Architecture rurale, premier cahier, 1793/pratique

Pratique du pisé.

Qu’on ne s’y trompe pas ! le pisé est bien différent de ces misérables constructions faites en terre pêtrie ou en boue, mêlée avec de la paille ou du foin, que bien des personnes confondent avec cet art précieux. J’ai vu même d’habiles gens ne savoir ou ne vouloir pas distinguer cette noble science d’avec la routine que l’on a dans la campagne d’élever quelques murs avec la terre pêtrie ; construction on ne peut pas plus vicieuse, puisqu’elle ne se soutient qu’autant qu’on lui donne un talus rapide ou une forme bien pyramidale.

L’art que je présente, non-seulement renferme tous les principes de la meilleure maçonnerie, mais d’autres règles que j’indiquerai. La planche IV représente le plan d’une petite maison que nous allons bâtir avec le lecteur, en pisé.

Nous commencerons par faire la fondation de cette maison en maçonnerie ordinaire, que nous éleverons, en premier lieu, à deux pieds au dessus du terrein. Cette dépense est absolument nécessaire pour garantir le pisé de l’humidité du sol ; d’ailleurs elle sert à préserver les murs de terre du rejaillissement des eaux pluviales qui tombent des égoûts du toit. Lorsque nous aurons rendu de niveau tous les murs et de 18 pouces d’épaisseur, nous tracerons dessus, avec de la pierre noire ou rouge, les tranchées nécessaires pour recevoir les clefs du moule : leur distance doit être de 3 pieds de milieu en milieu ; en voici la preuve : chaque côté de l’encaissement ayant 10 pieds de longueur, il donne par conséquent trois parties de 3 pieds, qui en font 9 ; reste 6 pouces de plus à chaque extrémité, qui servent pour alonger le moule sur les angles de la maison, et dans beaucoup d’autres cas.

Après que nous aurons marqué ces tranchées, nous ferons maçonner entre elles de 6 pouces de hauteur, ce qui laissera la place des clefs, et en même temps ce qui donnera 6 pouces de plus de maçonnerie ; de manière qu’on aura deux pieds et demi de soubassement en pierres et mortier, hauteur bien suffisante pour empêcher, aux pluies et à la neige, de gâter les murs de terre. Sur cette maçonnerie fraîche, nous pouvons établir tout de suite le moule, en le plaçant dans un des angles de la maison : lorsque nous l’aurons fait monter de la manière que je l’ai indiqué, nous ferons poser la tête contre l’angle : cette tête doit avoir 18 pouces de largeur par le bas, et 6 lignes de moins par le haut ; par conséquent les petits bâtons ou gros de mur, marqués dans la planche I, fig. 6, et dans la planche II, fig. 11, à la lettre E, doivent avoir la même longueur de 17 pouces et demi. On en sent la raison : la tête du moule ayant 3 pieds de hauteur, doit diminuer en montant, de chaque côté, d’une ligne par pied, pour laisser cette ligne au fruit ou talus que l’on donne ordinairement aux constructions de tous les murs ; ainsi chaque côté du moule incline en dedans de 3 lignes.

Les coins bien serrés, les poteaux bien entretenus par les liages des cordes, il ne s’agit plus que de bien arrêter la tête du moule : à cet effet, on pose deux sergens de fer de menuisier, qui embrassent l’encaissement, et on cale de quelques morceaux de bois les petits intervalles qui restent entre la tête et les sergens. Voilà l’équipage prêt, il faut mettre la main à l’œuvre.

Chaque maçon entre dans sa case ; on voit qu’il faut trois hommes, puisque les quatre rangs de poteaux forment trois espaces : on place le meilleur ouvrier dans l’angle ; c’est lui qui gouverne, qui, de temps à autre, en travaillant, plombe, pour reconnoître si le moule ne s’est pas dérangé : cependant chaque maçon doit avoir à ses côtés son plomb, pour le vérifier aussi. À cet effet, ils l’entreposent sur les cordes ou aux poteaux.

Avant de mettre de la terre, nous ferons étendre un glacis de mortier, seulement dans le pourtour de l’encaissement, et couvrir de quelques pierres minces les tranchées où sont les clefs. Ce glacis ne sert qu’à empêcher que la première terre qu’on va jetter ne coule dans les joints, et sert encore à pouvoir bien presser cette terre dans les angles du pourtour.

