Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome II/Séance extraordinaire du 30 janvier 1832

Bulletin de la société géologique de France1re série - 2 - 1831-1832 (p. 119-218).


Séance extraordinaire du 30 janvier 1832.


M. Defrance occupe le fauteuil.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Le président proclame membres de la société,

MM. Traullé, officier supérieur en retraite à Paris, présenté par MM. Boué et Desnoyers ;

Hallowel, docteur en médecine de Philadelphie (États-Unis), présenté par MM. Élie de Beaumont et Nérée Boubée.

On passe à le correspondance.

La société reçoit deux lettres de M. J. Teissiers docteur-médecin à Anduze, l’une à la date du 18 décembre, l’autre du 3 janvier 1832.

Dans la première M. T. donne des détails et mesures comparatives de la tête humaine trouvée dans la caverne Mialet, dont il a déjà envoyé un dessin à la société.

« Il se peut, dit M. Teissier, que l’angle facial que j’ai indiqué soit un peu trop faible, ayant été obligé, pour l’obtenir, d’incliner l’équerre mobile, pour faire passer l’une des branches par le trou auditif, et l’autre par le milieu du coronal. Vous calculerez facilement ce que cette projection peut faire perdre.

Par mon nouvel examen, je me suis convaincu que cette tête appartenait à la race caucasique ; bien que par une circonstance que je crois produite violemment (par compression dans l’enfance, par l’habitude de porter des fardeaux, ou par accidens plus tard) le crâne se rapproche de la forme nègre.

La tête de Mialet est en général plus petite et moins massive que celle de mon squelette, qui a appartenu à un homme de 5 pieds 4 pouces. L’aspect et les détails de cette tête de Mialet me font croire qu’elle a appartenu à une femme. Ce qu’elle présente de plus remarquable, c’est son allongement d’avant en arrière, comme les mesures le prouvent.

Cette tête semble avoir été déprimée de haut en bas par une force considérable qui aurait produit l’oblitération de la suture sagittale vers le milieu de sa longueur. Par cette pression, le crâne a été affaissé, et comme obligé de s’allonger dans son diamètre antéro-postérieur. Les pariétaux se sont arqués davantage ; et par suite, la plus grande largeur du crâne se trouve vers leurs bosses, au lieu d’être vers la réunion des pariétaux et des temporaux. L’occipital est l’os le plus altéré dans sa forme ; ses condyles sont remontés plus haut que les apophyses mastoïdes ; ils semblent rentrés dans le crâne. Une grande partie de la portion postérieure de l’occipital est devenue inférieure par suite de la plus grande courbure qu’il a prise.

Les orbites ont très peu de hauteur ; mais la partie orbitaire du coronal est très concave, ce qui fait que les yeux ont pourtant en dedans à peu près la même place pour se loger.

La mâchoire inférieure, dont j’ai envoyé le dessin, n’appartient pas au même individu. J’ai parlé dans une autre lettre de ce que les dents présentaient d’extraordinaire ; on remarquera dans le mesurage actuel l’écartement des deux branches et la hauteur et l’écartement des apophyses coronoïdes.

Tête
de mon
squelette
Tête
de
Mialet
Hauteur de la tête au-dessus d’un plan horizontal, les deux têtes reposant sur les, incisives et sur l’occipital, c’est-à-dire, posées sur une table, sans mâchoire inférieure 0,153 0,150
Plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête, des bosses frontales à la protubérance occipitale, 0,175 0,195
Diamètre du crâne de droite à gauche, d’une bosse pariétale à l’autre 0,145 0,150
C’est la partie la plus large de la tête de Mialet. ─ Pour la tête du squelette, la partie la plus large est au-dessous et en avant de la bosse pariétale, à la rencontre de la portion écailleuse du temporal. Là les proportions sont inverses. 0,150 0,145
Largeur du frontal au-dessus des orbites 0,098 0,092

Distance du sommet de l’apophyse mastoïde à ]’angle supérieur de l’occipital 0,125 0,135
Longueur de la portion de l’occipital tournée vers le bas 0,049 0,066
Longueur de la portion de l’occipital tournée vers le derrière 0,065 0,062
Distance d’une apophyse mastoïde à l’autre 0,102 0,097
Plus grande largeur du trou occipital 0,036 0,028
Plus grand diamètre antéro-postérieur du trou occipital 0,036 0,032
Condyles de l’occipital, plus saillans en bas que les apophyses mastoïdes 0,005 0,000
D’une arcade zygomatique à l’autre 0,130 0,124
D’une grande aile du sphénoïde à l’autre, sous l’arcade zygomatique 0,077 0,072
Plus grande hauteur du trou orbitaire 0,033 0,025
Plus grande largeur du trou orbitaire 0,040 0,038
L’auteur de l’os molaire, prise dans son milieu 0,026 0,023
Mâchoire inférieure d’un autre sujet.
Distance d’un angle à l’autre 0,110 0,113
Distance de l’angle au sommet du condyle 0,065 0,072
Distance d’un condyle à l’autre extérieurement 0,118 0,125
Distance d’une apophyse coronoïde à l’autre 0,096 0,113
Largeur de la branche montante de la mâchoire inférieure, prise à l’angle 0,035 0,028
Distance du milieu de la première grosse molaire à l’autre 0,045 0,050

Ayant vu une autre tête de Mialet presque entière, je me suis assuré que les différences étaient les mêmes. La plus saillante consiste, chez celle-ci, dans la distance de l’apophyse mastoïde à l’épine occipitale. Cette distance étant de 0,90 pour mon squelette, est de 110 à 120 pour les têtes de la caverne, ce qui paraît provenir d’une compression soutenue du cerveau, opérée vers le milieu de la suture sagittale, laquelle aurait déprimé les hémisphères et fait saillir d’autant en arrière le cervelet et la convexité de l’occipital, en augmentant sa courbure et son bombement d’en bas et en arrière. Deux vertèbres tiennent à cette tête, et elles sont dérangées dans leurs rapports d’une manière si forte, qu’elle ne peut être que postérieure à la mort ; mais, quant aux différences du crâne, elles existaient certainement pendant la vie et tenaient probablement à une coutume générale, ou au genre de travail.

J’ai pensé que ces détails intéresseraient la société, qui désirait savoir si les têtes de Mialet n’étaient ni mongolis, ni caraïbes ; elles sont caucasiques, je l’ai déjà dit, mais déformées, je crois, par la violence, comme on l’observe de différentes manières chez beaucoup de peuplades sauvages.

M. Razoumovski adresse un mémoire manuscrit sur les Tubulipores, dont les dessins ont été déjà remis à la société.

M, Marcel de Serres envoie deux mémoires, l’un sur les fossiles végétaux de Lodève, l’autre sur le genre Cloisonnaire. Il annonce en même temps qu’il a découvert dans la Méditerranée l’analogue du murex tubifer de Lamarck, et dans les sables tertiaires marins de Montpellier le genre cloisonnaire ou septaria, genre connu dans les mers des Grandes-Indes, et retrouvé dernièrement dans la Méditerranée.

L’espèce en question ne diffère pas de celle décrite par Lamarck sous le nom d’arenaria.

De plus, il a vu une coquille du genre clavagella dans le çalcaire moellon et les sables marins tertiaires.

M. Pitorre a trouvé dans les mêmes couches l’Haliatis philberti et deux autres espèces du même genre. Le calcaire moellon lui a aussi offert le planorbis cornu, Brong. Ces calcaires sont chargés de galets de calcaire d’eau douce, ce qui prouve que ces roches ont été déposées bien postérieurement à ce calcaire.

Au sujet du murex tubifer cité par M. Marcel de Serres dans la Méditerranée, M. de Blainville observe qu’il est connu depuis long-temps dans les mers de Sicile. M. Deshayes ajoute à cette observation qu’il y a deux espèces confondues sous le même nom, et qu’il est à présumer que ce murex tubifer indiqué par M. Marcel de Serres est le murex fistulosus de Brocchi : tandis que le murex tubifer, fossile aux environs de Paris seulement a aussi son analogue vivant, dont on ne connaît encore que quelques individus et dont a patrie est ignorée.

M. Michelin appuie cette observation de M. Deshayes, en disant qu’il possède dans sa collection un individu vivant murex tubifer de Paris.

M, Boubée observe que M. de Christol a retrouvé en quantité des Fistulanes dans le bassin de Marseille, et que c’est : dans ce même bassin qu’ont été retrouvés les Septaria.

M. le professeur de Léonhard offre d’échanger son journal trimestriel le Jahrbuch fur Mineralogie, Geognosie et Paleontolgie, contre le Bulletin de la société. Il annonça en même temps que son ouvrage sur les basaltes est très près d’être achevé, et qu’il pense que probablement les calcaires grenus de l’Odenwald sont du Muschelkalk altéré par la voie ignée.

M. le marquis Paretto de Gênes annonce pour le mois prochain un envoi de fossiles et de roches de Lygurie.

M. Boué fait hommage à la Société d’un nouveau reçueil qu’il commence à publier, et ayant pour titre : Mémoires géologiques et paléontologiques. Les premières feuilles sont consacrées à un travail intitulé : Considérations générales et explicatives de sa carte géologique d’Europe, sur la distribution géographique, la nature et l’origine des terrain de l’Europe. On y trouve ensuite le résumé des observations conchyliologies de M. Deshayes, relativement au classement des dépôts tertiaires. In-8o , Paris, 96 pag.

À l’occasion de ce mémoire sur les terrains de l’Europe, M. Boué fait les observations suivantes :

Il pense avec MM. Jameson, Cordier et d’autres géologues que M. Brongniart, dans le rapport fait en 1829 sur la Théorie des Soulèvemens, par M. de Beaumont, n’aurait pas dû prétendre qu’on n’avait encore observé avant cette époque aucun principe de liaisons entre les chaînes composées de couches redressées et les pays plats, à stratification régulière et horizontale (Voy. Ann. de Chimie et de Phys., p. 6 du Rapport). De pareilles déductions se retrouveraient, suivant M. Boué, dans des ouvrages même bien plus anciens que ceux de Saussure, ainsi que dans des publications modernes.

M. Brongniart donne comme une idée nouvelle que toutes les, chaînes de montagnes n’ont pas été soulevées à la même époque. M. Boué n’y peut voir qu’un oubli involontaire de sa part. M. de Beaumont ayant cité lui-même textuellement les grandes époques de soulèvemens (voy. Ann. des Sc. nat., déc. 1829, p. 395) que M. Boué a cru pouvoir établir par différentes considérations géologiques auxquelles il reconnaît que la direction des chaînes est entièrement étrangère (voy. Mémoires géologiques et paléontologiques, p. 5). — M. de Beaumont a donc seulement précisé davantage quelques époques de soulèvement dont M. Boué ne croit pas pouvoir restreindre le nombre autant que le fait M. de Beaumont.

En réponse à ces observations, M. Élie de Beaumont fait observer que le nombre des personnes qui, en parlant du soulèvement des montagnes, y avaient déjà fait diverses distinctions plus ou moins explicites, était tellement considérable, qu’il n’est pas étonnant que M. Brongniart, tout en en citant un grand nombre, en ait oublié quelques unes. MM. Parrot et Boué sont bien loin d’être les seuls géologues dont les noms pourraient être ajoutés à la liste des citations de M. Brongniart.

MM. de Beaumont et Brongniart se seraient peut-être épargné toute espèce d’embarras, si, au lieu de citer quelques géologues modernes ou contemporains, au risque d’en oublier quelques autres, ils avaient eu l’idée de remonter tout simplement jusqu’à Stenon, qui écrivait déjà à Florence en 1669, que les couches redressées avaient été formées horizontalement ; que les montagnes que nous voyons aujourd’hui n’avaient pas existe dès le commencement ; qu’il y en a qui sont le produit d’éruptions ignées ; qu’elles ont des directions diverses sur la surface du globe, etc. ; et qui, relativement à la Toscane en particulier, avait démontré par des figures que le sol horizontal de sédiment marin (que nous appelons aujourd’hui tertiaire) y est postérieur à l’existence des vallées dans lesquelles il s’est déposé.

Dates géologiques précises, noms propres de montagnes en rapport avec chacune de ces dates, direction particulière des chaînons de montagnes de chaque époque, Stenon avait manqué de données pour s’en occuper ; or, personne n’y avait suppléé depuis, et il est de fait qu’en 1829 il restait à essayer de donner une forme positive au point de vue que Stenon avait aperçu cent soixante ans auparavant.

Aussi la réclamation de M. Boué ne porte-t-elle que sur un point particulier, sur l’annonce faite par lui du peu d’ancienneté relative des Alpes, dans un passage d’un mémoire allemand imprimé à Heidelberg en juillet 1827. M. de Beaumont, qui du reste a reproduit le passage en question dans une note de sa Recherches sur les Révolutions du globe, rappelle que dans la première partie de son Mémoire sur les Vosges, imprimée dans la deuxième série des Annales des Mines (mai et juin 1827), il avait lui-même, à une époque où il ne pouvait avoir aucune connaissance du travail de M. Boué, opposé les Vosges aux Alpes (p. 405), sous le rapport de leur âge relatif, et mentionné la dislocation des couches alpines après le dépôt des terrains tertiaires.

La société reçoit aussi :

1° Le n° 9 de l’Européen, journal des sciences morales et économiques. Paris, in-4o ;

2° Les n° 28 à 41 du Lycée, journal des sciences et des sociétés savantes. Paris, in-4o.

La société reçoit de M. Boubée le Prospectus de son cours de géologie, divisé en deux parties, cours d’hiver et d’été. M. le secrétaire pour l’étranger présente à la Société les ouvrages suivans :

1° Une Description physique et médicale des sources minérales les plus connues dans les Principales contrées de l’Europe (Physikal medicinisch. Darstellung den bek. Heilquellen, etc.), par M. E. Osann. Le premier volume in-8o de 461 pag. Berlin, 1829 ;

2° Recherches chimiques sur l’eau prés de Niedernau (Chemische Untersuchung des Sauerwassers, etc.), par C.-G. Gmelin. In-8° de 31 pag. Tubingue, 1828 ;

3° Recherches sur les rapports de température de l’Alpe de Souabe (Untersuchungen uber die Temperatur-Verhalttfinse, etc.) ; Dissert. inaug. du Dr W. Fr. Korn. In-8° de 28 pag. Tubingue, 1831 ;

De Fontium mutinensium admirandâ scaturigine tractatus physico-hydrotaticus, par Bernard Ramazzini. In-4°. Modène, 1691. C’est le premier ouvrage où les puits artésiens soient décrits complètement ;

5° Les Catalogues des collections de minéraux, de roches et de pétrifications qui sont en vente au Comptoir de minéralogie à Heidelberg, dans le pays de Bade.

Le secrétaire pour la France présente l’ouvrage anglais de M. Smith, sur les fossiles d’Angleterre, distribués par terrain (Strata identified et stratifical arrangement). Londres, 1816, in-4o ; pl. coloriées diversement suivant les terrains.

M. Boué fait hommage à la Société de trente-huit lettres autographes, destinées à commencer la collection de lettres et portraits de tous les géologues connus.

Elles sont de MM. de La Bèche, Catullo, Hérault, Daubeny, Graves, G. Hisinger de Stockholm, de Hoff, Hugi, de Hutnboldt, professeur Jaeger de Suttgardt, professeur Jameson, Jouannet, Keferstein, Klipstein, de Léonhard, André de Luc, Lill, Murchison, Nils, Nordenskiold, Palassou, Pusch, Rengger, de Rosthorti, Sadler, Sartorius, Schubler, Steininger, Studer, Schwerin, Voith, de Vargas, Voltz, Waldauf de Waldenstein, Weaver, Webster de Boston, et Razoumovski.

M. Desnoyers développe quelques considérations sur les ossemens humains des cavernes[1] du midi de la France, tendant à prouver que ces os, et les objets de fabrication humaine qu’on y a trouvés avec eux, y ont été laissés postérieurement aux derniers grands cataclysmes, et ne sont point contemporains des espèces détruites de mammifères auxquelles on les trouve réunis. Il s’appuie d’abord sur un passage de Florus, historien du commencement du deuxième siècle.

Florus rapporte que César ordonna d’enfermer les rusés habitans de l’Aquitaine dans les cavernes où ils se retiraient, suivant un usage commun à plusieurs tribus de race celtique qui cherchaient dans ces retraites souterraines non seulement un refuge en temps de guerre, mais un abri contre le froid, des magasins pour leurs chétives provisions de grains, pour les produits de leurs chasses et de leurs pêches, et qui même y cachèrent plus d’une fois avec eux des animaux déjà soumis à la domesticité. Les Gaulois avaient d’ailleurs, au récit de César, une grande habitude des travaux souterrains pour l’exploitation du fer et de la marne ; mais le texte de Florus est bien plus spécialement applicable à notre sujet : Aquitani, callidum genus, in speluncas se recipiebant Cæsar jussit includi (Florus, Hist. Rom., Ept. L. 3, C. 10).

Ces malheureux Aquitains auront en partie pérl dans ces grottes et des cours d’eau y pénétrant postérieurement, auront confondu leurs ossemens avec les limons, les graviers, et les débris d’animaux qui déjà étaient enfouis dans quelques unes, peut-être bien long-temps avant eux. Une pâte stalagmitique aura depuis, en certains endroits, comme à Bise, cimenté le tout en agrégats solides ; les os d’ours et de cerfs, des lits inférieurs avec les os humains, les poteries brisées, les coquilles terrestres, et les os d’animaux modernes, du limon noir superficiel. L’abaissement irrégulier de la voûte aura produit sur certains points un contact, et une adhérence égale des différeras dépôts aux parois de la roche.

Cette explication est d’autant plus naturelle, que l’examen de plusieurs cavernes montre, même sans parler du fait des éboulemens qu’on y voit si fréquemment, la trace évidente de différens cours d’eau séparés par des intervalles de sécheresse, des lits de graviers ossifères, alternant jusqu’à trois fois avec des couches de stalagmites (cav. de Schockier, près de Liège). Les premiers limons ont été d’ordinaire tumultueusement introduits et déposés en lits très sinueux dont la surface ondulée a été irrégulièrement recouverte de limons plus modernes. Des courans moins violens passant ensuite sur ces couches, tantôt les ont uniformément recouvertes d’un même sédiment, tantôt ils ont disséminé les corps gissans à la surface des limons plus anciens, et les ont entassés dans les anfractuosités du sol inférieur ; tantôt enfin, enlevant une tranche horizontale de tous ces dépôts, ils ont dû mettre à nu, et en apparence, à un même niveau géologique, des corps appartenant à des époques et à des couches en réalité très diverses. Ces différend âges de graviers et de limons en lits ondulés se voient très bien dans la plupart des cavernes du midi de la France, dans celles de Bise, de Sommières, etc. ; et les alluvions récentes prédominent même dans quelques unes. La surface très inégale du limon ossifère est un fait qui s’observe dans beaucoup d’autres cavernes, quoiqu’on ne l’ait pas assez remarqué. M. Desnoyers l’a vu de la manière la plus évidente dans la caverne de Banwell, dans les Mendips, en Angleterre, M. Bertrand-Geslin l’a signalée dans celle d’Adelsberg.

Recourant de nouveau à la comparaison des témoignages historiques et géologiques, M. Desnoyers fait observer qu’un grand nombre de cavernes du Périgord, du Sarladais, du Quercy, de la Guienne, provinces qui faisaient partie de la Gaule aquitanique, telle qu’elle fut limité par Auguste, montrent en effet des traces évidentes d’habitations, et même, conformément au récit de Florus, des traces de clôtures fort anciennes. On les nomme encore en Périgord Cluseaux, mot dont on peut trouver l’origine dans les cavernes inclusæ par César. Dans plusieurs, dans celle de Breingues (dép. du Lot), celle de la Combe-Grenant (dép. de la Dordogne), décrites par M. Delpon et M. Jouannet, de nombreux ossemens de mammifères d’espèces en partie perdues, étaient enfouis, comme dans celles du Languedoc, sur le même sol qui, plus tard, reçut les débris de l’espèce humaine et d’une grossière industrie. Si l’on examine le sol extérieur de l’ancienne Aquitaine, on le voit presque aussi couvert de monumens d’origine gauloise que la Bretagne ; dans le seul département du Lot, sur le territoire des anciens Cadurci, M. Delpon a signalé près de 500 dolmen et un plus grand nombre de tumulus.

Mais ce n’est pas seulement à la période gauloise ou gallo-romaine que peut se rapporter l’habitation des cavernes de cette contrée ; elle a dû se conserver long-temps dans les mœurs d’un peuple exposé aux désordres des guerres presque perpétuelles qui le tourmentèrent durant plus de dix siècles, sous les invasions successives des Goths, des Sarrasins, des Francs, des Normands, des Anglais. On en retrouve en effet une preuve aussi authentique que celle de Florus, six cents ans après cet historien. Eginhard nous apprend (Annal. de Gestis Car. magni, an 767) que le roi Pepin, après une lutte prolongée contre les Aquitains et les Wascons, se rendit maître de la plupart des châteaux, roches et cavernes dans lesquels se défendaient les sujets de Waifre, dernier duc d’Aquitaine : Castella mulla, et petras, atque speluncas, in quibus se hostium manus plurima defendebat, capit (D. Bouquet, Recueil des Hist. de France T. V., p. 200). On retrouve en effet dans le dép. du Lot des traces nombreuses de ces cavernes habitées et fortifiées à différentes époques ; M. Delpon en a décrit plusieurs dans son intéressante statistique du Lot. On peut même dire que cet usage des demeures souterraines, soit passagères, soit fixes, est bien loin de s’être anéanti dans nos provinces, puisque, sur les bords de la Loire seulement, quinze à vingt mille familles des dép. de Loir-et-Cher, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, n’ont pas d’autre habitation que les grottes creusées dans les collines de craie tufau.

Mais pour ne parler que des cavernes à ossemens humains du midi de la France, et même en supposant ceux-ci de l’époque historique la plus éloignée, l’argument que MM. Marcel de Serres et Tournal ont particulièrement cru pouvoir tirer de la grossièreté des produits d’industrie qu’on y a découverts, pour leur attribuer une antiquité fort au-delà des temps historiques, ne présente pas à M. Desnoyers une telle conséquence. Les observations si exactement faites et une partie des objets d’art découverts par M. J. Teissier dans la caverne de Mialet, près d’Anduze (lampe et figurine d’argile cuite, bracelets de cuivre), indiquent même presque incontestablement pour celle-ci la période gallo-romaine, comme l’examen attentif des crânes humains démontre la race Caucasique, souche des habitans primitifs de l’Europe ; ce qui confirme encore le témoignage de Florus, même pour les provinces voisines de l’Aquitaine, puisque dès-lors le territoire actuel du Languedoc faisait partie de la provincia romana, dont les habitans primitifs, les Voices tectosages et arécicomans, n’avaient cependant point encore perdu tous leurs usages celtiques, sous l’influence de la domination romaine.

Quant aux autres objets trouvés dans plusieurs cavernes des dép. de l’Aude, du Gard, du Lot, de la Dordogne, etc., et dans celle de Paviland, en Angleterre, tels que des fragmens de poterie noire imparfaitement cuite et pétrie, des haches et des dards de flèche en silex ; des os effilés, tels que les emploient les sauvages pour armer leurs flèches et leurs lances ; des os taillés en forme de fourchettes et de peignes, des coquilles et des dents d’animaux percées comme pour servir d’amulettes, etc. ; tous ces objets se retrouvent très fréquemment dans les fouilles des Tumulus, des Dolmen et des Oppidum, sépultures, autels et foyers de défense des habitans primitifs de la Gaule, de la Grande-Bretagne et de la Germanie ; ils annoncent le même degré de civilisation qui fit élever ces monumens extérieurs, et non point une industrie antédiluvienne.

En effet, malgré l’opinion des partisans exagérés de notre civilisation nationale à son berceau, opinion cependant partagée par des savans d’un grand mérite, il n’en est pas moins prouvé par une foule de témoignages historiques que, même à l’époque de la conquête de César, la plupart des tribus gauloises restées jusque-là indépendantes avaient encore l’usage de se tatouer, de se peindre le corps, de sacrifier des victimes humaines dans des sanctuaires de pierres brutes, d’habiter au milieu de vastes forêts et sur le bord des rivières, des huttes rondes comme celles des sauvages, de se servir d’armes de pierre, etc. Beaucoup d’autres usages qui montrent chez ces peuples une civilisation dans l’enfance, tout-à-fait en rapport avec les monumens grossiers que ces peuples ont laissés sur notre sol et avec les objets d’industrie dont on peut avoir rencontré quelques faibles débris dans les cavernes.

Par une autre coïncidence très intéressante à constater, on trouve souvent dans les fouilles des monumens gaulois, avec les mêmes objets d’industrie découverts dans quelques cavernes à ossemens de mammifères détruits, des os d’espèces encore existantes d’animaux domestiques ou sauvages, surtout de cerfs, de moutons, de sangliers, de chiens, de chevaux, de bœufs, et des coquilles marines analogues à celles qui vivent sur les côtes voisines. Ce fait a été observé dans le Quercy, comme dans plusieurs autres provinces. Nul doute que ces corps n’aient été placés dans les tombeaux et sous les autels celtiques, en mémoire, soit de sacrifices offerts aux divinités gauloises, surtout à Hésus, le Mars des Gaulois (Marti, animalia capta immolant, dit César), soit de repas religieux et funéraires, soit enfin par suite d’une croyance superstitieuse commune à beaucoup de peuples, et qui faisait déposer auprès des morts de la nourriture et des provisions destinées aux mânes, pour une seconde vie. N’est-il pas très probable que dans certaines cavernes qui ont pu, à la fois ou successivement, servir d’habitations, de retraites religieuses, comme les autres de Mithra et les grottes druidiques, et enfin de sépultures, les ossemens d’animaux plus modernes et les coquilles marines qu’on a trouvés avec les os humains, surajoutés à l’ancien limon ossifère, si constamment fluviatile, auront eu une pareille origine historique plutôt que géologique ?

C’est dans cette nouvelle sorte de gisement des Dolmen et des Tumulus, gisement, pour ainsi dire, historique et monumental, qu’il faudrait rechercher, mais encore avec une certaine circonspection, quoique avec une plus forte garantie d’authenticité que dans les cavernes, les débris de certains animaux contemporains des plus anciens peuples de la Gaule. On sait en effet que l’Auroch, le Buffle ou taureau sauvage, certains cerfs qui vivaient alors dans les grandes forêts, peu à peu défrichées, de la Gaule et de la Germanie, n’en ont été qu’insensiblement expulsés par les progrès de la culture et de la civilisation, puisque l’Urus existait encore dans les Vosges, sous les premiers rois Francs, au siècle. Les Gaulois, grands chasseurs, se faisaient une gloire des dépouilles de ces animaux, surtout des buffles et des cerfs, qu’ils offraient à Cernunnos, leur divinité de la chasse, ou qu’ils fixaient, avec les crânes de leurs ennemis, aux portes de leurs habitations. Les cornes d’urus leur servaient aussi de coupes dans les festins.

On a donc quelque chance de retrouver ces objets sous les pierres druidiques, et les tombelles, Sous celles-là, du moins qui sont antérieures au mode de combustion des morts et des, victimes, et antérieures aux invasions des Francs, des Danois, des Saxons, qui conservèrent long-temps partie des mœurs celtiques ou germaniques.

Cette recherche est un nouvel appui que les antiquaires peuvent fournir aux géologues.

M. Desnoyers a déjà attentivement examiné sous un point de vue analogue la riche collection de monnaies gauloises de la bibliothèque royale. Sur les plus anciennes, sur celles qui ne paraissent pas être une trop évidente imitation des monnaies grecques ou romaines, il a reconnu le plus habituellement, autant que le permettent des grossiers dessins, des représentations d’animaux surtout de sanglier, de cheval, de taureau sauvage et de cerf, espèces qui vivaient alors sur le sol de la Gaule, et dont les os se retrouvent sous les monumens celtiques. Où y voit bien encore, beaucoup plus rarement, des animaux symboliques ou monstrueux, des copies infidèles d’oiseaux, ou d’autres animaux communs sur les monnaies grecques ; mais les plus fréquens et les plus caractéristiques sont les quadrupèdes que l’histoire nous apprend avoir été propres au sol de la Gaule et à la vie industrielle de ses habitans.

Si l’on rencontrait sous les monumens celtiques des ossemens d’ours, de rhinocéros ou d’autres espèces perdues qu’on trouverait d’um autre côté figurés sur les monnaies, c’est alors qu’on aurait droit de conclure la contemporanéité sur le même sol de ces animaux et de l’homme, bien plutôt que de leur réunion dans des cavernes ou tant de causes ont pu et dû produire divers remaniemens. Rien jusqu’ici, cependant, ne contredit les résultats généraux zoologico-géologiques constatés par M. Cuvier ; et les fruits du très petit nombre de recherches faites dans cette nouvelle vue, ne nous montrent encore que des espèces analogues à celles qui vivent de nos jours. C’est ainsi que M. de Blainville, dans l’examen de quelques ossemens des Tumuli et des Tuguria de l’Oppidum Gallo-Belge (Cité de Limes), des environs de Dieppe, n’a reconnu, dans six ou sept espèces (chien, cochon, cerf, mouton, bœuf, etc.), aucune espèce détruite.

D’après ces diverses considérations et d’autres témoignages historiques que rappelle M. Desnoyers, les ossemens humains des cavernes, qui sont eux-mêmes de différentes époques, lui paraissent être au plus loin d’origine gauloise ou celtique, quelquefois même bien plus récens et n’être, pas plus que les monumens druidiques, antérieurs aux dernières grandes catastrophes du globe. Il ne voit pas non plus jusqu’ici de preuves suffisantes que depuis l’établissement de l’homme dans la Gaule d’autres espèces de grands mammifères, surtout de genres des contrées équatoriales, aient été détruites, que celles dont l’histoire y a constaté l’existence. La question des ossemens humains des cavernes présentait trois points de vue principaux :

Ou ces ossemens étaient antédiluviens, comme ceux des mammifères d’espèces perdues avec lesquels on les rencontre (ours, hyènes, rhinocéros, etc.), et l’existence de l’homme aurait alors précédé dans nos contrées les derniers soulèvemens de montagnes qui ont dispersé le gravier diluvien, et les grands changemens de température qui paraissent aussi avoir contribué à leur destruction. Ou bien ces grandes espèces de mammifères n’auraient été détruites par des causes lentes et naturelles que depuis les temps historiques, ou du moins depuis l’invention des arts et depuis l’établissement des hommes sur le sol de notre France méridionale ; et les Gaulois, pourrait-on dire, auraient chassé aux rhinocéros, aux hyènes, comme à l’urus, à l’élan et au sanglier.

