Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Saint-Germain




Poire Saint-Germain.

et sa sous-variété panachée.

(Spécimens récoltés sur pyramide.)

L’origine et l’âge du Saint-Germain sont bien connus ; ils sont constatés par Merlet. On lit dans cet auteur, édition de 1680 :

« Nous devons cet excellent fruit à un sauvageon qui s’est trouvé sur le bord de la petite rivière de la Fare, dans la paroisse de Saint-Germain, près le Lude. »

Il est assez singulier que Merlet, un peu plus loin, semble croire que la poire de Saint-Germain et l’Inconnue la Fare pourraient être deux fruits différents, sous le rapport de la forme et de l’époque de maturité. Duhamel penche vers cette opinion, mais il avoue n’avoir pas remarqué la moindre différence dans le bois, la feuille et la fleur.

Le Saint-Germain, de même que la plupart des variétés anciennes, a subi l’influence d’une longue culture, qui a fait surgir des sous-variétés assez tranchées comparativement au type primitif. La variété panachée dont nous donnons ici le dessin, se distingue entre toutes ces déviations : les panachures du bois et des fruits sont très-apparentes, et suffiraient pour faire rechercher ce poirier comme arbre d’ornement, son fruit n’eût-il pas les qualités qui le font apprécier des amateurs.

La question des panachures dans les fruits ayant été traitée à propos de la duchesse d’Angoulême panachée (voir cet article), nous n’y reviendrons pas ici.

La maturité de la poire de Saint-Germain commence vers la fin de novembre, et l’on en garde souvent jusqu’au mois de mars. Ce mérite est une compensation au défaut qu’a cette variété d’être souvent pierreuse.

Le fruit, allongé, assez gros, mesure en moyenne 10 centimètres de hauteur sur 7 de diamètre vers le milieu ; le côté de la tête se rétrécit légèrement. Il se termine en pointe obtuse vers la queue, qui est grosse, brune, longue de 2 à 3 centimètres, et placée obliquement, presqu’à fleur de fruit, sous une espèce de bosse. Le calice, petit, étoilé, se trouve dans une cavité étroite, arrondie et entourée de quelques gibbosités. L’épiderme est rude, bosselé, vert, roux-gris ou panaché, selon la variété que l’on cultive. La chair est blanche, très-fondante, demi-fine, sapide, sucrée et relevée d’un peu d’aigrelet ; on ne peut lui refuser un mérite précieux, c’est de ne jamais mollir.

Le meilleur mode de culture est l’espalier au midi ou au levant ; sur pyramide et haut-vent, les fruits se gercent souvent.

Selon Duhamel, Noisette et d’autres auteurs, le Saint-Germain demande un sol substantiel un peu humide ; cette opinion est conforme à notre expérience personnelle. Mais si ce fruit manque quelquefois de saveur et de jus dans les terrains trop secs, il y acquiert en revanche le mérite de se conserver plus longtemps.

Le Saint-Germain réussit sur coignassier et sur franc ; néanmoins la sous-variété panachée ne prospère bien que sur franc et ne réussit pas dans les sols froids et compactes.

Le bois du poirier de Saint-Germain est gris jaunâtre et nuancé de lignes jaunes, tirant sur le rouge du côté du soleil. Les jeunes rameaux sont un peu cotonneux ; les branches, longues et grêles ; les supports, gros, ridés à leur base et renflés ; les boutons à fleur, courts, pointus, assez gros, bruns ; les mérithalles sont courts. Les feuilles pointues, lancéolées, fortement arquées, sont finement serretées et ont les bords relevés en gouttière. Le pétiole est long, cannelé et pâle.

A. Royer