Astronomie populaire (Arago)/VII/03

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 254-256).

CHAPITRE III

mouvement propre du soleil


Chaque étoile se lève et se couche aux mêmes points de l’horizon pendant toute l’année ; les points du lever et du coucher du soleil, au contraire, varient continuellement. Depuis le 21 décembre jusqu’au 21 juin le soleil se lève chaque jour dans des situations de plus en plus boréales ; depuis le 21 juin jusqu’au 21 décembre suivant, on remarque une marche opposée. Les courses diurnes des étoiles semblaient attachées à un horizon déterminé par des points fixes ; on voit au contraire que les points de ce même horizon où aboutissent les courses diurnes apparentes du soleil, changent perpétuellement. Une étoile déterminée parvenait tous les jours à la même hauteur angulaire au-dessus de l’horizon, au moment de son passage au méridien ; la hauteur diurne maximum du soleil est très-variable. Supposons d’abord que l’astronome soit réduit à faire ses observations à l’œil nu et qu’il compare le soleil aux étoiles qui se couchent peu de temps après lui, l’intervalle compris entre le coucher du soleil et celui des étoiles plus orientales, ira de jour en jour en diminuant, les étoiles qui lui servent de termes de comparaison se plongeront enfin dans la lumière solaire et disparaîtront. Admettons maintenant que l’astronome porte ses rayons vers l’orient, les étoiles qui atteignent l’horizon ou se lèvent avant le soleil sont, je suppose, assez dégagées de la lumière crépusculaire pour être aperçues ; si le premier jour l’observation n’est possible que difficilement, elle deviendra les jours suivants de plus en plus facile, parce que le soleil se sera graduellement éloigné des étoiles plus occidentales que lui. De ces deux remarques faites sur le coucher et le lever, nous pouvons conclure que le soleil se rapproche des étoiles plus orientales que lui, et qu’il s’éloigne au contraire des étoiles plus occidentales. Ce double effet peut être expliqué, soit en supposant que le soleil s’est rapproché des étoiles immobiles par un mouvement dirigé de l’occident à l’orient, soit en admettant que les étoiles ont marché à la rencontre du soleil, qui ne se déplacerait pas, par un mouvement général indépendant du mouvement diurne, et dirigé de l’orient à l’occident.

Cette dernière hypothèse a paru d’abord la plus naturelle, tant nous sommes enclins à douer de mouvements les petits corps et à laisser immobiles ceux qui paraissent avoir de très-grandes dimensions ; mais en y réfléchissant davantage, on vit que le mouvement supposé des étoiles ne dispenserait pas d’attribuer un déplacement propre au soleil, car il fallait expliquer les changements considérables dans les points de lever et de coucher de cet astre que nous avons notés depuis le 21 décembre jusqu’au 21 juin, et les changements dans la direction contraire qui s’observent depuis le 21 juin jusqu’au 21 décembre. Cette réflexion a ramené à l’idée que les étoiles n’éprouvent d’autre déplacement que celui qui provient du mouvement diurne, et que le soleil entraîné par ce même mouvement marche en outre dans la sphère des étoiles de l’occident à l’orient.

Le mouvement propre du soleil que nous venons de constater sert à expliquer très-simplement comment l’aspect du ciel change perpétuellement la nuit dans le courant de l’année. En effet, le soleil en arrivant par son déplacement propre dans les diverses constellations, efface, à cause de la vivacité de sa lumière, celle des étoiles dont elles se composent et ne laisse entièrement visibles que les constellations dont il est éloigné ou qui ne sont pas au-dessus de l’horizon en même temps que lui.