Ou bien enfin la réunion sur le même sol souterrain de ces différend corps n’était que le résultat de plusieurs causes fortuites non simultanées et distinctes du phénomène général des cavernes ossemens.

Plusieurs géologues se sont fortement prononcés pour les deux premières opinions et pour la contemporanéité de l’homme et d’un assez grand nombre d’espèces entièrement perdues. C’est l’opinion contraire et la troisième explication du fait que M. Desnoyers a essayé de soutenir. Cette opinion, qui paraît devenir celle du plus grand nombre des géologues, ne diminue en rien l’intérêt des découvertes et des observations dont MM. Marcel de Serres, Tournal, de Christol, Farines, etc., ont tiré des conséquences opposées en reproduisant, à l’égard des cavernes, la présomption d’hommes fossiles contredite par tous les autres gisemens ; mais peut-être qu’envisagée plus particulièrement sous le point de vue historico-géologique, la question leur semblera plus douteuse et pourra être éclairée par de nouvelles observations.

Toutefois le fait des os humains et des objets d’industrie dans les cavernes n’était pas nouveau ; il avait été antérieurement signalé surtout par MM. Rosenmüller et de Sommering pour les cavernes de la Franconie ; et pour celles de l’Angleterre, par M. Buckland, qui même en avait fait l’objet d’un chapitre spécial de ses Reliquiæ diluvianæ ; mais aucun de ces savans, non plus que M. Cuvier, n’en avait conclu la contemporanéité de l’homme et de plusieurs grandes espèces détruites, regardées comme antédiluviennes, tant le sol meuble et graveleux du fond des cavernes, exposé à l’action réitérée des cours d’eau souterrains, peut avoir subi de remaniemens postérieurs à un dépôt primitif.

M. Boubée observe que l’examen géologique de plusieurs cavernes du Midi de la France confirme, selon lui, ces témoignages historiques. Les alluvions qui les remplissent lui paraissent être plus modernes que le grand attérissement diluvien.

Le rapport sur la gestion de M. de Roissy, archiviste, est renvoyé à la prochaine séance, par suite de la démission de l’un des trois commissaires (M. Héricart Ferrand).

Le président nomme en remplacement, M. Puzos.

M. Boué, dans le dicours suivant, résume les progrès de la géologie, et ses applications pendant l’année écoulée.


Messieurs

Appelé pour la seconde fois à l’honneur de vous présenter un tableau des progrès de la géologie et de ses applications, pendant l’année qui vient de s’écouler, je le ferai d’après mon ancien plan.

La science devient toujours plus vaste ; elle acquiert sans cesse de nouvelles branches de recherches ; la multiplicité des journaux transmet, dans peu de mois, les nouvelles découvertes d’un bout du monde à l’autre ; et ainsi la plupart des mémoires géologiques deviennent classiques, ou sont au niveau des connaissances du moment. Si cet état des choses va bientôt rendre la vie d’un homme trop courte pour embrasser toute la science, il m’ôte vraiment la faculté d’être bref, tout en me tenant aux seuls faits, tandis qu’il m’oblige à vous donner plutôt un catalogue raisonné qu’une dissertation complète qui exigerait un volume.

Les personnes qui s’occupent habituellement de géologie voudront bien pardonner certains détails qui ne s’adressent qu’à ceux de nos confrères plus novices dans cette science.

Après l’énumération des nouvelles sociétés et des publications périodiques récemment entreprises et intéressantes pour le géologue, je passerai en revue les principaux travaux géologiques exécutés en 1831, savoir : les descriptions géognostiques de certaines localités ou de grandes contrées ; les cartes géologiques, les traités généraux, les ouvrages et les mémoires paléontologiques.

J’exposerai ensuite les faits ou les problèmes géologiques qui paraissent avoir attiré le plus particulièrement l’attention des géologues, et je terminerai par résumer les travaux et les résultats des sondages ou des puits forés dans ces derniers temps.

L’année 1831 ayant été politiquement et sanitairement fort agitée pour l’Europe, nous ne devions guère nous attendre à l’établissement de sociétés savantes ou de publications nouvelles.

Néanmoins je trouve à signaler, en Angleterre, deux nouvelles associations, l’une à Bedford, et l’autre à Chichester. Un musée a été fondé dans la première ville, et la société philosophique et littéraire de Chichester forme aussi des collections.

Frappée des avantages des réunions annuelles et nomades des naturalistes de la Suisse et de l’Allemagne, la ville d’York a vu, en septembre dernier, la première assemblée des naturalistes et physiciens des Îles-Britanniques,

Des personnes distinguées des trois universités d’Edimbourg, d’Oxford et de Cambridge, se sont mises à la tête de ce nouveau mouvement scientifique, et il n’est pas douteux que cette société naissante ne devienne bientôt nombreuse, et très efficace pour les progrès des sciences physiques et naturelles. Déjà le compte-rendu des séances d’York est sous presse ; Oxford est choisi pour le lieu prochain de réunion ; et le bureau a été établi, pour cette année, sous la présidence de M. Buckland.

Aucune réunion n’a presque lieu en Angleterre sans qu’il n’en coûte quelque argent aux membres présens ; et les Anglais étant, d’une autre part, fort jaloux de la gloire scientifique et nationale, il s’ensuivra naturellement que cette société publiera incessamment de beaux recueils, et distribuera, comme la Société royale et la Société géologique, des encouragemens aux personnes qui cultivent les sciences. Elle désire déjà spécialement de se mettre en rapport avec les sociétés semblables du continent ; de manière que l’on arrivera enfin l’établissement de grands congrès scientifiques, qui, en rapprochant les hommes éminens de nations très diverses, feront cesser les rivalités et feront tourner les qualités et les connaissances de chacun des peuples au bénéfice de tous.

Avant de quitter l’Angleterre, je dois mentionner que la première distribution du prix de géologie, fondé par M. Wollaston, a été adjugé à M. W. Smith, comme auteur de la carte géologique de l’Angleterre, et comme ayant le premier employé les caractères paléontologiques dans la détermination des formations britanniques

Dans l’Europe continentale, les grandes réunions scientifiques annuelles n’ont pas eu lieu ; en Suisse, à cause des évènemens politiques ; en Allemagne, par suite du choléra. Les séances de Vienne ont été remises à l’an prochain.

Les publications des sociétés savantes en Angleterre n’ont pas souffert de la crise européenne.

En Écosse, je trouve à signaler la publication du sixième volume des Mémoires de la Société wernérienne, qui contient trois mémoires géologiques, savoir : un mémoire sur la chaîne de Snowdon, dans le pays de Galles, par M. Stuart-Menteath ; une notice intéressante sur un filon d’asphalte, dans le gneiss des monts de Castleleod, prés de Dingwall, en Angleterre, par M. Witham, et un article sur les os fossiles de diverses cavernes d’Angleterre, par M. G. Young.

La nouvelle Société de Newcastle sur Tyne, ou du Northumberland et du Durham, a fait paraître les 2° et 3° parties de son premier volume, riche en documens de géologie locale.

La société philosophique et littéraire de Plymouth a mis en vente le premier volume in-4o de ses Transactions, contenant une monographie géologique des environs de cette ville, par M. Hennah.

Si l’on n’est pas étonné que les sociétés royales et géologiques Londres publient chaque année de beaux volumes, l’apparition et la réussite de ces publications provinciales sont d’autant plus étonnantes qu’elles ne sont point achetées par tous les géologues anglais. Ce sont les simples amateurs et les gens riches qui soutiennent ce genre de publications.

Un nouveau volume des Transactions de la Société géologique de Londres vient de paraître.

La société de Cornouailles est occupée à imprimer son quatrième volume.

Si la Société wernérienne était en retard pour ses publications, à cause des trois journaux scientifiques existant à Édimbourg, les Instituts littéraires d’Inverness (Northern institute), de Banff et même de Perth, de Scarborough et de Bristol, et la Société d’histoire naturelle de Belfast, en Irlande, promettent de publier des documens géologiques ; enfin MM. Webster et Ainsworth ont donné successivement des cours de géologie à l’Institut royal de Londres. M. Lyell est devenu professeur de géologie au collège royal à Londres ; et la vaste collection de feu, M. Sowerby l’aîné a été achetée par une personne qui en a fait une espèce de musée public pour l’étude.

En France, les sociétés de Strasbourg et de Bordeaux ont été seules actives. La dernière a récemment publié un cahier ; la seconde partie du premier volume des mémoires de celle de Strasbourg est sous presse.

A Marseille, on vient de commencer la publication d’un journal scientifique intitulé Annales des Sciences et de l’Industrie du Midi de la France. Il recevra surtout les travaux des Languedociens et des Provençaux.

Vous savez que M. Boubée vient d’achever son second voyage de géologie fait avec des élèves.

En Allemagne, outre la continuation de tous les recueils périodiques, la Société de Marbourg, ainsi que l’Académie impériale Léopoldine, ont fait paraître chacune un volume.

Je dois aussi signaler les articles géologiques de la Revue de Berlin (Iahrbucher für wissenschaftliche Kritik).

L’Acad. des Sc. de Berlin a proposé, pour 1833, un prix, pour la question de savoir si la tourbe est bien d’origine végétale.

M. le professeur Czenmak a commencé, à Vienne, un journal d’histoire naturelle.

Un cours de minéralogie et de géologie est donné par M. Walchner à Carlsruhe, dans le pays de Bade ; et un cours de paléontologie a été établi à Freiberg par M. Reich.

De plus je trouve, dans le n° 8, pour 1828, de l’Isis, un article intéressant sur les objets géologiques et paléontologiques dont se sont accru un bon nombre de collections particulières ou de musées. Je renvoie les voyageurs naturalistes à cette énumération et à notre catalogue des collections d’Allemagne.

Enfin je remarque que le Comptoir minéralogique de Heidelberg n’a pas envoyé de livraison de sa Collection géologico-paléontologique ; tandis que la Société wurtembergeoise d’Eslingen continue d’enrichir les cabinets des particuliers par des voyages entrepris par actions. Un Allemand, M. Teuschwanger, est même allé, par spéculation, faire des collections géologico-ominéralogiques aux États-Unis.

En Italie, les troubles politiques ont arrêté la publication régulière des Annales d’hist. nat. de Bologne, auxquelles coopéraient les professeurs Bartoloni, Ranzani, Alessandrini et Orioli.

Le Poligrafe, rédigé à Vérone par M. Berti, a succédé, depuis le milieu de l’année 1830, au journal de Trévise ; et les Annales des sciences du royaume lombardo-vénitien, publiées in-4o à Vicence par M. Fusineri, ont remplacé le journal d’histoire naturelle de Pavie. Eniin M. Vieusseux, de Florence, a annoncé la publication d’Annales italiennes pour les sciences mathématiques, physiques et naturelles.

En Sicile, la géologie est assez cultivée par MM. Gemellaro, Ferrara, Scina. J. Alessi, Nava, G. Alessi, Giacomo, Bernardi, La Via, etc. ; et M. Philippi, à Catane, s’occupe spécialement des coquilles fossiles et vivantes.

La révolution de Pologne a arrêté jusqu’ici l’établissement du Journal des Mines, projeté par MM. Pusch et Beklewsky. Il n’y a pas encore dans ce pays de chaire spéciale de géologie, et la translation de l’université de Kielce à Varsovie, si utile pour d’autres branches d’études, pourra nuire aux progrès de la géologie, vu que les personnes qui la cultivent se trouvent placées plus loin des montagnes et au milieu des alluvions.

Nous n’avons pas encore la certitude que la Société minéralogique de Saint-Pétersbourg ait achevé la publication de son premier volume de Mémoires russes et allemands.

L’Académie impériale de Saint-Pétersbourg a commencé, en 1830, une nouvelle série de mémoires en français ; MM. Kupfer et Hess y ont déposé leurs observations géologiques. Les publications françaises mensuelles de la Société des Natural. de Moscou continuent, et les amis des progrès des sciences doivent être bien satisfaits d’apprendre que cette association a 10,000 roubles à dépenser par an, dont 3000 sont destinés à des naturalistes voyageurs.

Depuis 1829, le Journal des Mines russe ou de Saint-Pétersbourg s’est infiniment amélioré, et l’établissement de l’école des mines porte déjà ses Fruits parmi les nombreux élèves répandus sur l’immense surface de cet empire. Les trois dernières années de ce recueil offrent vraiment des mémoires très importans, accompagnés souvent de cartes géologiques coloriées, dont le nombre s’élève déjà à dix-sept. L’addition de ces dernières est inappréciable pour les étrangers ; car, sans apprendre le russe, avec un simple alphabet à la main, chacun peut assez facilement les comprendre ; les termes de la science étant les mêmes, et la différence des lettres étant toute la difficulté. Les notices les plus importantes ont rapport à diverses parties de la Russie septentrionale, de l’Oural et des provinces turco-russes.

Pour mieux faire apprécier ce recueil, je pense être agréable à la société en lui en donnant une idée sommaire.

Les matières y sont distribuées en général sous les titres suivans : la minéralogie, la géologie, la chimie minéralogique, la métallurgie, la bibliographie, et des petites notices. Les articles originaux ont surtout rapport à la géologie ou à l’art des mines, et rarement aux autres sujets. Depuis 1829, les rédacteurs ont donné plus de soin. À la partie bibliographique ; ils ont traduit des mémoires étrangers en entier, et en ont analysé un plus grand nombre qu’auparavant. La paléontologie a été aussi plus souvent traitée dans ce journal, et l’on peut dire qu’il tient le lecteur en Russie au courant de toutes les découvertes géologiques ou métallurgiques qui se font journellement en Europe.

Comme il y a tout lieu de penser que les observations géologiques tendent à se multiplier toujours plus en Russie, le journal russe deviendra indispensable à tout géologue, ou du moins on sentira le besoin de donner une traduction des mémoires originaux à Saint-Pétersbourg même ou hors de l’empire russe.

Avant de quitter l’ancien continent, je ne dois pas oublier de faire attention à deux foyers nouveaux de lumières qui commencent à poindre dans l’Orient ; je veux parler de l’Instititut scientifique du Caire, et de la publication d’une Gazette turco-française, par le gouvernement du grand-sultan.

Les prodiges d’une civilisation toujours progressive aux États-Unis continuent à étonner notre vieille Europe, qui a de la peine à sortir des anciennes routines.

Une nouvelle société scientifique et un musée ont été établis à Chester en Pensylvanie ; et, dans le Massachusetts, il se forme dans ce moment plusieurs lycées, qui ont pour objet spécial d’établir des collections de roches et de minéraux ; de faire exécuter des relevés topographiques et géologiques, et de répandre les connaissances des sciences naturelles et utiles.

Une nouvelle université se fonde à New-York sur le plan de celle de Londres ; il est probable qu’elle aura plus de succès que cette dernière, qui a eu à lutter contre les préjugés les plus invétérés et contre l’intérêt personnel de savans distingués ou d’autres établissemens.

Enfin, M. Eaton, professeur à l’école Rensselaer, à Troyes, a entrepris des voyages géologiques avec ses élèves. Le dernier numéro du journal de Silliman contient les observations faites dans un tel voyage, qui a coûté à chaque élève 1500 fr. pour six semaines, c’est-à-dire, plus de 35 fr. par jour. Sous un habile professeur, de pareilles courses bien dirigées peuvent enseigner promptement la géologie, bien mieux que tous les cours et les cabinets. Elles sont pour la géologie ce que la botanique rurale est pour cette dernière science.

Les collections géologiques du lycée de New-York, des sociétés d’histoire naturelle de Philadelphie, d’Albany, la société de Franklin, à Providence, etc., augmentent sensiblement.

Au Canada, les deux sociétés de Montréal et de Québec offrent un avenir prospère ; leurs collections s’accroissent, et elles impriment déjà chacune un second volume de leurs mémoires,

Je puis encore ajouter qu’en 1829 le président de la république de Guatimala a fondé une espèce d’académie scientifique sous le titre de Société économique des Amis du pays. Cette société a déjà publié un volume de mémoires in-4o, en 1829, (Memorie de la Sociedad de los Amigos di Guatemala), et un recueil mensuel de 1830-1831, in-8o (Mensile Giornale). On y trouve surtout des notices géographiques et statistiques.

La Société d’Histoire naturelle de l’îIe Maurice doit avoir commencé une publication.

Après ce coup-d’œil sur les sociétés et les publications périodiques, je passe à l’énumération des descriptions géologiques de diverses contrées du globe[2].

L’Écosse a été visitée récemment par deux habiles géologues prussiens, MM. d’Oeynhausen et de Dechen. Connaissant bien la géologie de l’Allemagne, ils ont pu d’autant mieux étudier le terrain classique de l’Écosse. Ce voyage nous a procuré déjà cinq mémoires fort intéressans, et insérés dans les Archives de M. Karsten.

Le porphyre de la cime du mont Ben-Nevis, le plus élevé de l’Écosse, repose, suivant eux, sur le granite, ou plutôt s’élève non en-dessus, mais comme un culot, du milieu d’une masse granitique ou syénitique. De semblables gisemens paraissent fréquent en Norwège.

Le Mémoire sur les trapps et les grès d’Arthurs Seat n’est nouveau que par la coupe figurée de Salisbury-Craig ; mais celui sur l’île de Sky est très important, en ce qu’il confirme pleinement que la syénite et la sélagite sont postérieures au lias ; que la syénite O est un dépôt plus ancien que la sélagite, que le basalte est dû à une éruption ignée encore plus récente que celle qui a produit la sélagite, et que le lias de Sky a été modifié ou même changé en calcaire grenu au contact avec la syénite cellulaire.

Les renseignemens sur les basaltes, sur le grand filon de rétinite du Scuir, et sur les dikes de basalte, au milieu des oolites jurassiques inférieures de l’île d’Egg, font mieux connaître cette île.

Leur travail sur l’île d’Arran, déjà décrite par quatre géologues (MM. Jameson, Macculloch Necker et moi), est surtout intéressant, comme point de comparaison avec une esquisse semblable de MM. Murchison et Sedgwick (Trans. géol. N. S. vol. III, p. 1), où ces géologues établissent, par la position et les fossiles des grès rouges et des calcaires de la côte N.-E. de l’île d’Arran, que ces roches sont l’équivalent du grès pourpré, du calcaire de montagne, ou terrain houiller, du calcaire magnésien et du grès bigarré.

MM. d’Oeynhausen et de Dechen arrivent à la même conclusion, quoiqu’ils précisent moins ces subdivisions artificielles établies dans un seul et grand dépôt de grès rouge.

M. Macgillivray a donné des renseignemens sur les roches de gneiss, de serpentines, et les filons granitiques et trappéens des Hébrides extérieures (Edinb. Journ. of nat. and géog. Sc. Janv. 1830, p. 245, et mars, p. 403).

M. Jameson a publié des notes géologiques sur les gites puissans de graphite dans le gneiss, au nord du canal Calédonien, et sur le groupe granitique et schisteux central des Grampians, autour de Castleton of Braemar (Edimb. phil. Journ. Oct. 1830).

On y voit que ce professeur, jadis si zélé neptuniste, a adopté les idées huttoniennes, même pour les granites et les filons de cette espèce.

Aucun fait nouveau n’est venu terminer la controverse entre M. Macculloch et MM. Sedgwick et Murchison, relativement à la question sur le granite de Caithnes, postérieur, suivant ces derniers, aux dépôts jurassiques écossais. M, Macculloch leur a contesté le dernier ce point si curieux (Quart. Journ. 1829).

Enfin, je dois signaler l’annone de nouvelles forêts sousmarines découvertes sur la côte nord-est de l’Écosse, et une note sur des silex de la craie et des couches argileuses existant sur le rivage de la mer, près de Petershead. Le silex étant, avec le fluore, un des minéraux communs les plus rares en Écosse, cette indication est curieuse, et l’on peut se demander si le terrain crayeux n’existe pas au fond de la mer, non loin des côtes du golfe appelé Firth og Murray.

En Angleterre, il y a eu, ces deux dernières années, non seulement des publications de mémoires, mais aussi des monographies géologiques de certaines contrées ou de certains dépôts ; tels sont le travail sur le sol crayeux de la partie occidentale du Sussex, par M. P.-C. Martin (Geolog. Memoir on a part of Westem Sussex). Le bel ouvrage de M. Philippe, sur les côtes du Yorkshire (Illustrations of the geology of Yorkshire), la réimpression revue de celui sur le même sujet, par MM. Bird et Young (Geological survey of the coast of Yorkshire), la description de la géologie et des cavernes ossemens du Sommersetshire, par M. J. Buttler (Delineation of the Northwestern division of the county of Sommerset, etc).

Je dois rappeler aussi que MM. Robberds et Taylor ont chacun publié un ouvrage sur les alluvions anciennes à ossemens et fossiles des côtes de Norfolk. Le classement et la formation de ces dépôts ont été éclaircis au moyen d’une controverse entre ces deux géologues.

Parmi tous ces ouvrages, celui de M. Philipps est en première ligne, parce qu’il nous donne le détail complet des diverses assises calcaires marneuses, arénacées et charbonneuses du lias anglais, et qu’il en décrit et figure les fossiles jusqu’ici incomplètement connus.

Dans les Transactions géologiques de Londres, pour 1830, nous trouvons trois mémoires géologiques concernant l’Angleterre. Le premier, de M. J. Philipps, est sur un groupe de roches intermédiaires du Cumberland et du Westmoreland, et sur deux failles considérables dans le calcaire de montagne. Le deuxième est un travail très considérable sur le calcaire magnésien et la partie inférieure du grès bigarré par MM Murchison et Sedgwick. Les auteurs retrouvent dans ces dépôts de l’Angleterre septentrionale les équivalents des cinq terrains secondaires inférieurs de l’Allemagne, à l’exception du Muschelkalk, comme un de nos secrétaires l’avait déjà dit depuis long-temps, mais sans en donner les preuves complètes. Dans la partie sud du même pays, l’agglomérat magnésien remplacerait le grès rouge secondaire et le zechstein. Le grès rouge est surtout développé dans les lieux où il couvre le grès houiller en stratification conforme. Enfin, ils appuient sur le dépôt mécanique aqueux du calcaire magnésien. Le troisième mémoire est de M. de la Bèche, et donne des renseignemens nouveaux sur les roches secondaires et intermédiaires et en particulier sur les filons trappéens d’une partie des côtes du Devonshire.

Le premier volume des transactions de la société d’histoire naturelle de Newcastle sur le Tyne, contient treize mémoires de géologie, dont six ont rapport aux filons trappéens et à leur effet sur les grès cuillers ou les roches du calcaire de montagne du Northumberland[3]. Les mines de houille de ce pays offrent de belles occasions de s’assurer de l’état de coke auquel est réduite la houille près des masses trappéennes. M. Francis Forster e inséré un mémoire étendu sur les houillères de la partie méridionale du pays de Galles. M. N. Wood est entré dans de grands détails sur les couches houillères du Northumberland et les dépôts supérieurs et inférieurs de ce comté et du Cumberland ; et M. Hutton a donné un aperçu des localités et des coupes du grés rouge secondaire sous le calcaire magnésien du comté de Durham. Enfin, des remarques géologiques sur les bords de la Tweed, près de Berwick, en Écosse, ont été présentées par M. Winch ; et le grès rouge du même comté a occupé M. Witham.

Parmi les autres mémoires publiés sur l’Angleterre, on peut remarquer un mémoire de M. Sedgwick sur le calcaire de montagne divisé en trois ou même sept groupes ; une notice sur le graphite en filons au milieu du porphyre verdâtre ou dioritique de Borrowdale, par MM. Dechen et d’Oeynhaussen (Archiv. de Karsten, vol. I, cah. 2) ; le description par M. Nelson de l’île de Jersey, composée de schiste cristallin et de gneiss à filons et amas granitoïdes ; une description des filons couches trappéens dans le calcaire de montagne de l’Angleterre septentrionale, par M. W. Hutton ; un aperçu sur les fossiles de dépôts secondaires et intermédiaires dans les alluvions anciennes de Birmighan, par M. Jules (Mag. of nat. hist., juill. 1831) ; une notice fort importante de M. Gilberton sur des alluvions à coquilles marines, à Preston, dans le Lancashire, à 6 milles de la mer, et à 300 pieds au-dessus de l’océan. Ces coquilles ressemblent beaucoup plus aux tests des mollusques vivant encore sur les rivages d’Angleterre, qu’eux fossiles du Crag de Suffolk.

Enfin M. Trimmer a découvert des graviers d’alluvion soutenant des coquilles des mers d’Angleterre au sommet de de Moel-Trifane, prés de Caernarvon, dans le pays de Galles. Ces coquillages ont été remis à la Société géologique de Londres. De plus, il a trouvé que les allusions anciennes du comté de Caernavon, entre le chaîne de Snowdon et le détroit de Menai, existent non seulement dans les vallées, mais encore sur les flancs et les sommités des montagnes, et qu’elles offrent des débris primaires et crayeux. Une élévation absolue de mille pieds est le plus grande hauteur qu’atteignent ces alluvions, dont le charriage a entamé çà et là les rochers. L’explication de ces faits exige la supposition d’un niveau plus élevé des mers, ou bien d’un soulèvement continental, ou d’un déluge. D’un autre côté, dans les pays de plaines ou de collines, il arrive souvent que les alluvions des très anciens lacs ou des cours d’eau se trouvent maintenant recouvrir des plateaux séparés par des vallées. Telle est au moins l’opinion d’une partie des géologues.

En Irlande, M. Weaver, un des géologues les plus instruits de l’Angleterre, vient de décrire le S. O. de l’Irlande, et en a présenté la carte géologique à la Société géologique de Londres. Il nous fait espérer, dans quelques années, un travail semblable sur la partie occidentale non encore décrite de cette ile, de manière que la carte entière de ce pays sera bientôt achevée ; Le nord a été décrit, vous le savez, par MM. Berger, Conybeare, Buckland (Trans. géol.) ; l’ouest, par MM.Weaver, Steffens, Fitton et Giesecke, les dépôts houillers de Connaught, de Leinster et Ballycastle par M. Griffith (trois mémoires séparés sous le titre de Miner. and geological survey, etc.) ; le reste le sera par M. Weaver, qui pourrait déjà donner une carte complète de l’Irlande, témoin celle qu’il m’a permis de copier ; mais sa modestie égale son savoir, et il veut donner à son travail toute l’exactitude qu’on peut attendre d’un seul individu.

Il résulte des travaux de MM. Weaver et Griffith, qu’une partie des anthracites de l’Irlande est au-dessous du grès pourpré, et que ce dernier recouvre toujours le sol intertnédiaire en stratification transgressive.

Vous ne vous attendez pas à ce que je m’arrète long-temps aux travaux géologiques concernant la France, et publiés à la fin de 1830 et en 1831 ; vous les connaissez mieux que tous les autres : il me sutlit donc de les récapituler.

MM. de Beaumont et Dufrénoy ont republié leurs grands et importans Mémoires sur l’ouest, le sud-ouest et le centre de la France. Ils poursuivent activement, sous l’inspection de M. Brochant, le perfectionnement de la carte géologique de la France, travail pour lequel ils ont visité, en 1830, le sud-est de ce royaume ; et cette année, les Pyrénées, et la partie sud-ouest.

M. Clerc a donné une notice géologique sur la formation ardoisière du département des Ardennes.

M. Thirria nous a appris à bien connaître le calcaire jurassique de la Haute-Saône et ses cavernes, ainsi que ces dépôts argilo-ferrifères qui le recouvrent et appartiennent en partie au grès vert. Depuis lors, de nouvelles observations lui ont fait rectifier le classement de quelques points ; ainsi le terrain de Chailles est à placer dans le haut de l’argile d’Oxford, et non pas dans le Coral-rag, et le calcaire de Rupt dans le Cornbrash. Notre confrère M. Thurmann a bien étudié les terrains de Montbelliard, ou les superpositions sont plus claires que dans la Haute-Saône. Il a dressé, dit-on, des profils intéressans pour le redressement des couches. M. Kœchlin continue ses observations sur les molasses et les alluvions de Mulhouse.

MM. Manés et Creissac ont imprimé un mémoire fort instructif sur le sud-ouest de la France ; ils nous ont mieux fait connaître l’étendue du terrain primaire de la Vendée, un petit bassin houiller sur son bord méridional, et la distribution du lias. Ils nous ont donné surtout des détails précieux sur la succession des dépôts secondaires de la Charente-Inférieure, sujet déjà traité par M. Dufrénoy. Vous savez que M. Passy a remis, il y a deux ans, à l’Académie de Rouen, une Description géologique du département de la Seine-Inférieure. Cette esquisse est sous presse et n’a été retardée que par la gravure d’une grande carte géologique détaillée.

M. Graves a donné des détails intéressans sur les cantons de Nivillers et d’Auneuil, dans le département de l’Oise.

On a imprimé dans les Annales des Mines le mémoire très connu de M. Eug. Robert sur le grès coquillier marin à débris de pagure, au-dessus du calcaire parisien, de Bregy et de Nanteuil-le-Haudoin.

En Auvergne, M. Lecoq vient de faire paraitre un Itinéraire au Puy-de-Dôme, et M. Bouillet imprime ses Observations dans le Cantal, dont il donnera une carte géologique.

MM. Lecoq et Peghoux ont continué leurs publications géologiques dans les Annales scientifiques de Clermont, et le premier a terminé, avec l’aide de M. Bouillet, sa Collection de vues et de coupes du Puy-de-Dôme, ses livraisons instructives de roches, et son Itinéraire géologique de ce département. Les mémoires sur l’Auvergne de MM. Dufrénoy et Kleinschrod sont de 1830.

Depuis le mémoire de MM. Chaubard et Reigniac, sur le sol tertiaire du Lot-et-Garonne, et les deux mémoires de M. Jouannet sur celui de la Gironde, et sur les sondages entrepris prés de Bordeaux ; il n’y a eu sur le sud-ouest de la France que le mémoire sur les cailloux roulés de la Gironde, par notre confrère M. Billaudel.

M. Tournal a donné la carte et une Description géologique du département de l’Aude Il en tire la conséquence que les marnes bleues marines ou subapennines forment la base du sol tertiaire du Languedoc.

M. Desnoyers vous parlera des idées de M. Reboul sur les départemens de l’Hérault et de l’Aude.

A Montpellier, M. Marcel de Serres, depuis ses mémoires sur Vaucluse, Salinelle et le Roussillon, en a composé plusieurs autres qui sont sur le point d’être publiés, et en particulier une indication des végétaux fossiles de Lodève.

Les deux mémoires publiés par M. Pareto sur la géologie du Var font bien désirer qu’il en fasse le sujet d’une monographie, car ce département contient d’abord presque toutes les formations secondaires, y compris le grès bigarré, le Muschelkalk et les dépôts porphyriques ; puis il est à une des extrémités du grand système géologique qui caractérise, comme je l’ai détaillé ailleurs, tout le S.-E. de l’Europe et les Alpes.

