Astronomie populaire (Arago)/XVII/11

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 306-308).

CHAPITRE XI

comète de 1770 ou de lexell


Messier découvrit une comète dans le mois de juin 1770. Les astronomes, dès qu’ils en eurent réuni trois bonnes observations, s’empressèrent, comme d’habitude, de déterminer ses éléments paraboliques. Ces éléments ne ressemblaient pas à ceux des comètes déjà observées.

La comète resta visible fort longtemps. Il fut donc naturel de rechercher jusqu’à quel point ses dernières positions concordaient avec la parabole déterminée à l’aide des premières. Eh bien, les discordances étaient énormes ; aucune combinaison d’éléments paraboliques ne les faisait disparaître. Dans ce cas particulier, jusque là sans exemple, on ne pouvait donc pas légitimement assimiler l’ellipse à la parabole : l’ellipse réelle devait avoir un grand axe assez court.

Lexell trouva, en effet, que la comète de 1770 (n° 85 du catalogue) avait parcouru autour du Soleil une ellipse dont le grand axe était égal seulement à trois fois le diamètre de l’orbite terrestre, et qui correspondait à une révolution de cinq ans et demi. Il représenta ainsi toutes les positions que l’astre alla occuper pendant la longue durée de son apparition, avec l’exactitude des observations elles-mêmes.

Cet important résultat souleva une grave objection. Avec une révolution aussi prompte, il semblait que la comète de 1770 aurait dû se montrer fréquemment, et on n’en trouvait aucune trace dans les cométographes, avant les observations de Messier. Il y a plus, elle a toujours été invisible depuis, quoiqu’on l’ait cherchée attentivement aux places mêmes où l’orbite elliptique de Lexell devait la ramener.

Je laisse à deviner tout ce que la comète perdue fit naître de sarcasmes, bons ou mauvais, contre ces pauvres astronomes qui s’étaient tant vantés d’avoir trouvé définitivement la clef des mouvements cométaires. Il y avait néanmoins, on doit l’avouer, dans cette mystérieuse disparition, une véritable question à résoudre, car la vive lumière dont brillait la comète de 1770, ne permettait pas de supposer qu’elle fût revenue plusieurs fois sans être remarquée. Aujourd’hui tout est éclairci, et les lois de l’attraction universelle ont puisé dans une épreuve qui, au premier aperçu, semblait devoir les ébranler, une force, une évidence nouvelles.

Pourquoi n’avait-on pas vu la comète tous les cinq ans et demi avant 1770 ? Par la raison que son orbite était alors totalement différente de celle qu’elle a parcourue postérieurement.

Pourquoi la comète n’a-t-elle pas été aperçue depuis 1770 ? Par la raison que son passage au périhélie de 1776 s’effectua de jour, et qu’avant le retour suivant, la forme de l’orbite fut tellement altérée par l’attraction planétaire que, si la comète avait été visible de la Terre, on ne l’aurait pas reconnue.

Aux éléments de la comète de Lexell donnés dans le catalogue des comètes, tels que M. Le Verrier les a calculés, il faut ajouter :

Longueur du demi grand axe 
 3,1534
Excentricité 
 0,7868