Anthologie des poètes français du XIXème siècle/Émile Bergerat

Anthologie des poètes français du XIXème siècleAlphonse Lemerre, éditeur*** 1842 à 1851 (p. 168-184).




ÉMILE BERGERAT


1845-1877




Émile Bergerat est né à Paris le 29 avril 1845. Il débuta dans les lettres à dix-neuf ans par une comédie en vers, au Théâtre-Français, qui réussit. Tempérament très artiste, il a abordé à peu près tous les genres littéraires, poésie, théâtre, roman, critique d’art, chroniques, et sa réputation s’est faite de la multiplicité même de ses recherches. Malgré le succès considérable de ses chroniques de Caliban, au Figaro, le don théâtral paraît être sa dominante.

Comme poète, il a donné les Poèmes de la Guerre, recueil d’odes et d’élégies patriotiques écrites pendant le siège de Paris, récitées à la Comédie Française, et dont quelques-unes ont atteint et conservé la popularité. De ce nombre, il convient de citer Les Cuirassiers de Reichshoffen et Le Maître d’École, ce dernier ouvrage surtout, dont un autre poète a écrit qu’il était « le plus beau cri de douleur quait poussé la patrie française pendant son martyre de 1870. »

Depuis cette époque, M. Émile Bergerat, à demi submergé dans une production presque quotidienne de journaliste militant, n’a plus donné à la poésie que le poème intitulé : Enguerrande, par lequel il affirme ses convictions shakespeariennes, et qui, a dit Théodore de Banville, renferme des « scènes ardentes, extasiées, lyriques et symétriques parfois, où le mot, avec sa force virtuelle et avec tous ses artifices, se mêle, se tresse et se retourne en cent façons pour exprimer l’inexprimable ; où la magicienne Rime se fait couleur, musique, lumière, caresse, pour éveiller les plus amères, les plus profondes, les plus délicieuses sensations. »

Entre autres dons naturels précieux, M. Émile Bergerat est favorisé de celui du vers comique. Il l’a exercé brillamment dans La Nuit Bergamasque, comédie qui date les débuts du Théâtre-Libre, puis dans l’adaptation pour la scène du Capitaine Fracasse de Théophile Gautier, beau-père de l’auteur, et enfin dans cette Lyre Comique que publie chaque semaine le supplément du Figaro.

Les œuvres poétiques de M. Émile Bergerat ont été publiées par A. Lemerre, et par Frinzine, Klein et Cie.

a. l.


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LE MAÎTRE D’ÉCOLE


I



Messieurs les Allemands, au détour d’un chemin
Vous m’avez arrêté, les armes à la main…
Je ne suis pas soldat, n’ayant pas l’uniforme.
Vos édits sont formels… et je les avais lus.
Je serai fusillé tout à l’heure ! — Au surplus
Faites votre devoir, je plaide pour la forme.


II


Quand vous êtes venus en France, mon pays,
J’étais l’instituteur de ces bourgs envahis.
Comme on entend les bois gazouiller à l’aurore,
Le babil des enfants indiquait ma maison !
— C’est celle que l’on voit fumer à l’horizon,
Dans ce brasier, où tout un canton s’évapore.


III


Ma femme était Badoise. — Oui, dans ce temps serein,
On pouvait naître encor des deux côtés du Rhin
Sans s’égorger et sans songer aux représailles.
Son cours ne traversait que mes rêves d’amant :
S’il me séparait d’elle, il était allemand ;
Elle le crut français le jour des épousailles.


IV


Nous nous étions connus à Strasbourg ! — Je voudrais
Ne pas dire ce nom devant vous, étant près
De retourner au Dieu qu’atteste ma patrie !
Elle était protestante, et mon culte est romain ;
Mais le jour où sa main fut mise dans ma main
Nous vit jurer tous deux la même idolâtrie.