J’ai donné un aperçu sur le gisement si curieux du gypse quarzifère de Filou dans le Roussillon. Qu’on veuille y voir un effet d’émanations ignées acides, ou qu’on rejette cette théorie, il n’en résulte pas moins qu’une masse syénitique ou dioritique y est sous la forme d’un gros filon, dans un calcaire dont elle est séparée par une bande de cargneule ou rauchwacke et de calcaire siliceux, et que ce filon ne paraît pas avoir percé toute la masse calcaire, puisqu’il est séparé en deux portions par une butte de cette nature.

On sait que le dernier gouvernement des Pays-Bas avait ordonné un relevé géologique général, à la tête duquel on avait placé MM. Van Breda, Van Gorkum et d’Omalius d’Halloy. Pour accélérer l’exécution de cette entreprise, des descriptions géologiques de certaines contrées avaient été mises au concours par l’Académie de Bruxelles et la Société des sciences de Harlem ; c’est ce qui nous a valu deux Mémoires sur le grand-duché de Luxembourg, l’un par M. Steininger, et l’autre par M. Cauchy (en 1825). En 1830, MM. Dumont et Davreux ont chacun communiqué à l’Académie de Bruxelles un travail important sur la province de Liège. Le dernier géologue a publié, conjointement avec M, C. Willekens, une note sur le sol charbonneux et calcaire de la Belgique ; et dans son mémoire sur les environs de Liége, il reconnaît les divisions anglaises du schiste de transition, des calcaires intermédiaires, du grès pourpré et du grès houiller. Ce travail complétera celui de M. d’Oeynbausen et Deolien, et rectifie, dit-on, certains classemens proposés par M. Rozet. À la fin de 1829, il a été publié en Belgique deux ouvrages en hollandais qui sont peu connus, savoir : un mémoire de M. Van Breda sur l’aspect de la dolomie près de Durbuy dans les Ardennes et sur la géologie de ce pays (in-4° avec 5 planches) ; et une brochure de M. le professeur V. Bronn sur les moyens d’utiliser des terrains incultes des Ardennes (in-8°).

Les troubles politiques ont empêché la société de Harlem de recevoir pour 1831 la description du Brabant méridional qu’elle avait demandée. Néanmoins M. Morren a étudié autant qu’il a pu les fossiles des dépôts tertiaires et d’alluvion de Flandres. Il serait bien à désirer qu’il décrivît tous les ossemens de batraciens, de rongeurs et de mammifères qu’il a découverts dans le calcaire tertiaire du Brabant. Ce fait, rapproché des concrétions siliceuses si fréquentes dans ce dépôt, et des ossemens découverts par M. Van Hess dans un pilier des souterrains de Maestricht, jette encore bien du douté sur le classement véritable de ces divers amas reconnus tertiaires par MM. Conybeare, Buckland, Fitton et Hony. N’y a-t-il pas une certaine probabilité à les placer dans le groupe tout-à-fait supérieur ?

En Allemagne, nous trouvons d’abord, dans le grand-duché de Bade l’ouvrage de M. Eisenlohr sur le Kaiserstuhl ; celui de M. d’Althaus sur le gypse d’eau douce et les molasses de l’Hégau, et la description du cercle du Necker inférieur par M. Bronn. M. Klipstein nous a décrit l’Odenwald, le Spessart et les dépôts secondaires anciens de la Wetteravie. M. Walchner nous à bien fait connaître le depôt ferrifère soit alluvial, soit du grès vert de Kandern, dont j’ai aussi parlé en publiant une note sur les dépôts secondaires anciens qui se trouvent réunis et redressés dans cette localité.

En Wurtemberg, depuis l’ouvrage classique de M. d’Alberti et les belles cartes de MM. d’Oeynbausen et Dechen, M. le docteur Hehl nous a donné une suite de mémoires, dont le dernier traite des basaltes en filons et culots au milieu du calcaire jurassique, des cavernes de ce calcaire et du minerai de fer en grains superficiel. Il lie la formation de ce dernier à des sources minérames gazeuses, a des phénomènes ignés, et recherche en partie leur origine dans les oolites ferrifères inférieures du Jura allemand. Il émet même l’idée que de cette manière des cavernes ont pu être remplies de minerai de fer.

M. d’Alberti prépare un nouvel ouvrage sur le Keuper, les marnes charbonneuses inférieures de ce dépôt et le Muschekalk supérieur. Il montrera que ces trois masses ont exactement les mêmes fossiles.

M. le professeur Schubler continue à enrichir de détails géologiques très circonstanciés la statistique du Wurtemberg que publie M. Memminger (Jabrb. fur Statist., 1830, cah. 2 ; et Beschreibung des Konigr. Wurtemberg, cah. 8.) Dans le dernier cahier de cet ouvrage, on décrit le district d’Urach.

MM. de Voigt et de Schwerin nous promettent de nombreux renseignemens géologiques sur la Bavière, qui possède moins de géologues actifs que d’autres parties de l’Allemagne. M. de. Voith a publié une note sur le bassin d’eau douce d’Im Riess au milieu du Jura allemand. M. Hoff a donné un mémoire sur le pays de Cobourg, district intéressant, parce que le Keuper y renferme une puissante assise de dolomie, et que prés de la s’élèvent, sans l’intermédiaire du calcaire à gryphées arquées, les dolomies et les calcaires du Jura, placés sur le grès et les marnes du lias. Son ouvrage sur le nivellement du terrain entre Gotha et Cobourg se rattache à ce mémoire.

En Saxe, M. Tauscbner a décrit le sol secondaire ancien et métaliffère de Kamedorf, et M. Martini a donné des détails sur le minerai de fer au contact du granite et du schiste de Schneeberg (Archiv. de Karsten, vol. 19, tab. 2). M. Klipstein a visité le gîte stannifère d’Altenberg et de Zinnwald, et a exposé les résultats des travaux souterrains entrepris pour s’assurer de la position véritable de la syénite à l’égard de la craie et du grès vert. Tout aussi partisan du plutonisme que MM. les professeurs Weiss et Hoffmann, il ne pense pas cependant que dans ce cas il faille précipiter son jugement, et il lui paraîtrait même probable que les couches secondaires se sont prolongées dans les anfractuosités ou les cavernes des falaises syénitiques, de manière que la craie a l’air d’être couverte par la roche ignée.

M. Josa a donné une notice et une carte géologique des environs d’Altenberg et de Zinnwald dans le journal russe (n° 1, 1831). M. le comte Munster a cherché à prouver, par une liste des fossiles de certaines couches mises au jour par l’éruption syénitique de Hohnstein, qu’il y avait dans ce lieu des oolites inférieures. M. Naumann a rendu encore plus évident que les granites entre Dresde et la Bohême étaient postérieurs au sol intermédiaire.

MM. Zobel et de Carnall viennent de compléter notre connaissance des terrains houillers à porphyre trappéen et des autres dépôts soit secondaires, soit anciens, d’une partie de la Silésie inférieure, du pays de Glatz et des montagnes voisines de la Bohême (Archiv. de Karsten, vol. 3 et 4). Ce travail se joint à ceux de MM. Moteglek, de Raumer et d’Oeynhausen ; il est beaucoup plus étendu que ceux de MM. Buch et Schulze, et est au niveau des connaissances actuelles. La société scientifique de Breslau et M. Glocker nous promettent de nouvelles données sur la Silésie supérieure.

Il y a eu un mémoire sur l’or de Silésie par M. Dechen (Archiv. de Karsten).

M. Kloden a fait une étude particulière des îlots secondaires et du sol tertiaire du Brandebourg. Les géologues doivent lui savoir gré de ce travail difficile, et dont M. Hoffmann s’était déjà occupé dans tout le nord de l’Allemagne. De nouvelles localités de gypse secondaire et d’autres roches anciennes ont été le fruit de ces recherches.

M. Karsten est revenu sur le gisement de l’ambre en Prusse, objet déjà traité par M. d’Oeynhausen dans la relation de son voyage en Poméranie et de l’île de Rugen (Archiv. de Karsten, vol. 18).

Au Harz, M. Zinken, ingénieur des mines à Magdesprung, a donné une carte du Harz oriental, et promet de nouveaux détails sur le gîte des minerais sélénitifères prés des masses pyrogènes. C’est encore en partie à lui qu’on doit la découverte du Palladium au Harz. M. Zimmermann a publié un Guide géologique dans le Harz, et une notice intéressante sur les amas ferrifères accompagnant des filons et des filons-couches de diorite ou de trapp dans cette chaîne, sujet déjà traité par M. Robert. M. Seckendorf a observé un contact de la grauwacke et des granites des fragmens coquilliers de la première roche dans des filons granitoïdes. Dans les Transactions des Amis de l’art des mines de Goëttingue, nous trouvons un mémoire sur le lignite du Habichtswald, par M. Strippelmann ; un autre de M. Schwarzenberg sur les filons basaltiques et leur manière d’être dans les roches tertiaires et secondaires au Habichtswald ; un troisième sur les roches tertiaires d’Almerode, par M. Strippelmann ; enfin, le grand travail de M. Hausmann sur les dépôts secondaires des bords du Weser. Malgré quelques taches que M. F. Hoffmann a relevées dans ce dernier, il n’en reste pas moins un ouvrage à placer à côté de celui de M. Freiesleben sur le Mansfeld et la Thuringe. M. Hoffmann a fait de son côté une publication qui fait époque dans la science ; nous voulons parler de sa superbe Carte du nord-ouest de l’Allemagne et de son Atlas de coupes. Jusqu’ici il n’avait pas encore paru de carte si chargée de détails géologiques ; et l’irrégulière distribution des dépôts en Allemagne rendait l’exécution d’un semblable relevé infiniment plus difficile qu’en Angleterre et en France.

Il est à regretter que ce savant n’ait pas accompagné ses cartes d’une description complète du nord-ouest de l’Allemagne. Fatigué malheureusement d’avoir consacré huit ans de sa vie à l’exploration d’un même pays, et pressé de la faveur qu’on lui avait accordée de voyager en Italie, il ne nous a donné que deux volumes de texte. Le premier est un traité complet sur l’orographie de cette partie de l’Allemagne, et on ne saurait trop en reconnaître le mérite ; mais dans le second il ne traite que de quelques terrains ou de quelques questions géologiques, et il ne fait qu’effleurer le reste de son sujet : Un mémoire de M. de Veltheim, capitaine des mines, sur le grès rouge, les houilles et les porphyres, se trouve à la fin de cet ouvrage. Il est bien fâcheux qu’un administrateur aussi savant que lui ne puisse pas nous faire connaître toutes les nombreuses observations qu’il a faites dans le Mansfeld et le Harz. Il en a dressé, dit-on, des cartes extrêmement détaillées ; mais le bureau central militaire topographique de Berlin n’en a pas voulu permettre la publication.

Le Mecklembourg, pays ondulé et de plaine, avait jusqu’à ces dernières années peu excité l’attention des géologues. Dés 1825, M. Bruchner nous a fait connaître les hauteurs qui traversent la portion méridionale du pays, et qui abondent en craie et en lignite ou terre alunifère placée dans des sables. En 1829, M. de Blucher a publié un Aperçu géologique sur tout le Mecklembourg, et s’est occupé des sources salées de ce pays, eaux dont l’origine est encore équivoque dans le terrain tertiaire. Les amas gypseux reconnus çà et là sous le sol vont être étudiés. complètement, et les notions que M. de Blucher a puisées sur les fossiles pendant son séjour parmi nous, nous procureront tous les détails désirables sur les coquilles d’un calcaire tertiaire assez rare dans ce pays. Depuis la publication de notre confrère, M. le docteur Kastner s’est aussi occupé des sources salées des bords de bords de la Baltique ; et il a combiné ensemble les observations de MM. de Blueher et d’Oeynhausen.

M. de Dechen a décrit longuement deux exploitations de lignite tertiaire du district de Bruhl, près de Bonn (Archiv. de Karsten, vol. 3, cah. 2).

M. Stifft a donné une description du pays de Nassau, ouvrage surtout précieux par ses vues sur les sources minérales et les détails sur les diorites et le Schaalstein du sol intermédiaire. le Schaalstein est une roche trappéenne mélangée de débris de calcaire ou de schiste, ou bien un schiste très modifié et même boursouflé, et il forme tantôt des filons ou filons-couches, tantôt des salbandes de filonsfeldspathiques, pyroxéniques ou dioritiques.

M. Bronn a visité soigneusement les deux localités coquillières du Bertsberg et du Grafenberg sur les bords du Rhin inférieur. Il n’a reconnu dans la première localité que des fossiles intermédiaires, et dans la seconde des coquillages tertiaires. M. d’Hoeninghaus adopte le même classement ; et M. Fitton a donc en tort de réunir le dépôt du Grafenberg, près de Dusseldorf, au grès Vert d’Aix-la-Chapelle. Il y a dans les deux endroits quelques genres semblables, mais les espèces sont différentes. Les indications géologiques données par M. Schlotheim sur ces trois localités étant très vagues, M. Bronn a rendu un service à la science en précisant les faits.

MM. Lowe et Noggerath ont revu les dômes porphyriques qui s’élèvent hors du schiste argileux intermédiaire au mont Issenberg, dans le district d’Arnsberg. Ils ont un gisement remarquable en ce qu’ils s’y enfoncent en coin et altèrent sensiblement les couches schisteuses ; ce sont des culots injectés par la voie ignée. M. Schleiden a découvert des morceaux de schiste coquillier dans ce porphyre. M. Steininger a observé une espèce de filon ferrifère curieux au milieu du schiste de transition du Hundsruck.

Dans les états autrichiens, nous trouvons à citer en Bohême l’ouvrage de M. Moteglek sur le sol ancien et secondaire du pied du Riesengebirge. Le tableau général des formations du pays par M. Zippe. M. le comnte Rasoumowski nous a appris à connaître une petite portion du sol primaire de la Moravie, qui offre plusieurs gîtes métallifères, et en particulier des quarz résinites (Isis, 1831), et j’ai communiqué à la Société géologique de Londres une Esquisse générale de la Moravie, avec une carte géologique. M. le docteur Reichenbach promet pour Pâques une description des environs de Brunn. M. le comte Razoumovski a publié ses Idées sur le grès de Vienne et certains fossiles de ses environs. M. Partsch a donné une coupe et une description générale du bassin tertiaire de Vienne, qui cadrent tout-à-fait avec ce que j’en ai dit dans le Journal de Géologie. M. Ancker a publié une Notice historique sur les poonts volcaniques de la Styrie.

Vous connaissez le Mémoire de M. Murchison sur le calcaire alpin à fucoïdes et à poissons de Seefeld, en Tyrol, et lg beau travail, et les coupes de feu M. Lili de Lilienbach, sur les montagnes si intéressantes du Salzbourg. Vous savez aussi que MM. Murchison et Sedgwick se sont occupés de ce pays et ont donné une coupe générale à travers toutes les Alpes du Salzbourg et de la Carinthie jusqu’à Venise. Ce Mémoire avait, été précédé d’un autre sur les Alpes vénitiennes. J’ai aussi parlé brièvement du Salzbourg. Avant de mourir, M. Lill a insisté sur la probabilité de l’existence du lias dans le Salzbourg. Il en a envoyé des fossiles à M. Bronn et a laissé sur ce sujet un Mémoire encore inédit. M. Rosthorn a le premier spécifié la localité du calcoire à hippurites, et du dépôt de Gosau, près d’Aussée, on Styrie. On connaissait les fossiles de ces assises, mais on les avait trop souvent confondus avec ceux du terrain salifère. Propriétaire de grandes usines à Welfsberg en Carintbie, et possesseur d’une vaste et belle collection de minéraux, de roches et de fossiles, ce savant s’occupe depuis longtemps de la géologie de son pays ; Il en a dressé dernièrement une carte géologique qui comprend la Carniole et la Styrie méridionale. La publication d’un pareil travail sera précieuse, car depuis M. Hacquet nous n’avons eu presque rien de semblable sur ce pays intéressant.

MM, Studer et Keferstein nous ont appris à connaître certaines parties de la Carinthie et la Styrie méridionale, Leurs travaux sont de véritables acquisitions pour la géologie. Je me contente de rappeler ici ces lambeaux épars de roches secondaires à coquilles tertiaires, et ces molasses accompagnées d’aggrégats trachytiques et ponceux, près de Cilly. M. Studer a même poussé jusqu’en Croatie, et a vu mieux que moi le gîte de soufre et de lignite à poissons et insectes de Radeboy. le même géologue a aussi revisité Predazzo, le mont Mulanzo et le mont Baldo, dans le Tyrol méridionale. Il est de ceux.qui admettent les altérations subies par les roches calcaires au moyen de la voie ignée, et qui croient aussi que le calcaire grenu à idocrase de Predazzo et du mont Monzoni est une roche jurassique coquillière modifiée. M. Zeuschner vient d’admettre encore la même opinion. (Isis}.

M. Necker nous promet, enfin, ses observations faites en Istrie, qui, jointes à celles que j’ai publiées, et que je publierai, achèveront de nous faire connaître ce pays entièrement occupé par le grand système secondaire à nummulites.

On trouve dans le Journal de Géologie les cartes de tous les districts miniers du Bannat, et des données sur plusieurs des plus célèbres mines de la Transylvanie. Nos renseignemens sur la Hongrie se bornent cette année à ce que j’ai dit du sol tertiaire de ce pays, et à une note où j’ai insisté sur l’erreur de M. Beudant, d’avoir regardé le calcaire d’eau douce de Czigled, comme se formant encore actuellement. Ce vaste dépôt, particulier par le test conservé des coquilles, est de la dernière époque tertiaire, ou même de la période alluviale ancienne, car il est au milieu de la grande plaine orientale de la Hongrie, au moins à 150 ou 200 pieds au-dessous du calcaire d’eau douce tertiaire qui recouvre déjà les sables tertiaires supérieurs, et qui est minéralogiquement analogue à celui du Lot-et-Garonne. J’ai soumis à la Société géologique de Londres un esquisse générale de la géologie de la Transylvanie, avec une carte géologique. Mes conclusions les plus curieuses sont : que le terrain salifère y est tertiaire, que les porphyres métallifères sont des éruptions ignées qui lient les trachytes aux porphyres secondaires et anciens, et que ces masses sont postérieures au grès carpathique, et, par conséquent, de la fin de la période crétacée ; enfin ce qu’on a appelé jusqu’ici grauwacke, en Transylvanie, fn’est autre chose que le grès secondaire des Carpathes, plus ou moins intact ou modifié.

Le système des Carpathes étant intimement lié aux Alpes, l’intérêt que la structure de cette chaîne a inspiré s’est porté aussi sur les premières montagnes. MM. Lill, Pusch, Zeuschner, Keferstein : et moi nous sommes occupés des Carpathes en 1826, 1827, 1829 et 1830. L’esquisse de M. Pusch, annexée à sa description de la Pologne, présentait, suivant moi, des classemens faux ; mais, depuis son nouveau voyage en 1830, nous sommes d’accord sur presque tous les points. Le grand massif marno-arénacé et calcaire à fucoïdes repose sur du calcaire jurassique récent, ou bien sur le calcaire alpin. Il contient des couches d’un calcaire à bélemnites et ammonites qui a quelques rapports avec la Scaglia. Tout ce qui est supérieur à cette dernière roche appartiendrait déjà au grès vert ou à son système à nummulites, tandis que ce qui est inférieur serait, encore jurassique. Le soulèvement très récent du Tatra et d’autres masses primaires aurait donné naissance aux courbures des grès carpatiques, et aurait même produit des effets analogues sur la molasse au pied nord des Carpathes.

M. Pusch a publié aussi quelques faits sur la Gallicie ; mais la plupart sont empruntés au travail que M. Lill a envoyé à notre société, et qui lui a été communiqué.

En Suisse, je dois citer en première ligne l’ouvrage sur les Alpes bernoises, par M. Hugi, dont les observations si importantes viennent d’être vérifiées par M. Studer.

MM. Merian et Rengger nous ont donné, dans les Mémoires de la Société Helvétique, des notions bien précises sur la structure de la partie septentrionale du Jura suisse. Les dépôts du lias, des oolites inférieures des oolites proprement dites, et du calcaire jurassique récent y sont distribués d’une manière irrégulière, soit à cause des dérangemens éprouvés, soit à cause de la surface inégale offerte par le Keuper et le Muschelkalk, dépôts qui ressortent çà et là dans cette partie de la chaîne jurassique ; des lambeaux de molasse complètent la composition de ces montagnes. La coupe depuis le Saint-Gothard à Altdorf, par M. le docteur Lusser, est un document précieux pour l’histoire des Alpes. Les porphyres qu’il a découverts se lient probablement aux éruptions dont M. Studer a trouvé çà et là quelque trace dans les Alpes suisses, et à celles de l’Aligau en Bavière. Ce sont Les ophites des Alpes, et ils paraissent d’un âge très moderne. Il faut espérer que M. le docteur Lusser pourra, à force de recherches, trouver dans les calcaires foncés bélemnitifères et placés sur le gneiss, des pétrifications dont les espèces soient déterminables.

Je dois encore rappeler le beau travail de M. Necker sur la vallée de Valorsine, où il a si bien détaillé l’injection des granites dans les couches secondaires et les altérations et les dérangemens que ces dernières ont subis. Sa découverte des selagites de la Valteline est encore un fait tout nouveau dans la géologie des Alpes. Ce savant a fait de nombreuses observations sur cette chaîne, sait en Savoie, soit dans les États autrichiens ; et leur publication entière paraît très prochaine, et il nous donnera une carte géologique des montagnes du Chablais et du Faucigny. M. Studer a examiné de nouveau la chaîne du Stockhorn et il ne la regarde plus que comme un grand massif calcaire intercalé entre des grès marneux gris à fucoïdes, et de l’époque secondaire récente. Les ouvrages et les mémoires publiés ces deux dernières années sur l’Italie nous ont fourni peu de détails nouveaux pour la partie méridionale de cette péninsule. Sur les environs de Naples ; nous n’avons à citer que le résumé des dix à douze mémoires intéressans dont l’auteur ou le compilateur est M. Forbes (Edimb., Journ. of Sc.). M. F. Hoffmann s’explique les phénomènes du temple de Sérapis comme de Jorio, Forbes et Lyell. MM. Monticelli et Covelli étaient sur le point de publier une seconde édition de leur Description des produits minéralogiques du Vésuve, lorsque la mort a frappé le plus jeune de ces savans. M. Monticelli, à son âge, et privé du secours d’un chimiste, ne donnera pas peut-être de suite à ce projet. M. E. Hoffmann, de Russie, a publié un mémoire sur les environs de Rome ; M. Proccaccini Ricci, un travail sur les plantes et les poissons fossiles des lignites du gypse tertiaire de Sinigaglia ; et M. Capello, des discussions sur les changemens arrivés au cours de l’Anio (Opusculi scelti Scientifici. Rome, 183D, in-8o).

En Toscane, M. Savi nous a donné des détails sur le grès des Apennins, et en général sur les roches de ce pays (Nuov. Giorn. no 50) ; sur les environs de Campiglia et les dolomies de Seravezza. Il regarde ces dernières roches comme des produits volcanisés, et décrit les altérations observées autour d’elles, Ce mémoire a fourni à M. Brongniart l’occasion de faire une remarque intéressante sur le groupement du talc autour de morceaux empâtés de calcaire grenu.

M, Guidoni a décrit les roches de la Spezzia en Ligurie, où il y a quelques Ammonites et quelques Bélemnites, pas rare en Italie. M. de la Bèche avait aussi parlé de ces roches, et il a repris la Description des environs de Nice, faite par MM. Risso et Allan. Il en a redonné la carte et l’a coloriée jusqu’à Vintimiglia, Il est de l’avis de ceux qui y reconnaissent un vaste système de grès vert a nummulites et autres fossiles, M. Buckland a donné les observations qu’ils a recueillies en se rendant de Nice Turin par le col de Tende.

Quant à la Lombardie, depuis la belle carte des environs des lacs de Lugano et d’Orta et du Lac Majeur par M. de buch, cette contrée, si classique pour la théorie sur la dolomisation et les porphyres pyroxéniques, a été visitée par M. Link, de Berlin, qui a confirmé les observations de l’illustre géologue de Berlin (Archiv. de Karsten). M. de la Bèche a fait suivre son mémoire sur les bords du lac de Côme d’une jolie carte publiée dans son Atlas géologique. M. Studer a donné quelques notes sur l’Apennin, au sud de Castellarcuato (Zeitsch. f. Minval.)

Dans les anciens États vénitiens, M. Pasini est entré dans des détails curieux sur les bassins tertiaires et les craies prés de Roveredo (Biblioth. ital.), et a cherché à retrouver dans le Vicentin les systèmes de soulèvemens proposés par M. de Beaumont ; il a réuni pour cela beaucoup de données, tant sur la direction et le redressement des couches, que sur les masse ignées qui les ont traversées à diverses époques. Sa conclusion a été que le Vicentin ne paraissait guère se prêter à la théorie ; telle qu’elle est exposée actuellement.

M. Catullo a continué de nous faire connaître ses travaux sur les fossiles de ce pays comme complément de son grand ouvrage sur le même sujet. Il a parlé successivement des fossiles des monts Euganéens (Giornale sulle scienze, etc., janv. et févr. 1829) ; de ceux des Pépérites (dito, vol. 2, p. 207) de la classification de certains dépôts secondaires du pays de Venise (Ann. di Sc. nat. de Bologne) ; des cailloux et de la formation des vallées (Journ. de Trévise). J’ai décrit le porphyre pyroxénique métallifère près de Schio ; j’ai montré que ces roches, postérieures à la craie, changent cette dernière au contact en un calcaire fendillé fréquent dans les Alpes, et qu’entre ces deux roches il y a une bande composée des débris des roches anciennes traversées. Ce sont des éruptions contemporaines avec celles de plusieurs roches aurifères de Transylvanie et de Hongrie. Enfin j’ai donné la coupe de Volterre et de Sienne ; et M. le docteur Bronn a publié, dans le deuxième volume de son Voyage scientifique en Italie, des observations sur les fossiles et les ossemens qu’il a rencontrés dans ce pays. MM. Pareto de Gênes, Savi de Pise, Cristofero de Milan, et Pasini de Schio, travaillent activement une carte géologique générale de tout le nord de l’Italie, y compris la Toscane. Les relevés de la Ligurie et des états vénitiens sont déjà très avancés. MM. F. Hoffman, Escher et le doct. Philippe ont parcouru l’Italie.

Nos renseignemens géologiques sur la Sicile se bornaient jusqu’ici aux ouvrages ou mémoires de Spallanzani, Borch, Bridone, Dolomieu, Hamilton, Brocchi, Recupero, Ferrara, Smith, Kephalides, Moricand, Daubeny et Hogg. Récemment cette île a été non seulement examinée sur plusieurs points par ces nombreux géologues, mais encore par des savans distingués, tels que MM. Buckland, Lyell, de la Marmora, Escher, F. Hoffmann, Christie, Prévost et Montalembert. Nous allons donc en avoir une connaissance parfaite, et les collections des roches et des fossiles de Sicile deviendront communes en Allemagne comme sur les bords de la Tamise et de la Seine.

Les trois volumes des Actes de la Société d’histoire naturelle de Catane contiennent plusieurs mémoires géologiques importans, dont cinq sont de M. le docteur Ch. Gemettaro, savoir : une Esquisse de la Topographie physique de l’Etna et de ses environs, sur l’étendue occupée par ce volcan, sur le Basalte et sa décomposition ; une Esquisse desu environs de Contessa, d’une partie de la vallée de Mazzara et de ses Salses, une notice sur les volcans éteints du Val di Noto. On y remarque encore des Observations sur le comté de Sommatino, par M. G. Barnaba La Via ; une Relation géologique des environs de Militello, par M. A. de Giacomo, une Description physique et minéralogique d’Enna ou de Castrogiovanni, par M. le professeur J. Alessi ; des remarques sur les environs de Nicosie, par M. La Via, et une Histoire critique des éruptions de l’Etna, depuis les temps fabuleux jusqu’à la domination romaine, par M. le chanoine G. Alessi. Je suis fâché que l’espace me manque pour vous analyser ces utiles documens.

M. de la Marmora a donné une coupe intéressante des couches coquillières tertiaires supérieures et méditerranéennes de Palerme (Journal de Géologie, 1831). M. le docteur Christie a traversé la Sicile en se rendant aux Indes par l"Égypte ; il a donné un Aperçu sur les formations de la Sicile ; il a reconnu le système crayeux à Nummulites et Hippurites, et il distingue deux dépôts tertiaires, outre le dépôt alluvial méditerranéen. Les coquilles de ce dernier vivent encore toutes dans les mers voisines, tandis que celles du sol tertiaire sont en partie éteintes.

M. F. Hoffmann a déjà publié quatre Lettres sur la Sicile (Arch. de Karsten, v. 3, cah. 2, et v. 4, cah. 1). Il est d’accord avec MM. Lyell, Deshayes et Prévost pour reconnaître, dans le sol tertiaire d’une grande partie de la Sicile, des dépôts très récens ou quaternaires dont la plupart des fossiles sont des coquillages de la mer méditerranée. Il en a déjà cité 57 espèces d’une localité près de Catane, à 200 pieds sur la mer ; 70 espèces de Cefali ; 18 espèces à Buccheri et Sortino, et M. de Giacomo en a trouvé encore davantage à Militello. Mais, outre ces coquilles vivantes dont M. Hoffmann augmentera encore le nombre lors de l’examen de ses collections, il signale aussi dans ce même sol tertiaire quelques pétrifications sans analogues vivans, tels que l’Arca antiquata, des Lenticulines et quatre Térébratules.

