Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Médaille d’or




Poire Médaille d’or.


(Spécimen récolté sur pyramide.)

Les moines furent autrefois les plus actifs propagateurs des bons fruits. Obligés par état à une vie casanière, la culture des jardins occupait leurs loisirs, l’arboriculture spécialement faisait leurs délices.

Le beau fruit que nous présentons ici, tire son origine de l’ancienne abbaye de Sainte-Marie d’Oignies, sur les rives de la Sambre, province de Hainaut.

Vers 1795, un honorable magistrat de la ville de Namur eut l’occasion d’y voir la Médaille d’or ; il l’apprécia et la fit greffer chez lui. Nous lui devons probablement la conservation de cette variété, qui se serait sans doute perdue aux lieux de son origine, par suite des bouleversements occasionnés par la suppression et la vente des abbayes.

La belle couleur de la Médaille d’or, au moment de sa maturité, lui aura peut-être valu son nom, mais nous manquons de renseignements pour l’affirmer.

Cette variété n’a encore été décrite, croyons-nous, dans aucune publication pomologique ; elle doit être contemporaine des bons fruits gagnés dans le Hainaut (de 1750 à 1780), car, en 1795, l’arbre d’Oignies était déjà vieux et en plein rapport.

Au premier aspect, la Médaille d’or paraît identique avec la poire Frederick de Wurtemberg, de Van Mons. Sous le rapport de la forme, de la couleur et de l’époque de maturité, ces deux fruits montrent une ressemblance frappante : mis en parallèle, l’automne dernier, dans une séance de la Commission de pomologie, et dégustés avec attention, on leur a reconnu des nuances de saveur assez sensibles pour ne pas les confondre. La Médaille d’or a été trouvée supérieure, et les avis ont été partagés sur la question de synonymie.

On ne peut guère supposer que Van Mons se soit emparé d’un fruit déjà connu et dénommé, pour le dédier au roi de Wurtemberg ; d’ailleurs, ce savant affirme positivement avoir obtenu la poire qui porte ce dernier nom, dans un de ses semis de quatrième renouvellement[1] ; et à cette époque la Médaille d’or existait depuis longtemps. L’identité remarquable entre ces deux variétés prouverait, une fois de plus, que la nature doit se copier quelquefois, malgré ses ressources infinies pour varier ses productions.

Cette poire est pyriforme, allongée et se termine en pointe vers la queue, qui est arrondie au sommet. L’ombilic est à fleur du fruit ; la peau est lisse, verdâtre, devenant d’une belle nuance dorée à la maturité, et lavée de rouge vif du côté du soleil. La chair est fondante ; l’eau abondante, sucrée, relevée et un peu musquée.

L’arbre est droit, d’une vigueur moyenne et se forme bien et facilement en pyramide ; le bois est jaune-clair, luisant, tiqueté de points gris ; les yeux à bois sont courts et aigus ; ceux à fruits sont également courts, gros et obtus ; la feuille est ovale, allongée, plate et finit en pointe ; le pétiole est long et mince.

Ce beau fruit réussit également bien dans les sols légers ou argileux.

A. Royer

  1. Voyez Annales générales des sciences physiques, par Drapier, Bory de Saint-Vincent et Van Mons, tome VII, page 315.