Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADRIANSEN, Emmanuel

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ADRIANSEN (Emmanuel), luthiste fort habile, né à Anvers, vécut dans la seconde moitié du xvie siècle. Aux titres de ses ouvrages, son nom est latinisé en celui de Hadrianus[1] ; mais ses épitres dédicatoires sont signées Emanuel Adriansen et non Adrianssens, comme on l’a quelquefois écrit. Cet artiste a publié deux suites de pièces pour un, deux, trois et quatre luths, à quatre et cinq parties, lesquelles sont arrangées d’après des compositions de Cyprien de Rore, Roland de Lassus, Jachet de Berchem, Jacques de Waet, Philippe de Mons, Noé Faignent, Hubert Waelrant, Palestrina, Ferretti, Gabrieli, Gastoldi et Alexandre Striggio. Ces recueils ont pour titre : Pratum musicum longe amœnissimum, cujus spatiosissimo eoque jucundissimo ambitu (prœter varii generis axiomata seu phantasias) comprehenduntur… omnia ad testudinis tabulaturam fideliter redacta, per id genus musices experientissimum artificem Emannuelem[2] Hadrianum[3] Antverpiensem. Antv., Pet. Phalesius,1584 ; in-fol. Ibid., 1592. Une troisième édition a été publiée par P. Phalèse, à Anvers, en 1600 ; in-fol. Mon exemplaire est de cette édition. Dans sa dédicace à Balthasar de Robiano, bourgeois et marchand d’Anvers, Adriansen dit qu’il a fait une étude approfondie de la musique et qu’il a poussé aussi loin qu’il était possible l’art de jouer, non de la guitare, comme l’a dit le baron de Reiffenberg (Lettre à M. Fétis sur quelques particularités de l’histoire musicale de la Belgique, dans le Recueil encyclopédique belge, t. II, p. 67), mais du luth, dont le nom latin était testudo. Il n’y a rien qui ne soit vrai dans ce que dit ce musicien de lui-même ; car non-seulement il fut évidemment le luthiste le plus habile de son temps, en Belgique, mais les virtuoses les plus renommés, au commencement du xviiie siècle, auraient eu quelque peine à jouer ses pièces. Sous le rapport de l’art d’écrire, sa musique est également remarquable, et c’est vraiment une merveille de combinaisons harmoniques que la fantaisie d’Adriansen pour quatre luths, sur la chanson flamande d’Hubert Waelrant : Als ick winde. La collection des pièces de ce luthiste célèbre contient douze préludes, cinq fantaisies, trente-quatre madrigaux, cinq motets, dix chansons napolitaines, neuf ballets, cinq gagliardes, neuf passemèses, des allemandes, courantes, branles, saltarelles et voltes. Le système de tablature de cette œuvre est identiquement celui des luthistes italiens et français : il se compose d’une portée de six lignes sur laquelle les notes sont désignées par les lettres du système des hexacordes, surmontées des signes particuliers de la tablature pour les durées de ces notes. Ce système est entièrement différent de la tablature allemande sans portée, qu’on voit, à la même époque, dans les recueils de Matthieu Waisselins (Tablatura continens insignes et selectissimas quasque cantiones, etc. Francofordiæ ad Viadrum, 1573 ; in-fol.), et de Benoît de Drusina (Tablatura continens prœstantissimas et selectissimas quasque cantiones, etc. Ibid., 1573 ; in-fol.

F.-J. Fétis.


  1. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu, de : Hadrianus, lisez : Adrianius.
  2. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu, de : Emannuelem, lisez : Emanuelem.
  3. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu, de : Hadrianum, lisez : Adrianium.