(septembre - décembre 1920)
Bibi-la-Bibiste
(Roman)
par les
Sœurs X...
lui jette le première pierre. — (Jean — viii, 7)
Enfance
Sa naissance fut semblable à celle des autres enfants.
C'est pourquoi on la nomma Bibi-la-Bibiste
(Ceci fut l'enfance de Bibi-la-Bibiste)
Adolescence
Le sang coulait rouge dans ses artères ; le sang coulait noir dans ses veines [1].
(Telle fut l'adolescence de Bibi-la-Bibiste)
Amour
A seize ans, elle travaillait dans un atelier.
— Aïe ! mon nez me démange ! s'écria-t-elle.
— C'est un vieux qui t'aime, répondirent ses compagnes, interrompant leur chanson.
Une violente émotion la saisit. Son cœur fit volte-face dans sa poitrine.
(Telles furent les amours de Bibi-la-Bibiste)
Déception
Elle sortit.
Dans la rue populeuse, les vieux messieurs passaient, nombreux. Bibi-la-Bibiste les examinait de son regard anxieux. Mais aucun ne répondit à son appel. Un seul lui lança un coup d'œil enflammé, et il était jeune !
Ne voulant pas s'opposer aux desseins mystérieux de la Fatalité [2], Bibi-la-Bibiste poursuivit son chemin.
(Et ceci fut la déception de Bibi-la-Bibiste)
Rideau
Dans un lit d'hôpital s'éteignit Bibi-la-Bibiste. Comme Marie sa patronne, comme Jehanne d'Arc, elle était vierge. Mais sa fiche portait la mention « Syphilitique ».
Ô puissance magique d'un regard amoureux !
(Et ceci est le dernier et le plus tragique chapitre du roman de Bibi-la-Bibiste)