Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BASTINCK, Jérémie

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BASTINCK (Jérémie), ou BASTINGIUS, théologien flamand, né à Ypres en 1554 et mort à Leyde, le 26 octobre 1598, figure avec honneur sur la liste des pasteurs réformés de la Hollande. On a avancé, sans preuves suffisantes, qu’il aurait vu le jour à Calais, où ses parents s’étaient retirés par crainte d’un procès pour cause d’hérésie dont ils s’imaginaient être menacés. Nous croyons, pour notre part, que ceux qui sortirent de Belgique sous le règne de Charles-Quint se gardèrent bien d’y rentrer sous celui de son successeur, le terrible Philippe II ; or il paraît certain que les parents de notre théologien ne quittèrent Ypres et la Flandre qu’à la fin de 1566, et se rendirent, non point à Calais, mais à Emden, en Oostfrise, avec leur fils. Celui-ci commença ses études à Brême et les poursuivit avec succès à Heidelberg et à Genève. Dès qu’il eut reçu l’imposition des mains, il revint dans sa patrie où nous le voyons figurer, à partir de 1578, au nombre des pasteurs réformés d’Anvers. A la prière de ses collègues il traduisit en flamand la réponse écrite en leur nom par Pierre Loyseleur, dit de Villiers, aux auteurs d’un livre de concorde sur les questions tant controversées de la grâce et de la prédestination. La préface est entièrement de lui et le titre porte : Zendtbrief der nederlandschen Predikanten aen den Instelleren van het Concordie Boeck. Gedruckt tot Antwerpen by Gilles Vanden Raede, 1580 ; in-8o. Aussitôt après il se mit à travailler à son Exegemata, c’est-à-dire à une exposition du catéchisme de Heidelberg, qu’il ne termina qu’en 1585, pendant le siége d’Anvers par le duc de Parme et quelques jours seulement avant la reddition de cette ville. Cet ouvrage, écrit en latin, fut publié pour la première fois en 1588, avec une dédicace à Ses très-chers frères en Christ bannis et déchassés de la bonne ville d’Anvers et à tous les autres serviteurs de l’Évangile dans les Pays-Bas et au Palatinat. Nous en possédons une traduction allemande due à Tobie Eabricius, pasteur à Mosbach, dans le Palatinat, et imprimée, en 1595, avec une lettre du traducteur à l’électeur palatin.

Bastinck fait sans doute allusion aux dangers qu’il courut à Anvers et dans les environs, en disant qu’il échappa par une sorte de miracle aux terribles épreuves de la guerre civile. Nous le retrouvons, en 1586, à Dordrecht. Il y remplit les fonctions du ministère évangélique jusqu’au moment où il fut appelé à prendre la direction de l’école latine de Leyde avec le titre de « recteur du collège des États. » Notre théologien est désormais un personnage. Son orthodoxie sans raideur le fait chérir et rechercher du prince Maurice de Nassau ; ses talents reconnus et son caractère le font respecter de tous. On le chargea, en 1589, d’aller temporairement à Utrecht pour y suppléer au manque de prédicateurs et ramener les fidèles à une entente cordiale. Les états de Hollande réclamèrent encore son concours en 1594. Il s’agissait d’aller à Hoorn avec Uyttenbogaerd, pour régler une déplorable et retentissante querelle théologique. Bastinck mourut dans la force de l’âge, pleuré de ses amis, regretté de tous ceux qui l’avaient connu de loin ou de près.

Ch. Rahlenbeek.

A. Thysius, Leer en order der Kerken. — H.-G. Janssens, De hervormde vlugtelingen van Yperen in Engeland. — W. Te Water, Tweede eeuwgetyde van de geloofs-belydenisse der gereformeerde kerken van Nederlant. Middelburg, 1762. — Jeremias Bastingius, Erklaerung des Heidelbergischen Catechismi. Mosbach, 1595, in præf. — P. Bor, Nederlandsche oorlogen, in-fol., t. IV. — G. Brandi, Historie der Reformatie, édition in-4o, t. Ier.