Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Thénard (Mademoiselle)


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THÉNARD (Mademoiselle). Cette actrice, dont la carrière fut longue et très-profitable à la société du Théâtre-Français, avait débuté à la Comédie-Française en 1777, dans le rôle d’Idamé de l’Orphelin de la Chine. — Elle joua encore alors dans un ou deux autres rôles, et quitta Paris pour la province ; puis revint à Paris, pour fortifier ses heureuses dispositions par un travail incessant. Elle reparut au Théâtre-Français, alors au faubourg Saint-Germain, et y joua dans les rôles d’Alzire, de Mérope, de Zelmire, etc., en y joignant ceux d’amoureuses dans la comédie. Elle parvint ainsi au titre de sociétaire à quart de part. Ce ne fut que quinze ans plus tard qu’elle prit les rôles à caractère, et qu’elle s’y fit une bonne et durable réputation qui se continua jusqu’à la fin de sa carrière. Mlle  Thénard était excellente dans les pièces de Molière, et très remarquable dans la baronne de la Fausse Agnès ; de Mme  Abraham de l’École des bourgeois, à côté de Fleury, de Molé, de Préville, et près de Mlles  Contat, Joly, Demerson, et tant d’autres grands talents, sans y paraître jamais déplacée. Sa figure, qui manquait d’animation, parut un peu froide dans les premières années, mais finit par prendre une grande mobilité. Dans ses derniers emplois elle devint un modèle par son expression comique et son jeu de franche allure. Enfin, cette actrice, dont se ressouviennent encore quelques amateurs, fut une sociétaire très-précieuse pour son théâtre. Par une rare exception elle fut toujours sans caprices, sans mauvais vouloir, toujours prête à jouer. Lorsqu’elle n’assistait pas aux assemblées du répertoire de la semaine, elle écrivait au semainier : « Ne me consultez pas, mettez-moi sur l’affiche en telles pièces qu’il sera utile. On peut toujours compter sur moi, à moins que le diable ne s’en méle. » Habituée qu’elle était de mêler à sa conversation quelques petits jurons qui égayaient ses camarades et ses amis, dont elle ne manqua jamais; car c’était une excellente femme, pleine de cœur, de générosité, et bien-faisante à l’excès. — Elle eut deux fils et une fille qui suivirent la même carrière. (Voyez l’article suivant.) Après avoir pris sa retraite vers 1826, avec une pension de 7,000 fr., vu ses longs services, elle perdit la vue, tout en conservant assez de gaieté, et vécut avec sa fille, qui lui prodigua tous les soins possibles. Mlle  Thénard mourut en 1846, dans un âge très-avancé. Z.


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