Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BALEN, Henri VAN
BALEN (Henri VAN), le vieux, peintre d’histoire, né à Anvers en 1560, y mourut en 1632. La date de naissance du peintre (1560) a été plusieurs fois controversée : en effet on éprouve quelque hésitation en la comparant avec celles de son admission à la gilde de Saint-Luc et de son mariage, toutes deux assez éloignées de celle de sa naissance. Mais, comme d’excellents investigateurs l’ont fait remarquer, les fureurs des iconoclastes désolèrent Anvers vers cette époque et entravèrent ou retardèrent beaucoup de carrières, surtout parmi les artistes. On peut donc, jusqu’à preuve du contraire, adopter la date de 1560. Une autre question est celle de savoir si Henri van Balen a été réellement élève d’Adam van Noort, né en 1557. Van Mander l’affirme et nous ne voyons aucune raison qui détruise cette assertion : ce n’est pas la première fois, dans l’histoire de l’art, qu’un maître n’a que fort peu d’années de plus que son élève. Ici la chose est d’autant plus possible que, selon toute probabilité, Van Balen ne s’adonna qu’assez tard à la peinture, puisqu’il avait trente-trois ans lors de son entrée dans la gilde anversoise. Notre artiste fut reçu dans la corporation de Saint-Luc, en 1593 ; il en fut doyen en 1609-1610. Son atelier fut très-fréquenté, et, ce qui pourrait suffire à sa gloire, il fut le premier maître de Van Dyck. Celui-ci exécuta son portrait, gravé par Pontius. Van Balen se maria, en 1605, avec Marguerite Briers, dont il eut huit enfants : plusieurs furent peintres. Outre Jean, dont la biographie suit, on peut citer encore Gaspard, né en 1615, et Henri, le jeune, né en 1620, tous deux à Anvers. Une de ses filles, nommée Marie, épousa, en 1635, le peintre Théodore van Thulden. Le voyage d’Italie de Henri van Balen, raconté par Immerzeel d’après d’anciens auteurs et accepté par plusieurs biographes, ne repose sur aucun document authentique. Ce n’est qu’en voyant le style et le goût de ses compositions, où le génie italien a laissé des traces sensibles, qu’il est permis de croire à la réalité des études faites à Rome par notre peintre. Un monument de marbre orné d’un beau tableau de Van Balen, la Résurrection, et surmonté de son chef-d’œuvre, son portrait et celui de sa femme, lui fut élevé par sa veuve, dans l’église de Saint-Jacques, à Anvers. Voici l’épitaphe inscrite sur la pierre tumulaire :
HENDRIK VAN BALEN STERFT
DEN 17 JULY A° 1632.
ENDE DE EERBARE MARGARITA
BRIERS SYN HUYSVROUWE STERFT
DEN 23 OCTOBER A° 1638.
ENDE JAN VAN BALEN HAERLIEDER
SONE STERFT DEN 14 MEERT A° 1654.
ENDE JOANNA VAN WEERDEN SYN
HUYSVROUWE STERFT DEN 6 APRIL
A° 1643.
Une des chambres de la maison qu’habita l’artiste à Anvers, renferme encore une toile de ce maître, au-dessus d’une de ses cheminées. Cette maison est située Longue rue Neuve et porte le nom de l’Homme Sauvage. On sait que c’était une coutume du vieux temps, dans nos cités flamandes, de donner ainsi un nom spécial à chaque habitation un peu importante. Cette dénomination remplaçait nos modernes numéros. Le Musée d’Anvers possède plusieurs tableaux de Henri van Balen : deux volets représentant un Concert d’anges ; le tableau principal, une Sainte Famille, est à la cathédrale ; sur les revers des volets sont peints en grisaille saint Philippe et sainte Anne ; puis une Prédication de saint Jean-Baptiste. Outre les peintures qui ornent le tombeau de l’artiste à l’église Saint-Jacques, ce temple possède encore plusieurs œuvres du même maître, parmi lesquelles nous citerons, La Trinité glorieuse, Le Sauveur en Croix et deux excellentes grisailles, L’Adoration des bergers et la Fuite en Égypte. Parmi les autres musées de l’Europe qui ont des œuvres de Van Balen, nous citerons Bruxelles, La Fécondité ; Amsterdam, Les Dieux de l’Olympe ; Florence, Épousailles de la Vierge ; Berlin, Les Forges de Vulcain (avec Breughel de Velours) ; Paris, Le Repas des Dieux ; Dresde, Le Repos de Diane (avec Breughel), Nymphes et Faunes et plusieurs autres ; etc., etc. On cite encore une œuvre curieuse de Van Balen, peinte en collaboration avec Jean Breughel de Velours, Sébastien Vrancx et François Francken, le jeune. Il s’agissait d’exécuter, pour la chambre de rhétorique la Violette (de Violiere), qui formait l’une des branches de la corporation de Saint-Luc, un blason orné de figurines et destiné à un concours ouvert par la chambre de rhétorique du Rameau d’Olivier (Olyftak). Le blason, offert gratuitement par ses quatre auteurs, remporta le prix du concours. Il fut peint en 1618 et est aujourd’hui dans la possession d’un particulier d’Anvers. La correction du dessin de Henri van Balen, la délicatesse de son pinceau, la science que trahissaient ses compositions, le rendirent un des grands peintres de son époque. Il travailla beaucoup avec Breughel de Velours et Josse de Momper et excella surtout dans les figures académiques. Outre le beau portrait que Van Dyck fit de son maître Van Balen, et qui fut gravé par Pontius, l’ouvrage de Descamps renferme encore une admirable reproduction de cette toile, par le graveur Fiquet : c’est une petite tête à voir à la loupe. Dans la Vie des peintres de Campo Weyerman se trouve aussi le portrait de notre artiste gravé par Houbraken.