Le même savant a retrouvé les mêmes fossiles ou les analogues dans les tufs basaltiques alternant avec le calcaire tertiaire, ou en amas, dans cette roche à Sortino, Giormino, etc. Il a bien observé les alternatives de ces roches avec des basaltes et des filons basaltiques traversant les couches tertiaires des iles des Cyclopes, sans altérer sensiblement le calcaire. À Militello, il a signalé dans le tuf trappéen un filon basaltique à salbandes vitreuses. Il a bien vu le calcaire à hippurites et à nummulites du cap Passaro, reposer sur des wackes amygdalaires et pyroxéniques : mais il n’a pas vu alterner ces roches comme l’a prétendu M. Daubeny, et il n’a point vu de cratères dans le Val di Noto, ou à Vizzini, où M. Ch. Cemellaro en avait placé. S’il reconnaît dans le calcaire à hippurites celui de Trieste, de l’Istrie, des Appennins (à Subiaco et Avezzano), il n’ose pas affirmer que ce dépôt soit décidément crayeux, quoiqu’il penche pour cette opinion. Enfin, ayant adopté les idées de M. de Buch sur la formation des cratères de soulèvemens, il a été fort étonné de ne pas trouver à la base de l’Etna cette ceinture basaltique dont parle M. de Buch. Le basalte n’y paraît que ça et là en mamelon ; mais l’espèce de cavité élevée de l’Etna, appelée Valle del Bove, lui a paru un cratère de soulèvement, dont les bords sont formés d’alternats, de scories et de roches trachytiques modifiées. Le trachyte y paraît même en masse et filons. En Italie, notre savant, Prussien a aussi cru retrouver des cratères de soulèvement dans les montagnes d’Albano ; nous devons donc nous attendre à une controverse intéressante entre lui et M. Prévost, qui, comme M. Cordier, paraîtrait opposé à cet idée, et n’admettrait qu’une formation cratériforme, savoir : celle produite par des déjections incohérentes et des coulées de lave autour d’un cratère. M. Hoffmann nous a appris que l’île de Pantellarda est volcanique, et qu’elle renferme beaucoup de matières vitreuses. Il a lié cette île et les sources chaudes de Sciacca, en Sicile, avec le nouveau volcan de l’île de Julia (Preussische Staats-Zeitung), à côté de laquelle vient de s’élever un second volcan plus petit. Un Anglais vient d’appliquer à la formation de ces iles la théorie de M. de Buch, et le banc sur lequel elle paraissent assises n’ayant pas été observé avant leur élévation, est pour lui le pourtour du cratère de soulèvement. La géologie véritable de Malte étant presque inconnue, nous devons attendre avec impatience les observations de MM. Prévost et Christie.

Quant à la Sardaigne, M. Prunner de Cagliari en étudie la minéralogie, et M. de la Marmora travaille activement à l’achèvement de sa description détaillée de cette ile.

Les données sur la péninsule ibérique sont assez rares pour qu’on puisse dire que les années 1830 et 1831 nous ont fourni sur cet intéressant pays un bon nombre de faits. M. le professeur Hausmann, qui a traversé ce royaume, nous a esquissé sa structure générale, et prépare maintenant un plus grand travail sous la forme d’un voyage (Gottinger gelelhrt. Anzeig. et Quart. Mining. Review, n° 1, 1832).

Le grès vert qu’il a découvert sur le bord méditerranéen de l’Andalousie, l’étendue qu’il a reconnue au lias et au grès du lias avec des couches de combustible et du minerai de fer, le redmarl de l’Angleterre retrouvé au centre de l’Espagne, et couvert d’un mince dépôt de magnésite, voilà les faits les plus saillans de sa notice.

D’autre part, M. le colonel Silvertop a publié un Mémoire sur le bassin tertiaire d’Alabama et de Baza, dans le royaume de Grenade. Ce sont des cavités du sol primaire et intermédiaire, garnies de calcaire secondaire à nummulites et de marnes subapennines à gypse, soufre et sources salées, et couvertes d’un calcaire d’eau douce. S’il n’y a point là de coquillages marins tertiaires, l’auteur en a reconnu dans les dépôts flanqués contre le revers opposé ou méridional de la haute chaîne de Sierra-Nevada.

M. le professeur Gutierrez a imprimé, dans le Journal de géologie, une Relation des tremblemens de terre arrivés en Murcie. Il y montre clairement que le terrain bouleversé est formé par la marne argileuse subapennine, couverte près de la mer de sables et de brèches coquillières. Le sol tertiaire formerait donc une bande presque continue le long de la Méditerranée, depuis Barcelone jusque dans le royaume de Grenade, s’il ne s’y trouvait, comme sur la côte de Gênes et de la Toscane, dans des espèces de golfes entre les promontoires de l’ancien ne mer, qui forment actuellement des chaînes basses.

La sécheresse qui désole en été les plateaux de l’Espagne centrale fait accueillir avec joie la proposition de forer des puits artésiens, de qui a donné lieu à une petite Notice géologique sur les environs de Madrid, dans le Gazette espagnole de Bayonne. M. de Pineda a imprimé à Madrid, l’an passé, une brochure sur les mines de plomb dee la Sierra-de-Gador.

Il paraîtrait que M. Silvertop, long-temps résidant en Espagne, nous donnera encore d’autres aperçus géologiques. De plus, M. Lyell a visité, en 1829, le nord de la Catalogne, et ep particulier le district volcanisé de ce pays. M. Dufrénoy a revu Cardone, et vient de pousser, avec M. de Beaumont, une reconnaissance du Mont-Perdu, à Pampelune ; M Schulze, Hessois sois, au service des mines royales en Espagne, vient, en passant à Paris, de nous promettre des détails sur toute l’Espagne ; M. le capitaine Edward Cook vient de lire, à la Société géologique de Londres, un Mémoire sur l’Espagne meridionale. Vous savez que c’est à MM. Torrubia, Dillon, Bowles, de la Borde, Link et de Humboldt, qu’on doit tout ce qu’on savait jusqu’ici sur l’Espagne ; et le premier est le seul qui ait parlé et figuré des fossiles du pays.

MM. Pouqueville, Clarke, de Buch et la collection de M. Parolini, ont jeté quelque jour sur la géologie de la Grèce ; et M. Webb a donné un fragment géologique sur la Troade : mais toutes ces notes isolées vont être effacées par la publication vraiment géologique de nos confrères qui ont visité ce pays dernièrement.

Le voyage de M. Virlet à Smyrne et Constantinople doit nous procurer de nouveaux détails sur la Turquie ; et la visite de M. de la Béche aux Iles Ioniennes des renseignemens plus précis sur les calcaires jurassiques supérieurs à silex, les oolites et les gypses de cet Archipel.

La Pologne, pays en grande partie plat, n’avait guère occupé les géologues avant ces dernières années. Les ouvrages et les mémoires (Rosz. Towarz. Krolewsk. Warszawsk. prz. nduk, vol. 7-10) du savant abbé Staczie, et quelques notes éparses dans les ouvrages de Guettard, de Hacquet, de Carosi et de Razoumovsky, et ayant rapport à la partie méridionale de ce royaume, étaient les seules sources de renseignemens, Heureusement pour la science, M. Puch devint, il y a quelques années, professeur de l’université de Kielce, et conçut le projet d’étudier complètement le royaume de Pologne et la Gallicie.

Après plusieurs années de courses, M. Pusch présenta, en 1828, un résumé de ses observations à la Société des naturalistes d’Allemagne, réunie à Berlin. Ce travail augmenté parut en 1830, en polonais, à Varsovie, et se trouve aussi dans le Journal de géologie. Le grand ouvrage allemand de l’auteur, avec de belles cartes et des coupes, est sous presse à Stuttgardt. En attendant, il est bon d’avertir que les auteurs de la grande carte de Gotthold, coloriée géologiquement, ont déjà profité des documens recueillis par M. Pusch. L’on sait que ce savant a reconnu dans le sud-ouest de la Pologne, non seulement une petite chaîne intermédiaire négligée par tous les géographes, mais encore tous les dépôts secondaires, excepté le zechstein et le lias, qui parait remplacé par son grès. M. Pusch donne aussi d’intéressants renseignemens sur le plateau primaire de la Podolie, et surtout sur le sol tertiaire, ça et là, si coquillier de la Pologne méridionale. Il est d’opinion qu’il y a, outre les dépôts subapennins, des calcaires coquilliers, qui correspondraient aux bancs moyens du calcaire de Grignon. Je ne crois pas devoir partager cette idée ni celle par laquelle il admet un gypse crayeux. Cette dernière opinion a été aussi combattue indirectement par M. Becker, géologue, peu connu jusqu’ici. Son ouvrage sur les puits salés du sud-ouest de la Pologne russe tendrait à faire croire que le terrain de Wieliczka dépasse les limites de la Gallicie.

M. Bloede a publié un Traité sur le sol intermédiaire des schistes de la Grauwacke et du calcaire métallifère de la Pologne méridionale. Cet opuscule est accompagné d’une carte détaillée.

Déjà M. A. Schneider avait imprimé dans le deuxième cahier du dix-neuvième volume des Archives de M. Karsten, un mémoire sur le même sujet, excepté qu’il y parle encore d’une partie de la Silésie. Il décrit aussi du terrain houiller, du Muschelkalk, du grès bigarré, et du keuper, et du grès de lias, et du grès vert. C’est le seul écrivain qui parle encore de zechstein en Pologne, ce qui est évidemment une erreur.

M. le professeur Andrzejowski s’est occupé avec succès des. dépôts tertiaires de la Volhynie, dont il en a tout récemment figuré treize espèces nouvelles de fossiles dans le Bulletin des naturalistes de Moscou. Il avait déjà précédemment donné des observations botaniques et géologiques sur le pays entre le Bug et le Dniester.

M. Dubois de Montpeyreux vient de faire paraitre à Berlin une Conchyliologie fossile et un Aperçu géologique du plateau de la Volhynie et de la Podolie. Cet ouvrage est orné de plusieurs planches lithographiées représentant des pétrifications tertiaires ; l’auteur y spécifie celles d’entre elles dont les analogues existent encore.

M. Zeuschner, professeur de minéralogie la Cracovie, a publié un Opuscule polonais sur les basaltes. M. le colonel Jackson a inséré dans la Bibliothèque universelle une notice sur les blocs erratiques dans lesquels il a retrouvé des roches primaires de la Finlande et des fossiles intermédiaires de l’Ingrie.

Enfin, M. Dmitriev a donné dans le J. des min. russe deux mémoires, savoir : une revue géognostique des gites de bouille en Pologne (Journ. des mines. n° 12, 1829), et une notice sur les mines de ce royaume (Dito, n° 1, 1831). Cette dernière est accompagnée d’une carte et d’une coupe qui offrent une idée de la structure de la partie de la Pologne russe nou loin de la Silésie supérieure.

Tels sont les travaux à signaler en Pologne ; il n’est pas douteux que le nouveau Journal des mines, réuni aux louables efforts de MM. Pusch et Zeuschner, ne nous procure encore beaucoup de renseignemens. En 1830, ces deux messieurs on employé six semaines à parcourir ensemble les Carpathes de la Gallicie et du nord de la Hongrie.

La Russie ne fournissait guère ou point de renseignemens géologiques, il y a une douzaine d’années. Cet ordre de choses ne pouvait pas durer dans des contrées auxquelles des connaissances positives de géologie pouvaient procurer de si grandes sources de prospérité ; tandis que l’ouverture de nouvelles routes, le creusement de canaux et l’établissement de grandes fabriques devaient tourner nécessairement l’attention vers la géologie. Un changement complet a eu lieu à cet égard, et le zèle le plus louable a succédé à l’indifférence. Les exploitations de l’Oural ont commencé d’abord à être poussées avec plus de vigueur, puis on a découvert de grands gîtes d’or alluvial, connus peut-être par les anciens. Plus tard, le platine et le diamant sont venus se joindre au métal précédent.

Depuis ces découvertes, les notices géologiques n’ont cessé de se multiplier ; les propriétaires ont fait visiter leurs terres par des mineurs, et l’on a senti le prix réel de l’école des mines de Saint-Pétersbourg, non seulement pour former des mineurs, mais encore pour élever des géologues. Pénétré de cette vérité, l’empereur a augmenté les dotations des sociétés de Saint-Pétersbourg et de celle des naturalistes de Moscou, et a appelé M. de Humboldt en Russie, tandis que le gouvernement a fait voyager des savans dans presque toutes les parties de l’empire, et a fait exécuter même le relevé de la carte géologique de la Lithuanie, de la Courlande, de l’Esthonie et de la Livonie, par MM. Ulprecht, d’Engelhardt, Ulmann et Liachuicky.

L’Esthonie et la Livonie ont fourni à MM. d’Engelhardt et Ulprecht le sujet d’un mémoire sur les calcaires à orthocères, etc., les marnes gypsifères et les autres roches de ces contrées, mais leurs conclusions sont contraires à tout ce qui est connu, puisque des roches regardées jusqu’ici comme secondaires récentes seraient au-dessous des couches intermédiaires (Archiv. de Karsten, vol. II). Ce rapport ne cadre pas non plus avec l’esquisse que M. Pusch a donnée de la Courlande et de ces pays d’après des collections de roches et comme un appendice à sa géologie de la Pologne.

M. Eichwald a fait suivre son mémoire sur la Lithuanie et l’Ingrie d’un grand travail sur les formations de la Lithuanie, de la Volhynie et de la Podolie. Il a ajouté des détails à ce que M. Pusch et d’autres géologues nous avaient déjà appris sur le sol granitique et schisteux et sur le calcaire à orthocères de la Podolie. Le sol tertiaire dominant dans ces pays, il nous a donné beaucoup de coupes de ces dépôts, et y a ajouté une liste de leurs nombreux fossiles. Malheureusement il paraîtrait avoir établi trop légèrement beaucoup d’espèces nouvelles dont il ne donne que la phrase caractéristique latine.

Comme ces contrées ont été aussi l’objet des recherches de M. Dubois de Neuchâtel, et que ces deux géologues ont envoyé à M. de Buch une partie de leurs récoltes eu fossiles, ce dernier a pu rectifier la détermination de quelques coquilles tertiaires, et donner de plus l’indication de quelques fossiles du sol intermédiaire de Lithuanie décrit par M. Dubois dans un mémoire séparé (Archiv. de Karsten, vol. II, cha. 1).

M. Hermann a dit quelques mots sur la formation crayeuse du gouvernement de Moscou, composé de craie dure, de grès, de marnes en partie coquillières. Ce dépôt forme un plateau dans la partie nord du gouvernement de Toula jusque dans les monts Waldai, et il est couvert de sable rempli de zoophytes pétrifiés. Il y cite des Favosites, des Rétepores, des Astroïtes, des Orthocères, des Bélemnites, des Ammonites, etc.

L’ouvrage de M. Erdmann sur plusieurs endroits de la Russie est déjà beaucoup plus ancien. Dans le Journal des mines russe, on trouve depuis 1828 un grand nombre de documens géologiques, dont l’analyse m’entrainerait troploin, et dont je crois cependant utile de donner les titres. ce sont : des Recherches géognostiques dans l’arrondissement Sarskoselo, près de St.-Pétersbourg, par M. Sokolov (Journ. des min., n° 11 1830) ; un mémoire sur les environs de la rivière d’Onéga en Ingrie, par M. Fouloh (dito, n° 1, 1831) ; une Esquisse géognostique du bord occidental du lac Onéga, par M. Boutenev (dito, n° 5 1830) ; un Relevé géologique du gouvernement de Nowogorod, par M. Olivieri (dito, n° 3, 1831) ; un Mémoire sur le gouvernement de Voitsk, par M. Gramattchikov ; un autre sur les mines d’Ononoketz (n° 4, 1830) ; un long Mémoire sur les dépôts et les houillères des bords du Donetz, par M. Kovalevski (n° 1, 2 et 3, 1829) ; un autre sur la géologie de Voyursk, par M. Parandov (n° 1, 1828) ; une autre sur les mines d’Olonetz, par M. Butenev (n° 4, 1828) ; une Coupe géognostique des mines sur les bords du Don, par M. Syrochvatov (n° 5, 1828) ; une description et une carte géologique des bord du Don, et du Donetz, près de leurs débouchés dans la mer d’azow, par M. Olivieri (Journ. des Mines, n° 2, 1830). Cette contrée, est composée de terrain houiller, de grès bigarré, de grès et de calcaire secondaire, de calcaire, grès et sable tertiaire coquillier et de marne ; une description du gîte de tripoli dans le gouvernement de Koursk et des environs de ce gisement, par M. Olivieri (dïto n° 2, 1830) ; un relevé géologique de la rive droite du Wolga, de Samara jusqu’â l’extrémité du gouvernement de Saratov, par M. Chirkchin (dito, n° 3, 1830) ; un Mémoire sur les houillères du gouvernement d’Ecatharinoslavsk et de Tangarog, par M. Olivieri (n° 6, 1828) ; des Observations géologiques sur les environs des mines d’Igor, par MM. Gauriev et Dmitriev (n" 10, 1828) ; un Voyage minéralogique en Prusse, en Silésie et en Gallicie, par M. Kuhn (n° 4, 1829) ; une Description géologique, du canton de Chilkin, par M. Kovrighin, avec un carte géologique d’après laquelle le pays est composé de granite en partie porphyrique, de siénite, de porphyre, de gneiss, de schiste micacé ou argileux, de calcaire et de grauwacke (n° 6, 1829) ; une Esquisse minéralogique intéressante du littoral de la Crimée, tirée de la description de M. Kosin (n° 5, 1828) ; des détails sur le lac salé d’Inder, par M. Hermann ; la Découverte des sables aurifères de Waladimr (n° 6, 1828) ; celle des mines d’or dans le gouvernement de Tomsk (n° 2, 1829).

Nous avons en successivement sur l’Oural et ses richesses aurifères deux brochures de M. d’Engelhardt, l’une sur le gisement de la platine et de l’or, et l’autre sur celui du diamant, gemme qu’il voudrait placer dans le talc schiste (en allemand et dans le Journal des mines russe, n° 8, 1829 ; n° 6, 1831). Ensuite a paru le tableau de l’Oural, par M. Knpfer (Ann. des sciences nat. décemb. 1829, et Ann. de chimie, vol. 17, cah. 4). De plus, on trouve dans le Journal des mines russe, un mémoire sur la houille de l’Oural (Journal des mines russe, n° 4, 1828), des recherches sur l’arrondissement d’Ekaterinenbrourg, par M. Chaikovski, une description des gîtes diamantifères près de l’usine de Biserke dans les domaines de la comtesse Poliet, par M. Karpov (dito, n° 4, 1830), et une description et une carte géologique des environs de l’usine de Yongovsk, par M. Samoilov (dito, 6, 1830) ; une description et une carte géologique les bords de la Toura, par M. Protasov, sur laquelle on a tracé le gisement des mines de cuivre, métal associé avec du fer et du grenat, et entre des diorites et du calcaire grenu comme dans le Bannat (Journ. des mines russe, 1830).

Récemment MM. de Helmersen et E. Hoffmann ont visité la partie méridionale et S.-O. de cette chaîne, et viennent de publier leurs observations ; MM. de Humholdt et Rose ont vérifié avec eux une partie de leurs observations. Vous savez que les dépôts métallifères de l’Oural se trouvent, comme dans le Bannat surtout, au milieu d’un terrain schisto-talqueux, en amas et en réseaux au contact des roches pyrogènes, telles que la serpentine, la diorite, la syénite, et que les calcaires compactes y sont aussi changés en marbre. Vous connaissez aussi la structure de cette chaîne dont la pente est si douce, surtout sur le côté européen, et dont le granite et les matières d’épanchement sont sur son revers oriental. La présence de l’or dans les serpentines est un fait nouveau ; celle du platine, de l’iridium et du diamant dans les débris de ces montagnes est encore plus intéressante. Là, comme au Brésil, les schistes talqueux et quarzeux sont l’un des gîtes de l’or. Les plus grandes masses d’or et de platine ayant été naturellement sublimées au milieu des portions les plus supérieures des roches, la destruction de ces dernières a disséminé ces pépites on morceaux. dont la grosseur parait surpasser tout ce que l’on rencontre dans les filons.

Deux Anglais, MM. Morton et Webster, ont publié en 1830 leurs voyages en Russie, le premier sous le titre de Travels in Russia, et l’autre sous celui de Travels through Crimea (2 vol.). On vient de lire à la Société géologique de Londres un mémoire sur la partie méridionale de la Crimée ; et M. le docteur Brunner de Berne a parcouru la Russie méridionale jusqu’au Caucase.

Je ne ferai que rappeler le voyage de M. de Humboldt, ses lettres à M. Arago, et son mémoire sur les chaînes et les volcans de l’Asie centrale. Le monde savant attend avec impatience toute la relation du voyage de M. de Humboldt et la partie minéralogique qui doit être rédigée par M. G. Rose.

Dans le Journal des Mines russe, je trouve à signaler pour la Sibérie une description géologique de la vallée d’Onon-Borsinsk, par M. Taskin (Journ. des mines, n° 7 et 8, 1829). Dans ce mémoire fort détaillé et accompagné d’une carte géologique, l’auteur décrit les roches granitiques, porphyriques, schisteuses et houillères du pays, ainsi que leurs amas et filons de minerais ou de minéraux ;

2° Un coup-d’œil sur les environs de Doudergovsk et les montagnes voisines, par M. Arseniev (Journ. des mines, n° 9, 1829),

Une description de la chaîne Adouchilon, par M. Koulibin (Journ. des mines, n° 10, 1829). Les deux cartes, qui accompagnent cette notice, indiquent, dans ces montagnes, du granite, du schiste siliceux, du schiste argileux, de la grauwacke et de porphyre.

4° Une description géologique de la valide de Ichaginskoï, prés de la rivière Argin, par le même savant. D’après la carte, cette vallée serait composée de granite, de gneiss, de schiste argileux et de porphyre (Journ. des mines, n° 1, 1829).

Une notice sur le gîte du jaspe, dans le mont Revneva, dans l’Altaï encore par le même savant (J. des mines, n° 11, 1829).

6° Une description des montagnes sur les bords de la rivière de Gasimourr, par M. Melechin (Journ. des mines, n° 12, 1829).

7° Une description des montagnes qui s’étendent le long de la rivière d’Ouroulunga, par M. Rik (dito).

8° Une notice sur les alluvions aurifères de l’Altaï (dito, n° 4, 1831, et mes Mémoires géologiques vol. I).

On sait que M. le docteur Ermann de Berlin a traversé toute l’Asie septentrionale, a passé dans l’Amérique russe, et est revenu par mer en touchant à Otaïti et Rio-Janeiro. Ses lettres, datées de Sibérie, font vivement désirer la publication de toutes ses observations géologiques sur le nord de l’Asie, les iles Aléoutes et la Californie. Elles seront accompagnées de remarques sur la température des mines, des sources et de la surface de la mer, d’une carte géognostique d’une partie de la Sibérie et du Kamtachatka et d’un profil des montagnes de cette dernière contrée. La partie historique du voyage sera enrichie de quatre vues des mêmes chaînes, d’une vue du volcan de Schwiweloutuch, de celle du volcan de Klioutschewsk (Positions géographiques de l’Obi, depuis Tobolsk à la mer glaciale, 1832).

MM. Ledebour, Meyer et Bunge ont voyagé dans les chaînes appelées par les géographes Altaï et Koliwan, et leurs notes géologiques, revues par M. d’Engelhardt, forment un appendice à la relation de leur voyage botanico-géographique. Les phénomènes offerts par les filons granitiques se rencontrent dans ces montagnes sur une grande échelle, et ce voyage a rectifié les données publiées par Renovanz.

M. le docteur Hess a visité les contrées à l’est du lac Baïkal (Zeitsch. de Leonard ; Journal des mines russe, n" 5, 1828, et Mémoires de l’académie de Saint-Pétersbourg, séance du 16 nov. 1829), M. E. Hoffmann a publié les observations qu’il a faites sur le pays volcanisé du Kamtschatka, sur lequel M. Ermann nous donnera encore des détails. On se rappelle la description du très petit volcan de Kosima, par M. Tilesius. M. de Hedenstrom, qui a parcouru, il y quelques années, la côte maritime de la Sibérie, va publier sa relation de voyage dans laquelle il donnera des détails curieux sur cette immense quantité d’os d’éléphants, de buffles, etc., qu’il a trouvés au milieu des glaces.

Un voyage fait en 1815 par MM. Gens, Teofilation et Tohekialov, dans la steppe des Kirghis, a donné lieu à un essai mineralogique sur ces pays inconnus jusqu’ici (Gornoi journal 829, no 3, et Journal de géologie). Vous vous rappelez que les expéditions russes à Buchara et à Khiva nous ont déjà fourni des renseignemns précieux sur une vaste étendue de l’Asie, et nous y ont fait connaître non seulement la nature du sol tertiaire très-recent, mais encore des dépôt secondaires en partie coquilliers, et des montagnes dioritiques ou porphyriques. Le docteur Evarsmann, qui a été de ce voyage, en a fait de nouveaux sur les bords septentionaux de la mer Caspienne.

Il paraît que MM. Eichwald, de Helmersen et M. Hoffmann ont aussi bien observé les rives des mers Caspienne et d’Aral, qui sont un énorme affaissement de la croûte terrestre dont le niveau est plus bas que celui de la mer Méditerranée et de l’Océan.

M. Herntann a donné quelques observations sur les dépôts tertiaires au pied du Caucase. Ces roches, qui recèlent les coquilles encore vivantes des mers Noire et Caspienne, reposent quelquefois à 2,500 pieds d’élévation absolue sur le calcaire jurassique recouvert d’un système crayeux, arénacé, marneux, et elle s’élèvent à 3,000 pieds. Il a observé aussi des coquilles perforantes et d’eau douce dans ces couches rehaussées. Il en conclut que le Caucase n’a pris son relief actuel qu’après leur formation. M. Eichwald a imprimé ou préparé un ouvrage sur le périple de la mer Caspienne, dont il décrira les vastes dépôts, tertiaires ainsi que les curieuses salses qu’il regarde comme de petits volcans réels à cause de leurs produits, de leurs effets, et des blocs rejetés de roches anciennes.

M, Gouriev a publié des recherches géologiques faites en 1829 pendant un voyage de Kasachshoi à Chamchadiloski, dans l’arrondissement d’Elisabethpol au Caucase. L’auteur donne une carte et des coupes géologiques, et décrit le pays, sur la rivière Koura noire, près du lac Gotchi, comme composé de la diorite, d’amygdaloïde, de porphyre, de porphyre syénitique, de trachyte, de basalte et de calcaire (Gornoi Journal, n° 10, 1830).

M Barozzi de Els a décrit l’éruption boueuse qui a eu lieu en juin 1830, dans le mont Hoz Tépé, près de Bakoi (dito n° 6, 1830). Cette salse, au milieu d’un sol subapennin a lancé beaucoup de grosses pierres appartenant à ce terrain. Il y a eu ensuite des détonations, des éructation argileuses, enfin un affaissement. L’hydrogène carboné était un des principaux agens du phénomène, le chlore et l’hydrogène sulfuré n’y étaient qu’accidentellement, des sels, du soufre, et l’oxide de fer se trouvent dans des sources de la montagne.

Le Caucase central a été visité par MM. Kupfer, Hermann et le docteur Neljubin, qui ont déjà chacun publié quelques notes, savoir : le premier sur son ascension du mont trachitique de l’Elbrouz, et les autres des notes sur les environs des bains au pied bord de la cha$one. C’est à MM. d’Engelhardt, Perrot, Reinegg, Freygang et Klaproth, que nous devions jusqu’ici nos notions sur la constitution géologique de cette vaste chaîne.

Il y a dans le Journal des mines russe (1830, n° 2) des Recherches minéralogiques sur les environs de la colonie Moux-Raban en Géorgie, et sur les mines d’argent et de cuivre d’Ellahnardi dans le même pays.

M. Voskoboinikov a donné une description géologique des environs du fort Diadin sur l’Euphrate, dans la Turquie asiatique (Journ. des mines russe, n° 8, 1829 et mes Mém. géol. v. I)

En Arménie on a examiné des mines de sel gemme qu’on trouve décrite dans le n° 12 du Journal des mines russe pour 1828. Des mines de soufre, d’arsenic, de plomb, d’argent et de cuivre y ont aussi excité l’attention.

MM. Kuhn et Berozzi de Els ont donné une description géologique de certaines contrées de l’Arménie dans les environs du lac de Goktchi (Journ. des mines, n° 2, 1829), pays où abondent les roches et même les verres volcaniques.

L’on sait que M. Parrot et d’autres savans ont escaladé l’Ararat ces sommités volcaniques sont couvertes de ponce et obsidiennes.

Depuis les rapports de MM. Fraser et Monteith, nous n’avons guère eu de renseignement géologiques sur la Perse. Sur le bord du lac Ourmiah on a indiqué des roches primaires du calcaire grenu, etc. Le Liban nous est maintenant connu grâce à M. Botta fils, les renseignemens donnés par les missionnaires américains étant très vagues.

La Finlande a été examinée par M. Nils Nordenskiold, qui nous en promet une description plus complète que celle de M. d’Engelhardt. Un mémoire sur ce pays est dans le Journal des mines russe (1828, n’ 11).

M. Foulon a publié un voyage minéralogique de Petrosavodska à l’usine de Kontche (dito, n’ 2, 1831).

M. Koulibin a fait des recherches sur les gîtes aurifères sur l’Opon (Journal des mines russe, n• 1, 1830). M. Kovrighin, sur les mines d’étain d’Oponsk (dito, n° 4, 1830). Sa carte indique dans cette contrée du granite, du gneis, du schiste micacé, des schistes argileux primaires et intermédiaires.

En Suède, je ne trouve à noter qu’un catalogue français des fossiles de ce pays par M. Hisinger, et un mémoire de M. Pingel sur les roches intermédiaires de Bornholm. Vous savez qu’en 1825 ce dernier savant décrivit le grès vert ou charbonneux de cette île. Ce mémoire fut le résultat d’un voyage exécuté par le prince Chrétien de Danemark, avec MM. le comte de Vargas et Forchhammer. Il s’agissait de déterminer le gite véritable de certains minerais de fer. Dans son second mémoire, il parle du schiste argileux, et du calcaire intermédiaire à Entomostracées, Graptolithes et Trilobites, ainsi que d’une espèce d’arkose (Tidskrift for naturvidenskaberne. Cah. 15, 1828).

Cette île avait déjà fait le sujet de plusieurs mémoires plus anciens et dus à MM. Hisinger, Garlieb et Esmark. L’ile voisine d’Oeland a été décrite aussi par MM. Wahlenberg et Hisinger.

Les géologues du Danemark, soutenus par les encouragemens et le goût du prince Chrétien, pour les sciences minéralogiques, continuent leurs observations sur la géologie des îles et du continent danois, si MM. Forchhammer, Bredsdorff (professeur de minéralogie, à Soroe, en Zélande), tardent à réaliser leur projet d’exécuter une carte géologique du Jutland, du moins leurs observations pourront servir à colorier géologiquement la carte départementale du Danemark, dont le gouvernement danois a commencé le relevé. MM. le docteur Pingel et Forchhammer ont commencé la publication de mémoires géologiques sur le Jutland. Celui de M. Pingel décrit la partie nord ou les alluvions anciennes du Vendsyssel (Tidshrift, etc., n° 14), celui de M. Forchhammer, inséré dans le 3e volume des Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Copenhague (Kongl. Danske, etc.), traite de la côte occidentale du Jutland ; il y décrit divers sables en partie à kaolin, et des marnes micacées et coquillières du sol tertiaire. Il ne donne que le nom générique des fossiles. Plus anciennement, M. Forchhammer avait parlé du gypse du Segeberget de la Zélande, et de ses roches crayeuses particulières (Mémoire de l’Académie des sciences pour 1823), ainsi que de l’île de Sylt (Mémoire de l’Académie des sciences de Copenhague pour 1828).

