Becerrillo
Ce serait, je l’avoue, une grande niaiserie que l’instruction, si elle n’avait d’autre résultat que de nous laisser dans l’esprit le souvenir de quelques noms propres et des anecdotes qui s’y rattachent ; mais, aux yeux de tous les hommes sensés, on n’est pas plus véritablement instruit pour avoir meublé sa mémoire du contenu des anas anciens et modernes que pour avoir écouté et retenu les caquets de la loge de la portière. Tirer vanité d’un si mince savoir est donc quelque chose de bien puéril, et le comble du ridicule, c’est d’en faire parade lorsqu’on ne l’a même pas, de jeter à tout propos des noms d’hommes qu’on défigure, et des mots d’une langue étrangère, dont on dénature le sens et l’orthographe.
Cette remarque, quoique faite à l’occasion d’un passage de la Peau de chagrin, ne s’applique pas certainement à l’auteur du livre ; la seule chose que j’aie l’intention de lui reprocher ici, c’est de choisir si mal ses autorités, quand il fait une citation relative à l’Amérique. C’est dans les Recherches philosophiques sur les Américains qu’il a pris le nom de Bérécillo. Or, je dois l’avertir que, de tous les écrivains soi-disant philosophes, M. de Paw est celui qui a réussi à comprimer dans le plus petit espace possible le plus grand nombre de faussetés.
Bérécillo ! ah ! monsieur de Paw, si, avant d’écrire sur les Espagnols, vous aviez pris la peine d’apprendre leur langue, vous vous seriez du moins épargné cette bévue, et vous auriez trouvé dans le mot correctement écrit une foule de renseignemens que vous n’y soupçonniez pas. Pour moi, sur cette seule donnée, je me rendrais garant de la force du chien comme de sa vaillance. Je ne craindrais pas d’affirmer qu’élevé loin des villes, il avait appris de bonne heure à supporter les fatigues et les privations, et qu’avant de combattre des hommes, il s’était mesuré maintes fois contre de sauvages taureaux.[1]
Pour tout ce qui se rapporte aux premières années de Becerrillo, comme pour ce qui tient à l’enfance du grand Pizarre, nous sommes réduits à de simples conjectures. L’histoire ne nous les montre tous les deux que guerroyant en Amérique ; mais, à partir de cette époque, les détails ne manquent pas, et les chroniqueurs mêmes, contre leur ordinaire, ont pris le soin de nous laisser un portrait de l’un et de l’autre.
On trouve dans une foule d’écrivains du seizième siècle des détails sur Becerrillo. N’en voulant présenter que de biens authentiques, je me contenterai de rapporter le passage suivant, emprunté aux mémoires d’un homme qui arriva aux Antilles trois ans seulement après la mort du célèbre chien.
« J’ai toujours pensé, dit notre auteur avec sa bonhomie accoutumée, qu’un historien ne remplissait qu’imparfaitement sa tâche, si, après avoir parlé des actions mémorables des hommes, il ne disait aussi ce que certains animaux ont fait d’extraordinaire et de digne d’éloges. Par ces récits, non-seulement il satisfait notre curiosité, mais encore il excite notre émulation ; il fait naître en nous le désir de ne pas rester dans nos œuvres au-dessous de créatures privées de la raison. Quel est, par exemple, le soldat qui ne rougirait d’être soupçonné de lâcheté, lorsqu’il saura qu’un chien avait mérité, par son courage, de recevoir le prêt comme un homme de guerre, et était porté sur les rôles du trésorier pour part et demie d’arbalétrier ?
