Annales de pomologie belge et étrangère/Pomme d’Api étoilée

Pomme d’Api étoilée.

Pomme étoilée, Double Api, Belle fille[1].

(Spécimen récolté sur un haut-vent.)

Il paraît qu’à Rome les pommes étaient désignées par les noms des familles qui les avaient fait connaître. C’est ainsi qu’on citait les claudiennes, les mariennes, les manliennes, de Claudius, Manlius, Marius, etc. C’est pourquoi l’on attribue à un Romain du nom d’Appius le groupe des pommes d’api, qu’il fixa par la greffe.

La pomme d’api, qui nous occupe, mérite d’être plus propagée qu’elle ne l’est, à cause de sa forme à cinq côtes et de ses qualités, auxquelles Duhamel n’a pas, selon nous, rendu justice, ce qui a été défavorable à cette variété.

Cette pomme, qui, nous le répétons, mériterait d’être beaucoup plus cultivée, était très-estimée dans les pépinières des Chartreux de Paris, qui, jusqu’en 1789, furent en possession de fournir au public des fruits de choix et dont l’authenticité n’a jamais été douteuse. Dans un vaste jardin qu’ils possédaient aux Moulineaux, sous Meudon, près de Paris, ils entretenaient un grand nombre d’arbres fruitiers, parmi lesquels les pommiers d’api étoilé occupaient leur place. Ce fut vers 1830 que les derniers de ces arbres furent abattus, non toutefois sans avoir fourni une ample moisson de greffes, qui ont été recueillies par plusieurs pépiniéristes, et, entre autres, par MM. Jacquin aîné et Découflé, de Paris.

Il est donc encore facile de se procurer et de multiplier ce pommier, dont les fruits non-seulement forment un dessert fort agréable à l’œil, mais dont les qualités sont encore fort estimables. Cette pomme doit être consommée dans le courant de mai, car, en hiver, sa chair est sèche et peu agréable. C’est donc à tort que Couverchel la dit fade et cotonneuse, en conseillant d’en faire usage en janvier et février.

Arbre vigoureux et de moyenne force, comme tous les pommiers d’api ; ainsi que ces derniers, il est également très-productif.

Bourgeon plus gros, assez long, tiqueté de gros points, brun violet.

Boutons gros, assez saillants.

Feuilles petites, profondément dentelées, s’élargissant vers le sommet, à nervures peu saillantes et souvent teintes de couleur rose ; elles sont soutenues par des pétioles assez courts.

Ce fruit, porté par une queue fort longue, est de grosseur moyenne ; il forme cinq côtes arrondies et régulières, et mûrit depuis janvier jusqu’en juin.

La peau est lisse et brillante, verdâtre avant la maturité, jaunâtre ensuite et teinte de rouge sur le côté que frappe le soleil.

La chair, sans être fine, est ferme, cassante, légèrement acide ; elle est surtout très-recommandable par sa longue conservation, qui se prolonge jusqu’au mois de juin.

Pepins gros et noirs.

L. de Bavay.

  1. Ce dernier synonyme, qui est le nom sous lequel est connue une pomme à cidre, nous paraît devoir être rejeté.