Antiquités judaïques/Livre II/1

Chapitre premier.

1. Ésaü cède son droit d’aînesse à Jacob. – 2. Prospérité d’Ésaü ; l’Idumée.

1[1]. Après la mort d’Isac, ses fils se partagèrent entre eux ses domaines, mais ils ne gardèrent pas les pays qu’ils avaient reçus. Esaü quitta la ville d’Hébron, cédant la place à son frère, et passa sa vie à Saira, d’où il gouverna l’Idumée, pays qu’il appelait ainsi d’après lui-même : car il avait pour surnom Edôm(os)[2] par l’occasion suivante. Un jour, étant encore enfant, il revenait[3] de la chasse, fatigué de ses courses, accablé de faim ; rencontrant son frère qui venait de se préparer pour son repas un plat de lentilles, d’une belle couleur dorée, ce qui excita davantage encore son désir, il lui demanda de les lui donner à manger. Celui-ci, profitant de ce grand appétit, obligea[4] son frère de lui céder en échange son droit d’aînesse ; et ce dernier, talonné par la faim, lui abandonna ses droits en s’engageant par serment. Ensuite, à cause de la couleur dorée du mets, les jeunes gens de son âge l’appelèrent, en manière de plaisanterie, Edom, — c’est par le mot édôma que les Hébreux désignent le rouge, — et il nomma ainsi le pays ; ce sont les Grecs qui lui ont donné le nom d’Idumée pour plus de noblesse.

2[5]. Il devient père de cinq enfants ; d’abord Iaous, Iéglôm(os)[6] et Koréos d’une seule femme nommée Olibamé ; quant aux autres, Eliphaz(ès) lui naquit d’Ada, Ragouèl(os) de Basemmathé. Tels étaient les fils d’Esaü. Eliphaz eut cinq fils légitimes : Théman(os), Oman(os)[7], Sôpharos[8], Golham(os)[9], Kénéz(os) ; Amalèc(os) était un bâtard qui lui était né d’une concubine, nommée Thamnaé[10]. Ceux-ci occupèrent la partie de l’Idumée nommée Gobolitide et celle qui s’appela, d’après Amalec, Amalécitide : l’Idumée, qui s’étendait loin autrefois, a conservé dans son ensemble, comme dans ses parties, les noms qui provenaient de ses fondateurs.

  1. Gen., XXXVI, 6.
  2. Héb. et LXX : Edom.
  3. Gen., XXV, 29.
  4. Dans la Bible, Esaü cède de plein gré son droit d’aînesse, auquel il n’attache pas momentanément d’importance (v. 34).
  5. Gen., XXXVI, 1 ; I Chron., I, 35.
  6. LXX, ἸεούςἸελόμ (héb. : Ya’lam.)
  7. LXX. Ὠμάρ (héb. : Omàr).
  8. Héb. : Çephô. LXX. Σωφάρ.
  9. Héb. : Ga’tham. LXX. Γοθώμ
  10. Héb. : Thimna.