Les autres ouvriers manœuvres qui piochent la terre, la préparent et la portent dans le moule, commencent à en donner un peu aux trois piseurs : ceux-ci, après l’avoir étendue avec leurs pieds, se mettent à la comprimer avec le pisoir ; mais nous serons soigneux à ce qu’ils n’en reçoivent, chaque fois, que 3 à 4 pouces d’épais : les premiers coups qu’ils donnent suivent le pourtour du moule ; après quoi, ils battent pareillement dans l’épaisseur du mur ; ensuite ils croisent leurs coups, de manière que la terre se trouve pressée en tout sens. Lorsque deux maçons se rencontrent dans le voisinage de leurs cases à piser, ils accordent les coups de leurs pisoirs, pour battre en même temps sous les liages des cordes, parce qu’ils ne peuvent presser la terre, dans cette place, que difficilement, ou par des efforts obliques ; par ce moyen, toute la longueur du moule se trouve également massivée : celui qui est à l’angle du bâtiment, bat avec soin contre la tête du moule, et, soit par vanité, soit pour raison de solidité, il pose, sur la terre battue, tous les six pouces de hauteur, un petit glacis de mortier contre cette tête, ce qui imite les joints des pierres.

Nous aurons attention que les piseurs n’admettent jamais de nouvelle terre, qu’après qu’ils auront bien battu la première couche ; ce qu’ils doivent reconnoître à leurs coups de pisoir, qui marquent à peine la place sur laquelle ils portent. Lorsqu’ils sont assurés de la perfection, ils appellent les manœuvres pour leur porter de nouvelles terres, qu’ils pressent de nouveau, ainsi de suite, couche par couche, jusqu’à ce que le moule soit entièrement plein.

Cela fait, nous ne craindrons pas de démonter sur le champ l’encaissement. Le pan de terre qui vient d’être fait, d’environ 9 pieds de longueur moyenne sur 2 pieds et demi de hauteur, restera sur son assiette, droit, sans danger d’éboulement : nous ferons donc, de suite, couler le moule sur l’étendue du mur, et nous le laisserons embrasser le pan de mur déjà construit, d’un pouce seulement, au haut de la pente, attendu que nous lui aurons laissé, du côté opposé à l’angle, cette pente ou ligne d’inclinaison telle qu’on le voit dans les élévations géométrales, pl. V et VI, et principalement pl. X, fig. 1, où la jonction des pans de mur se fait mieux sentir, étant dessinée sur une plus grande longueur. Cette pente est ordinairement d’environ un pied et demi de largeur, prise en ligne de niveau ou horizontale. On sent que par ce procédé on ne laisse aucun joint au pisé ; qu’on rend adhérens tous les pans de murs, puisqu’au second que nous allons faire, nous ferons presser, dans cette inclinaison, les terres l’une sur l’autre, c’est-à-dire que nous ferons battre la nouvelle terre sur l’ancienne, qui est déjà pisée ou massivée. C’est à ce second pan de mur et aux suivans, que la tête du moule devient inutile ; nous ne la reprendrons que lorsque nous aurons des angles à faire.

Nous ferons donc ainsi faire le tour du bâtiment, en démontant et remontant le moule toutes les fois qu’un pan de mur sera comprimé ; lorsque nous aurons parachevé le dernier pan B contre l’angle A par où nous avons commencé le pisé, voy. planche IV, nous ferons transporter l’encaissement sur le mur de refend, et nous le placerons à la porte de communication D. Qu’on remarque ici que les pieds droits de cette porte, étant quarrés ou d’équerre, absolument semblables aux angles, obligent à reprendre la tête du moule pour les former, même qu’il faudroit avoir deux têtes, si on les faisoit tous deux à la fois ! ce qui est possible. Comme on ne peut piser le pied droit, qui est appuyé contre le mur de face, à cause de son peu de largeur, et qu’on a la facilité de le faire en bois ou en pierres, nous établirons donc l’encaissement sur l’autre pied droit D ; et lorsque nous aurons fait cette partie, nous ferons couler le moule, pour terminer contre l’autre mur de face C.

