

Au lieu de distribuer les bibles à l’intérieur de l’Exposition, les distribuer à l’extérieur à messieurs les cochers, afin d’ouvrir leurs cœurs à de meilleurs sentiments vis-à-vis du prochain.

— Mais il m’embête, le régent ! est-ce, qu’il va jeter des feux longtemps comme ça ?

LUSTRE EN BOIS DE CERFS.
On demande des hommes mariés pour alimenter la fabrique.
Prenant ces appareils photographiques pour des boites aux lettres et y déposant tout son courrier.

— Y en a-t-il de ces misères intéressantes ! Un pauvre malheureux qui n’a seulement pas de peau pour se couvrir ! On devrait bien lui organiser une loterie.

Charlemagne se préparant à courir le Derby.

— Dites-moi, garçon, vous devez servir des brosses avec ce café-là ? Il doit faire joliment bien sur la chaussure.

— J’en ai acheté pour mettre dans la soupe de madame !

— Malheureuse, c’est du tabac turc !

— Pourquoi qu’il coupe ça comme de la julienne ?

BUFFET BRITANNIQUE.
Excellents sandwiches à la moutarde. Les mettre dans sa chaussure si le sang vous monte à la tête.

— Monsieur a bien faim ? Je vais tout de suite lui servir un boléro.

LE RESTAURANT JAPONAIS.

— Monsieur veut-il que je lui ouvre une douzaine d’huîtres ou le ventre ?

Ne pas manger de pommes au buffet suisse si l’on n’a pas confiance dans l’adresse du garçon.
Les visiteurs chinois peu rassurés en apprenant qu’à Paris on les mange.
Abusant de son ignorance de la langue française pour lui faire distribuer des bibles. (C’est Mahomet qui ne sera pas content.)
CHAUSSURES FORTES.
Toutes chaussures ayant fait leurs preuves, ayant déjà servi.

— Monsieur, on ne se déshabille pas ici !

— C’est donc pas l’ancien établissement des bains chinois du boulevard des Capucines ?

Les fabricants de cartes ayant des compères qui vous mettent dans la nécessité de donner votre carte, par conséquent d’en faire faire si vous n’en avez pas.
SOUVENIRS DE L’EXPOSITION DE 1867.

— Voici le chapeau avec lequel j’ai eu l’honneur de saluer le roi de Prusse, les suivants ont salué l’empereur de Russie, le roi de Grèce, le sultan, etc., etc.

M. Wagner se roulant de désespoir en trouvant aussi discordant que sa musique.
Jusqu’aux préparations anatomiques du docteur Auzoux qui quittent leur vitrine pour venir entendre Magnus toucher les magnifiques pianos Steinway.

— Mais qu’as-tu donc à tourner autour de ce musicien automate ?

— C’est probablement Vivier le cor, on le dit si farceur !

UNE EFFRAYANTE COÏNCIDENCE.
Se moucher juste au moment où la trompette-phare que l’on n’avait pas aperçue se fait entendre.
Tenant lieu du fil d’Ariane pour ne pas s’égarer dans le labyrinthe de la section chinoise. Les dames chinoises obligées de revêtir l’appareil à plongeur pour respirer dans leur petit coin.

— Mais, croupier, comment se fait-il ? pas un seul roi dans le jeu ?

— Ils sont tous à Paris dans ce moment-ci.

RESPECT DE L’AUTORITÉ.

— Toto, ôtez votre chapeau.

— Arrête, Joséphine ! t’en es pour tes frais. C’est pas le bey de Tunis, c’est un commis de l’administration !

YEUX ARTIFICIELS.

— J’avais rêvé un mari aux yeux noirs, et les tient sont bleus ! Voyons si tu chercheras à m’être agréable.

— Mais où donc est-il le distributeur de bibles ? Voilà toutes ces dames en adoration devant la vitrine autrichienne.

— Mon ami, tu n’as pas le droit de lui prendre son chapeau !

— Qu’il me rembourse mes obligations !

Les chameaux de la section égyptienne suppliant qu’on ne les fasse pas rentrer dans les tourniquets où ils ont été forcés de passer pour entrer à l’Exposition.
M. et Mme Prudhomme ne trouvant pas de voiture pour rentrer chez eux ont recours à l’obligeance de l’exposition égyptienne.
Ejusdem Farina. — Monsieur Jean-Marie Farina ?
— C’est nous.
Mme Jean-Marie Farina effrayée par M. Hyacinthe qui vient lui respirer tout son jet d’eau de Cologne.

— Ouff ! Quand on s’est promené pendant quatre heures dans l’Exposition, on n’est pas fâché de trouver un lit de parade pour se reposer.

LA MAISON EN PORCELAINE PEINTE.
Avant de s’y installer, s’informer si elle ne va pas subir une dernière cuisson.
Les lions de l’escalier du bey de Tunis paraissant à vue de nez regretter l’odeur des pastilles du sérail. Flatteur pour la foule.
Un exposant propose d’empêcher les inondations en remplaçant l’eau des rivières par des gants de sa fabrication. (Un malheureux chevreau proteste.)

— Ah ! mon Dieu ! tous les dentiers qui ferment à quatre heures. Je ne pourrai plus ravoir mon fils que demain à dix heures.

— Mélanie, quelle folie ! leur acheter une brioche !

— Mon ami, ça fait de la peine de les voir mâcher dans le vide !

CONSEIL AUX PROMENEURS.
Suivre dans tous ses détails la fabrication des chapeaux, cela ne peut que faire du bien à celui qu’on a sur la tête.
La dame à laquelle on restitue son petit chien qu’elle a laissé tomber dans la machine à fabriquer les saucisses.
MACHINE À BROSSER LE DRAP.
Profiter de ce que le fabricant a le dos tourné pour sauter sur la machine et faire donner un bon coup de brosse à ses habits.
CANOTAGE EN CHAMBRE.
Navigation sur le haut des armoires pour les marins indisposés qui sont dans l’obligation de garder la chambre.

— Parapluie se refermant tout seul dès que la pluie a cessé.

— Mais pour sortir de là-dessous ensuite ?

— Vous attendez que le temps se remette à la pluie, alors le parapluie se rouvre.

CATASTROPHE À PRÉVOIR.
Trop de sièges occupés à la fois finissant par faire éclater le compteur que la loueuse de chaises porte sur son ventre.
LE CHAMPAGNE ROUSSILLON AU POINT DE VUE MILITAIRE.
Le champagne Roussillon envoyant son bouchon bien plus loin que le projectile Chassepot. (Adopté par toutes les armées de l’Europe).

— Monsieur, votre chapeau se fait, veuillez entrer dans la machine l’essayer. Vous sortirez ensemble dans dix minutes.

S’entendant avec les machines à coudre pour entraîner les jeunes gens riches.
VOITURE D’AMBULANCE POUR LES BLESSÉS.

— Tu vois bien, nous arrivons trop tard pour voir ça, les blessés n’y sont déjà plus.


CLICHY. — Impr. Maurice Loignon et Cie, rue du Bac-d’Asnières, 12.