Au Tombeau de Banville

Au Tombeau de Banville
Mercure de France1er  mai 1918, tome 127, n° 477 (p. 38-39).

AU TOMBEAU DE BANVILLE

La plus douce des voix qui vibraient sous le ciel
Se tait ; les rossignols ailés pleurent le frère
Qui s’envole au-dessus de l’âpre et sombre terre,


Ne lui laissant plus voir que l’être essentiel
Esprit qui chante et rit, fleur d’une âme sans fiel.
L’ombre élyséenne, où la nuit n’est que lumière,
Revoit, tout revêtu de splendeur douce et fière,

Melicerte, poète à la bouche de miel.
Dieux exilés, passants célestes de ce monde,
Dont on entend parfois dans notre nuit profonde
Vibrer la voix, frémir les ailes, vous savez

S’il vous aima, s’il vous pleura, lui dont la vie
Et le chant rappelaient les vôtres. Recevez
L’âme de Melicerte affranchie et ravie.