V


Les enfants l’adoraient !… Ils m’aimaient bien aussi !
Je n’ai pas toujours eu l’air fauve que voici ;
Le meurtre, voyez-vous, déforme le sourire,
Et j’ai beaucoup tué ! — Quelques-uns d’entre vous
Sont des savants, dit-on : je n’en suis pas jaloux,
Car j’ai fait plus de mal qu’ils n’en pourront écrire.


VI


Et pourtant que de joie en mon humble métier !
J’ai vécu de chansons pendant un an entier ;
Quand on entendait rire, on disait : « C’est l’école ! »
L’enfant n’est bien souvent qu’un ange curieux
Qui vient pour essayer la vie, une heure ou deux,
Et qui, la trouvant triste, ouvre l’aile… et s’envole.


VII


Sans doute ils oubliaient chez moi le paradis,
Car tous m’étaient restés. — Ce que je vous en dis
N’est pas pour me vanter ; j’avais cette chimère
Qu’à la longue, fût-il faible ou fort, blond ou brun,
Le ciel finirait bien par m’en envoyer un
Dont ma femme serait le portrait… et la mère.


VIII


La guerre vint. — Forbach ! Reichshoffen ! — Votre roi
Chantait : Louange à Dieu ! — Je ne sais pas pourquoi
Un peuple écoute un roi qui l’appelle à la guerre.
Il serait fort aisé pourtant de dire : « Non !
Nous ne sommes point faits pour nourrir le canon !… »
Je suis, vous le voyez, un esprit très vulgaire.


IX


Enfin Sedan ! — Un soir, les habitants du bourg
Sortent de leurs maisons. — On battait le tambour.
On court, on se rassemble au préau de l’église…
Les vitraux flamboyaient aux lueurs du couchant ;
C’était l’heure où chacun est revenu du champ,
Où l’azur, comme on dit chez nous, se fleurdelise.


X


Le maire était monté sur un large escabeau,
Et parlait. À la main il tenait un drapeau
Où l’on avait écrit : Vive la République !
— « C’est au peuple, dit-il, qu’on en veut cette fois !
« On brûle nos hameaux ; il nous reste les bois ;
« La liberté s’y plaît, et c’est sa basilique !


XI


« L’arbre abrite et nourrit l’homme qui se défend !
« Amènera qui veut sa femme et son enfant,
« Car la femme au combat n’est plus que la femelle ;
« Elle anime le mâle et charge les fusils,
« Et le sang qu’elle verse en allaitant ses fils
« Donne un goût de vengeance au lait de sa mamelle !


XII


« Donc en forêt ! » — À peine il achevait ces mots.
Voilà que le tocsin pleure sur les hameaux,
Et que, sous le portail ébranlé du vieux temple,
Le curé, soulevant une croix, apparaît,
Et se met à marcher, grave, vers la forêt !…
C’était plus qu’un sermon, cela, c’était l’exemple !


XIII


Il montait à pas lents, toussant dans le brouillard.
Tous le suivent ! Tous vont où s’en va le vieillard
Le bourg abandonna sa misère au pillage,
Et, quand tout disparut au tournant du coteau,
La forêt referma les plis de son manteau,
Et puis la solitude entra dans le village !


XIV


Moi, je les regardais, hébété, comme fou !…
Le tocsin gémissait sans relâche. — Un hibou,
Qui flottait éperdu dans la brume sonore,
Me parut ressembler à mon âme… Il tournait !
— « Mon Dieu ! la guerre sainte ! Est-ce là qu’on en est ? »
Le sonneur, harassé, s’en alla vers l’aurore,


XV


Et la cloche cessa de tinter à jamais !
— Quand je fus seul avec la femme que j’aimais,
Je lui fis parcourir l’école jusqu’au faîte.
À tous nos coins chéris, je lui disais : « Tu vois !
« Tu vois !… Regarde bien !… C’est la dernière fois !… »
Et j’y portais la flamme en détournant la tête.


