Bibliographie critique et raisonnée des ana/Préface

Mon cher Ami,

C’est avec une joie, partagée, j’en suis sûr, par tous les véritables bibliophiles, que je salue la publication de la Bibliographie des Ana. Votre collection de ces curieux ouvrages est sans doute la plus belle qui ait jamais été rassemblée et ce sera une bonne fortune pour les travailleurs de pouvoir consulter le volume dû à vos recherches et à votre érudition.

Car vous êtes de la race de ces lettrés consciencieux, de ces chercheurs qui voient dans la possession du livre autre chose qu’une satisfaction d’amour-propre, de ceux qui lisent et savent tirer de leurs lectures de savantes monographies dont l’histoire et la littérature font leur profit.

Certes, vous aimez les beaux livres, et, si vous ne cédez pas à la gloriole de disputer aux Américains, en de retentissantes enchères, tel volume précieux, vous avez du moins su grouper dans votre bibliothèque, à côté des maroquins « aux armes », d’intéressantes collections, au premier rang desquelles on doit placer les Ana.

Et moi aussi, dans ma jeunesse, j’avais rêvé d’enrichir d’une unité cette pittoresque série et de réunir en volume ces traits piquants, ces mots à l’emporte-pièce entendus dans la rue, répétés au club, ramassés dans le journal, en un mot la fleur de l’esprit parisien : Cela se serait appelé Asphaltiana… Je livre le titre à qui voudra le prendre.

Recevez donc mes compliments de votre ardeur à nous faire profiter du fruit de vos recherches. Le chevalier Aude, votre ancêtre, ce grand vaudevilliste devant l’Éternel, encouragerait sûrement vos efforts et applaudirait au triomphe de l’Ana — cette sélection suprême.

Puisse votre joli volume devenir, récompense bien douce au bibliophile passionné que vous êtes, l’un des plus rares de la collection si savamment décrite par vous.


Paris, ce 16 mai 1909.
Bon Roger Portalis.