Épître Dédicatoire

à
Mme l’Abbesse de Montmartre




Madame,

Vous dédier cet ouvrage, c’est en faire l’éloge ; c’est en assurer le succès et le débit. Connue dans cette capitale, je dirai même dans toute la France, pour la plus sensuelle et la plus paillarde des femmes, la plus raffinée dans l’art des Messaline et des Dollone, j’ai cru que ce Catéchisme, à l’usage des putains ou des jeunes demoiselles qui se destinent à cette profession, ne pouvait paraître sous des auspices plus heureux et plus favorables,

Ce serait bien le cas de m’étendre ici sur vos vertus lubriques et sur les talents licencieux qui vous ont mérité, à si bon droit, le titre glorieux de fouteuse incomparable ; mais vous n’aimez que le foutre, et tout autre encens vous déplaît ; comme vous ne foutez que pour le plaisir de foutre, on ne saurait mieux vous faire sa cour qu’en vous parlant de ce qui intéresse le plus votre passion favorite.

J’ose donc espérer que ce Catéchisme aura votre approbation ; si je n’ai point détaillé ce sujet avec ce sel et ce piquant dont il pouvait être susceptible, vous voudrez bien considérer le peu de temps que j’ai eu à traiter la matière ; j’étais d’ailleurs sûr qu’il ne fallait qu’indiquer les premiers éléments d’un art qui est presque inné avec votre sexe, et je ne doute point que, par les heureux commentaires que vous serez à même de suppléer à cet ouvrage, il n’acquière bientôt ce degré de perfection qui lui assurera un des premiers rangs parmi les livres de ce genre ; les progrès rapides que vos élèves seront dans le cas de faire par lui dans le libertinage, sous votre vigilance et férule, répondent encore de son succès.

Agréez, Madame, comme une offrande légitimement due, le sacrifice que je vous fais ici de deux pollutions complètes, et que je jure réitérer chaque jour en votre honneur et intention ; c’est un tribut qu’on ne peut refuser au souvenir de vos charmes dont j’ai tant de fois éprouvé l’empire, surtout dans ces moments d’ivresse et d’abandon général où vous vous plaisiez à les exhiber dans l’état de pure nature. Quelle motte ! Quel con ! Quel fessier plus attrayant que le vôtre ! Vous voir, vous trousser, vous foutre et décharger n’était que l’instant de l’éclair au coup de tonnerre.

Pardonnez-moi cette petite indiscrétion : quiconque vous connaît la trouvera juste. Permettez que je me rappelle aussi à vos amoureuses intentions, ainsi qu’à votre souvenir charnel, dans vos oraisons éjaculatoires, et que je me dise, avec les sentiments les plus vifs et les plus passionnés, Madame, votre très humble, très obéissant serviteur et fouteur.


L’abbé COUILLARDIN.