Ce premier cours parachevé, il faut procéder au second : à cet effet, nous allons nous trouver dans la nécessité de nous procurer des tranchées dans le pisé qui vient d’être fait, pour y pouvoir placer de nouveau les clefs du moule.

Pour accélérer l’ouvrage, j’ai trouvé un moyen, en faisant faire un nouvel outil tracé planche II, fig. 12, et que je nomme pioche tranchante : elle a, d’un côté, une espèce de hache ou de taillant ; l’autre est en forme de langue de bœuf, c’est-à-dire qu’elle ne vient pas en pointe comme une aiguille, mais qu’elle s’alonge de la même largeur, et qu’elle est un peu courbée et aiguisée, ainsi qu’on le voit en plan par la fig. 13. Je ne saurois trop recommander de faire forger un pareil outil, qui est si commode et expédie tant le travail.

Reprenons la suite de nos opérations. Si nous avons commencé le pisé de la maison, planche IV, par l’angle A, en alignant le moule à E, il faut, pour la seconde assise, recommencer de A, en alignant à F : ainsi, lorsque le premier cours d’assise aura parti à droite, il faut, pour le second, partir à gauche ; le troisième cours recroisera à droite, le quatrième à gauche, ainsi alternativement tous les autres jusqu’à la cîme du bâtiment ; ce qui se fait bien sentir en voyant les façades, planches V et VI.

On conçoit aisément qu’avec cette précaution, on met toutes les jonctions inclinées des pans de mur en sens contraire ou opposé, ce qui ne contribue pas peu à la solidité des maisons faites en terre : qu’on y ajoute les liaisons que se font réciproquement les pans de mur qui se croisent dans les angles et sur les murs de refend, marqués A, B : G et H. Sur les élévations, planches V et VI, on trouvera que cette construction simple est aussi bonne que la maçonnerie la mieux faite.

Nous ne craindrons point de surcharger le second rang de pisé sur le premier, quoique fraîchement fait, puisqu’on peut, sans interruption, dans un seul jour, monter trois cours d’assise en terre les uns sur les autres ; c’est ce qu’on exécute lorsqu’on n’a qu’un pavillon ou bout de clôture à faire : ainsi nous nous empresserons de tracer sur le premier cours les tranchées, en les espaçant toujours de 3 en 3 pieds, non pas perpendiculairement aux inférieures que nous venons de pratiquer dans la maçonnerie, mais de milieu en milieu. Voyez pl. V, VI et X, fig. 1, les trous de ces tranchées, qui sont en ligne couchée ou oblique. Ces traces faites, nous ferons couper, avec la pioche tranchante, la terre comprimée, de 6 pouces de profondeur ; nous y placerons les clefs à l’angle A, pl. IV, ensuite l’encaissement, que nous alignerons à F : par conséquent il portera sur le premier et le dernier pan de mur A et B de l’assise inférieure.

Il n’y a aucun changement dans la main d’œuvre pour le second cours de pisé, si ce n’est qu’il faut soigneusement diminuer de demi-pouce la tête du moule tout le long de sa hauteur, et rogner également de 6 lignes tous les petits bâtons, parce qu’ils doivent servir de gros de mur au haut du moule, en même temps l’entretenir et laisser à cette seconde assise le talus qui lui est nécessaire.

Une autre remarque essentielle, c’est qu’on ne peut piser de suite les murs de face dans leur pourtour, comme on l’a fait pour la première assise ; en voici la raison : le mur de refend devant anticiper sur les murs de face, ou plutôt tous murs quelconques d’un bâtiment, soit de face, soit de refend, qui se rencontrent en retour d’équerre, même de biais, ou par deux angles inégaux, doivent se croiser alternativement à chaque cours d’assise. D’après ce principe, le mur de refend de cette maison doit donc être lié, lors de la confection de ce second rang, aux murs de face ; c’est pourquoi, lorsque nous aurons fait piser depuis A à C, même un peu moins, pl. IV, nous quitterons le mur de face, et nous tournerons le moule sur le mur de refend, où nous lui ferons embrasser l’épaisseur du mur de face C, et où nous placerons la tête du moule, ce qui paroît plus sensible en regardant la pl. VI à la lettre G.