L’île de Helgoland, au débouché de l’Elbe, a été visitée ces dernières années par M. F. Hoffmann, qui y a reconnu, outre la craie, des grès secondaires.

En Norwége, M. Esinark a publié des détails intéressons sur le gisement d’immenses amas de porphyre et de roches granitoïdes au dessus du sol intermédiaire de certaines contrées montagneuses peu connues. Il a donné à des roches chloriteuses et quarseuses comme celles d’Écosse, le nom de Sparagmite. M. Everett, Anglais, a inséré quelques observations géologiques dans son voyage en Norvège et en Laponie. M. Robert, établi, prés de Christiania, a retrouvé dans ce pays les diorites perçans comme au Harz, en fïlons et filons couches, le schiste intermédiaire. M. Keithau n’a publié, en 1830, à Christinnia, que des Esquisses topographiques de ce pays. L’on connait sa notice géologique sur les roches secondaires et basaltiques d’une partie du Spitzberg et des iles de Cherry ; on est étonné que le zèle de la géologie aille jusqu’à pousser les savans dans ces régions glaciales.

Je dois rappeler que ce savant est encore du très petit nombre des géologues qui n’adoptent pas la théorie huttonienne pour les roches granitoïdes, quoique son bel ouvrage sur les environs de Christiania soit plein de faits à l’appui de cette doctrine. Il croît à la formation contemporaine des filons et des roches qui les contiennent.

Enfin, M. Beck, conservateur du cabinet paléontologie du prince de Danemark, à Copenhague, s’occupe avec zèle de la détermination des fossiles scandinaves. Il faut espérer qu’il rendra moins sensible la mort de M. Dalman, à qui le science doit des monographies sur les trilobites et les térébratules (Mémoires de l’Académie de Suède pour 1824, et 1827).

L’Islande a de nouveau fixé l’attention de M. le comte Vargas-Bedemer, qui est du petit nombre de ceux qui ont cru y apercevoir des roches altérées par la voie ignée (On vulcaniske producter, p. 9, 1817). La structure géologique générale de cette île nous est assez bien connue par les ouvrages de. MM. Mackenzie, Henderson, Hoocker, Garlieb, etc. ; et les îles de feroë ont été revues par M. Forchhammer. et dernièrement par M. le comte de Raben. Le premier a déjà publié ses observations dans les archives de Karsten.

Pour l’Afrique, les années 1830 et 1831 nous ont fourni des notices intéressantes sur les états du pacha d’Égypte. MM. Runpell et Ehrenherg. ont complété les rapports publié par M. Cailland, et, les commission scientifique d’Égypte. Le voyage de M. Ehrenberg a fait connaître surtout les contrées de l’Oasis de Siwah, et les calcaires coquilliers du plateau du désert en ce point et la vallée du Nil. Les données sur l’Arabie-Pétrée, et quelques îles de la mer Rouge, sont aussi fort intéressant ; et sa carte géologique est la première esquisse d’une portion de l’Afrique continentale. M. Rupell a aussi parlé de la géologie de l’Arabie-Pétrée et de celle de Kordofan, où il n’y a que des roches primaires, des grès secondaires et des des dépôts tertiaires.

La mort prématurée de M. Brocchi nous a prisé de la publication des nombreuses observations qu’il avait faites dans les mêmes contrées.

M. Rozet, au péril de sa vie, nous a fait connaître une partie du pays d’Alger. Ses courses dans l’Atlas et à Oran sans de véritables conquêtes pour la science. Si le lias reconnu dans l’Atlas, et le terrain subapennin, à Alger, sont des faits curieux, le gîte des poissons marins d’Oran, différent de celui d’Ax, et comparable à un de ceux du Liban, ne l’est pas moins.

Le nouveau journal du Cap de Bonne-Espérance contient déjà quelques notices sur cette partir de l’Afrique. Les environs du Cap nous ont été décrits, il y a plusieurs années par M. Macdonald. M. Verreaux vient de rapporter quelques minéraux du pays des Cafres.

Vous savez que le reste de nos documens sur l’Afrique se réduisent à quelques notes sur la Cyrénaïque, par MM. de la Cella et Beechey, sur la route de Tripoli au lac Tchad, par MM. Clapperton et Laing, sur le Sénégal (Annales des mines), sur Sierra-Leooe, par M. Bierley, sur le Congo, par MM. Tuckey et Smith.

M. Murray a réuni dernièrement tous les documens géographiques sur les différentes parties de l’Afrique ; et M. le professeur Jameson y a ajouté un résumé des observations géologique.

Dans ces dernières années, M. Buckland a donné, d’après M. Farquharson, quelques renseignemens ses la géologie de Madagascar, MM. Bowdich et Colebrooke sur les Îles du Cap-Vert, MM. de Buch, Bennett et Alison, sur les Canaries.

Aux États-Unis la géologie prend de plus en plus faveur, témoin les nombreux travaux géologiques qui sont publiés journellement dans ce pays, et la rapidité avec laquelle s’y succèdent les traductions d’ouvrages classiques européens. MM. Jackson et Alger nous ont donné la carte et la géologie de la Nouvelle-Écosse. Ce pays est riche en roches basaltiques zoolitiques, dépôt rare dans le nord de l’Amérique. M. Geades a décrit la géologie de la vallée de l’Ontario ; M. Shepard, des portions de la Nouvelle-Angleterre ; M. Merse, les Grauwackes de l’état de New-York ; M. Henry, la configuration du sol de cet état ; m. Nash, la géologie du Hampshire (Amer. J. of. Sc. v. 12). MM. Eaton et Silliman, les dépôts antrhacitifères de Pensylvanie et du New-York ; M. Silliman, les effets du trapp sur des grès secondaires (Amer. J. of Sc., vol 1829) ; M. Elisha Mitchell, les mines d’or alluvial de la Caroline, qui avaient déjà occupé MM. Roth et le professeur Olmsted ; M. Hildreth, des portions de l’Ohio ; M. Joshua Ferman, la formation salifère de Salina ; M. Fisch, le comté de Saint-Laurent ; M. Bonnycastle le sol intermédiaire de Cataraqui ; M. Morton, le grès vert et ferrugineux du Nouveau-Jersey, et l’argile tertiaire : dépôts dans lesquels il a trouvé plusieurs fossiles caractéristiques de ces formations. Le comté d’Ontario a offert à Canandagua des jets naturels d’hydrogène carboné. Enfin, les dépôts des bords du canal Érié ont été classés de nouveau par M. le professeur Eaton, qui n’a pas cru y devoir reconnaître les formations établies en Europe, et qui on donné des noms nouveaux non seulement aux terrains, mais aussi à leurs différentes assises. Heureusement, M. Feasterstonaugh est venu donner la clef de ces dénominations nouvelles des dépendances du sol intermédiaire et secondaire. Il me suffit de dire que M. Eaton distingue trois grauwackes tant secondaires qu’intermédiaires ; qu’il parle du lias sans faire connaître sa place ; bref, il ne donne point de synonymies, ou il en donne de fausses.

Le Canada a été examiné ces dernières années par M. le docteur Bigsby, et va l’être encore davantage par les membres des sociétés de Montréal et de Québec. M. Bigsby nous a donné successivement d’intéressants mémoires sur les lacs Supérieur, Huron, Ontario, Erié, et sur les environs de la chute du Niagara. Il a complètement confirmé le classement proposé par M. Feasterstonaugh, concernant les nouvelles divisions de M. Eaton. Les grands lacs sont entourés de terrain primaire et trappéen, et de termina arénacés et calcaires de la classe intermédiaire. Les sources salées, les couches marneuses ou ferriféres, les calcaires géodiques ou coquilliers, n’y sont que des accidens.

Le comté de Saquenay a occupé M. Stuart ; et les environs de la chute de Montmorency, M. Green.,

M. le capitaine Bonnycastle a aussi donné une notice sur la chute du Niagara, tandis que le capitaine Bayfield nous a appris à mieux connaître les alluvions des bassins des grands lacs du Canada, et en particulier du lac Supérieur.

M. Bair a publié quelques notes sur Terre-Neuve ; M. Baddeley a décrit les syénites et les roches primaires de la côte du Labrador.

Nous n’avons pas eu de nouveaux renseignemens sur la géologie, soit du nord-ouest de l’Amérique, soit du Groënland, depuis les relations des voyages de MM. Franklin et Richardson dans les premières contrées, et de MM. Scoresby et Giesecke dans le second pays. M. Jameson a réuni tous ces documens à la suite d’une relation des voyages entrepris dans les contrées arctiques, publication faite par M. Murray. M. Pingel, de Copenhague, vient de rapporter beaucoup de roches du Groënland occidental, ou il avait été envoyé avec une expédition pour retrouver les anciennes colonies qui ont existé dans ce pays.

Vous connaissez tous le résultat des voyages dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale et aux montagnes rocheuses par MM. Schoolcraft, Nutall, Keating, Lew, Clarke, et Long. Quelques nouveaux détails nous sont parvenus sur la géologie des bords du fleuve Columbus et de la Californie septentrionale.

Pour la Colombie, je ne trouve à citer que les notices de M. de Humboldt sur le sol sub-apennin de Carthagène, et en général de la côte de la Nouvelle-Grenade et sur les salses de Turbaco ; genre de phénomène que ce savant croit lié aux volcans. Une formation arénacée très étendue dans la Nouvelle-Grenade est classée par lui dans le grès rouge secondaire. Enfin il a donné des aperçus sur les bassins du Cauca et du Funza en Colombie. On y trouve du grès houiller, un dépôt gypsifère et quelquefois muriatifère, et un calcaire secondaire à poissons, à ammonites et vertèbres de crocodiles.

Le dernier volume du Voyage au Brésil, de MM. Spix et Martias, vient d’être mis en vente. Les trois volumes de ce bel ouvrage sont remplis de notices géologiques intéressantes. Le champ de leurs observations n’a pas été circonscrit, comme dans le cas de MM. Mawe, Eschwege, Schâffer, Caldeleugh et autres, à la province de Rio-Janeiro, et aux districts aurifères et diamantifères. Ils ont traversé plusieurs autres gouvernemens, et ont décrit en particulier, les premiers, la Constitution géologique de l’immense bassin du fleuve des Amazones, occupé surtout par un dépôt de keuper, avec de rares lambeaux d’aggrégats coquilliers marins et des îlots granitiques et quarzeux ; les montagnes calcaires près du St-François, leurs cavernes à os de Megatherium ; les dépôts dioritiques, sur la frontière des provinces de Balhia et de Saint-François, les dépôts de lignites de la côte de Bahia, et ses amas coquilliers élevés et abandonnés récemment par les eaux de la mer, par suite du soulèvement du continent.

Il est fort curieux d’apprendre que le phénomène des blocs erratiques, et même les dépôts tertiaires, sont entièrement étrangers aux plaines du fleuve des Amazones, tandis qu’il y en a des traces dans le bassin colombien de l’Orénoque. D’une autre part, d’après ces savans bavarois, le keuper gypsifère, mais non métallifère de ces plaines, serait le même dépôt que le Tapanhaucanga aurifére et diamantifère, encroûtant les montagnes quazo-talqueuses métallifères de Mineas-Geraes et d’autres provinces du Brésil. Nêanmoins il faut observer que M. de Humholdt place parmi le grès rouge les agrégats des Llanos de l’Orénoque et de la rivière de la Madeleine, et que M. Rengger n’a guère cru voir que de la molasse dans les plaines du Paraguay, qui paraissent ne faire qu’un tout avec celles des rivières des Amazones et de l’Orénoque. La partie montagneuse du Brésil aurait donc formé jadis une immense île à l’orient des Cordillières des Andes, et les plaines de l’Orénoque, du fleuve des Amazones, du Paraguay et des Pampas, une fois émergées, n’auraient plus été modifiées que par les eaux fluviatiles.

Cette considération géologique est fort importante plus en principe ; car, si certaines contrées ont été abandonnées pour leurs par la mer très anciennement, comme, par exemple, après la formation du grès bigarré, il n’aura pu s’y former depuis lors que des dépôts lacustres, fluviatiles ou terrestres, qui, malgrè leur nature si différente de celle des roches déposées sous la mer, leur deviendront parallèles pour l’âge de leur formation.

M. le docteur Pohl, de Vienne, devrait aussi faire connaître ses remarques géognostiques sur le Brésil, pour qu’on en puisse former un ensemble avec celles des voyageurs précédens. La collection qu’il a rapportée de Brésil est belle, bien classée, et mérite bien de ne pas rester ignorée. M. Natterer, autre naturaliste autrichien envoyé au Brésil, n’a cessé de l’enrichir jusqu’à ce moment ; et MM. Strauch et Regenbard, ingénieurs des mines, achèveront de nous faire connaîtra les parties abordables de ce vaste empire. Il est bien à regretter que M. Leschenault n’ait pas pu pénétrer dans pénétrer dans l’intérieur de la Guyanne française, où le sol parait primaire.

Au Pérou. M. de Rivera a donné une carte et un excellent mémoire sur les environs très élevés de Pasco, où il y a des montagnes calcaires et des mines d’argent et d’autres métaux (Journ. de Lima) ; il n’a négligé que la détermination exacte des fossiles. Nous aurons incessamment de nouveaux renseignemens sur les volcans des Andes du Pérou, puisque M. de HumboldtBumbali va enfin achever son Voyage aux régions équatoriales. Il paraîtrait qu’il y réunira les observations faites dans le haut Pérou par M. Pentland, qui aurait plutôt dû lui-même nous donner son voyage. M. A. d’orbigny, maintenant dans cette contrée, nous en rapportera aussi quelques faits.

M. Maclure s’est établi, pour quelques années, à Mexico, et a dit quelques mots sur la géologie du pays. MM. Schiede et Deppe ont visité le volcan d’Orizaba (Herta, 1829), mais depuis les belles cartes géologiques de l’état de Mexico par MM. Berghes et Gérolt, et les mémoires de MM. Burkhart et Sartorius, il n’a rien paru de saillant sur ce pays, à l’exception de deux mémoires importans de ce dernier géologue (Arch. de Karsten, vol. 3}. Il y décrit divers districts miniers avec le talent qu’on reconnaît dans ses mémoires précédents, et de plus sa Description des environs de Ramos transporte le lecteur en Hongrie. On y voit, comme dans ce pays, le sol schisteux intermédiaire des masses syénitiques traversées de filons argentifères, recouvertes de deux éruptions trachytiques, d’agglomérats trachytiques et de dépôts tertiaires, et accompagné çà et là de roches basaltiques. D’une autre part, autour de Catorze, il nous montre, comme dans les Alpes, sur les schistes, des dépôts arénacés rouges surmontés de calcaires ammonitifères à filons argentiféres.

M. Burkhart indique, au nord de Ramos, des roches tertiaires et des laves sur le terrain schisteux à filons métallifères, et il a découvert que la plaine de Salines, à 6459 pieds sur la mer, est couverte de couches tertiaires, savoir, d’agglomérat calcaire, de calcaire à polypiers et d’un calcaire tufacé. L’eau potable se trouve sous ces trois masses dont on ne connaît pas encore le mur. Ne serait-ce peut-être pas une argile ? La grauwacke forme les montagnes environnantes.

Le granite est très rare dans la partie nord du plateau mexicain ; on ne le connaissait jusqu’ici avec du gneiss que dans la portion méridionale autour d’Oaxaca et entre Mexico et Acapulco ; M. Burkhart l’a retrouvé au nord de Guanaxuato, près de Comaiga, et dans la montagne de Penon-Blanco, où cette roche flanquée de grauwacke s’élève à 8917 pieds anglais, et contient du fluore.

Nous avons encore à attendre des détails bien précis sur le Mexique, soit de M. Vanuken, soit de MM. Erbreich, Sieze et Schiëde, tous maintenant voyageurs stationnaires dans ce pays.

Le nivellement de l’isthme de Panama a été exécuté et a confirmé une différence de hauteur entre le niveau de la mer Pacifique et des eaux du golfe Mexicain. La géologie n’a pas recueilli d’autres fruits de ce travail ; elle avait été plus, heureuse dans l’opération semblable faite, il y a quelques années, par le général Orbegoso sur l’isthme de Tehuantepec.

Vous vous rappelez que le capitaine King a donné une notice sur les côtes de la Patagonie, près du détroit de Magellan. La découverte de la craie et du grès vert dans ces contrées est un fait curieux.

M. Gilies a décrit le volcan de Peuquènes dans les Andes du Chili, M. d’Orbiguy, qui va bientôt revenir en France, nous donnera probablement quelques détails géologiques sur les deux derniers pays mentionnés ; dont quelques parties ont été aussi décrites par MM. Miers et Caldeleugh. Les voyages de Ml. Stevenson et Andrews nous ont aussi fourni quelques renseignemens sur les mines de l’Amérique méridionale espagnole. Quant aux Antilles, M. Walton a publié en 1825 un rapport sur les mines de la division orientale de Haïti. Dans le Journal de la Havane, on trouve décrits des minerais de fer et de cuivre, la houille de Villa Clara, et la géologie des environs d’Alquiza, où il y a des calcaires coquilliers, des argiles, des calcaires tertiaires et du gypse (Biblioth. univers., avril 1829). Vous savez que la géologie des iles de la Jamaïque, de Montferrat, de Trinidad. de la Barbade, d’Antigua et des Antilles françaises, nous est déjà assez bien connue ; celle de l’île Saint-Christophe, aussi en partie volcanique, a été donnée dernièrement.

M. Webster a publié quelques notes sur la terre des États au sud du cap Horn. M. Weston a esquissé la géologie d’une partie de l’île Sainte-Hélène. Nous avons eu, il y a quelques années, des détails sur la constitution des îles de l’Ascension, de Tristan, d’Acunha, de Timor, d’Albemarle, de Banda, de la Nouvelle-Shetland du Sud. M. Bretero nous a appris que l’île de Juan Fernandez n’était composée que de basaltes sans traces de volcans.

M. le docteur Macklot a pénétré dans la Nouvelle-Guinée, où il avait été envoyé avec M. Rualten et Zippelius. Cette expédition a visité les embouchures des rivières Dourga, la Fausse Octanata, l’Octanata, la Wameka, l’île d’Aiduma, le district de Lobo et Morvara, situé sur la côte occidentale. Les montagnes s’y élèvent au-dessus de la ligne des neiges perpétuelles ; mais celles de la baie de Triton n’excèdent pas 3,000 pieds ; les chaînes y sont calcaires, courent du sud-est au nord-ouest. Le calcaire grenu domine et repose sur un autre dépôt calcaire ; M. Macklot y a trouvé des fossiles et une vertèbre d’un grand animal. Dans l’intérieur il y a des formations argileuses, des grauwackes, des grès rouges, du calcaire intermédiaire et primaire, et probablement des dépôts volcaniques à juger par les ponces et les obsidiennes charriées par les rivières. Les plaines prés de la mer sont composées de sable quarzeux ou de calcaire composé de fragmens de coraux blancs et rouges.

Pendant ma visite à Londres en 1831, M. le docteur Horsfeld a eu la complaisance de mettre sous mes yeux une Carte géologique de Banca, île dont le sol est primaireet dans laquelle abondent les granites, les pegmatites, les hyalomictes stannifères et les gneiss.

Les roches secondaires, les schistes et les syénites de Swantiver et de l’île de Buache à la Nouvelle-Hollande ont été décrites par M. Scott. Dans la Nouvelle-Galles du sud, on a découvert un volcan très curieux qui, si l’on en croyait les rapports, tendrait seulement à se former au milieu d’un terrain arénacé près duquel il y a de la houille. Malgré les détonations et les mouvement qu’il paraît causer, la chaleur des roches, etc., il ne paraît pas encore sûr que ce soit un volcan véritable.

Des détails sur les îles volcaniques de Sandwich (Woahoo, Morotoi, Ranay, Mowee et Owbyhee) ont paru dans plusieurs journaux américains et européens. Ils sont dus surtout aux missionnaires Ellis et Goodrich, et à M. Menaies (Magaz. de London, n° 9). M. E. Hoffmann nous a donné quelques notes géologiques sur les mêmes îles, sur Otaïti et les environs de Nootka dans l’Amérique russe, et sur la côte de la Californie. Enfin, M. Cordier a présenté un résumé des observations géologiques faites par l’Astrolabe sur divers points de l’Amérique méridionale et de l’Océanie.

En 1830, les mémoires sur les possessions anglaises de l’Inde ont été nombreux. M. Turnbull Christie nous a fait connaître le pays des Marottes ; M. Hardle le Meywar ; M. Franklin (Trans. géol. et Asiat. researches) les mines de diamant de Panna et les districts de Sagar et de Jebelpur ; M. le capitaine Coulthard, le trapp de Sagar ; M. Macpherson la route d’Hydrabad à Masulipatan ; M. Hardie, celle de Baroda à Udayapur ; M. le docteur Govan, les talcschistes et les schistes du pays entre Sunlah et Fakho ; M. Voysey, la géologie des montagnes de Sitabaldi (Nagpur), et les fossiles des montagnes de Gawilgerh ; M. Jenkins a donné une Note sur les mines de Nagpur ; M. Calder, des Observations générales sur la géologie de l’Inde ; M. Jones, une Notice sur le district houiller de Jéria à Sananpur ; M. Herbert, des Remarques sur les dépôts charbonneux de l’Inde. M. Traill a publié des renseignemens sur le Kainaon ; M. Paton, sur l’Arracan ; M. J. Low, sur la presqu’île Malaise ; et la géologie de l’Himalaya a occupé M. Herbert, Cautley, Colebrooke, Gérard, Richardson et Govan. Les premiers nous ont fait connaître des gites de gypse en partie anhydre et de lignite, et les derniers voyageurs ont pénétré jusque sur les frontières du Thibet, et ont trouvé à 17,600 pieds au-dessus de la mer des champs couverts de coquillages aussi frais que si la mer venait de les laisser sur un rivage. Sur les frontières du Ludak et du Bussakir, les roches coquillières paraissent atteindre le plus généralement une élévation de 16,000 pieds sur l’Océan.

Tous ces travaux sur l’Inde nous ont fait mieux apprécier l’étendue des nappes trappéennes au centre de la Péninsule, et celle des granites et des quartzites de la portion orientale. Nous aurons appris que quelquefois il y avait des coquillages calcédoniques au milieu des wackes. La découverte du grès bigarré salifère et du lias dans le nord de l’Inde est encore une autre conquête récente. Il est important d’avoir des détails circonstanciés sur les houillères de l’Inde et sur leur liaison probable avec des calcaires et des grès plus anciens, comme en Angleterre. MM. Turnbull-Christie et Jones nous ont décrit un singulier dépôt argileux alluvial sous le nom de Laterite. Ne serait-ce pas un détritus trappéen ou basaltique ? Il est trés intéressant d’entrevoir que la chaîne si élevée de l’Himalaya, comme celle des, Alpes, est bordée de molasses à lignite, et est formée en partie de roches très coquilliéres. Les conquêtes récentes des Anglais nous ont donné des aperçus sur les roches primaires, les marbres, les calcaires et le sol tertiaire du royaume d’Ava et de Siam. Vous vous rappelez la notice de M. Buckland sur les roches et les fossiles du pays des Birmans. M. Jacquemont, maintenant au Thibet, nous en rapportera des observations géologiques.

Nous avons aussi reçu des renseignemens nouveaux sur les îles de Salsette, de Senang et de Singapore, sur le volcan de l’île de Barren dans le golfe de Bengale, et même sur Manille et Bornéo. L’Essai minéralogico-géologique sur l’île de Ceylan, par M. John Davy, est déjà trop ancien pour en parler. D’un autre côté, dans ces dernières années, les mémoires de MM. Leschenault, Van Boon Mesch et Jack, et les voyages de MM. Raffles, Grawford et Horsfield nous ont mieux fait connaître les volcans de Java et de Sumatra. Le docteur Horsfield m’a fait voir sa belle collection, et, si l’on n’excepte un calcaire tertiaire, toute l’île de Java est couverte de dépôts trachitiques divers sans la moindre trace de basalte. La carte géologique de cette ile et de ses volcans doit être publiée incessamment.

Il nous est arrivé de la Chine, empire si curieux, une Description des puits artésiens salés, et de ceux établis pour l’exploitation de la houille. Les premiers donnent lien à des jets de gaz hydrogène carboné, qui est utilisé comme à Canandaigua aux États-Unis, et dans quelques mines de sol de la Hongrie, pour l’éclairage des maison. Il parait même qu’on fait des trous de sondes très profonds dans le but de se procurer ce gaz. On doit se demander s’il y a en Chine du sel décrépitant, ou si le gaz provient de mines de bouille, ou bien si ces deux cas existent peut-être dans ce pays. Il est heureux qu’enfin un naturaliste, M. le physicien Fuss, ait été adjoint à la mission russe à Pékin ; car la géologie de la Chine jetterait probablement un nouveau jour sur plusieurs problèmes importants. Un autre empire, d’un accès presque aussi difficile que la Chine, nous voulons parler du Japon, a été ouvert il y a quelques années aux recherches de M. Siebold, qui, quoique zoologue et botaniste, doit nous rapporter aussi quelques notions géologiques. Dernièrement M. Klaproth a donné des renseignmens sur six volcans de ce pays, en appendice à la dissertation de M. de Humboldt sur certains points volcanisés de l’Asie centrale.

Le nombre des cartes géologiques publiées en 1830 et 1831 est considérable, et s’élève à soixante-dix-huit. Ce sont les suivantes : les cartes de l’île d’Arran, de la côte nord-est de l’Écosse, et de la partie de ce pays au nord d’Édimbourg et de Glascow, par MM. Sedgwich et Murchison ; celles de l’île d’Arran, d’une portion de l’île de Sky et du mont Ben-Nevis en Écosse, par MM. d’Oeyuhausen et Dechen, celle d’une partie du Craven dans le Westmoreland, par M. Philipps ; celles sur quelques parties du Nottinghamshire, du Derbyshire, du Yorkshire et du Durham, par M. Sedgwick ; celle de la côte de Torbay dans le Devonshire ; par M. de la Bèche ; celles de quelques filons du Northumberland, par MM. Forster, Buddle, Trevelyan et Willamson Peele ; celle du grès rouge de Durham par M. W. Hutton ; celle d’une partie du Berwickshire, par MM. Witham et Winch ; celle d’une portion houillère du pays de Galles méridional, par M. T. Forster ; celle de l’Aude, par M. Tournal ; celle des Pyrénées-Orientales, par M. Marcel de Serres ; celle de Puy-de-Dôme, par MM. Lecoq et Bouillet ; celle du Poitou, de l’Angoumois, de la Saintonge et d’une partie de la Vendée, par MM. Manes et Creissac ; celle de Nice, par M. de la Bèche ; celle de la Ligurie, par M. Paretto ; celle de la Toscane, par M. Giuli ; celle du Val di Noto, par M. Gemellaro ; celle du cap Passaro, par MM. F. Hoffmann et Escher ; celle des bords du lac de Lugano, par M. Buch ; celle des rives du lac de Côme, par M. de la Bèche ; celle de quelques portions du Jura suisse, par MM. Renger et Merian ; celle des environs d’Altorf, par M. le docteur Lusser ; celle du Kaiserstuhl, par M. Eisenlohr ; celle du cercle du Necker inférieur dans le pays de Bade, par M. Bronn ; nelle de l’Odenwald et du sol secondaire de la Wetteravie, par M. Klipstein ; celle du cercle de Hofgeismar en Hesse, par M. Schwartzemberg ; celle du pays de Nassau, par M. Stifft ; celle du Hanovre, par M. Keferstein ; celle générale et particulière du N.-O. de l’Allemagne, par M. F. Hoffmann ; celle des environs d’Altenberg et de Ziunwald, par M. Josa ; celle du pied sud du Reisengebirge, par M. Moteglek ; celle du pays de Glatz et d’une partie de la Silésie inférieure, par MM. Zobel et de Carnall ; celle de la Bohême coloriée, par M. de Buch, au café à Melon du Carlsbad ; celle des environs de Moldova. Oravitza, Dognasca et Gladna dans le Bannat ; celle du sol intermédiaire du royaume de Pologne, par M. Bloede ; celle d’une partie de cette même formation, par Dmitriev ; celle du sud de la Pologne, par M. Becker ; celle de l’Esthonie et de la Courlande, par MM. d’Engelhardt et Ulprecht ; celle de la chaîne du Donetz dans le sud de la Russie, par M. Kovalevki ; celle des bords inférieurs du Don et du Donetz, par M. Olivieri ; celle des alentours de Chiikin, par M. Kovrighin ; celle des environs de la vallée d’Onon-Borsinak en Sibérie, par M. Taskin ; celles de la chaîne Adouchilon dans le même pays, par M. Koulibin ; celle de le vallée d’Ichaginskoî, par le même savant ; celle des bards de la rivière Toura, par Protasov ; celle des environs de l’usine de Yougovsk dans l’Oural, par M. Samoilov ; celle de l’île d’Égine, par M. Boblaye ; celle des chaînes de l’Asie, par M. de Humboldt ; celle de huit districts dans l’Indostan ; celle sur l’Égypte et l’Arabie Pétrée, par M. Ehrenberg ; celle sur les iles Feroë, par M. Forochammer ; celle de Ténériffe, par M. de Buch ; celle de la Nouvelle-Écosse aux États-Unis, par MM. Alger et Jackson ; celle du lac Ontario et le Niagara au Canada, par M. Bigsby ; et celle des environs de Pasco eu Pérou, par M. de Rivera. Ma carte générale de l’Europe vient d’être publiée de nouveau à Paris, chez Lance, sur une assez grande échelle, par les soins de M. de Caumont, et M. Boblaye m’a permis d’y indiquer ses observations faites en Morée. Il faut ajouter à cela les cartes dont la gravure est avancée, et celles qui sont manuscrites. Dans le premier cas, sont celles de la France, par MM. Brochant, de Beaumont et Dufrénoy ; celle de la Seine-Inférieure, par M. Passy ; celle de l’Alsace, entreprise par la Société industrielle de Mulhouse ; celle des dépôts dioritiques aux environs de Dax, par M. de Poudins ; celle sur la Pologne, de M. Puseh ; celle du Jura Argovien, par M. Rengger ; celle de la Basse-Autriche, par M. Partsch, et celle du sud-ouest de l’Irlande, par M. Weaver. Dans le second cas, se trouvent la carte du département de l’Oise, par M. Graves ; celle de la Gallicie, présentée à notre Société par M. Lill ; celle de toute l’Irlande, par M. Weaver ; celle des environs de Pzibram en Bohême, par M. de Meyer ; celle de Salzbourg, offerte à la Société géologique de Londres, par M. Lill ; celle de la Styrie, présentée à la même Société, par l’archiduc Jean d’Autriche, MM. Partsch et de Rosthorn ; celle de la Carinthie et de Carniole, dressée par ce dernier savant ; celle du terrain houiller de la Bohême, par M. de Buch ; et les quatre cartes de la Bavière méridionale, de l’archiduché d’Autriche, de la Moravie, et de la partie occidentale de la Hongrie et de le Gallicie et de la Transylvanie, cartes que j’ai envoyées à la Société géologique de Londres. Enfin la carte de toute l’Italie septentrionale, y compris la Toscane, nous est promise par MM. Paretto, Cristofero, Pasini et Savi ; celle du Val d’Arno, par M. Bertrand Geslin ; celles des environs d’Albano, près de Rome, de la Sicile occidentale et orientale, par M. F. Hoffmann ; celle de la Belgique, par MM. Van Breda, d’Omalius, etc. ; celle de Brabant, par M. Morren ; celle des Alpes bernoises, par MM. Studer et Mousson ; une vérification de celle du Saint-Gothard, par MM. Lardy et Lainé ; celle de la Saxe royale, par le Conseil des mines de Freiberg ; celle de la Lusace, par la Société d’histoire naturelle de Gorlitz ; une rectification de celle de la Finlande, par MM. Nils Nordenskiold ; celles de plusieurs parties de la Russie, par la Société minéralogique de Saint-Pétersbourg ; celle de la Morée, par MM. Boblaye et Virlet ; celles des deux Carolines aux États-Unis ; celle de l’île de Banca, par le docteur Horsfield ; celle du Liban, par M. Botta, etc.

