Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BAUDOUIN (évêque de Tournai-Noyon)

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BAUDOUIN, quarantième évêque de Tournai-Noyon, vivait au xie siècle. Il succéda à Hugues, en 1041. Sa carrière épiscopale fut très-laborieuse, et l’histoire nous le montre acteur ou témoin dans des événements intéressants. Nous le voyons, en 1049, au monastère du mont Blandin, à Gand, transférer dans une nouvelle châsse saint Florbert, le premier abbé du lieu, et deux des Onze Mille vierges. C’est sous lui qu’en 1054, dans la guerre entre l’empereur et le comte de Flandre, Baudouin de Lille, Tournai fut emporté d’assaut et livré au pillage et à l’incendie. Quatre ans après ce désastre (1058), l’évêque fut mandé à Gand par l’abbé de Saint-Bavon, Fulbert, impatient de confondre les doutes semés par la calomnie, au sujet du contenu de la châsse du saint ; on exposa aux yeux du peuple les restes sacrés, et après une procession, que signalèrent de nombreux miracles, on les renferma dans une châsse neuve. L’année suivante, Baudouin assista au sacre du futur roi de France, Philippe Ier, du vivant de son père Henri. Nous ne voyons pas qu’il ait joué aucun rôle dans la fameuse expédition où les Tournaisiens allèrent ravir à ceux de Blandin le corps de saint Éleuthère, dont ils voulaient faire le palladium de leur cité : conquête dans laquelle les flèches des paysans défendant leur trésor revinrent, par un effrayant prodige, frapper ceux mêmes qui les lançaient. Mais c’est notre évêque qui, en 1066, reçoit à Noyon les reliques de saint Amand, étant en tournée pour recueillir de quoi rebâtir l’église brûlée du saint. La même année, il prend part à la consécration de l’église de Saint-Pierre, à Lille. En 1067, il vient à Gand procéder avec l’évêque de Cambrai, Lietbert, à l’élévation du corps de saint Macaire, et à la dédicace d’une église neuve bâtie à la place de l’ancienne. Il mourut en 1068, sans s’être beaucoup reposé : car, il ne faut pas l’omettre, c’est sous lui que le chapitre de Tournai commença ses démarches pour obtenir d’être séparé de l’évêché de Noyon : mais Baudouin alla lui-même à Rome et sut obtenir gain de cause d’Alexandre II. Il avait, paraît-il, le talent de la prédication ; et c’est peut-être ce point de ressemblance qui cimenta les relations d’amitié existant entre l’évêque Baudouin et le fondateur de Clairvaux. La familiarité dont le saint honorait notre évêque est mise en pleine lumière par un billet que son originalité nous engage à citer. C’est une lettre de recommandation donnée par saint Bernard à un jeune garçon qu’il voulait placer près de son ami Baudouin :

Domino Balduino Noviomensi Episcopo frater Bernardus Clarevallus vocatus Abbas, melius quam meruit.

Mitto vobis puerum istum præsentium latorem comedere panem vestrum ut probem de avaritia vestra, utrum cùm tristitia id feceritis. Nolite lugere, nolite flere, parvum ventrem habet, paucis contentus erit. Gratiam tamen vobishabemus, si doctior a vobis quam pinguior recesserit. Materies locutionis prosigillo sit, quia ad manum non erat, neque Gaufridus vester.

F. Hennebert.

Lemaistre d’Anstaing, Cathédrale de Tournai. — Cousin, Histoire de Tournai. — Acta S. Bavonis, coll. Joannes Perierus, S. J.