« Ce chien, qui avait nom Becerrillo, passa de Saint-Domingue à Porto-Rico en même temps que les chrétiens qui venaient à la conquête de cette île. Il était roux de tout le corps hors le museau, qu’il avait noir jusqu’aux yeux ; il était d’une taille moyenne, d’une forme qui n’avait rien de svelte et d’élégant ; du reste, plein de vigueur, d’audace et d’intelligence. Les chrétiens, en voyant tout ce qu’il savait faire, ne doutaient point qu’il n’eût été envoyé de Dieu, pour les aider dans cette entreprise, et l’on peut dire en toute vérité que, dans cette expédition, qui ne se composait, comme on le sait, que d’un petit nombre de soldats, il contribua bien pour un tiers à la soumission de l’île ; car il allait, au milieu de deux cents Indiens, droit à celui qui s’était enfui d’entre les chrétiens, le saisissait par le bras et l’amenait ainsi au camp. Si le prisonnier cherchait à faire résistance, ou refusait de marcher, il était à l’instant mis en pièces.
« Il arrivait parfois qu’au milieu de la nuit un prisonnier s’échappait ; mais fût-il déjà à une lieue de distance, il suffisait de dire au chien : L’Indien est parti, cherche ! Aussitôt il se mettait sur la piste du fugitif, le trouvait et le ramenait bon train. Pour les Indiens soumis, il les connaissait aussi bien qu’eût pu le faire un homme, et ne les maltraitait jamais ; mais que dans le nombre il s’en trouvât un seul, appartenant aux peuplades indépendantes, il le distinguait sur-le-champ. Dans toutes ses actions, on ne pouvait s’empêcher de voir la raison, le discernement d’un homme, et même d’un homme des plus sensés.
« J’ai dit qu’il gagnait part et demie d’arbalétrier, et toutes les fois qu’il entrait en campagne, son maître touchait régulièrement cette solde. Mais c’était un argent qu’on regardait comme bien employé, car lorsqu’il marchait avec la troupe, chaque homme sentait qu’il en valait deux. Les Indiens, de leur côté, avaient beaucoup plus peur de lui que des soldats, et ce n’était pas sans raison, puisque connaissant tous les détours des chemins, et étant d’ailleurs fort légers à la course, ils pouvaient se mettre en un instant hors de la portée des Espagnols, tandis qu’ils n’avaient pas l’espoir d’échapper aux poursuites du chien.
« Becerrillo a laissé dans l’île une race d’excellens chiens, et dont plusieurs ont marché sur ses traces[2] ; j’ai connu à la terre ferme un de ses fils, appelé Léoncico, qui appartenait à l’adelantade Vasco Nuñez de Balboa, et qui gagnait aussi la solde d’un bon homme de guerre et parfois même de deux. On payait cette solde à l’adelantade en or et en esclaves, et je puis assurer, comme en ayant moi-même été témoin, que le chien a gagné à son maître, tant en solde réglée qu’en parts de prises dans diverses expéditions, plus de 500 castillans d’or. Aussi était-ce un animal de rare mérite et qui faisait tout ce que j’ai dit de son père.
« Pour en revenir à notre Becerrillo, il fut tué dans une affaire contre les Caribes, affaire où sans lui le capitaine Arango périssait avec tout son monde. Notre brave chien avait réussi, non sans peine, à dégager la petite troupe d’Espagnols, et déjà il se lançait à la poursuite des fuyards, lorsqu’au passage d’une rivière il fut atteint d’une flèche empoisonnée qu’on lui lança de l’autre bord. Il mourut presque sur le coup.
« Cette malheureuse affaire coûta la vie à plusieurs chrétiens, mais leur perte, à tous ensemble, ne fut pas aussi vivement sentie par les survivans que celle du pauvre Becerrillo.
« Je pourrais, sans m’écarter en rien de la vérité, citer de ce chien les traits les plus merveilleux, mais si je voulais dire tout ce que j’en sais, la narration serait trop longue : je me bornerai à raconter un dernier fait que je tiens de témoins oculaires, tous gens de bien et incapables de mentir.
