Au jardin de l’infante/Des soirs fiévreux et forts…
Des soirs fiévreux et forts comme une venaison,
Mon âme traîne en soi l’ennui d’un vieil Hérode,
Et, prostrée aux coussins, où son mal la taraude,
Trouve à toute pensée un goût de trahison.
Pour fuir le désespoir qui souffre à l’horizon,
Elle appelle la sombre danseuse qui rôde,
Et Salomé vient dans la salle basse et chaude
Secouer le péché touffu de sa toison.
Elle danse !… Oh ! pendant qu’avec l’éclat des pierres,
Au soleil, tes deux yeux brûlent dans leurs paupières,
Mon âme, entends-tu pas bêler dans le verger ?
Tu le sais bien pourtant quel enfer te l’amène,
Et qu’elle va, ce soir, réclamer pour sa peine
L’Agneau blanc de ton pauvre cœur pour l’égorger.