Lorsque nous aurons pisé la longueur du mur de refend jusqu’à la porte, nous ferons reporter le moule dans la partie qui avoit resté à faire sur le mur de face marqué I, pl. VI. Après avoir fait boucher cette partie, nous repasserons le moule au delà de la tête du mur de refend marqué en K, et nous continuerons le second cours d’assise, sans nous arrêter, jusqu’à l’angle A, pl. IV. Si en passant, nous n’avons point lié le mur de refend avec le mur de face du côté opposé à C, c’est par la cause rapportée ci-devant, que le pied droit si mince qui y est adossé, doit se faire en bois ou en maçonnerie : mais à la troisième assise, nous aurons soin de faire cette anticipation, qui traversera le dessus de la porte et le mur de face.

On use du même procédé pour tous les autres cours de pisé : la description des deux premiers suffit pour que chacun puisse faire élever sa maison, avec la terre seule, aussi haute et aussi vaste qu’il lui plaira.

À l’égard des pignons, on ne peut les croiser, puisqu’ils sont isolés ; mais ayant si peu de hauteur et étant entretenus par la construction du toit, cela devient indifférent. Pour faire ces pignons, rien n’est plus aisé ; il ne s’agit que de tracer dans le moule leurs lignes de pente, et de ne piser de la terre que suivant l’inclinaison.

J’ai dit, et je le répète, que chaque cours de pisé restera de deux pieds et demi de hauteur, si le moule a 2 pieds 9 pouces, parce qu’il doit embrasser le mur inférieur de 3 pouces ; c’est pourquoi les tranchées ont 6 pouces de profondeur, puisque les clefs en prennent la moitié, ayant 3 pouces d’épaisseur.

Cela bien entendu, on trouvera que l’épaisseur des murs de la maisonnette dont je donne le dessin, sera réduite à 15 pouces au faîte, si on a eu soin de couper les petits bâtons et la tête de 6 lignes à chaque cours d’assise. La preuve s’en tire sur la hauteur des six cours de pisé, qui doivent avoir gagné, en montant la maison, plus d’une ligne par pied de talus de chaque côté des murs : nous aurions pu même réduire les murs du pignon à 14 pouces d’épaisseur, puisque nous avons eu soin de ne laisser que ces 14 pouces d’intervalle entre les mortaises de chaque clef, ce qui fait connoître qu’on peut diminuer les murs tant qu’on veut, en agrandissant les mortaises, ou en laissant entre elles moins de distance, comme de 10, 11, 12, 13 pouces, pour pouvoir faire des murs de cette épaisseur.

Telle est la méthode du pisé, que l’on employe depuis beaucoup de siècles, dans le Lyonnois. Les maisons ainsi bâties sont solides, salubres, et des plus économiques ; elles durent très-long-tems : j’en ai démoli dont les titres des propriétaires constatoient 165 ans d’existence, quoiqu’ayant été mal entretenues. Les riches négocians de la ville de Lyon ne font point faire différemment leurs maisons de campagne. L’enduit avec la peinture, qui sont encore très-économiques, dérobent à tous les yeux la nature de ces maisons, et en couvrant la terre ils les décorent superbement. Cette peinture à fresque est plus riante, plus fraîche, plus brillante que toutes les autres peintures, parce que l’eau n’en altère point les couleurs ; ainsi on épargne colle, huile ou essence, et il n’en coûte presque que la main d’œuvre, soit aux riches, soit aux pauvres. Avec quelques sous d’ocre rouge, jaune, ou autres couleurs, l’habitant peut faire briller sa maison.

Tous les étrangers qui voyagent sur la Saone, dans les diligences qui y sont si commodes et si agréables, ne se sont jamais doutés, en voyant ces belles, ces charmantes maisons de campagne, élevées sur les côteaux, qu’elles ne soient construites qu’avec la terre : combien y a-t-il de personnes qui ont fréquenté, même séjourné dans ces espèces de châteaux, sans s’être apperçues de leur singulière construction ? On peut se figurer leur magnificence, par le dessin que nous avons mis au commencement de ce livre : la semblable maison, non décorée dans le même dessin, fait appercevoir la nature originale de ces bâtisses ; les agriculteurs aisés les font blanchir ; quelques uns, plus glorieux, y ajoutent des pilastres, des chambranles, des panneaux, des ornemens de différentes couleurs. La pl. V, fig. 2, représente la demeure du plus pauvre habitant du Lyonnois.