« Une rencontre de nuit venait d’avoir lieu entre les Espagnols et les troupes du cacique Mabodomoca. Le matin même du jour qui suivit cette action, et un peu avant l’arrivée du gouverneur Jean Ponce de Léon, le capitaine Diego de Salazar eut l’idée de donner à Becerrillo une vieille Indienne du nombre de celles qui avaient été faites récemment prisonnières, et dont il n’y avait aucun service à tirer. Il donna donc à cette vieille un chiffon de papier en lui disant : Va-t’en porter cette lettre au gouverneur, qui est au village d’Aymaco, et il faisait cela dans l’idée qu’aussitôt que l’Indienne serait hors de la foule, on lâcherait le chien après elle. En effet comme elle se fut éloignée d’environ un jet de pierre, et qu’elle marchait toute joyeuse en pensant que pour sa peine d’avoir porté la lettre, elle recouvrerait la liberté, voilà qu’elle sent venir le chien. Aussitôt saisie de frayeur, elle s’assied à terre, montre le papier à l’animal furieux, et lui adressant la parole dans la langue du pays qu’il entendait comme s’il y avait toujours vécu : Monsieur le chien, dit-elle, je vais porter cette lettre aux chrétiens ; ne me faites pas de mal. Le chien à ces paroles s’arrêta court ; puis, après un moment de réflexion, il s’approcha tout tranquillement de la vieille, la flaira, et levant la jambe, pissa contre elle, comme font les autres chiens près des bornes, chose qui remplit les Espagnols d’étonnement, et leur parut avoir quelque chose de surnaturel et de mystérieux, vu la férocité ordinaire de l’animal et la colère qu’il avait en partant. Le capitaine donc, voyant que le chien avait usé de clémence, le fit rappeler et mettre en lesse, après quoi on fit signe à la vieille de revenir. Elle arriva encore toute tremblante, mais ne supposant pas du reste qu’on eût envoyé Becerrillo pour autre chose que pour lui donner l’ordre de retourner sur ses pas. Un instant après, le gouverneur arriva, et ayant appris l’aventure, il ne voulut pas se montrer moins miséricordieux envers l’Indienne que ne l’avait été le chien ; il ordonna qu’on la laissât libre de partir, et elle profita sur-le-champ de la permission. »
J’ai fini désormais avec Becerrillo, mais je veux vous dire encore quelque chose du capitaine Salazar, qui n’était pas un si grand monstre qu’on serait tenté de le supposer d’après ce qu’on vient de lire. Je laisserai encore parler mon vieil auteur.
« En 1410, il s’était formé entre tous les caciques de Porto-Rico une ligue secrète, qui avait pour but l’extermination totale des blancs. Profitant d’un moment où les Espagnols, qui ne soupçonnaient rien du complot, étaient dispersés sur différens points de l’île, l’armée confédérée se présenta à l’improviste devant la ville de Soto Mayor, et y mit le feu en différens points à la fois. Déjà plusieurs chrétiens avaient été massacrés, et le même sort attendait tous les autres, s’il ne se fût trouvé alors dans la ville un certain gentilhomme, nommé Diego de Salazar, lequel non-seulement était homme de bonne vie et fort dévôt à la mère de Dieu, mais encore homme de courage et de résolution. Se mettant à la tête des plus déterminés, il chargea les Indiens à diverses reprises, donna aux habitans le temps de se rallier et les conduisit, sans en laisser un seul en arrière, jusqu’au village de Caparrapa, où se trouvait le gouverneur Jean Ponce de Léon.
« Il est probable que les Indiens ne seraient pas venus attaquer le village de Soto Mayor, s’ils avaient su que Salazar s’y trouvait, car ils le craignaient comme le feu, et déjà dans une première occasion il leur avait donné un échantillon de ce qu’il savait faire. Voici le fait : Le cacique d’Aymanio avait fait prisonnier un jeune chrétien, fils d’un certain Pierre Xuares, natif de Medina, et avait décidé que le pauvre garçon servirait d’enjeu dans une partie de paume, à laquelle prendraient part tous les Indiens de son village, et que l’honneur de le mettre à mort serait la récompense du gagnant. Ceci se passait trois mois environ avant l’entreprise contre la ville de Soto Mayor. Tandis que les Indiens étaient assis au festin par lequel s’ouvrait la fête, le jeu ne devant avoir lieu que dans la soirée, un jeune Indien naboria (serviteur) du malheureux, trouva moyen de s’échapper, et arriva jusque sur les terres du cacique Guarionex, chez lequel par hasard se trouvait alors Salazar. Celui-ci, voyant le naboria qui pleurait en pensant à la triste situation dans laquelle il avait laissé son maître, lui demanda la cause de son chagrin, et l’ayant apprise, il prit sur-le-champ la résolution de délivrer le jeune Xuares ou de mourir avec lui. L’Indien, rempli de frayeur, ne voulait pas retourner et lui servir de guide ; mais Salazar lui déclara qu’il le tuerait, s’il se refusait à marcher, et l’obligea enfin à le conduire au lieu où son maître était retenu.