XVI


Deux jours après, j’étais à Bade. Ses parents
Pleuraient, car ils sont vieux ! — « Tenez, je vous la rends,
« Leur dis-je ; son amour l’avait dépaysée !
« Voici les cent écus de sa dot ; comptez-les.
« Je ne puis rien tenir de vous, étant Français !
« Et toi, pardonne-moi de t’avoir épousée !


XVII


« Je n’avais pas le droit de t’aimer ! Je devais
« Haïr tes grands yeux bleus, car l’amour est mauvais ;
« Il a fait dévoyer toute la race humaine !
« Lorsque nous échangeons notre âme en nos baisers,
« C’est mal ! Nos deux pays, ma chère, en sont lésés !
« Notre bonheur leur vole une part de leur haine.


XVIII


« Enfant, pardonne-moi ! Car mon crime est réel
« De n’avoir lu ni Kant, ni Gœthe, ni Hegel !
« Aux élèves qu’ils font on reconnaît des maîtres !
« Sottement j’enseignais aux miens dans mes leçons :
— « Le bon Dieu fit le fer pour couper les moissons ! »
« Et je faussais vos cœurs, ô naïfs petits êtres !


XIX


« Le fer est le métal de mort, sachez-le bien !
« La mort étant le but, le fer est le moyen ;
« Il s’assouplit au meurtre et brille dans les larmes !
« Dieu l’a fait pour qu’il gronde et qu’il lance le feu ;
« Aussi, mes chers petits, il faut adorer Dieu,
« Qui pour vous égorger vous a donné des armes !


XX


« Je leur dirai cela dans la forêt, là-bas,
« Car j’y vais retourner ! En ne te voyant pas,
« Ils vont me demander : « Mais elle, où donc est-elle ? »
« Je leur expliquerai qu’il ne faut plus t’aimer !
« Et, si je puis le dire enfin sans blasphémer,
« Que tu n’étais ni bonne, ô mon ange, ni belle !


XXI


« Adieu donc, chère femme, adieu jusqu’au revoir !…
« L’amour n’est que la vie, il n’est pas le devoir !…
« N’importe où je mourrai, c’est ici que j’expire !… »
Je ne pus retenir mes sanglots étouffants.
Son père m’avait pris les mains : « Pauvres enfants !
Disait-il, vous payez les gloires de l’Empire ! »


XXII


Qu’il fut long le moment qui nous tint embrassés !
Il me semble si court à présent ! « C’est assez, »
Dis-je. — Mais tout à coup je vois pâlir ma femme !
Au geste qu’elle fait, nous devenons tout blancs.
— « Que ferai-je du fils que je porte en mes flancs ? »
Cria-t-elle. — Ah! messieurs! la guerre est bien infâme !


XXIII


Il en est parmi vous qui sont pères. Mais moi
Je ne l’avais jamais été ! — Si votre roi
Savait ce que l’on souffre, il prendrait le cilice !
J’étais père !… j’étais père !… Chacun m’entend !
Et je devais mourir sans le voir, lui, pourtant !…
Je tombai net : j’avais épuisé le calice !


XXIV


Quand je repris mes sens, je vis le vieux Badois
À mes côtés. — « Va-t’en, me dit-il, tu le dois ;
« Fais plus que ton devoir, jeune homme, pour le faire !
« Tu méritais ma fille : elle est veuve, c’est bien.
« Mérite ta patrie à présent !… Citoyen,
« Venge-la : c’est ton droit… et je te le confère. »


XXV


Je partis dans la nuit. Mais lorsque j’arrivai
Dans mon pauvre pays, je crus avoir rêvé.
Des cadavres blêmis pourrissaient dans la boue ;
Des chevaux éventrés craquaient sous des caissons,
Et des chemins affreux s’ouvraient dans les moissons
Au sein des épis mûrs qu’avait fauchés la roue !…


