La Verdure dorée/L’acacia blanc sur la berge

La Verdure doréeÉditions Émile-Paul frères (p. 207).

CXXV

À Lucien Dubech.


L’acacia blanc sur la berge
Remue au vent du soir ;
Les rouliers boivent du vin noir
Sous la glycine bleue et fraîche de l’auberge.

Mes beaux rêves s’en sont allés,
Rouliers, dans vos charrettes ;
Mon cœur plein de larmes secrètes
Songe à des rosiers verts que la foudre a brûlés.

Pourquoi faut-il qu’à vos voix dures
Renaissent mes beaux jours
Et ma jeunesse et mes amours
Avec tous les oiseaux et toutes les verdures,

Alors qu’un âpre désespoir
Casse toutes les branches
Et que la berge et l’eau sont blanches
Acacia, des fleurs que t’arrache le soir ?