« Arrivé près du village, il s’arrêta quelque temps pour aviser aux moyens d’avancer sans être découvert ; enfin, marchant avec toutes les précautions nécessaires, il parvint presqu’à un cancï, espèce de loge ronde, dans laquelle Xuares était attaché, attendant avec une mortelle anxiété la fin du repas et le commencement du jeu dont sa vie devait être le prix. De prime abord, il coupa les liens qui retenaient ses membres, puis lui ayant dit : Soyez homme, et faites comme vous me verrez faire, il se jeta sans autres armes qu’une épée et une rondache, au milieu de plus de trois cents Indiens, tous hommes faits, qui étaient accourus au bruit, et sans paraître plus ému que s’il avait eu derrière lui un nombre égal de chrétiens. Bref, il se démena de telle sorte, qu’il se tira lui et Xuares du milieu de toute cette canaille qui enrageait de les voir partir.
« Le bonheur voulut que le cacique fût blessé un des premiers et assez grièvement pour ralentir le courage des autres, ce qui donna à nos deux Espagnols quelque peu de répit, et leur permit de faire retraite.
« Ils étaient déjà bien loin, lorsqu’ils virent accourir vers eux des messagers qui leur faisaient signe d’attendre, et qui, s’étant approchés à portée de voix, prièrent Salazar de revenir sur ses pas, parce que le cacique, qui avait pris une haute idée de son courage, souhaitait le voir, afin de lui offrir ses services. Salazar, ayant ouï ce message, ne le dédaigna point, quoique venant de gens si grossiers, et se mit en devoir de retourner pour savoir au juste ce que lui voulaient les Indiens ; mais son compagnon, qui avait encore devant les yeux le triste sort auquel il venait d’échapper, n’était nullement de cet avis. Se mettant donc à genoux devant le capitaine, il le pria, le supplia pour l’amour de Dieu de ne pas retourner, lui représentant que les Indiens étaient en si grand nombre, que deux hommes contre eux tous ne pouvaient s’attendre à autre chose qu’à la mort ; que se rejeter de nouveau dans un péril auquel on venait d’échapper, c’était tenter Dieu, et non faire acte de courage. Salazar, l’ayant laissé dire jusqu’au bout, lui répondit tranquillement : Voyez, Xuares, si vous avez peur de venir avec moi, partez, à la bonne heure ; vous pouvez continuer seul votre route, désormais il n’y a plus de danger. Pour moi, il faut que j’aille savoir ce que me veulent ces Indiens. Je ne veux pas qu’ils puissent croire que la crainte m’a empêché de retourner vers eux.
« Il n’y avait plus d’objections à faire, et Xuares, qui était homme de bien, sentit qu’il ne pourrait sans honte refuser de partager une seconde fois les dangers du brave auquel il devait la vie. Il le suivit donc, quoique fort à contre-cœur. En arrivant au village, nos deux Espagnols trouvèrent le cacique très grièvement blessé, et Salazar lui ayant demandé ce qu’il voulait, l’Indien répondit qu’il avait à lui demander une grâce, celle de permettre qu’il portât dorénavant son nom, et s’appelât, comme lui, Salazar, ajoutant qu’il lui aurait une extrême obligation de cette faveur et serait éternellement son ami. Salazar répondit qu’il lui accordait de grand cœur sa demande, et aussitôt les Indiens se mirent à crier, pleins de joie, Salazar ! Salazar ! comme si le capitaine eût donné à leur chef sa valeur en lui donnant son nom.
