Annales de pomologie belge et étrangère/Cerise Lemercier




Cerise Lemercier.


Fruit assez gros, arrondi, déprimé aux deux pôles ; épicarpe rouge-brun, presque noir à sa parfaite maturité ; pédoncule long et grêle, placé dans un enfoncement assez large et profond ; point pistillaire petit, roux, placé dans une cavité profonde et évasée ; couture fortement tranchée ; chair rougeâtre ; eau abondante, douce, sucrée, très-légèrement acidule ; noyau arrondi, assez gros, ayant les arêtes dorsales très-proéminentes, obtuses.

L’arbre, à branches érigées, généralement droites, est d’une vigueur moyenne, et forme naturellement une couronne arrondie, touffue et régulière.

Les branches ont l’épiderme brun-foncé, terne et grisâtre, parsemé de mouchetures nombreuses et saillantes gris-cendré ; les tiquetures n’apparaissent qu’en bien moindre nombre sur les rameaux qui sont d’un brun plus clair, assez luisant ; les plus jeunes rameaux sont, de plus, légèrement lavés et tiquetés de gris de lin. Les supports sont fortement ridés et de longueur variable (½ à 3 centimètres).

Les feuilles sont grandes, ovales-cordées, souvent incisées et assez obtusément pointues.

Quoique moins prodigue de fleurs que la Monstrueuse de Bavay, qui déploie à cet égard un luxe malheureusement trompeur, l’arbre qui nous occupe est beaucoup plus fertile, et surtout d’une fertilité moins discontinue que la plupart de ses congénères : avantage précieux, que nous attribuons surtout à sa tardive floraison. On comprend dès lors l’intérêt qu’ont les nombreux amateurs de cerises, de réserver dans leurs jardins ou vergers une très-bonne place à cette variété recommandable à tant d’égards, surtout à raison de sa tardiveté. En effet, la cerise Lemercier mûrit vers le 15 août, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon les saisons, le sol et les expositions. Au surplus, grâce à sa bonne conservation sur l’arbre, on peut aisément en jouir jusqu’à la fin du mois d’août. Il est probable qu’en la cultivant en espalier au nord, on prolongerait notablement cette jouissance. Nous conseillons de lui associer la Holmans-Duke, encore plus tardive, mais un peu moins bonne.

Nos lecteurs ont pu voir dans une de nos 1res livraisons (T. I, p. 26), combien pourrait être longue la liste des synonymes de la Reine-Hortense ou Monstrueuse de Bavay ; tel est toujours, hélas ! le triste et inévitable cortége des variétés d’élite. Aussi, beaucoup ont pensé que la cerise Lemercier, dont nous sommes redevables à M. C. Jamin, de Paris, était encore une espèce identique, ou à peu près, à la Reine-Hortense sous un nom de nouvelle création ; il n’en est rien, et sur ce point plus d’incertitude possible, après une lecture tant soit peu attentive de la description qui précède. — Époques de la feuillaison — de la floraison — de la maturité — coloris et volume du fruit — saveur plus acidule — teintes et mouchetures de l’épiderme cortical — configuration des rameaux et des feuilles (celles de la Reine-Hortense, notamment, sont munies de chaque côté du disque, près du pétiole, de deux glandes rougeâtres) : ce sont là autant de caractères saillants qui les différencient, et rendent le doute impossible.

Aug. Hennau.