Autres balades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 224-225).


XV


Mon cher Seigneur, vueilliez avoir pitié
Du povre estat de vostre bonne amie,
Qui ne treuve nulle part amistié.
Pour Dieu mercy, si ne l’oubliez mie,
Et souvenir
Il vous vueille de son fait, ou venir
Lui convendra a pouvreté obscure,
Se Dieu et vous ne la prenez en cure.

Ne peut avoir, tant ait nul acointié,[1]
Son las d’argent : charité endormie[2]
Treuve en chascun, dont tout ne la moitié[3]
N’en puet avoir, Fortune est s’anémie
Qui survenir
Lui fait maint mal, si ne puet soustenir
Son povre estât ou elle met grant cure[4]
Se Dieu et vous ne la prenez en cure.

Si vous plaise que par vous esploistié
Soit de son fait, car ja plus que demie
Est cheoite au bas, dont a cuer dehaitié
Souventes fois et de soussi blesmie,
Dont si tenir
A memoire vueilliez et retenir[5]

Son fait qu’a chief en soit ou trop endure[6]
Se Dieu et vous ne la prenez en cure.

Tost avenir
Puisse par vous et son fait parfurnir,[7]
Mon chier Seigneur, car trop a peine dure
Se Dieu et vous ne la prenez en cure

  1. XV. — 9 B Ne p. a. pour peine n’amistié
  2. — 10 B Ce qui est sien
  3. — 11 B T. partout
  4. — 15 B S. foible e.
  5. — 22 A2 V. a m.
  6. XV. — 23 A1 ou t. demeure
  7. — 26 B a s. f.