Au clair de la dune/Mer fâchée

Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 34-35).

XIV

MER FÂCHÉE


La mer bâille. Ses flots très ennuyés font rage.
La vague écume et siffle, échevelant dans l’air
Comme un long coup de fouet, sa crinière d’orage,
Fouet monstre qu’on croirait effilé d’un éclair.

La mer est ce matin, bien sombre, bien austère.
Elle a d’étranges voix et de fantasques cris
Que, tremblante, redit sa vieille sœur, la terre,
Et les échos au loin hurlent, endoloris….


Or, devant cette mer aux farouches fanfares,
Je songe à vos yeux noirs, singuliers et profonds,
Et terribles comme elle, à vos grands yeux bizarres
Qui me tiennent noyé dans leurs gouffres sans fonds.