Qu’il me soit permis d’observer qu’on doit employer ce genre de bâtir dans toute la République, soit pour la décence des villages et l’honneur de la nation, soit pour épargner les bois qu’on employe en si grande abondance aux constructions, soit pour éviter les incendies, soit pour garantir les laboureurs du froid et des excessives chaleurs, en même temps conserver et affermir leur santé, soit pour tant d’autres objets, trop longs à rapporter, si utiles à l’état et aux propriétés particulières ; par exemple, comme celui qui procure la diminution et la promptitude du travail ; comme celui qui donne l’avantage d’habiter ces maisons presque aussi-tôt qu’elles sont parachevées : c’est pourquoi, lorsque le toit est posé, on ne bouche pas tout de suite les trous des tranchées que l’on voit dans le plan et sur les élévations, pl. IV, V, VI, VII, VIII, et X, à cause de la circulation de l’air qui traverse les murs et sert à les sécher promptement, ce qui rend ces maisons encore plutôt habitables.

Les ouvertures des portes et des fenêtres se laissent lors de l’exécution du pisé ; si nous n’en avons point parlé ci-devant, c’étoit pour ne point surcharger l’esprit du lecteur : toutes les fois que le moule se rencontre sur un mur où doit être pratiquée une porte ou une fenêtre, on pose dedans deux têtes de moule, ou une, pour en former le pied droit ; on les biaise un peu en dedans, pour donner l’évasement nécessaire au jeu des fermetures et des croisées.

Les encadremens de ces portes et fenêtres se font de plusieurs manières : les riches y emploient la pierre de taille ou les briques ; les indigens des cadres en bois : mais ces derniers sont nuisibles à la décoration, le bois ne pouvant jamais se lier avec le pisé. Voyez-en le mauvais effet dans la pl. VIII, fig. 1, où l’on reconnoîtra que, malgré les plus grandes précautions, les enduits se détachent et tombent de dessus ces cadres de bois, tandis que la pierre et les briques, pl. VII, fig. 1 et 2, se lient très-bien avec le pisé, et retiennent parfaitement les enduits, par conséquent la peinture qui y dure fort long-temps.

Les cheminées en pierres ou en bois se posent et se maçonnent dans le pisé tout de même que dans les murs de maçonnerie ; les tuyaux s’y appliquent aussi très-solidement. Voy. pl. VIII, fig. 2. Mais ce qu’il y a de bien particulier et de fort avantageux, c’est qu’on peut décorer les appartemens avec noblesse, sans être assujetti de placer aucun pied droit aux portes de communication, soit pierres, soit briques, soit en gros bois. Voyez, même pl., fig. 2, cette porte marquée A, à côté de la cheminée où ces pieds droits sont simplement faits avec la terre.

Eh ! pourquoi feroit-on la dépense d’aucun pied droit aux portes de l’intérieur d’une maison, lorsqu’on peut suspendre leurs fermetures sur les boisages des appartemens ?

On apperçoit jusqu’à quel point on peut porter l’économie dans ce genre admirable de bâtir : par quelle fatalité cet art a-t-il donc resté circonscrit dans une province ? Pourquoi même aujourd’hui est-il oublié ou ignoré presque de tout l’univers ? Encore une fois, ce ne peut être qu’en le propageant dans toutes les parties de la République, ainsi que plusieurs autres procédés économiques que je donnerai successivement, que la France peut conserver la priorité qu’elle a ou doit avoir sur les autres nations, pour faire fleurir son agriculture, son commerce et son industrie.

Il n’est que trop vrai que les plus simples procédés, par conséquent les meilleurs, restent ou séjournent éternellement dans les villages où quelque heureux génie les a inventés. Celui que je vais rapporter frappera le lecteur, qui ne pourra concevoir pourquoi et comment les Lyonnois, au fait de l’art du pisé, n’en font pas usage, eux encore qui sont voisins du pays où on pratique cette méthode différente et expéditive.