XXVI


Le village n’était qu’un brasier… Au milieu,
Le clocher, d’où tombaient comme des pleurs de feu,
Semblait prendre à témoin l’Éternel dans l’espace…
Je ne vous peindrai pas ce que vous avez fait.
Mais quand je vis cela, je compris qu’en effet
Vous vouliez à jamais germaniser l’Alsace !…


XXVII


Alors je me blottis dans l’ombre, et j’attendis…
Un uhlan s’avançait à cheval ; je bondis
En croupe, et lui volai son fusil et ses balles !…
Il en avait quarante ; il n’en reste que huit.
Nous ne tirons jamais qu’à bout portant, la nuit.
Car la guerre sacrée a des lois infernales.


XXVIII


Et nous sommes cinq cents, messieurs, dans la forêt.
Quand l’un de nous est pris, on le venge ; — on pourrait
Compter plus d’un malade, hélas ! mais pas un lâche !
Les petits sont souffrants, et notre vieux curé
A cessé de tousser… Nous l’avons enterré
Dans la première neige… Il est mort à la tâche.


XXIX


Aujourd’hui, c’est mon tour, et je ne m’en plains pas.
J’ai trop vécu d’un mois sur terre. — Je suis las,
Et mon malheur n’est pas l’excuse que j’allègue.
Hâtez-vous, car je crains de douter de mon Dieu !…
— Donc, en joue !… À jamais vive la France !… Feu !
Et quant à mon enfant, messieurs, je vous le lègue !…


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L’ENSEVELISSEMENT


DE THÉOPHILE GAUTIER

 


Des gens en blouse, doux et forts,
Sont venus apporter la bière.
Elle est moins mesurée au corps
Qu’à son volume de poussière.

Mais que le chêne en est épais !
Au festin des vers quelle table !
Qui donc prétend qu’on dort en paix
Dans cette boîte épouvantable ?

Est-ce là, pour l’éternité,
Dans ce coffre étouffant et sombre,
Que ce grand chasseur de clarté
Sera couché, dévoré d’ombre ?

Lui qui, dans l’épaisseur des nuits,
Submergé de terreurs funèbres,
Comme un aigle au profond d’un puits,
Disputait son rêve aux ténèbres !

Pour la première fois qu’il dort
En soixante ans de vie humaine,
Il a bien le droit d’être mort
Sans qu’on le cloue et qu’on l’emmène !

Comme son beau front de héros
Fait face au ciel et le défie !
Il a les blancheurs du paros
Et semble refléter sa vie !


Pareille à du granit soyeux,
Sa barbe a des reflets d’aurore,
Et sa bouche est moulée encore
Sur un sourire de ses yeux ;

Ainsi qu’en ses fières estampes
Qui nous le rendaient à vingt ans,
Ses cheveux bouclés et flottants
Naissent en gerbes de ses tempes,

Et, séparés par le milieu,
Ils marquent déjà le sillage
De l’aile qui remporte à Dieu
Cette âme éprise de voyage.

À quel dieu ce front raffermi
Ne fait-il pas encore envie ?
Est-ce un mort que cet endormi
Qui se réveille de la vie ?

Que veut donc ce cercueil béant ?
Et son vainqueur, qui le lui livre ?
Qui jette en pâture au néant
Celui que la Mort laisse vivre ?

Vain combat ! Nous ne verrons plus
Cette face pâle et superbe,
Qui déjà défiait le Verbe
Dans le langage des Élus !

Voilé ! — Le drap encore ondoie !
De la tête aux pieds un sillon
Blanc se creuse! Le papillon
Est clos dans un cocon de soie !


Ils le soulèvent doucement,
Et, comme un glaive dans sa gaine,
Le glissent dans ce vêtement
Tissu des fibres d’un vieux chêne,

D’un vieux chêne fort comme lui,
Comme lui frappé dans sa force
Et dépouillé de son écorce
Ainsi que lui de son ennui !