Dans peu d’aimées nous aurons donc une idée exacte et suffisamment détaillée de la structure géologique de l’Europe. On ne pourra qu’à cette époque se faire une idée des changemens par lesquels a passé le continent que nous habitons, et l’an pourra alors dresser approximativement des cartes représentant, l’état de l’Europe aux diverses phases géologiques. L’un y suivra des yeux, comme j’en ai fait un essai dans mon Mémoire allemand, la position des îles anciennes, leur réunion au continens, le contour de ces derniers, les bouleversemens qu’ils ont subi, les endroits des chaînes qui se sent élevés et les lieux affaissés, la direction des courans marins et des anciens cours d’eau d’après la place et le genre des dépôts, les mers et les terres anciennement habitées ou sans êtres vivans. la sortie graduelle de l’Europe hors des eaux de l’océan, et en général toutes les causes premières de la configuration actuelle et des accidens divers des formations européennes.

La surface terrestre se dégrade et se modifie sans cesse ; indiquer ces changemens, c’est être utile au géologue, à l’historien de la vie du globe. Si la compilation de pareils documens est un travail long et souvent fatigant, nous devons en savoir d’autant plus de gré à ceux qui s’y livrent. Parmi ces hommes studieux, M. de Hoff mérite une mention particulière. Tout le monde connaît son grand ouvrage ; mais tous ne savent peut-être pas que depuis cette publication il est toujours occupé à rassembler des faits semblables et à les enregistrer dans quatre journaux périodiques M. Keferstein a aussi présenté des catalogues analogues pour les phénomènes volcaniques. M. Balbi nous a donné la date des désastres plus ou moins grands arrivés sur les côtes ou dans l’intérieur des pays.

Les mesures de hauteur ou les nivellemens se multiplient de tous les côtés. Une mention particulière est due à M. Nixon pour plusieurs parties du nord de l’Angleterre, MM. F. Hoffmann, d’Oeynhsusen, Dechen, Michaeli, et de Hoff, pour l’Allemagne ; à M. Baumgartner pour l’Autriche ; MM. Attilie, Zuccagni, Orlandini, pour la Toscane (Atlas géographique et physique de la Toscane, 1831) ; à MM. Ledebour, Meyer et Bunge, pour l’Altaï ; à N. de Humboldt, pour la Sibérie, et MM. E. Hoffmann et Helmersen, pour les bords affaissés des mers Caspienne et d’Aral, etc., etc.

Les traités généraux de géologie ont été assez nombreux dans les deux années qui viennent de s’écouler. M. Bakewell a vu la troisième édition de ses élémens de géologie réimprimés aux États-Unis. M. le doctour Ure nous a donné un Traité de géologie ou une Théorie biblique de la terre qui a été amèrement critiqué par la président de la société géologique de Londres.

M. Lyell a publié deux volumes de ses Considérations philosophiques et théoriques sur la géologie, dont le vente a été si rapide ; malgré un tirage nombreux, que tout en achevant la publication du troisième volume, il réimprime le premier. Dans le premier, en partant du connu, il cherche à expliquer tous les phénomènes par ce qui se passe sous nos yeux. Cet ouvrage est souvent une compilation judicieuse, et montre un homme d’esprit. Le brillant de ses théories résistera-t-il à toutes les objections qu’on peut leur opposer ? c’est ce que l’avenir nous démontrera. Dans tous les cas, l’auteur avancera la géologie, sans avoir écrit un traité méthodique, en appliquant la marche philosophique du connu à l’inconnu suivie depuis longs-temps par beaucoup de géologues du continent. Un ouvrage qui nie le déluge mosaïque et le diluvium tel qu’il est conçu par la plupart des géologues anglais, une dissertation qui cherche à expliquer la température plus grande du globe, sans recourir à la chaleur centrale ; enfin une publication qu’on peut appeler hérétique sous plus d’un rapport, devait naturellement exciter des réclamations, surtout en Angleterre. L’auteur avait loué le travail de M. Scrope sur l’Auvergne, dans une revue de Londres ; ce dernier lui a rendu cette politesse dans un des numéros de l’an passé ; mais le journal de M. Brewster a critiqué certaines parties de l’ouvrage de M. Lyell ; puis M. Whewell, ecclésiastique, lui a fait une repartie spirituelle dans un autre journal périodique (British critic, janvier 1831). Enfin, M. Conybeare a combattu plusieurs de ces principes fondamentaux, et a cherché à prouver au contraire que les causes agissantes actuellement ne peuvent pas être mises en rapport avec celles qui ont agi jadis Comme les systèmes de M. Lyell choquent beaucoup les idées reçues, il doit s’attendre à de nouvelles attaques. Cette controverse fera un bien infilni à la science, puisqu’elle roulera sur tous les points fondamentaux de la géologie. Il paraît que les idées de M. Lyell ont donné occasion à M. Herschell de considérer si certaines causes astronomiques ne pourraient pas rendre raison de quelques uns des grands phénomènes géologiques.

Dans le premier volume, M. Lyell entre en matière par l’exposé des différentes théories de la terre, puis il passe aux phénomènes géologiques qui se passent sous nos yeux, et les compare à ce qui doit avoir lieu dans les temps anciens. Il parle d’abord des phénomènes climatoriaux, puis de ces produits par les eaux, et enfin de ceux offerts par les volcans. Dans cette dernière partie, on trouve une compilation judicieuse de faits accompagnés souvent de très jolies vignettes.

Le second volume est consacré d’abord à des recherches d’histoire naturelle qui ont une liaison immédiate avec la géologie Ainsi l’auteur donne les définitions de l’espèce en histoire naturelle ; il énumère les variations qu’une espèce peut éprouver, la distribution géographique des êtres et des plantes, et les causes qui ont une influence sur cette distribution. Ensuite il considère les pouvoirs vitaux de la terre ; l’action exercée sur elle, par la vie animale et végétale, les restes organiques, les ossemens humains et les objets d’art ensevelis journellement soit dans les alluvions terrestres, soit dans celles qui se forment sous l’eau des lacs ou des mers, et il termine par résumer nos connaissances sur la formation des récifs ou îlots qui sont le travail des zoophytes.

Ayant employé ma carte de l’Europe, il a voulu représenter l’état physique où ce continent se trouvait avant les soulèvemens éprouvés après l’époque tertiaire et avant l’écoulement de certaines grandes mers intérieures tertiaires. Il serait à désirer qu’il en fit autant pour l’état de l’Europe avant le commencement des dépôts secondaires, après la fin du dépôt du keuper et après celle du calcaire jurassique. Trois cartes semblables ne sont pas difficiles à composer, et le libraire de M. Lyell serait plus que tout autre en état d’en supporter les frais. Ce serait un service incontestable rendu à la science.

Le troisième volume de l’ouvrage de M. Lyell sera consacré aux fossiles et contiendra les tableaux conchyliologiques que M. Deshayes a dressés pour étayer sa théorie du remplissage successif des bassins tertiaires l’un après l’autre.

M. le docteur Macculloch a réuni ses précédents mémoires et sa classification des roches, et en a formé un Traité de géologie en deux forts volumes, dans lequel il développe au long, comme une idée venant de lui, ma théorie sur la formation des schistes cristallins au moyen des altérations ignées éprouvées par les dépôts stratifiés neptuniens. D’une autre part, il tâche d’accorder les relations bibliques avec les données géologiques. Malgré les critiques amères qu’on trouve contre cet ouvrage dans certains journaux anglais, il n’en reste pas moins précieux pour ceux qui veulent connaître les travaux importans sur lesquels est basée la réputation méritée de ce savant.

Un auteur, du nom de Maria Hack, vient de publier des Esquisses géologiques et des aperçus sur le monde primitif (Geological sketches, etc., in-12. Londres, 1832).

M. de la Bèche a fait paraitre un Manuel de géologie très portatif et utile ; il en prépare une seconde édition où disparaîtront quelques erreurs dans le classement géologique de certains fossiles. >br /> En Allemagne, M. de Léonhard, compilateur érudit et auteur qu’on consulte toujours avec fruit, a publié d’abord un Agenda géologique, puis des Élémens de géologie. Ce dernier ouvrage est basé sur sa classification des roches, dont la nomenclature s’écarte malheureusement quelquefois de celle adoptée par la pluralité des géologues. Une seconde édition du premier opuscule doit paraître à Pâques, et perfectionné, il deviendra un utile Vade mecum pour le voyageur ou l’étudiant.

M. le docteur G.-W. Muncke a consigné dans le second volume de ses Élémens d’histoire naturelle générale (Handbuch der Naturlehre, Heidelberg, 1830) un résumé bien fait des principales données de la géographie physique et de la géologie. Cet ouvrage est plus qu’une compilation, puisqu’il émet des idées particulières sur les parties de la science liées à la physique ou la chimie.

M. Keferstein a donné le Tableau de ses idées de classification des formations ; il ne diffère des autres géologues qu’en formant de presque tous les dépôts alpins un groupe postérieur à la craie, qu’il appelle Flich, et qu’il met en parallèle avec le terrain crayeux.

M. Kuhn, professeur à Freiberg, a enfin fait paraitre le premier volume de son Cours de géologie qui nous va mettre au fait des connaissances géologiques auxquelles est arrivée cette école.

M. Sokolov a donné, dans le Journal des mines russe, un article sur les nomenclatures et les classifications géologiques (Journ. des mines, 1831, n. 4 et 5).

Les ouvrages de MM. Brongniart, Rozet, d’Omalius et Delafosse, ainsi que l’article Terrain de M. Prévost (Dictionn. classique), et ceux de Huot (Encyclopédie), vous sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’en parler.

Hors de l’Europe, M, Eaton a publié aux États-Unis un Traité de géologie ; malheureusement il a adopté une nomenclature des terrains dont il ne donne pas la synonymie, de manière que sans M. Featherstonaugh, qui a revu les gisemens décrits, toutes ses descriptions seraient inutiles. Ensuite il pèche par la base de son édifice, puisqu’il n’a pas l’air de savoir ce que c’est qu’une formation, idée fondamentale de la science et la plus belle découverte de Fuchsel et de Werner. Son ouvrage parait si indéchiffrable, qu’on en a inséré une critique des plus virulentes dans la Revue américaine. Néanmoins la nomenclature proposée par M. Pinkerton y est traitée avec encore moins d’égards. L’ouvrage de M. Eaton n’a donc pas remplacé les traités utiles publiés soit par M. Cleaveland, soit par M. Van Rensselaer.

MM. Voltz et Studer ont donné chacun le plan d’un traité géologique M. Walchner, professeur de Carlsruhe, a sous presse des Élémens de géologie, dans lesquels il exposera ses nombreuses recherches sur la constitution minérale des roches, et proposera même quelques nouvelles subdivisions. Cet ouvrage servira à populariser davantage l’analyse mécanique des roches telle qu’elle a été décrite par M. Cordier. Si cette sorte d’analyse est si utile, je ne vois pas que l’analyse chimique des ruches puisse conduire toujours à de grands résultats. Certes ce n’est pas moi qui déprécierai les savantes recherches de M. Gmelin sur les roches magnésiennes distribuées parmi les grès ou les calcaires, et celles qu’il prépare sur les phonolites et les basaltes, sur les roches neptuniennes altérées par le contact de ces dernières. Mais vouloir déterminer, au moyen d’une formule chimique, la nature d’une roche par l’analyse d’un certain nombre d’échantillons de la même roche pris dans divers lieux, c’est arriver à une combinaison moyenne qui n’existe peut-être réellement dans aucune partie de la roche. C’est faire des équations de proportions définis pour le plaisir d’en composer, et pour étonner les ignorans par des chiffres.

C’est un véritable service que M. Kleinschrodt a rendu à la science en publiant en français la classification des roches de M. Cordier. Tout, dans ce travail, est clair, précis et calqué sur la nature ; ce ne sont pas des espèces établies sur des échantillons de cabinet, mais sur les masses des rochers. Je trouve même que l’arrangement général en est devenu meilleur depuis l’époque où M. Maraschini publia cette classification dans la Bibliothèque italienne. C’est la seule classification où l’on trouve énumérées les roches soi-disant décomposées, altération souvent originaire. On y voit avec plaisir que deux professeurs de géologie de Paris, MM. Cordier et Brochaut, sont d’accord pour le classement des roches et même pour la nomenclature, si l’on en excepté quelques noms des roches volcaniques que M. Cordier a particulièrement étudiées. Si M. Prévost suit la même marche, ce sera un grand avantage pour les personnes qui ne font que commencer. Espérons que notre dernier président voudra enfin faire jouir le monde savant non seulement de ses idées sur les roches, mais surtout de celles qu’il professe sur la géologie, et qui m’ont paru, autant que je les connais, souvent naturelles ou particulières à ce professeur.

Rien de plus utile pour une science que des tableaux synoptiques ; ils reposent l’esprit et aident la mémoire. Vous connaissez tous ceux que nous ont donnés successivement MM. Defrance, Cordier, Buckland, Keferstein, de la Bèche, Brongniart et un de nos secrétaires. Il est à regretter que celui de M. de la Bèche soit trop britannique, si j’ose m’exprimer ainsi, ou insuffisant pour les dépôts du continent, car il est encore le plus commode. M. Brongniart a voulu remédier dernièrement à ce desideratum, et a publié la gravure que vous connaissez.

Si de semblables tableaux sont indispensables pour l’enseignement, des collections de coupes prises dans divers pays le sont encore davantage. Pour ce but, le joli Atlas géologique de M. de la Bèche est une compilation sur un trop petit format, et le grand Atlas sorti des presses lithographiques d’Aenz et compagnie, à Bonn, est trop imparfait et incomplet, et n’est pas accompagné d’un texte suffisant.

La paléontologie est une science à la mode et ouvrant un vaste champ à l’imagination ; c’est ce qui explique le nombre I d’ouvrages ou de mémoires qui paraissent sur ce sujet.

En Allemagne, les descriptions des mondes primitifs, publiés par MM. Kruger, Link, Schubert et Sommer, ont contribué à populariser cette branche de la géologie. Une seconde édition de l’ouvrage de M. Link, et celui de M. Sommer, viennent de paraître.

M. Fischer a donné, dans le dernier volume des Mémoires des Naturalistes de Moscou, le commencement d’un catalogue complet des publications relatives à la paléontologie. D’autre part, profitant de la richesse en fossiles des environs et du cabinet de Moscou, il a publié, sens le titre d’oryctographie du gouvernement du même nom, un gros volume, petit in-folio, ou il y a un grand nombre de planches de pétrifications. Plusieurs céphalopodes et quelques autres fossiles du Caucase ou de la Russie étaient déjà décrits dans les Mémoires de la Société des Naturalistes de Moscou.

M. Keferstein a dressé un catalogue méthodique et alphabétique des espèces fossiles. On se rappelle un essai semblable fait par M. Kruger. La synonymie est toujours la partie trop négligée, parce qu’un seul individu possède rarement tous les ouvrages nécessaires pour de semblables recherches, parce que les figures sont souvent médiocres, et que les variations naturelles d’une même espèce empêchent d’arriver à la vérité. Le catalogue stratographique des fossiles des iles Britanniques, dressé récemment par M. Woodward, est aussi un opuscule utile. Il en est de même des tableaux de M. Taylor, qui sont seulement plus généraux. M. Mantell nous aussi donné un catalogue des fossiles du Sussex. M. Steininger, celui des pétrifications de la Suède, et M. Steininger, celui des coquillages du sol intermédiaire de l’Eifel. Il faudrait combiner toutes ces indications sur le gisement des restes organiques avec les catalogues de M. Brongniart, celui de la collection de M. Hoeninghaus et les ouvrages de Goldfuss, de Zieten, de Philipps, de Catullo, de Brocchi, de Deshayes, de Basterot, d’Eichwald sur la Podolie ; de Dubois et de Buch, sur la Lithuanie et le Volhynie ; de Prévost, etc. On pourrait espérer d’arriver ainsi une liste approximative des fossiles distribués dans les couches d’une bonne partie de l’Europe. Néanmoins ce travail demanderait l’établissement complet de la synonymie ; tous les fossiles n’étant pas figurés, cet ouvrage resterait toujours imparfait. M. de la Bèche a essayé d’entreprendre une partie de cette tâche pour les fossiles caractéristiques des dépôts crayeux et jurassiques, ainsi que du lias de l’Angleterre et de la France. Ses conclusions sont remarquables en ce qu’un petit nombre de fossiles seraient, d’après lui, décidément propres à cette division secondaire récente. Si l’on voulait pousser le scepticisme à son plus haut degré on pourrait même demander si l’examen de toute la croûte terrestre ne renversera pas encore ses jalons zoologiques des terrains. Dans notre faiblesse, nous cherchons à établir des divisions au moyen de ce qui nous frappe le plus, tandis que sur une grande échelle ces accidens qui étayent notre système s’évanouiraient peut-être tout-à-fait, ou du moins se grouperaient différemment.

Parmi les monographies utiles publiées sur les fossiles en 1830 et 1831, je dois mentionner la réimpression de l’ouvrage de Brander sur les fossiles du Hampshire. Les 4 premières livrais. de celui de M. de Zieten sur les pétrifications du Wurtemberg et le catalogue-prospectus qu’a publié M. Hartmann, le mémoire de M. de Buch sur les ammonites, qui est à comparer avec la monographie de M. de Haan, le beau travail de M. Voltz, sur les bélemnites, les observations de MM. Raspail et Munster, et les additions qu’y a faites M. le comte de Munster, la continuation des ouvrages classiques de MM. Goldfuss et Deshayes ; le Traité sur les zoophites, par M. de Blainville ; la mémoire de feu Dalman sur les Térébratules pour lesquels il propose des nouvelles divisions (kongl. Vetensk., Acad. Handl 1828) ; ceux d’une époque antérieure les trilobites, par M, Dalman en Suèdel et M. d’Eichwald en Russie ; les mémoires de M. Marcel de Serres, sur les fossiles du sud de la France, et un mémoire de M. Roulland sur les Ichtyosarcolites, qui ne sont, suivant lui, que des débris dénaturés d’Hippurites et de Sphérulites très allongés et recourbés. (Annales de la Société Linnéenne de Bordeaux). M. Desmoulins s’occupe d’un supplément au travail de M. Basterot, sur les fossiles de Bordeaux ; M. Grateloup, d’une description de ceux de Dax.

À Solenbofen et ailleurs, dans le calcaire jurassique supérieur ; on connaît depuis long-temps des fossiles qu’on a classés tantôt parmi les mollusques, tantôt parmi les débris de poissons ou de reptiles. Par des raisons assez plausibles, M. Germar les a rapprochés des parties cornées du Lepas anatifer. M. Ruppell, frappé de les voir dans des ammonites, voudrait les regarder comme des opercules d’ammonites particulières, tandis que M. le docteur Meyer s’explique cette position, en supposant que les animaux mous des ammonites se nourrissent des êtres dont ces lépadites sont les restes. Ce dernier les regarde comme des mollusques à coquilles bivalves, leur donne le nom d’aptychus est décrit, quatre espèces, et esquisse leur distribution géologique (Jabruch f. Miner, 1830). M. de Bronn a distingué dans le Pecten salinarius des Alpes, deux genres et trois espèces nouvelles, et M., le comte Munster vient d’ajouter deux nouvelles espèces à un de ces genres, celui de Monotis. Le Monotis salinaria existerait entre les couches, de grès vert et le calcaire jurassique moyen, le Monotis decussata dans les oolites inférieures, le Monotis substriata dans les marnes supérieures du lias. Le Monotis inœquivalvis et la Halobia salinarum n’ont encore été vus que dans le calcaire salifère du Salzbourg. Le même savant va nous décrire près d’une centaine d’espèces nouvelles des dépôts secondaires de Saint-Cassian dans le Tyrol. Il a encore fait la découverte de Cythérés (Müller) dans le sol intermédiaire, et de Cypris dans des calcaires d’eau douce d’Allemagne. Enfin, ainsi que M. Hessel, il a récolté une quantité considérable de nouvelles espèces de coquillages dans le sol intermédiaire du pays de Nassau et de Dribourg. Tous ces travaux peuvent donner une idée de la richesse de la collection du comte Munster, qui est unique pour le sol secondaire et intermédiaire. Toutes ces nouvelles espèces sont figurées dans l’ouvrage de Goldfuss, dont la 3e livraison vient de paraitre, et dont la publication entière va être acélérée. On est bien aise de voir que M. de Schlotheim, maintenant occupé d’autres objets, est non seulement remplacé par M. le comte Munster, mais encore que ce dernier marche complètement avec les progrès de la science, et nous promet avec M. Goldfuss et MM. d’Hoenioghaus et Zieten, une connaissance complète des êtres fossiles de l’Allemagne. De plus, les mémoires du comte de Munster, témoin celui sur la distribution des fossiles dans les diverses assises du calcaire jurassique inférieur et du lias, celui sur le grès vert du Kressemberg, celui sur les fossiles crayeux d’Allemagne, celui sur mélange de fossiles secondaires dans le sol tertiaire supérieur de la Westaphalie, celui sur les pétrifications de ce dernier terrain, ceux sur les ammonites et les nautilacées, montrent qu’il comprend toute l’importance de le zoologie géologique.

M, Sowerby compte donner un appendice à ses trois volumes de Conchyliologie fossile de la Grande-Bretagne, si vous connaissez tous les premiers cahiers de la Conchyliologie fossile de M. Guérin, et la Description de quelques coquilles caractéristiques des terrains par M. Deshayes, qui doit nous donner une Conchyliologie fossile générale.

Les nummulites et les coquilles microscopiques mériteraient de fixer davantage l’attention des zoologues car, malgré leur petitesse, ces mollusques offriraient peut-être des bons caractères distinctifs ; du moins une description complète de ces fosslles éviterait aux géologues des méprises que la petitesse des objets, et surtout le manque de description, doit faire excuses probablement trop souvent. Mt le comte Munster à entrepris l’examen d’une partie de ces céphalopodes.

Dans le classe des mollusques, M. de Buch a figuré dans un opuscule particulier quelques fossiles de l’Allemagne septentrionale, en particulier des coquilles tertiaires du Mecklembourg, M. Bennet a publié un catalogue des fossiles du lias du Wiltshire, et quelques planches y représentent quelques uns d’entre eux qui lui ont paru intéressons.

M. le comte Munster a continué de donner des détails sur la distribution des fossiles dans les diverses assises du Jura allemand. Parmi ses découvertes, on remarquera une grande Hamite trouvée dans les oolites inférieures.

M, Catullo a décrit les Bélemnites de la Scaglia des monts Euganéens, et les Nummulites de cette localité ; il s’élève contre l’assertion de M. de Blainville, qui avait été induit à penser que les Bélemnites étaient moins fréquentes en Italie qu’ailleurs.

Cette Période n’offre pas de ces dépôts où pullulent les Bélemnites, et fait partie tout entière du grand système arénacéo-marneux à calcaire faïence (Scaglia) et nummulites du sud-est de l’Europe ; or, ces terrains renferment tout autant de Bélemnites en Italie que dans d’autres contrées.

M. Andrzejowski a décrit et figuré quelques fossiles tertiaires de la Podolie.

Dans la classe des poissons, M. Fleming a observé des écailles et des portions de poissons (genres Acipenser et Dipterus) dans le grès pourpré intermédiaire de l’Écosse. M. Mantell a figuré des poissons entiers extraits artistement de la craie. M. Bronn a décrit une nouvelle espèce de poisson dans le dusodile tertiare supérieur des environs de Bonn et de Cologne. Cet ichtiolithe est accompagné de débris d’insectes et d’amphibies, telles que des grenouilles. M. Goldfuss a donné sur ces derniers un mémoire fort intéressent dans l’avant-dernier volume des Actes de l’Académie des Curieux de la nature.

Dans la classe des reptiles, M. Mantell a découvert des ossemens qu’il ne peut rapporter a aucun animal connu ; et M. le docteur Menke a trouvé une tortue dans le lias d’Eilsen en Westphalie. Le lias de Benz en Bavière a offert à M. Theodori une quantité énorme de débris et même de squelettes presque entier d’ichtiosaures et de plésiosaures, ainsi que des coprolites et des débris de ptérodactyles. La description de tous ces fossiles formera le sujet d’un ouvrage particulier. M. Dunn a trouvé et décrit un bel échantillon du plésiosaure du Havre à Scarborough.

Une nouvelle espèce de tortue fossile d’Oeningen a été décrite par M. Th. Bell, qui l’appelle Chelydra Murchisonii, et la rapproche d’une tortue d’Amérique. Elle a été trouvée dans la même couche que le renard fossile décrit par M. Murchison.

La découverte des fœces fossiles de divers animaux dans les couches solides de presque toutes les formations neptuniennes est encore une conquête que la science a faite dans ces dernières années. L’existence des fœces des hyènes, démontrée habilement par M. Buckland, l’a conduit à cette nouvelle et curieuse découverte des coprolites, qui fournissent un moyen sur de connaître la nourriture de certains êtres des anciennes créations. Les coprolites sont, à n’en pas douter, en abondance partout, et leurs formes bizarres n’ont que trop souvent trompé ou embarrassé géologues. Déjà l’on en a signalé aux États-Unis, dans la Normandie, dans le schiste à poissons de Seefeld, en Tyrol, dans le calcaire tertiaire de Paris, dans le lias de Trevières, de Banz, et dans le calcaire de Solenhofen.

Un dépôt curieux qui appartient aussi aux coprolites, c’est le guano ou l’ornithocoprus de M. Buckland, des îles sur la côte du Pérou. M. Rivero a donné des détails curieux sur ces amas d’excrémens d’oiseaux maritimes (Cormoran, Pélican). Cette matière rouge-blanche ou brunâtre forme des masses quelquefois de 50 à 60 pieds d’épaisseur, et se trouve dans les iles de Chincha, Iquique, de Lagarto, d’Animas, de Margarita, de Jésus, d’Ilay, de Braba, de la Mansa et de Hornillos. Ce savant a vu cette matière couverte par les dunes de sables, et il pense qu’elle pourrait bien avoir été déposée, en partie du moins, avant les dernières alluvions (Hertha, 1829).

Dans la classe des insectes, M. de Behreodt a commencé à décrire ceux de l’ambre des bords de la Baltique. Cette publication paraît interrompue, ce qui est d’autant plus regrettable que la collection de MM. Ratke et Behrendt contient 771 espèces d’insectes fossiles.

M. le comte Munster a découvert à Solenhofen des insectes coléoptères et même des arachnides.

Dans la classe des mammifères, M. Vernon a indiqué les ossemens très divers découverts à North Clif dans le Norfolk.

M. Goldfuss a décrit une cinquième espèce de ptérodactyle, trouvée à Solenhofen, par le comte Munster.

M. le docteur Jaeger s’occupe à décrire les ossemens si variés des gîtes de fer alluvial ancien du Wurtemberg.

M. de Mayer a comparé les caractères assignés par M Bronn aux dents de son Coelodonia avec ceux des dents des rhinocéros, et a donné des indications nouvelles sur les ossemens de mammifères du Loss ou du limon alluvial ancien des bords du Rhin. (Jahrb. f. Min. 1831).

M. Jobert nous a décrit un renard fossile d’Auvegne ; et M. Murchison un autre belle espèce du dépôt tertiaire lacustre d’Oeningen.

On a découvert des os de Rhinocéros dans les alluvions de Ratisbonne, des ossemens de Mammouth dans les alluvions aurifères élevées de l’Oural, et des os de grands mammifères à Yaroslaff ; dans la Russie méridionale. M. Fischer, de Moscou, a divisé les bœufs fossiles de Sibérie en deux espèces nouvelles, et à établi plusieurs espèces nouvelles de Mammouth. M. Baer a donné un mémoire sur un mammouth semblable à l’éléphant d’Afrique.

Aux États-Unis le fameux gite d’ossements de Big-Bone-Lick au Kentucky : y a été de nouveaux examiné, et on en extrait toute une collection d’os gigantesques, qui est sur le point d’être transportée en Europe comme une entreprise d’exposition publique. MM. Cooper, Smith et de Kay en ont publié un rapport.

Dans l’Inde septentrionale on vient de découvrir récemment des ossemens de divers grands animaux.

Vous connaissez le mémoire de M. Buckland, sur les ossemens d’éléphant ou de mammouth dans la boue glacée des bords de la mer Arctique, en Sibérie, et sur la côte américaine, près du détroit de Behring. Le capitaine Beechey nous a appris à mieux connaître ces gîtes si curieux en Amérique ; et M. Hedenstrom va nous donner des détails nouveaux sur ceux de la Sibérie. Si tout le monde paraît d’accord à voir dans ces fossiles l’indice d’une catastrophe ou du moins d’un charriage assez violent, M. Ranking, aimant les paradoxes et l’érudition, a voulu prouver que ces ossemens provenaient des éléphans employés jadis chez les Mongols, les Tartares et les Chinois.