« Le cacique, pour première marque de l’amitié dont il venait de faire profession, et comme témoignage de reconnaissance pour le don qui venait de lui être octroyé, fit présent au capitaine de quatre naborias ou esclaves destinés à le servir, et de différens joyaux et objets précieux, après quoi les deux chrétiens se séparèrent de lui fort satisfaits et revinrent vers leurs compatriotes. À partir de ce moment, le capitaine fut en telle estime de courage parmi les Indiens, que si quelque Espagnol fanfaron menaçait un d’eux, celui-ci avait coutume de répondre : Ne penses-tu pas que je te vais craindre comme si tu étais un Salazar ?
« J. Ponce de Léon, qui était, comme je l’ai dit, gouverneur de Porto-Rico, sut aussi apprécier convenablement les hautes qualités de Salazar : il le fit capitaine et lui donna autorité sur un certain nombre des soldats et gentilshommes qui étaient venus travailler dans l’île avec l’épée et la lance, ôtant pour cela le commandement à plusieurs officiers qui pourtant n’étaient pas sans mérite ; et quoique par la suite il se fit de nombreux changemens dans ces sortes d’emplois, Salazar conserva toujours le sien jusqu’à ce qu’enfin il mourût du mal de Naples. Mais tout souffrant qu’il était, chaque fois qu’il y avait à combattre contre les Indiens, on le portait sur le terrain, parce qu’on savait bien que ces hommes étaient frappés de l’idée qu’ils ne pouvaient vaincre les chrétiens partout où était Salazar. Aussi leur premier soin, quand ils avaient quelques projets en tête, était-il toujours de s’informer où se trouvait le capitaine.
« Salazar en effet, d’après ce que m’en ont dit plusieurs personnes respectables qui l’avaient particulièrement connu, était de ces gens dont on ne peut faire trop de cas ; car si à la guerre c’était un rude batailleur, c’était en même temps un homme plein de courtoisie, de savoir-vivre et de discrétion. De plus, tout le monde s’accorde à louer sa dévotion envers la bienheureuse vierge Marie. Salazar, en un mot, était un cavalier accompli. Il termina une vie glorieuse par une belle mort, ayant fait dans ses dernières années une austère pénitence, comme me l’ont affirmé Ponce de Léon, le capitaine Augulo et plusieurs autres gentilshommes qui avaient vécu avec lui, de sorte que nous devons espérer qu’il jouit maintenant de la gloire éternelle.
« Amen. »
- ↑ Becerrillo, diminutif de becerro qui signifie un jeune taureau, est un de ces noms que les pâtres, en Espagne, donnent fréquemment aux chiens qui veillent avec eux sur les grands troupeaux de bœufs. Becerrillo, comme son nom l’indique, avait été élevé pour les travaux champêtres, les circonstances en firent un conquérant. Son fils, au contraire, fut, dès l’origine, destiné au métier de la guerre et fut salué, à sa naissance, du nom de petit lion, Leoncico.
- ↑ Il existe encore des descendans de Becerrillo dans l’île de Cuba, île qui, bien que découverte avant celle de Porto-Rico, ne fut soumise qu’un peu plus tard. Deux de ces chiens se voient aujourd’hui à Londres dans le jardin de la Société zoologique. Ils ont, comme leur célèbre aïeul, le museau noir de jais et le reste de la robe d’un beau roux foncé. Pour la forme générale du corps, ils ressemblent au dogue anglais, canis familiaris anglicus. Leur tête est courte et rappelle assez celle du boule-dogue, sauf par le front, qui est plus élevé et indique plus d’intelligence ; ils ont les narines partagées par un sillon profond, disposition qui leur est commune avec plusieurs races, chez lesquelles le sens de l’odorat est très développé. Les autres caractères distinctifs sont des oreilles tombantes et qui ne se redressent jamais, des lèvres pendantes recouvrant la mâchoire inférieure, une queue de longueur moyenne, grêle et recourbée en haut, un poil court et bien couché ; enfin un cinquième doigt, plus ou moins développé, au pied de derrière.