Annales de pomologie belge et étrangère/du Groseillier épineux


* Groseillier épineux Band Europe



du groseillier épineux

(RibesLinné)




Le groseillier épineux, Ribes uva crispa et Ribes grossularia, dont Linné avait fait deux espèces distinctes, par la glabréité des fruits de l’une, tandis qu’ils sont hérissés dans l’autre, ne forme plus qu’une espèce, de l’avis de tous les botanistes.

L’épithète d’épineux lui vient des aiguillons plus ou moins forts et aigus qui arment ses branches et ses rameaux, et la dénomination de groseillier à maquereau, sous laquelle il est également connu, lui a été donnée, parce que, dans quelques provinces, ses fruits non encore complétement mûrs, remplacent le verjus et le citron comme assaisonnement de ce poisson.

Le groseillier, qui appartient à la pentandrie monogynie de Linné et aux Grossulariées, Jussieu, Tournefort et Mérat, est d’Europe et plus particulièrement originaire des contrées alpines. Il prospère parfaitement sous notre climat ; tout terrain et toute exposition lui conviennent, mais ses fruits sont plus doux et plus gros dans une terre douce, sablonneuse, un peu fraîche et richement fumée d’engrais consommé.

On le multiplie de graines et de boutures faites en automne ou en février, et qui reprennent facilement. Il réussit bien aussi par le moyen des marcottes et des éclats des vieux pieds.

Il a des boutons à fruit sur le bois de l’année. On peut le tailler assez long, et l’on supprime, après quatre ou cinq ans, les branches qui ont fructifié ; on les remplace alors par un rameau qu’on prépare à sa base. La forme la plus ordinaire du groseillier est celle du buisson, qu’on débarrasse le plus possible de jets intérieurs, afin que l’air et la lumière qui concourent puissamment à la qualité et au volume de ses fruits, puissent y pénétrer facilement.

On peut en former des haies impénétrables, en plantant sur une ligne à intervalles rapprochés. Ces haies s’élèvent à près de deux mètres, et produisent abondamment, si l’on a soin de les débarrasser de leur bois mort.

On peut aussi cultiver cet arbuste en espalier et utiliser ainsi un mur exposé au nord ; on plante alors à 2 mètres ou 2 mètres 50 centimètres de distance, et, par le moyen de l’ébourgeonnement et du pincement, on ne conserve que les jeunes pousses nécessaires, qu’on palisse au fur et à mesure de leur développement. Ainsi cultivés, les groseilliers garnissent bien un mur et produisent abondamment.

Les fruits varient de volume depuis la grosseur d’une petite cerise jusqu’à celle d’une prune moyenne. Ils prennent différentes couleurs qui s’échelonnent du vert clair au jaune ambré, et du violet pourpre au violet brun. Ils sont sains et agréables, quand ils sont complètement mûrs, mais indigestes, lorsque la maturité n’est pas à point. Ce sont les groseilles à fruits lisses qui méritent la préférence par leur bonne qualité, et surtout quand on veut en consommer en nature. Verts, on les conserve au vinaigre avec d’autres fruits et légumes également verts ; on en fait aussi des gelées et des confitures.

Les groseilles à maquereau sont très-estimées en Angleterre, où on les admet sur les tables les plus somptueuses. On en fait, dans ce pays, des boissons économiques pour les habitants des campagnes. On en fait de plus, avec quelques précautions, un vin de dessert qu’on a la prétention, bien mal fondée assurément, de mettre en parallèle avec les meilleures espèces de champagne mousseux.

C’est en Angleterre qu’on s’est le plus occupé de l’amélioration de ce genre de fruits. Au dire de Fatsyth, on en compte environ cinq cents variétés dans les trois royaumes. Pour nous renfermer dans les termes du prospectus des Annales de Pomologie, nous nous bornerons à publier les plus remarquables.



Nous ne terminerons pas cette revue sans faire remarquer qu’il est assez difficile de trouver des nuances de saveur entre les fruits des différentes variétés du groseillier épineux. Nous croyons toutefois être dans le vrai, en disant qu’il y a plus de sucre dans les groseilles rouges et ambrées que dans les autres ; ce mérite, joint à celui d’une peau très-fine et transparente est, pour plus d’un amateur, un titre de prédilection. Les efforts du cultivateur doivent être principalement dirigés sur le volume de ces baies. Il est essentiel, pour obtenir du gros fruit, de placer les groseilliers de manière qu’ils jouissent de beaucoup d’air et de beaucoup de lumière, et de modérer leur production. Peut-être obtiendrait-on des résultats avantageux d’une application raisonnée de l’incision annulaire, dont nous aurons occasion de parler dans la suite de ce recueil.

L. de Bavay.