Des soulèvemens de montagnes ont pu produire des inondations épouvantables. Les continens ainsi balayés, les carcasses des grands animaux auront pu être transportées quelquefois jusque vers la mer Glaciale, où le froid aura été favorable à leur conservation plus ou moins parfaite. Les autres animaux moins volumineux n’ont pas pu être charriés si loin : ils ont été complétement anéantie où leurs os sont restés épars avec ceux des éléphans dans l’intérieur des continents.

Le nombre des cavernes à ossemens augmente journellement ; vous connaissez toutes celles du midi de la France, dont s’occupent si activement MM. Marcel de Serres, Christol, Tournal, Dumas et Tessier. Celles de Chockier en Belgique et du Sommersetshire ont été examinées dernièrement ; celle de Han, prés Lesle en Belgique, a donné lieu à un ouvrage de luxe publié par M. J. Alleweiredt, sous le titre de Description pittoresque de la grotte de Han (in-folio avec 27 planches).

En Sicile, les environs de Palerme ont offert plusieurs cavernes, qui ont été visitées soit par MM. de la Marmora, le docteur Christie, M. F. Hoffmann, soit par les naturalistes siciliens MM. Bernardi et Seins. MM. Christie (Edinb. phil. Journal, n° 4, 1831, et n° 1 1832) et F. Hoffmann ont trouvé, l’un prés de Palerme, et l’autre à Syracuse, des cavernes à ossemens, et dans la brèche ossifère des restes d’éléphant et d’Hippopotame mêlés avec des Coquilles marines d’espèces vivantes actuellement dans la Méditerranée. La caverne de San Ciro offre de plus des traces de lithodômes, quoique ces cavités soient à 70 pieds au-dessus de la mer. Dans le même pays, il y en a d’autres où ces traces du séjour des eaux marines ne se trouvent pas. Toutes ces cavernes sont plutôt des fentes remplies de brèches osseuses que de véritables cavernes à ossemens, comme celles d’Angleterre.

Des cavernes à ossemens fort semblables à celles de Palerme ont été découvertes à la Nouvelle-Hollande, et ont offert aussi des ossemens humains.

Aux États-Unis, M. Harlan a décrit une caverne à restes de Mégalonix.

MM. Spix, Martins et Wagner nous ont appris à connaître les cavernes à ossemens de Mégalonix et de Mégathérieum dans les calcaires du Brésil (Prov. Saint-François).

Dans l’Amérique méridionale comme aux États-Unis, les cavernes et les alluvions ne contiendraient donc pas de débris d’ours et d’hyène, tandis que les ossemens de leurs cavernes sont inconnus dans les alluvions d’Europe. D’où peut provenir cette différence qui contraste avec la profusion avec laquelle les ossemens de mastodonte sont répandus dans les deux hémisphères ?

Les brèches osseuses de Sardaigne étaient jusqu’ici mal continu. M. Wagner vient d’en étudier avec soin les nombreux restes d’oiseaux, de rongeurs et de ruminans, ossemens charriés et empâtés accidentellement dans ces fentes. M. de la Marmora est venu ajouter de nouveaux détails sur le même sujet, et a appuyé, pour les brèches de Cagliari, sur la présence des coquilles marines mêlées, avec des coquillages d’eau douce. Ce fait se répète comme l’on sait, à Nice, à Gibraltar et près de Tripoli en Syrie. Il a décrit aussi un dépôt de subfossiles marins, comme celui des cap Saint-Hospice près de Nice, et de certains points de la Sicile, et il y a remarqué des fragmens de poterie de poterie grossière. Ce dernier accident s’est retrouvé aussi dans les brèches osseuses de la Dalmatie et de la Syrie, et dans beaucoup de cavernes à ossemens du midi de la France. Des ossemens humains accompagnent même les poteries dans cette dernière contrée ainsi que dans la caverne de Chokier, et se retrouvent, d’après M. le comte Razoumovski, dans les sables ossifères de 8aden, près de Vienne. On se rappelle que ces sables calcaires mêlés de terre noire remplissent des anfractuosités ou cavités de calcaire des Alpes, et qu’ils recèlent des restes d’éléphans, d’ours, de cerfs. de chevaux, etc. Ces faits ne sont-ils pas trop particuliers, et ne se retrouvent-ils pas dans trop d’endroits pour pouvoir se plier à ces explications plus ou moins ingénieuses, par lesquels on fait arriver ces poteries et ces os humains dans les cavernes depuis les temps historiques ? Certes ces antres ont pu servir de repaire à plus d’une race d’hommes ; mais si ces ossements proviennent des anciens Gaulois, des Romains on des peuplades conquérantes du moyen-âge, les têtes offriraient les types de toutes ces races ou de l’une d’entre elles. Or, lorsqu’on a eu le bonheur de recontrer des têtes comme à Vienne, il s’est trouvé quelquefois que leur forme se rapprochait de celle des têtes propres aux races africaines ou nègres, et s’éloignait de la forme des crânes européens. Les têtes des Gaulois et des races actuelles peuvent aussi y avoir été découvertes ; c’est un fait à établir.

L’an passé j’ai parlé des ossemens humains trouvés à Kostritz, en Saxe, par MM. de Schlotheim, de Sternberg et Schottim, et dans la marne fluviatile des bords du Rhin et du Danube. Cer têtes découvertes en Autriche, et dont une se trouve dans la collection du Jardin des Plantes, ont été rapprochées de celles des Caraïbes ou des anciens habitants du Pérou et du Chili, Maintenant, je le demande, ces données zoologiques militent-elles en faveur de l’existence de l’espèce humaine pendant l’époque alluviale ancienne ? Ne serait-il pas probable, à priori, que l’Europe ayant encore pendant cette période un climat équatorial, les hommes qui l’habitaient devaient être des races semblables à celles qui vivent présentement entre les Tropiques, tels que les Nègres, les Éthiopiens et les Caraïbes ? Les ossemens d’autres races humaines se retrouveront peut-être dans d’autres parties du globe, qui jouissaient déjà, lors du dépôt des alluvions anciennes, d’un climat moins chaud que l’Europe.

Dire que ces têtes étrangères aux races européennes ou caucasiques ne sont que des restes de cimetière ou d’êtres malades, c’est faire des hypothèses sans tenir compte des détails des localités et de ces découvertes d’ossements. Non, plus nous avançons, plus il semble que les probabilités augmentent en faveur de l’existence d’une race humaine particulière lors de l’époque alluviale ancienne, idée que quelques géologues ou savans, tels qui Pallas, Prichard, avaient presque entrevue, puisqu’ils pensaient que le genre humain aurait bien pu commencer par la race nègre.

Parmi les ouvrages qui ont traité des végétaux fossiles, on peut citer cette année, outre la publication classique de M. Adolphe Brongniart et la seconde édition sous presse de la Flore du monde primitif de M. de Sternberg, les deux livraisons de plantes fossiles d’Angleterre publiées par MM. Lindley et Hutton. Ces savans nous y feront connaître non seulement les végétations du terrain houiller, mais encore celles du lias et des oolites inférieures ; tandis que M. le docteur Sauveur va décrire celles des houillères de la Belgique. M. Murray a déjà. donné quelques détails sur les plantes fossiles du lias de Scarborough.

M, Harlan a décrit quelques fucoïdes des États-Unis. Je dirai à cette occasion que ce genre de végétaux est très commun dans beaucoup de dépôts, si ce n’est dans la plupart des formations ; mais on ne les observe pas souvent, parce qu’ils prennent toutes sortes de figures, et qu’ils s’effacent ou disparaissent plus ou moins. Le plus fréquemment les fucoïdes ne forment dans les roches que des taches un peu plus foncées que la roche : ce cas a lieu, par exemple, dans les craies dures de Westphalie, du Harz, de Bohême, etc. Ce sont des amas de ces végétaux qui y produisent fréquemment des taches grises où tout contour végétal a disparu

MM. Witham et Nicolas Wood ont figuré et décrit, le premier un tronc fossile des houillères d’Édimbourg, et le dernier un autre de celles de Newcastle sur le Tyne. En outre, M. Witham s’est occupé de la structure intérieure des troncs d’arbres fossiles du Berwickshire et des environs d’Édimbourg. Il en a examiné au microscope des tranches transversales très minces, et est ainsi parvenu à distinguer différens genres et espèces d’arbres auxquels ces bois fossiles ont appartenu. Il serait à désirer qu’il voulut aussi figurer des tranches longitudinales, parce que leur examen complèterait nos connaissances sur ces portions de végétaux ; malheureusement les frais pour scier et polir des échantillons arrêteront bien des botanistes.

MM. Witham et Winch sont revenus sur l’existence des dicotylédons dans le terrain houiller, et me paraissent, conjointement avec MM. Schippan, Sprengel, Hoffmann et d’autres savans, avoir bien démontré que M. Ad. Brongniart s’était trop pressé en avançant que les dicotylédons étaient une création secondaire récente. Il est intéressant d’apprendre de M. Meyer que le schiste de Solenhofen présente à Daiting, comme celui de Stoneslield, des impressions de plantes.

M. Sembnitski, professeur d’histoire naturelle à Pétersbourg, a donné un coup-d’œil sur les plantes fossiles connues jusqu’ici ; il expose leur gisement, et pense que le système botanique naturel est le seul applicable à leur détermination (Journ. des mines, n° 8, 1830).

M. Brongniart a été attaqué par M. Walchner, relativement à l’établissement de trois genres de fougères, et MM. F. Hoffmann, Voltz, Gruithuisen, et la Gazette botanique de Ratisbonne ont tâché de montrer qu’il n’était pas maître de tous les faits, et que sa théorie avait des côtés faibles.

Déjà M. Brongniart a publié de nouveaux argumens tirés de la structure des tiges, en faveur de l’établissement de sa classe de plantes phanérogames gymnospermes, classe intermédiaire entre les monocotylédons et les cryptogames vasculaires. C’est aux botanistes à s’établir juges de ce classement, qui est appuyé et rejeté par des noms également respectables. Comme géologues, nous devons surtout attendre avec impatience la réponse que M. Ad. Brongniart fera à M. Hoffmann. Personne n’est mieux placé que ce premier savant pour nous donner non pas simplement une description des végétaux fossiles, mais un aperçu de leur distribution géologique. Tout le monde le reconnaît et l’en félicite ; mais sa théorie est-elle exempte d’erreur ? Elle repose sur la proposition que toute la croûte terrestre a subi, certaines époques, des bouleversemns universels qui ont détruit tout ce qui était à sa surface. Or, n’est-on pas endroit de lui demander d’abord de prouver géologiquement ce principe fondamental qui n’est point encore devenu un axiome de la science ? Au contraire, n’y a-t-il pas beaucoup de géologues qui croient qu’il n’y a pas un seul dépôt stratifié depuis le sol alluvial jusqu’aux roches sédimentaires changées en schistes cristallins où l’on ne puisse démontrer dans quelques parties du globe, et pendant sa formation, l’existence de végétaux terrestres, ou du moins celle d’un sol découvert ; or tout continent a des plantes, à moins d’y supposer un manque d’air et d’eau, ou une température très élevée ou trop froide ; mais ces cas particuliers ne paraissent pas s’être rencontrés partout ; donc il y a eu probablement toujours une végétation quelconque.

Je m’attends à la citation du dépôt pélagique de la craie des plaines ; mais celle des Alpes fourmille de débris de plantes terrestres, et offre même des lignites ; d’ailleurs supposait un moment que les végétaux fossiles du calcaire jurassique, du muschelkalk, du zechstein et de la craie sont tous marins, cela n’exclut pas l’existence d’un sol découvert, puisque ces dépôts sont loin de former sur tout le globe une croute continus ; donc la mer n’était pas partout, donc ces révolutions générales n’ont pas eu lieu.

Je ferai, de plus, ici, comme dans le cas des ossemens, la remarque que le botaniste voudrait trouver des végétaux et même d’abondans restes de plantes dans des dépôts qui se sont formés sous une mer profonde, et peut-être en partie au moyen de matières fournies par des sources minérales. Comment peut-on raisonnablement en attendre, à un assez grand éloignement des continens ou des iles, lorsque la nature des sédimens, pauvres en végétaux, montre clairement que ces dépôts ont eu lieu dans un temps de repos et non de charriage ? Au contraire, les plantes fossiles abondent là où il y a des matières arénacées, où l’on voit encore des marques de débâcle : et d’inondations épouvantables.

J’ose d’autant plus lui présenter ces objections qu’elles lui ont déjà fait modifier quelques unes de ses époques de végétations. D’une autre part, je ne puis me dispenser de reconnaître tout le parti qu’il a tiré de l’idée que la quantité d’acide carbonique était jadis plus grande dans l’atmosphére qu’actuellement Cette hypothèse, qui lui est commune avec M. Parrot, est liée aux phénomènes volcaniques primitivement plus considérable qu’autrefois, ce qui devait donner lieu à une exhalaison plus grande de gaz et à des sources minérales énormes, comparativement à celles actuellement existantes.

Les marnières variées par lesquelles les substances végétales et animales se sont pétrifiées, la conservation du moule de leur configuration intérieure ou extérieure, la destruction des pétrifications et de ces meules après leur formation, et le remplissage postérieur des rides ainsi formés, voilà des questions sur lesquelles les géologues ont déjà assez écrit, mais dont la solution appartiendrait plus particulièrement aux chimistes. Malheureusement ces derniers ont tout-à-fait négligé cette sorte de recherches, qui les conduirait nécessairement à de nouvelles découvertes sur les affinités de certains corps placés sous des circonstances particulières souvent aisées à entrevoir et même à reproduire expérimentalement. L’an passé M. Defrance a donné une note relativement à la formation des moules de fossiles, et a répondu à M. Morren, qui avait prétendu que ces moules étaient souvent antérieurs au dépôt qui les empate. Il a décrit de curieux échantillons dans l’un desquels le test de la coquille a disparu, tandis que le polypier qui la couvrait s’est conservé et adhère par sa base sur son moule intérieur.

D’une autre part, M. Brongniart s’est occupé spécialement du changement de la demeure des polypiers ou du test des coquilles en orbicules siliceux. Il a ainsi développé une partie de ce qu’il avait déjà publié dans son intéressant article intitulé : Silex ; et il a donné une liste des principales pétrifications siliceuses connues. Il a surtout appuyé sur l’état gélatineux que ce dépôt siliceux a eu originairement, et il a confirmé pleinement cette idée émise par beaucoup de géologues.

Je puis ajouter que l’état gélatineux originaire des concrétions siliceuses est quelquefois clairement indiqué par le retrait que la masse a éprouvé, et qui a laissé dans son milieu non seulement un vide, mais encore des portions arénacées mobiles ou quelquefois un noyau calcaire ou sableux. La silice est probablement un produit de sources minérales puisqu’elles en déposent ou en contiennent encore ; mais comment s’expliquer sa distribution si particulière au milieu des roches volcaniques ou neptuniennes ? L’hyailite, en tapissant des fentes, serait un effet de sublimation, un dépôt formé par les vapeurs. chaudes qui ont traversé les masses après leur éjection du sein de la terre.

Mais pour la formation des agathes, il semble que l’attraction entre les molécules siliceuses doit avoir été plus grande, ou que leur véhicule gazeux a pu plus aisément traverser la roche, cette dernière affinité n’étant surmontée que dans le cas où ces vapeurs atteignaient des cavités. Ensuite toutes les agathes ont elles été formées par sublimation, ou ne doit-on attribué cette origine qu’à une partie des agathes, ou même y a-t-il possibilité que dans la même localité certaines agathes aient été formées comme certaines druses zoolitiques et calcaires, moitié par la voie ignée, moitié par la voie aqueuse ? Ce sont des questions qui seraient fort intéressantes à traiter par l’observation géognostique et les expériences chimiques. On comprend bien qu’une masse volcanique et ses vapeurs élevant la température de l’eau qui la recouvre, et y introduisant une certaine quantité de matières alcalines et siliceuses, le liquide, amené à la température convenable, pourra se charger de ces matières, et cette dissolution pourra former des dépôts en filtrant à travers les fendillemens et les porosités qui abondent toujours dans les roches ignées. Ainsi s’expliquerait par deux voies différentes la formation des agathes et des filets qui les unissent assez souvent ; c’est au chimiste à nous guider dans l’application de nos théories.

On a comparé des long-temps, et en particulier M. Jameson, les filons aux agathes ; ces derniers rentrent tout-à-fait dans le cas des fentes couvertes d’incrustations formées par sublimation ; aussi voit-on quelquefois des filons d’agathes. Le quarz cristallisé n’y forme aussi que des druses, la silice y est en masse compacte et seulement à l’ordinaire plus mêlée de matières étrangères que dans les agathes. Les roches granitoïdes ne présentent, au lieu de ces derniers, que des druses quartzeuses, parce qu’elles ont été traversées d’une moindre quantité de vapeurs siliceuses, parce qu’elles devaient offrir moins de prise aux infiltrations alcalino-siliceuses, et parce que le quarz entrait déjà souvent comme élément dans ces roches.

Si l’isolement des concrétions siliceuses, au milieu des roches dont je viens de parler, est un fait jusqu’ici inexpliqué, celui des silex dans les roches neptuniennes est encore bien plus extraordinaire.

D’après nos connaissances chimiques actuelles, nous devons admettre que des géologues ont eu tort de supposer que, sous certaines circonstances chimiques, les parties animales ou calcaires pouvaient se changer en matière siliceuse. Si l’on a pu croire a quelques indications de la transformation d’une terre dans une autre sous certaines conditions électro-magnétiques, la silice et la matière gélatineuse des animaux paraissent par leur propriété se refuser tout-à-fait a de pareilles suppositions.

Néanmoins il n’en reste pas moins le fait géologique qu’au milieu des dépôts aqueux sédimentaires ou chimiques, la silice a trouvé moyen de former des noyaux, des concrétions arrondies ou fort irrégulières, des petits lits et des filons, et même a remplacé complètement certains animaux entiers ou seulement une partie de ces êtres.

Il faut donc que des affinités chimiques particulières aient forcé le fluide chargé de parties siliceuses à déposer cette matière si irrégulièrement ; tandis que dans d’autres cas, comme dans ceux de la pierre de Cos ou la meulière, le Calp et le Rottenstone du calcaire intermédiaire, etc., elle a renfermé le calcaire, l’argile ou le sable dans une espèce de réseau, ou même elle s’est combinée plus intimement avec les parties calcaires et alumineuses.

Ces derniers dépôts se conçoivent facilement une fois qu’on s’est assuré de l’origine de la silice ; mais il n’en est pas de même des premiers. Néanmoins il y a une circonstance qui me semble assez propre à donner une idée de leur formation ; je veux parler de la nature gélatineuse de la silice lors de son dépôt. En effet, supposant cette substance flottante au milieu d’un fluide chargé de particules terreuses ou arénacées de matières animales ou végétales, si ces dernières se déposent quelque part par les voies chimique ou mécanique pendant que le fluide sera agité, il est évident que cette matière gluante, ballottée d’un point à un autre, tendra non seulement à s’agglomérer, mais encore à s’attacher aux corps étrangers, et surtout à ceux couverts d’aspérités, or, n’est-ce pas le cas des polypiers ; des échinidées, des alcyons, des éponges, de plusieurs genres de coquilles surtout bivalves, des troncs et branches d’arbres, etc. ? Ce sont aussi surtout ces différentes sortes de corps organisés qu’on trouve silicifiés. Les bivalves le sont beaucoup plus fréquemment que les univalves, et certaines parties couvertes de rugosités dans les bivalves le sont préférablement à d’autres ; ensuite cela me parait aussi la raison pour laquelle on trouve si fréquemment des corps organisés empâtés dans des silex, ou attachés à ces pierres tuberculaires, dont souvent la surface indique positivement un corps pâteux roulé ou comprimé.

La matière siliceuse, amenée ainsi par des mouvemens oscillatoires en contact avec les corps organisés plus ou moins décomposés, il est encore évident que petit à petit toutes les molécules des premiers, ou seulement celles d’une de leurs parties, auront été remplacées successivement par des particules siliceuses, comme l’on voit encore dans les dunes des troncs d’arbres en putréfaction remplacés petit à petit en entier ou en partie par du sable.

Il ne resterait donc plus qu’à s’expliquer comment a lieu cette transmutation chimique de molécules ; ne devrait-on pas avoir encore recours ici aux déplacemens produits soit par l’infiltration aqueuse, soit par les faibles affinités moléculaires électrochimiques ; et ne serait-il pas aisé de reproduire ce travail lent par des expériences directes délicates ?

Les autres gisemens de la silice s’expliquent tout aussi facilement par notre théorie. Ainsi le silex sépare en plaquettes des lits de calcaire ou de grès, parce que le dépôt formant le strate supérieur aux plaques siliceuses a subi assez de mouvement avant sa consolidation pour permettre à la silice de s’être réunie en petites masses pesantes que les molécules calcaires ou arénacées, et pour s’attacher çà et là à quelques amas de corps déjà très désorganisés. Plus tard, le dépôt se consolidant aura aplati par sa pression le lit siliceux, tandis que les nids siliceux restés dans sa masse, pressés de tous côtés, ont pris diverses formes.

La silice a rempli des fentes qui partent du haut ou du bas d’un lit, parce que, ballottée, elle s’est agglomérée, est devenu ; pesante, est tombée au fond du dépôt, et a rencontré une fente qu’elle a remplie plus ou moins bien.

Pendant long-temps on a cru que le sol du nord de l’Allemagne ou de l’Europe ne recélait que des dépôts tertiaires inférieurs. J’ai été, je crois, le premier qui ait comparé les sables de ces immenses plaines, et même certains de leurs blocs ou cailloux avec les alluvions du groupe tertiaire supérieur. Si cette idée a déplu aux Allemands dans le premier moment, ils y sont revenus plus tard, et nous avons vu M. German trouver dans les fossiles tertiaires du Magdebourg plus d’analogie avec ceux du sol tertiaire supérieur qu’avec ceux de sa partie inférieure.

Depuis lors j’ai insisté encore plus fortement sur ce classement, et même j’ai mis en doute la présence en Allemagne des dépôts parisiens inférieurs, si ce n’est dans une ou deux localités douteuses. Tous ces lignites si nombreux en Allemagne et même ceux des basaltes m’ont paru sur un horizon plus élevé que le calcaire de Paris.

En un mot, le grand bassin de la Belgique, de l’Allemagne septentrionale et de la Pologne, etc., m’a paru bien plutôt subappenin que parisien. Or, cette classification paraît se confirmer tous les jours davantage, d’un côté par le genre des fossiles et en particulier par les nombreux ossemens très divers observés par MM. Morren et Van Hees en Belgique, et de l’autre par les déterminations des coquillages tertiaires de la Pologne, de la Volhynle, de la Gallicie et du Mecklembourg. MM. de Buch et Dubois, à qui on doit une partie de ces derniers renseignemens, viennent d’émettre publiquement la même opinion que moi ; et la vue du sol tertiaire de Sicile a suggéré la même idée à M. Hoffmann, qui, comme moi, place de plus les dépôts arénacés et basaltiques de la Hesse, etc., dans la même division. Il reste à voir s’il n’y a pas néanmoins dans le bassin de l’Allemagne septentrionale quelques points qu’on puisse comparer aux dépôts inférieurs de Paris.

L’étude de la mer, de ses propriétés, de ses profondeurs, de sa diverse salure, de sa température, de ses courans, des vents qui règnent dans ses diverses parties, des dépôts qui y ont lieu, etc., a été perfectionnés considérablement par les nombreux navigateurs de ce siècle.

Dernièrement encore, M. le capitaine Duperrey a prouvé, par ses observations et celles d’autres marins et physiciens, que la mer Pacifique avait aussi un courant circulaire comme l’océan atlantique ; mais que le centre du cercle décrit par le mouvement des eaux n’était pas situé sur le même côté de l’équateur que celui du grand courant équatorial. Cette découverte a jeté un nouveau jour sur les observations climatoriales des côtes occidentales de l’Amérique.

MM. Scrope et Mantell se sont occupés d’examiner les dépôts neptuniens, par rapport aux traces qu’on peut y reconnaître de l’action plus ou moins forte des vagues, du flux et du reflux, et de la marche de certains petits animaux marins. C’est une recherche qui exige des observations comparatives et qui mérite d’être continuée, pour le bien de la science, avec toute la minutie anglaise.

Ces apparences doivent être soigneusement distinguées de ces décompositions bizarres que présentent un si grand nombre de roches à leur surface.

Ce dernier sujet a été traité, l’an passé, par MM. Boblaye et Philipps. Ce dernier en a parlé surtout pour démontrer l’origine des matières alluviales et la masse qui en est journellement produite. Il est revenu en particulier sur l’origine des blocs ou rochers, attribués souvent mal à propos aux druides. Le charriage des alluvions fluviatiles, la manière dont les eaux courantes les déposent, les accumulent et les conduisent jusqu’à la mer, est un autre point géologique qui a occupé MM. Conybeare, Phillips et Yates. M. Conybeare a considéré les effets de l’action actuelle des rivières, pour les comparer avec les alluvions anciennes ou son diluvium. Si les phénomènes atmosphériques de la zone tempérée ne peuvent être mis en parallèle avec ceux qui ont lieu entre les tropiques, si les fleuves de ces dernières contrées produisent des effets que les rivières européennes n’offrent qu’en miniature, il est tout simple que M. Conybeare démontre facilement que les fleuves de l’Angleterre, sous le climat actuel, n’ont pas été capables de produire les allumions anciennes de la Grande-Bretagne. Or, il oublie cette circonstance essentielle, que ces dépôts ont eu lieu sous un climat équatorial, comme le prouvent les restes de mammifères qui leur sont particuliers, et dont les genres ne se retrouvent qu’entre les tropiques.

D’une autre part, MM. Conybeare, Sedgwick et Daubeny ont avoué avec autant de franchise que de bonnes raisons qu’ils s’étaient trompés en adoptant la théorie silurienne telle qu’elle a été exposée jusqu’ici en Angleterre. Le déluge mosaïque n’a pu produire et n’a pas formé ce que les Anglais appellent diluvium.

Le travail complet de M. Haussman sur les blocs erratiques a paru dans le 19e vol. des Mém. de la Soc. des Scienc. de Harlem (p. 271-378).

M. le docteur Daubeny a donné un mémoire sur certaines particularités des alluvions de l’Auvergne, qui ont conduit M. Lyell à croire que le diluvium des Anglais ne s’y trouvait pas. Je ne pense pas que cette question mérite de fixer l’attention d’un géologue du continent ; car personne n’avait avancé, jusqu’ici, pareil paradoxe. Si les alluvions anciennes de l’Auvergne diffèrent de celles de l’Angleterre, c’est une chose toute simple ; il en sera de même de toutes les alluvions des pays de montagnes comparées à celles des plaines et surtout à celles des bords de la mer. Ainsi M. Daubeny a parfaitement et aisément réfuté M. Lyell, qui, probablement sans le vouloir, voulait modeler le monde alluvial sur celui de la Grande-Bretagne. M. Daubeny a combattu aussi les idées du même géologue et de. M. Serope sur la formation des buttes trachytiques, et il a donné raison sur ce point à la théorie de soulèvement de M. de Buch en ne l’exagérant pas.

Les courans diluviens ont laissé, dit-on, des traces de leurs actions sur les côtes des vallées qu’ils ont parcourues, ou sur les rochers et les sommités qu’ils ont touchées. Ces bandes de rainures ou de sillons ont été signalées des long-temps par de Saussure, sir James Hall, Underwood, et l’an passé par M. Yates en Angleterre, et M. le comte Razoumovski en Moravie. Ces apparences doivent être frappantes dans plusieurs parties des États-Unis ; car plusieurs mémoires ont déjà été publiés sur ce sujet. Il faut étudier pour cela les récits des débâcles ou des inondations de rivières, telles que celles qui ont eu lieu dernièrement dans les Grampians en Écosse, et qu’ils ont été décrits par M. Dick-Lauderdale.

Les vagues des lacs produisent aussi, comme l’eau de la mer, des sillons sur leurs bords, et si ces réservoirs s’écoulent petit à petit, ils laissent des vallées bordées de terrasses d’alluvion. Dans le cas des grands courans ou déplacemens d’eau produits, par des soulèvemens, il a du se former non seulement des découpures dans le sol, mais encore les matières et les blocs entraînés ont dû entamer les bords des vallées déjà existantes, d’autant plus qu’elles étaient les points les plus bas de la surface balayée. Telle nous paraît l’origine de la plupart des alluvions anciennes placées aussi bien sur des plateaux que dans des fonds de grandes vallées.

La formation de ces dernières a été traitée dernièrement par MM. d’Omalius et de Hoff. L’un a démontré les effets de l’érosion aidée par des actions souterraines, tandis que l’autre distingue plusieurs espèces de vallées, savoir : celles d’écartement, de plissement, d’éruption, d’érosion et de refoulement, ainsi que celles formées par plusieurs de ces causes agissant successivement ou simultanément. M. de Hoff a cru retrouver dans le lac circulaire de Salzungen au milieu du grès bigarré du Mansfeld ; un exemple de l’écoulement d’un ancien cratère. Ce lac est environné de loin, au sud-est, sud et sud-ouest, par des buttes basaltiques près desquelles les couches de grès bigarré sont toutes aussi tourmentées qu’autour du lac. Il a offert des phénomènes extraordinaires lors de certains grands tremblemens de terre. Des gaz se sont élevés quelquefois du fond de cette cavité. Il en conclut que lors des éruptions basaltiques des pays voisins, un semblable évènement a pu avoir lieu à l’endroit occupé maintenant par ce lac, mais plus tard, lu masse soulevée se serait affaissée et aurait entraîné avec elle une partie des grès altérés qui l’entouraient.

Nos connaissances sur les dépôts ignés et les phénomènes volcaniques n’ont pas été augmentées l’an passé, si ce n’est par rapport au genre de formation de ces volcans sous marins qui s’élèvent petit à petit au-dessus des eaux au moyen des matières projetées. Les observations subséquentes nous montreront si la théorie des cratères de soulèvement doit être totalement rejetée ou adaptée seulement à certains cas ou à quelques localités.

Quant aux roches plutoniques anciennes, M. Léonhard va faire paraître un Traité complet sur les basaltes, sur leurs variétés, sur leur gisemens divers, et surtout sur les altérations si variées qu’ils ont produites par leur contact avec les roches neptuniennes.

