Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome I/Séance du 21 mars 1831



Quatorzième Séance. — 21 mars 1831.


M. Cordier occupe le fauteuil.

Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la dernière séance, le président proclame membres de la Société :

MM.

Filhon, chef d’escadron au corps royal des ingénieurs géographes, et directeur du bureau topographique de l’armée expéditionnaire d’Afrique, présenté par MM. Rozet et A. Boué.

Thurmann (Jules), ancien élève externe de l’école des mines, et propriétaire à Porentruy (en Suisse), présenté par MM. Voltz et Élie de Beaumont.

Henri hogard, membre de la Société d’Émulation des Vosges, présenté par MM. de Beaumont et Dufrénoy.

Édouard de Verneuil, avocat, au ministère de la justice. présenté par MM. de Beaumont et Dufrénoy.

Marquis de Drée, membre de la chambre des députés, présenté par MM. Fleuriau de Bellevue et Cordier.

On passe à la correspondance.

Il est fait lecture 1° d’une lettre de M. Spencer Smith, membre de la Société, à Caen, pour faire rectifier son prénom (qui est Jean, et non pas Édouard) sur la liste imprimée des membres de la Société ; 2° d’une lettre de M. Rozet, relative aux avantages que pourra procurer l’établissement de la Société géologique de France et aux travaux topographiques et géologiques dont il s’occupe aux environs d’Alger.

La Société reçoit 1° le numéro 93 du Bulletin de la Société de géographie, contenant une notice de M. Delcros sur la retraite de la mer à Aigues-Mortes ; 2° un nivellement barométrique de la Forêt Noire, exécuté par M. Michealis, et extrait du journal allemand intitulé Hertha par M. Delcros.

M. Boué propose d’écrire à M. Hoeninghaus et à M. le comte Munster pour leur demander des renseignemens sur les gisemens divers des orthocères et sur celui des bélemnites du Muschelkalk et des ammonites intermédiaires.

En passant à l’ordre du jour, la Société décide que le secrétaire pourra écrire en son nom particulier. D’après la proposition du même membre, la Société décide l’envoi de son bulletin à l’Académie des sciences, à la Société géologique de Londres, à la Société de géographie de Paris, à la Société linnéenne de Bordeaux et à la Société d’histoire naturelle de Gorlitz.

La Société entend la lecture d’une Note géognostique sur quelques parties de la Barbarie, par M. Rozet.

L’auteur annonce que c’est bien la formation du lias qui constitue le petit Atlas. Il donne quelques détails sur le terrain diluvien de la plaine de Metidjah, où il reconnaît des marnes argileuses alluviales et des cailloux roulés des montagnes voisines. Le sol tertiaire forme des collines depuis le cap Matifou jusqu’au-delà de Kuber Romeah. Du cap de Sidi-el-Ferruch jusqu’à la pointe nommée Petit-Port par Bautin, on voit le grès tertiaire sortir des dunes, et au Petit-Port le grès couvre le schiste talqueux. Les couches tertiaires couvrent les tranches des couches de ce dernier, qui offre des veines d’anthracite. Du fort des Mouches au fort Bab-Azoun, la côte est formée de schistes couverts du terrain diluvien. Du grès à tourmaline entoure le dernier fort, et à l’extrémité de cette falaise il y a un lambeau tertiaire à fossiles. Le grès tertiaire se rencontre le long de la côte jusqu’à deux lieues à l’est d’Aratch. Avant Rustonium, on trouve des marnes bleues couvertes de grès jaune horizontal alternant avec du sable. À mille mètres plus loin, il y a des Porphyres trachytiques couverts de grès tertiaire. À 400 mètres du cap Matifou, les couches tertiaires battent contre les schistes talqueux à anthracite.

L’auteur conclut 1o que le groupe des schistes talqueux qui forme les monts Banjareah à l’est d’Alger doit être rangé dans la cinquième époque géognostique ; 2o que ce groupe qui s’étend de l’est à l’ouest sur dix lieues de longueur du cap Matifou au Petit-Port, et qui reparaît dans l’Atlas à huit lieues de la côte, constitue le sol inférieur des provinces d’Alger et de Tittery ; 3o dans toute cette portion de la Barbarie, le dépôt du terrain tertiaire subatlantique est postérieur au soulèvement des schistes ; 4o sur la côte nord de l’Afrique, comme dans toute l’Europe, l’éruption des porphyres trachytiques n’a eu lieu qu’après la formation du terrain tertiaire, et date probablement du commencement de l’époque diluvienne.

Sur l’invitation de M. le président, M. Reboul de Pezenas, présent à la séance, donne verbalement à la Société des détails sur la constitution des terrains tertiaires des départemens de l’Aude et de l’Hérault, et expose les motifs des rapprochemens qu’il est porté à faire entre ces formations et celles des environs de Paris. Il annonce que son travail à ce sujet sera prochainement publié. Cette communication donne lieu à une discussion à laquelle plusieurs membres prennent part.

La Société entend le rapport de la commission chargée d’examiner la proposition faite, dans la séance du 7 février, par M. Jobert, d’imprimer le bulletin de la Société dans le journal de Géologie, en se chargeant des frais de composition et de correction. La commission a jugé que cette proposition n’était pas susceptible d’être prise en considération, et cette conclusion est adoptée par la Société.

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