Et quand, dans une étreinte brève,
Cette tête a heurté ce bois,
Crâne sans vie et bois sans sève
Ont sonné le vide à la fois.

Sous ce crâne de leurs mains froides
Ils ont mis un oreiller blanc ;
De chaque côté, sur le flanc,
Ils ont ramené ses bras roides.

Ô Mort, contemple ton soldat
Sur les rangs et dans la tenue,
Attendant la grande Revue
Et le clairon de Josaphat !

Sur la poitrine qu’il consacre
Un chapelet aux grains rivés
Épand de sa grappe de nacre
Le vin mystique des avés.

Et, dernier présent d’une année
Qui meurt, elle! pour refleurir,
Une rose blanche et fanée
Cherche son cœur pour y mourir !…


Et c’est tout ! L’horreur est gravie !
Sur ce front deux fois dérobé,
Porte suprême de la vie,
L’épais couvercle est retombé !


(Le Tombeau de Théophile Gautier)


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PAROLES DORÉES




J’ai reposé mon cœur avec tranquillité
Dans l’asile très sûr d’un amour très honnête.
La lutte que je livre au sort est simple et nette,
Et tout peut m’y trahir, non la virilité.

Je ne crois pas à ceux qui pleurent, l’âme éprise
De la sonorité de leurs propres sanglots :
Leur idéal est né de l’écume des mots,
Et comme je les tiens pour nuls, je les méprise.

Cerveaux que la fumée enivre et qu’elle enduit,
Ils auraient inventé la douleur pour se plaindre ;
Leur stérile génie est pareil au cylindre
Qui tourne à vide, grince et s’use dans la nuit.

Ils souffrent ? Croient-ils donc porter dans leur besace
Le déluge final de tous les maux prédits ?
Sous notre ciel chargé d’orages, je le dis,
Il n’est plus de douleur que la douleur d’Alsace.

J’aime les forts, les sains et les gais. Je prétends
Que la vie est docile et souffre qu’on la mène :
J’observe dans la mort un calme phénomène
Accessible à mes sens libres et consentants,


Et qui ne trouble pas ma paix intérieure.
Car la forme renaît plus jeune du tombeau,
Et l’ombre passagère où s’engloutit le Beau
Couve une éternité dans l’éclipse d’une heure.

Car la couleur charmante et mère des parfums
Rayonne inextinguible au fond des nuits funèbres,
Et sa splendeur de feu qu’exaltent les ténèbres
Emparadise encor les univers défunts.

Femme, recorde-moi ceci. Ma force vierge
Est éclose aux ardeurs brunes de tes beaux yeux :
Quand mon cœur sera mûr pour le sol des aïeux,
Notre amour sera clos. N’allume pas de cierge.

Le ciel restera sourd comme il reste béant.
Ô femme, écoute-moi, pas de terreur vulgaire !
Si l’âme est immortelle, il ne m’importe guère,
Et je ne me vends pas aux chances du néant.

Aucun joug n’a ployé ma nuque inasservie,
Et dans la liberté que lui fait sa vertu,
Voici l’homme qui s’est lui-même revêtu
Du pouvoir de juger et d’attester sa vie.

Hors de moi, je ne prends ni rêve ni conseil ;
N’arrachant du labeur que l’œuvre et non la tâche,
Je ne me promets point de récompense lâche
Pour le plaisir que j’ai de combattre au soleil.

Le limon, que son œuvre auguste divinise
Par son épouvantable enfantement, répond
Aux désirs surhumains de mon être fécond,
Et ma chair douloureuse avec lui fraternise.


Telle est ma loi. Sans peur et sans espoir, je vais,
Après m’être creusé ma route comme Alcide.
Que la combinaison de mon astre décide
Si je suis l’homme bon ou bien l’homme mauvais.

Mais, quel que soit le mot qu’ajoute ma planète
Aux constellations de la fatalité,
J’ai reposé mon cœur avec tranquillité
Dans l’asile très sûr d’un amour très honnête.





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