On dira peut-être que c’est un thème trop rebattu ; je ne crois qu’aucun sujet géologique n’a encore été traité à fond, et encore moins celui dont il s’agit. Ainsi, par exemple, il y a bien des géologues qui ne connaissant pas bien le phénomène des culots basaltiques ou des filons semblables sous forme de grandes cheminées, ainsi que celui des buttes basaltiques implantées dans le sol ancien sous la ferme d’un coin dont la pointe est dirigée vers le bas. Ces gites du basalte sont pourtant tout aussi évident en Allemagne que celui des basaltes en coulées en Auvergne ou en Vivarais, et il est tout naturel que celui qui n’en a pas vu de ce genre ne puisse pas comprendre certains gisemens tout semblables, des serpentines et des euphotides. J’en pourrais dire tout autant des filons-couches basaltiques ; l’étude trop superficielle que beaucoup de géologues ont daites de ces apparences est funeste à l’avancement de nos connaissances, relativement aux filons-couches des roches ignées et anciennes, gisemens qui abondent dans les schistes et sont le plus souvent mal décrits. Je suis certain que la monographie sur les basaltes de M. de Léonhard sera lue et consultée avec un grand intérêt, parce qu’elle sera non seulement un résumé de tout ce qui a été dit d’essentiel sur la matière, mais encore un tableau des observations nombreuses que l’auteur a faites depuis nombre d’années dans toutes les parties de l’Allemagne, en France et en Belgique. De plus on y trouvera des recherches chimiques sur les roches décolorées, altérées, endurcis, fondues ou même vitrifiées près du basalte ; l’on verra les altérations et les accidens particuliers à chaque grand district volcanisé, et l’on pourra par l’énumération des roches étrangères empâtées dans les brèches basaltiques se former une idée de la croûte que les basaltes ont eue à percer pour arriver jusqu’à la surface. Rien n’est plus curieux et plus instructif pour l’étude des dépôts anciens que ces roches tufacées qui forment tantôt des salbandes de filons ou de culots, ou de filons-couches, tantôt des filons entiers, des mamelons ou même la partie inférieure de masses recouvrant le sol neptunien et dépendant d’une butte ou d’un culot.

On doit seulement regretter que M. de Léonhard n’ait pas visité le Vicentin et le Tyrol méridional ; car, n’ayant qu’un objet en vue, il y aurait probablement vu des choses qui ont échappé aux Arduini, Ferber, Maraschini, Passini, de Buch, etc.

Avant de quitter le domaine volcanique, il faut que je signale le mémoire intéressant de M. Gustave Rose, qui remet en question la séparation de l’amphibole et du pyroxène par des raisons autant cristallographiques que géogéniques. Les angles des deux minéraux se laissent ramener les uns aux autres, leur composition chimique est très semblable ; leur pesanteur spécifique relative forme des séries qui s’élèvent tout aussi haut dans un minéral que l’autre, quoique la série des pesanteurs de l’amphibole descende plus bas que celle des pesanteurs du pyroxène. Les diorites de l’Oural renferment des cristaux qui réunissent la forme de ce dernier minéral avec le clivage de l’amphibole. Ces deux minéraux constituent ensemble des groupes réguliers dans lesquels les cristaux ont des axes parallèles et les arêtes latérales plus obtuses de l’amphibole y sont parallèles aux arêtes plus aiguës du pyroxène. L’Oural et l’Arendal offrent de ces cristallisations. Les différences de formes des deux substances s’expliquent par les circonstances différentes sous lesquelles elles ont été produites par la voie ignée. La forme de l’amphibole est le résultat d’un refroidissement plus lent que celui qui a fait cristalliser le pyroxène, et au contraire ce dernier a été produit par un refroidissement plus grand. Ainsi on obtient des cristaux de pyroxène en fondant dans un creuset de platine de l’amphibole seule ou mêlée avec du pyroxène. On rencontre dans les scories des hauts fourneaux des cristaux de pyroxène, mais non d’amphibole. L’amphibole est associée ordinairement avec des minéraux, s’étant cristallisés par un refroidissement lent : dans ce cas sont le quarz, le feldspath, l’albite, etc. ; tandis que le pyroxène est fréquemment accompagné de péridot formé par un refroidissement prompt ; Lorsque les deux minéraux sont réunis les masses sont composées diversement, et ont par conséquent une fusibilité différente ; la plus difficilement fusible est la masse pyroxénique, et la plus aisément fusible celle à amphibole ; ce dernier minéral s’est cristallisé autour du premier.

Ces considérations sont très importantes pour la géogénie, car les dernières sont applicables à la formation d’un nombre considérable de cristaux empâtés dans d’autres cristaux à cause de la différente fusibilité des substances. Ensuite elles confirment les idées qu’on avait sur la différente origine des siénites et basaltes, des amphibolites et des roches pyroxéniques.

M. Voltz a appuyé sur les circonstances particulières des gisemens gypseux ; d’après lui, cette roche est toujours dans des cavités ou au fond de vallées et de crevasses. C’est une observation déjà faite ailleurs et étayée sur beaucoup d’exemples. On comprend que M. Voltz est pour la théorie de sublimation, et qu’il attribue aussi, comme MM. de Buch, Hoffmann, de Beaumont, Dufresnoy ; et nous, la formation des cargneules ou rauchwacke à l’action des gaz acides, accompagnés quelquefois de sublimations siliceuses. En outre, M. Voltz pousse très loin l’idée que les calcaires ont été changés dans le voisinage des gypses en marnes ou argiles, et il voudrait étendre cette théorie à la formation de certaines grandes masses marno-argileuses, gypsifères ou métallifères. Enfin il fait observer que dans les pays à minerais, ces derniers sont situés souvent dans les dépôts qui y ont le niveau le plus inférieur.

Les Pyrénées se prêtent fort bien à ces idées, comme M. Dufresnoy l’a développé en parlant des ophytes, et moi, en décrivant le gîte si curieux de Fitou.

M. Strombeck est revenu sur la dolomisation des calcaires jurassiques, et observe que les tests des coquilles disparaissent dans les dolomies de certains lieux de la Franconie, pour être remplacés par une matière pulvérulente silicéo-calcaire. (Archives de Karsten, vol. 5, cah. 2.)

M. Gerhard a fait de nombreuses observations sur la température des mines de la Prusse à diverses profondeurs ; il a trouvé que certaines mines lui ont donné un accroissement de 1° de température pour chaque 172,5 Ou 178,95 ou 180,6 pieds. Néanmoins il conclut qu’on a encore trop peu de données positives pour pouvoir en déduire une augmentation graduelle de chaleur de la circonférence vers le centre du globe.

Les filons n’ont point encore été étudiés avec assez de soin ; cela dépend en grande partie de la difficulté du sujet. Dans les districts métallifères on n’a tenu compte que des filons exploitables, tandis qu’une bonne carte d’un district minier devrait indiquer, outre tous les filons riches, ceux recélant peu de minerais et ceux qui sont stériles. Alors on pourrait seulement avoir une idée parfaite du réseau de fentes et des fendillemens successifs qui ont été remplis par sublimation et postérieurement par infiltration. M. Keferstein s’occupe de dresser une carte des divers groupes de filons en Europe ; mais avec les matériaux actuels il restera bien au-dessous de sa tâche, malgré l’utilité de son travail.

M. J. Carne de Cornouailles a détaillé les rapports entre les filons et les couches qui les rerferment. M Henwood, un ingénieur des mines du Cornouailles, a lu à la Société géologique de ce pays un mémoire sur les cailloux roulés dans les filons, et a proposé un plan détaillé d’examen pour les filons. Il y note soigneusement leurs changemens d’inclinaison et de direction, leurs entrecroisemens, leur richesse à différentes profondeurs ; la distribution particulière de leurs minerais et de leurs métaux, la température des mines et les phénomènes électro-magnétiques observés dans divers lieux. Il y a un point sur lequel les mineurs sont encore très souvent en désaccord avec le géologue, c’est la fixation des limites du filon et l’indication exacte de l’espace du mur ou du toit qui est imprégné de minerai. Tout ce qui est exploitable est loin d’être le plus souvent le véritable filon, et combien de mines qui ne poursuivent que des fentes imperceptibles dont les côtés sont métallifères et exploités ! C’est surtout dans ces malentendus qu’on doit chercher la cause de la théorie neptunienne du remplissage des filons.

M. Meyer, habile ingénieur autrichien, et en service en Bohème, a publié, dit-on, des considerations intéressantes sur l’âge relatif des filons. Au fait des phénomènes du Tyrol méridional, il devrait bien faire connaître toutes ses observations sur la liaison de certains filons ou amas métallifères avec diverses roches épanchées du sein de la terre.

L’étude des failles a été enrichie l’an passé par un mémoire de M. Sedgwick, sur les principales failles, dans le nord de l’Angleterre. Les failles ont été presque entièrement négligée jusqu’ici, si ce n’est dans quelques localités d’exploitations métallifères. Ces observations, en se multipliant, nous apprendront à mesurer les mouvements que le sol a éprouvés ; et à fixer leur date précise.

D’après ce savant, les divers soulèvemens qui ont affecté les schistes intermédiaires ont eu une direction N.-E. vers E. à S.-O. vers O., tandis que le calcaire de montagne a été acccidenté par un mouvement dirigé du N. au S., ce qui l’a placé en stratification discordante contre les premiers dépôts. Il attribue à un même soulèvement la formation de toutes les chaînes de transition de l’Écosse méridionale et de l’Angleterre occidentale, et trouve que les éruptions porphyriques y ont-produit des inflexions dans les couches schisteuses inférieures et supérieures, tandis que le système central du sol intermédiaire n’a été que fendillé. Enfin les axes des divers bassins houillers ne sont pas parallèles ; ces derniers gisent en stratification contrastante sur le calcaire de montagne entre la Tweed et Derby, et les dislocations du terrain houiller ont affecté les couches secondaires au N. de Derby, mais très peu sur le canal de Bristol.

Les anciens géologues portaient beaucoup d’attention aux dépôts et stratification en discordance, et attribuaient à ce caractère une importance peut-être excessive. Une stratification transgressive n’est une chose fondamentale que lorsqu’elle est un phénomène général dans un continent ou du moins une contrée. Ainsi le calcaire jurassique est en général en stratification concordante sur le lias, mais localement ces deux dépôts ont été vus en stratification discordante ; voilà donc un cas où ce caractère n’a pas de valeur, et il serait facile d’en citer de semblables. Ainsi, non loin de Cobourg, nous nous rappelons une portion de grès bigarré redressé très fortement, le Muschelkalk et le Keuper placés presque horizontalement à côté de cette roche.

On a aussi eu tort, comme l’a bien dit M. Deshayes, de croire que les dépôts en stratification discordante recélaient toujours des créations diverses ; ainsi le zechstein reposant avec le terrain houiller en stratification transgressive sur le sol intermédiaire, n’en offre pas moins des fossiles intermédiaires, et en général les pétrifications de la formation houillère ont plus d’analogie avec ces dernières qu’avec celles des autres dépôts secondaires. Il en est de même des fossiles du calcaire de montagne et de certains terrains schisteux.

Les stratifications discordantes de toutes les masses ne me semblent que de grandes exceptions locales produites par des soulèvemens, puisqu’en combinant l’état géologique des masses minérales des divers endroits connus de la terre, on arrive à établir que tous les dépôts se suivent dans un ordre parfaitement concordent. La seule exception jusqu’ici connue et non encore levée est celle de la position relative du sol tertiaire et de la craie. Pour l’Europe, et en particulier pour les pays de plaines de ce continent, il paraîtrait qu’il y a un hiatus immense indiquant des révolutions épouvantables ; mais n’en peut-il pas être autrement dans d’autres continents, ou même dans les contrées montagneuses de l’Europe ? C’est une question non encore résolue.

Jusqu’à ces dernières années l’étude des sources minérales ne semblait que du domaine du chimiste et du médecin, et était bannis des traités de géologie. Un très petit nombre de géologues ont toujours senti la connexion de ces eaux avec les phénomènes géologiques. Parmi ces derniers je me plais à placer nos deux présidents. M. Brongniart a même voulu attribuer des effets prodigieux aux sources minérales qui jaillissaient du sein de la terre lors des époques géologiques anciennes et modernes.

Vous sans rappelez que M. Rozet a même proposé de faire sortir de terre des eaux diluviennes chargées d’acïde carbonique. Cette liaison des sources avec les propriétés du globe a été appelée une respiration sui généris, par M. Keferstein.

Certes le globe expire ou exhale beaucoup de substances, et dans ce sens n’étant pas inerte, on peut dire métaphoriquement qu’il vit ; mais il y a encore loin de là à la vie animale, quoique les parties constituantes des êtres animés se retrouvent dans la croûte terrestre. Et supposant même qu’il n’y ait entre les objets inanimés et animés aucune différence, si ce n’est celle résultent de la diversité élémentaire et de l’emploi varié de certains fluides invisibles, on aurait néanmoins raison d’avoir des termes distincts pour indiquer la vie d’un être agissant et même raisonnant et celle d’un objet non doué de ce facultés.

La connaissance exacte de la nature des sources minérales étant toujours plus sentie, et d’une autre part les chimiste et le géologue commençant à y attacher beaucoup d’importance, nous ne devons pas être étonné du nombre de descriptions locales qui s’accumulent chaque année.

On a publié dernièrement les analyses des eaux sulfureuses de Moffat et des eaux ferrugineuses de Vicars-Bridge, près de Dollar en Écosse. MM. Kastner et Stifft ont donné celles des eaux minérales du pays de Nassau, qui sont si nombreuses et si variées. MM. Brandes et Pegeler ont examiné les eaux de Tatenhausen en Westphalie ; M. le docteur Scblegel celles du Liebenstein en Thuringe.

M. Gmelin a imprimé une brochure intéressante sur l’eau acidulé de Niedernau en Wurtemberg, qui sort du milieu de rochers magnésiens du Muschelkalk. M. Vogel nous a fait connaître un grand nombre de sources de Bavière, M. de Holger certaines eaux d’Autriche et de Styrie. L’ouvrage de feu M Kitaibel sur toutes les eaux minérales de la Hongrie, du Bonnat et de la Transylvanie, est un bon index à consulter pour celui qui voudrait les étudier à fond. M. C. A. Grundler a présenté dans un volume une récapitulation de toutes les sources minérales de l’Allemagne et des états dépendans des souverains allemands.

En Italie, M G. Melandri a publié de nouvelles recherches et des analyses sur les eaux ferrugineuses de Recoaro, dans le Vicentin ; M T. Giuly une Histoire naturelle de toutes les eaux minérales de la Toscane ; M. Grandoni une Analyse des eaux salines et ferrugineuses Bovegno dans le val Trompia. En France, on a analysé de nouveaux les eaux de Bourbonne, localité curieuse sur laquelle M. Walferdin doit nous donner prochainement une notice, avec des observations sur ses sources thermales sous le rapport chimique et sous le rapport géologique.

Les eaux nombreuses du pied nord du Caucase ont fait le sujet de l’examen de MM. Conradi, Niliubin, Soholev et Hermann. Nous avons ainsi acquis une connaissance complète des eaux thermales acido-sulfureuses de Maschuka, et du pied du cône trachytique de Kumgara, de la source acidule qui jaillit du milieu du calcaire jurassique de Kislawodsk, et des eaux chaudes et saliuns des bords du Terek.

En Angleterre, le docteur Daubeny a continué ses observations sur les eaux thermales, et vient de publier de nouveau avec des coupes ses idées déjà imprimées dans le Journal de géologie (Edimb. philos. journ., n° 1832).

Aux États-Unis on a retrouvé l’iode et le brôme dans plusieurs sources salées ; on a analysé les eaux de Buffalo, de Bedford, de Bath, de Clint dans le New-York, et de Salina. On a donné de nouveaux détails sur des sources de Naphte et des émanations de gaz inflammable dans les contrées en deçà des Alleghanys.

La société helvétique sentant aussi l’utilité de l’examen des eaux minérales, avait provoqué, il y a quelques années, une exploration de toutes les eaux de la Suisse. Il est à désirer que la mort de M. Ebel, chef de la commission, ne ralentisse pas ces travaux, par lesquels se sont déjà distingués M. Kries pour les Grisons, Mt Brunner et Pagenstecher pour le canton de Berne, M. Gimbernat, etc.

Cette année a été fertile en ouvrages généraux sur les sources minérales. Le docteur Osann, de Berlin, a publié le premier volume d’une Description physique et médicale des eaux minérales connues en Europe. Cet ouvrage, auquel il a consacré dix ans de travail et de voyages, paraît devoir remplir un vide dans la science, et mériterait à tous égards d’être traduit en français. Le premier volume contient les propriétés générales des sources connues en Europe ; les volumes suivans offriront la collection des monographies locales. C’est surtout d’après cet ouvrage que M. le docteur Stucke a pu publier sa Carte géologique des sources de l’Allemagne, de la Belgique, de la Suisse, de l’empire autrichien et de la France occidentale. Il y a joint les tableaux. d’un grand nombre-des meilleures analyses des eaux-minérales. Vous connaissez la manière dont ce dernier savant les divise ; il ne me reste donc plus qu’à vous parler des idées émises sur leur origine par MM. Stucke, Osann, Stifft, Benzenberg, Daubeny et Keferstein.

M. Benzenberg n’a pas eu de peine à prouver par les eaux thermales d’Aix-la-Chapelle et de Burtscheid, qu’elles n’étaient qu’une dépendance de la chaleur primitive du globe et des anciennes actions volcaniques qui ont bouleversé jadis le pays voisin, et qui maintenant ne se font reconnaître qu’en épanchant des eaux salutaires pour l’homme. Le mal est donc compensé par le bien comme dans tout le reste de ce qui a lieu dans le monde.

Il paraîtrait qu’il faut distinguer dans les sources celles qui proviennent du sein de la terre, et qui ne sont que peu ou peint soumises aux influences atmosphériques, et celles qui reçoivent au contraire leurs eaux de l’atmosphère et leurs parties étrangères des roches qu’elles traversent.

MM. Haussmann, Bischof, Liehig, Brunner, Struve, etc., se sont occupés du dernier mode, par lequel des eaux pluviales deviennent minérales ; et M. Struve a peut-être poussé la chose trop loin en voulant reproduire ainsi artificiellement les eaux minérales. MM. Stifft et Muller lui ont fait ce reproche, et ce dernier n’a pas obtenu par les procédés de M. Struve tous les résultats annoncés par ce dernier.

Les sources produites ainsi dans certaines localités par le lavage des roches au moyen des eaux pluviales ne pourraient comprendre que certaines sources minérales froides hydro-sulfureuses, ferrugineuses, salées, à sulfate de magnésie, à salpètre ou alun.

Les laboratoires où ces eaux se minéraliseraient seraient dans des dépôts de gypse, de Muschelkalk, de Keuper du de grès pyriteux, de sel, de houille et de lignite. En général ces sources sourdent dans le pays plat au milieu des alluvions ; et d’après M. Osann elles n’atteignent jamais en Allemagne un niveau plus élevé que 6 à 800 pieds.

L’autre classe des eaux minérale ou les eaux volcaniques comprendraient les eaux thermales et acidules, et surtout les sources acidules chargées de soude et de fer. Le foyer d’où elles dérivent est situé, non pas à la surface terrestre comme pour les autres, mais sous la croûte terrestre, et elles sourdent des roches primaires, intermédiaires et ignées. On les trouve à des niveaux très divers, tantôt a de grandes élévations, tantôt dans des bas-fonds, des crevasses et des fentes. Déjà l’an passé j’ai noté l’observation que souvent, dans un même pays, les eaux acidules se trouvaient a des hauteurs plus considérables que les sources thermales. L’ouvrage de M. Stifft sur les eaux minérales du pays de Nassau confirme bien cette curieuse remarque de M. Buch.

Les eaux minérales dont je m’occupe se trouvent surtout dans le voisinage des volcans ou des régions anciennement volcanisées, et elles paraissent sous l’influence des grande phénomènes volcaniques qui décèlent leur puissance par des tremblement de terre.

Les eaux thermales sourdent des crevasses au milieu des granites, des gneiss, des roches volcaniques, ou près des basaltes, des porphyres, des roches trappéennes et dans les grauwackes traversées d’éruptions ignées. MM. Sickler et Keferstein ont tracé en Europe des zones basaltiques accompagnées de séries de sources thermales ; et M. Stifft a pu classer les diverses sources volcaniques de Nassau par bandes, comme si chaque série des eaux du même genre sortait de la terre par une faille ou fente séparés.

Les sources acidules démontrent leur origine ignée, comme les précédentes par leur température, leurs parties constituantes et leur position. Si elles sourdent de diverses roches, telles que le calcaire intermédiaire, le calcaire des Alpes, le grès bigarré, le schiste argileux, le gneiss, les roches pyroxéniques, les argiles et les marnes, très souvent elles sont dans le voisinage d’énormes dépôts volcaniques ou basaltiques. Un exemple frappant de cette dernière position existe dans la Transylvanie orientale, où la vallée appelée Szekler Land, ou pays des Hongrois Szekler, est remplie de sources acidules sortant du sol volcanique, alluvial ou intermédiaire ; tandis qu’à côté s’élève une immense chaîne trachytique à cratères encore intacts et à solfatare. Les sources analogues du Caucase ont une position très semblable, d’après M. Hermann ; tandis que tout le monde sait que celles de la Bohème et de la Silésie sont au pied ou au milieu des phonolites et des basaltes.

Je terminerai ces généralités sur les eaux minérales par les considérations présentées par M. Stifft. D’après ce savant, les sources minérales paraissent en général indépendantes de la constitution géologique des lieux d’où elles sourdent, et sont souvent environnées d’un terroir marécageux ou tourbeux. Elles ne sortent guère isolément de la terre, mais il y en a toujours plusieurs ensemble en occupant des espèces de zones. Dans leur voisinage, les couches ont subi des redressemens, des abaissemens et souvent des fendillemens. Les roches dont elles sortent sont réduites à une argile ou des aggrégats en sable ; changemens identiques avec ceux qu’on a reconnus près des filons. Enfin les sources thermales fournissent une plus grande quantité d’eau et un volume moins variable d’eau que celles qui sont froides, et elles renferment en général plus de particules solides et moins de parties gazeuses. Les gas sont plus fortement combinés dans les premières eaux que dans les secondes ; tandis que les gas qui ne sont pas combinés dans les eaux thermales ne sont pas mêlés à l’eau, mais s’échappent seulement en même temps qu’elle, Dans les sources froides, les gas sont rarement libres, mais plutôt en combinaison plus ou moins intime.

Le forage des puits artésiens continue à avoir la vogue, et les notices sur ce percement perfectionné se multiplient dans tous les pays. Il est singulier qu’on ait négligé si long-temps une manière si commode d’avoir de l’eau potable, puisque les Chinois connaissent les puits forés depuis très long-temps, qu’on les employait en 1740 dans la régence d’Alger, d’après le docteur Shaw, et qu’ils ont été décrits en 1691 par Ramazzinii (de Fontium mutinensium admiranda scaturigine tractatus, in-4o) en 1729, par Belidor (Science de l’ingénieur), et plus tard pas Cassini (Acad. des Sc.) ; cela prouve qu’il est bien difficile de faire maintenant une découverte qui soit tout-à-fait nouvelle.

Dernièrement M. Waldauf de Waldenstein déjà avantageusement connu par des ouvrages sur la géologie appliquée à l’art des mines, a publié à Vienne un Résumé de toutes les observations et les découvertes faites à cet égard par MM. Garnier, Héricart de Thury, Baillet, d’Omalius, Flachat, Beurier, de Bruckmann, etc. (in-8°, 1831). Je ne ferai que vous rappeler les puits forés exécutés à Paris ou dans sa banlieue, et poussée tantôt jusqu’à l’argile plastique ou les sables verts, tantôt jusque dans la craie. Vous connaissez tous les rapports répétés que M. Héricart de Thury a faits à ce sujet à la Société d’agriculture et d’encouragement de Paris (Ann. des Mines, 1831). Vous vous souvenez aussi que M. Degoussé a traversé le premier la craie à Tours, et a trouvé de l’eau jaillissante à 371 pieds de profondeur. C’est ce puits qui a offert ces graines et ces mollusques décrits par M. Dujardin.

Le puits entreprise la Rochelle a été interrompu ; ceux de Bordeaux, d’Agen et de Toulouse ne paraissent pas avoir réussi ; ce qui a arrêté le forage de celui projeté à Auch, tandis qu’on a été plus heureux à Narbonne, à Perpignan et dans les environs de Montpellier. On en fore actuellement dans la commune de Saint-Amand dans le Cher. Vous connaissez l’ouvrage dans lequel M. Marcel de Serres a consigné le détail des couches tertiaires traversées dans le Languedoc. Les argiles marno-sableuses bleues forment décidément le fond de ces bassins ou anses méditerranéennes. Le forage a fait découvrir des bancs de sel à Selis prés d’Artbes, et à St-Paul près de Dax ; et des lits de houille à Réalmont et Laguepy près de Carmont, non loin d’Albi.

M. Roulland a donné, dans le Journal de la Charente, un petit article sur l’origine des eaux des puits artésiens, et sur la réussite probable d’un puits semblable creusé à Beaulieu dans la Charente. Nous ne savons pas si son heureux pronostic s’est trouvé vrai.

En Italie, on s’en est surtout occupé dans la Toscane et dans le Piémont, pays où ce genre d’industrie, pratiqué dans le Modénois et décrit par Ramazzini dès 1692, n’avait pas encore pénétré. En Piémont, une société pourle forage des puits artésiens s’est établie sous les auspices du roi actuel ; et en 1829 M. le professeur Carpena a publié un ouvrage sur cette matière sous le titre : Serbatoj artificiamei d’acque piovane, etc., Réservoirs artificiels des eaux pluviales pour l’arrosement régulier des campagnes privées d’eau, avec un Appendice sur les puits artésiens (in-8°, Turin). M. Ricci a donné les détails des forages entrepris autour de Florence, dont une partie ont entamé le grès secondaire récent, et ont eu généralement du succès lorsqu’on a achevé le percement des alluvions et des argiles bleues subapennines. Néanmoins certaines couches du système secondaire redressé offrent peut-être aussi les conditions nécessaires pour la réussite. M. Ricci entre dans quelques détails sur les émanations gazeuses qui s’échappent quelquefois du fond des puits artésiens ; il demande si c’est un effet de causes passagères ou locales, et il raconte qu’en nettoyant, en 1828, le fond d’un puits ordinaire, il s’en échappa avec explosion une quantité considérable de gaz.

En Basse-Autriche, M. le baron de Jacquin a publié toutes les données géologiques recueillies jusqu’ici sur les nombreux forages qui ont en lieu dans le bassin de Vienne. L’argile subapennine y offre des lits aquifères de sables et de cailloux, et l’eau y provient probablement des montagnes voisines connues à Florence et dans le Modénois. Dans ce dernier pays les couches aquifères sont fréquemment à 63 pieds sous le sol.

Des forages ont eu lieu près de Nuremberg, dans les terrains secondaires anciens, mais sans résultats, si ce n’est de faire mieux connaître la succession des couches du keuper, etc. ; tandis que ceux de Munich ont été intéressans et productifs.

A Greifenwald en Poméranie on a cherché, par le forage, des eaux salées ; et M. Hunefeld a détaillé les couches traversées et a confirmé ce que M. de Blucher avait dit sur la position des sources salifères dans un sol tertiaire argilo-sableux sans fossiles et couverts de tourbières ou d’alluvions. On verra dans la suite si ce terrain à lignite et à ambre n’est pas identique avec celui qui ressort, en Gallicie, de l’autre côté du grand bassin du nord. de l’Europe, ou si l’on doit admettre des dépôts tertiaires supérieurs ou subapennins au sud, et des dépôts tertiaires inférieurs ou parisiens au nord. Nous avons déjà dit combien il y avait plus de probabilités pour la première opinion que pour la seconde.

En Westphalie, on a traversé les dépôts crétacés inférieurs pour arriver à des couches aquifères qui dans un lieu ont offert, dit-on, des poissons. En Angleterre on a fait des puits forés dans le Middlesex, et M. W. Bland a lu à la Société géologique de Londres un mémoire sur l’influence des saisons, sur la quantité d’eau des sources.

En Russie cette industrie commence à prendre pied, et on trouve, dans le Journal des Mines russe, la traduction des articles de M. Héricart de Thury à ce sujet (J. des M. 1830, n° 7).

Enfin les journaux des États-Unis contiennent des discussions sur l’origine des sources jaillissantes.

Arrivé à la fin de mon compte-rendu des progrès de la science, il ne me reste plus qu’à remercier la Société de la bienveillance qu’elle a bien voulu m’accorder pendant mon année de secrétariat, et de mettre à sa disposition mon temps.

Si nous continuons nos travaux avec la même ardeur, notre association est appelé à devenir très nombreuse et extrêmement utile sous tous les rapports. Nous sommes sur le point de recevoir l’autorisation royale ; nous allons publier nos Transactions avec un certain luxe ; notre Bulletin est devenu plus considérables ; nos collections et notre bibliothèque s’augmentent journellement. Ces derniers changemens dans notre organisation vont nous procurer nécessairement plus de membres en province, chacun voudra faire déterminer ses fossiles ou ses roches, et faire partie d’une société aussi utile qu’honorable.

Si déjà il est peu de pays étrangers ou nous n’ayons pas des confrères, les mêmes motifs vont stimuler encore plus les étrangers à entrer dans nos rangs, ou ils seront charmés de voir enfin la publication de leurs cartes levées avec soin, mais dont aucun libraire ne voudrait entreprendre l’exécution dans leur pays. Enfin l’autorisation royale ouvre l’accès à la Société, aux géologues des pays autrichiens et d’autres contrées, où les sociétés savantes doivent être toutes sous le contrôle du gouvernement. Si la voix de l’honneur et du patriotisme a de l’écho en France, l’amour de la science et de son avancement distingue bien des étrangers. Espérons que ces nobles mobiles tourneront au profit d’une société si éminemment utile à l’économie publique.

Plus tard le bienfait d’une tranquillité plus parfaite achèvera une œuvre commencée avec succès, malgré le temps malheureux où nous vivons. Ainsi notre association et la géologie arriveront infailliblement à leurs grandes destinées pour le bien du genre humain et en particulier de la grande société européenne.




  1. Ces observations ont été aussi présentées à l’Académie du Sciences, et font partie d’un travail plus étendu que l’auteur se propose de publier sur ce sujet historico-géologique. — Il ne s’agit pas seulement ici des cavernes qui, comme celles de Durfort, contenaient des amas d’os humains isolés, mais surtout de celles où a été constaté leur mélange à des os de mammifères.
  2. Dans le résumé des progrès de la géologie pour 1830 cette partie a été omise ; le Bulletin ayant pris maintenant plus d’extension, nous reproduisons ici une partie de ce qui avait rapport à 1830 ; nous croyons répondre ainsi au désir manifesté par la société.
  3. Ce sont les mémoires de MM. Buddle, M. Forster, Trevelyan et F. Forster et Williamson Peile.