Astronomie populaire (Arago)/XIV/28

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 180-181).

CHAPITRE XXVIII

connexion supposée entre les taches solaires et les
mouvements de l’aiguille aimantée


M. Lamont, directeur de l’Observatoire de Munich, en discutant les observations de la variation diurne de l’aiguille aimantée, a trouvé que l’amplitude de ces variations, tantôt plus grande, tantôt plus petite, était assujettie à une période décennale.

Divers observateurs, et entre autres le père Secchi, ont remarqué que les époques des maxima et des minima de ces variations coïncidaient avec les époques où, d’après les observations de M. Schwabe, on avait remarqué sur le Soleil un maximum et un minimum dans le nombre de taches.

Le nombre considérable d’observations de la variation diurne de l’aiguille aimantée de déclinaison que j’ai faites à Paris, de 1820 à 1835, et dont j’ai confié le dépouillement à M. Barral[1], confirme cette vue théorique, comme le montrent les chiffres suivants :

Années. Groupes
de taches
observées.
Variation diurne
moyenne annuelle
de la déclinaison.
1826
 
118
       
  9′ 45″,77
1827
 
161
       
11  19 ,38
1828
 
225
max 
11  23 ,31
1829
 
199
       
11  44 ,26 max.
1830
 
190
       
12    7 ,91
1831
 
149
       
12  13 ,68

D’après cette coïncidence, on peut se croire autorisé à penser que les taches solaires exercent une influence sur les variations diurnes de l’aiguille aimantée, l’augmentation du nombre des taches donnant toujours une augmentation dans l’amplitude de la variation.

Si la coïncidence des périodes des deux phénomènes n’a pas été seulement fortuite, ce que des observations ultérieures décideront, ce sera là une belle découverte dont l’influence sur les progrès de la physique terrestre pourra être considérable ; mais attendons avant de nous prononcer définitivement.

  1. Voir t. IV des Œuvres, t. Ier des Notices scientifiques, p. 500.