Alexandre Volta (Arago)/Introduction

Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences1 (p. 187-188).
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ALEXANDRE VOLTA


BIOGRAPHIE LUE EN SÉANCE PUBLIQUE DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, LE 26 JUILLET 1831.




Messieurs, l’ambre jaune, lorsqu’il a été frotté, attire vivement les corps légers, tels que des barbes de plumes, des brins de paille, de la sciure de bois. Théophraste parmi les Grecs, Pline chez les Romains, citèrent déjà cette propriété, mais sans paraître y attacher plus d’importance qu’à un simple accident de forme ou de couleur. Ils ne se doutèrent pas qu’ils venaient de toucher au premier anneau d’une longue chaîne de découvertes ; ils méconnurent l’importance d’une observation qui, plus tard, devait fournir des moyens assurés de désarmer les nuées orageuses, de conduire, dans les entrailles de la terre, sans danger et même sans explosion, la foudre que ces nuées recèlent.

Le nom grec de l’ambre, électron, a conduit au mot électricité, par lequel on désigna d’abord la puissance attractive des corps frottés. Ce même mot s’applique maintenant à une grande variété d’effets, à tous les détails d’une brillante science.

L’électricité était restée longtemps, dans les mains des physiciens, le résultat presque exclusif de combinaisons compliquées que les phénomènes naturels présentaient rarement réunies. L’homme de génie, dont je dois aujourd’hui analyser les travaux, s’élança le premier hors de ces étroites limites. Avec le secours de quelques appareils microscopiques, il vit, il trouva l’électricité partout, dans la combustion, dans l’évaporation, dans le simple attouchement de deux corps dissemblables. Il assigna ainsi à cet agent puissant un rôle immense qui dans les phénomènes terrestres, le cède à peine à celui de la pesanteur.

La filiation de ces importantes découvertes m’a semblé devoir être tracée avec quelques développements. J’ai cru qu’à une époque où le besoin de connaissances positives est si généralement senti, les éloges académiques pourraient devenir des chapitres anticipés d’une histoire générale des sciences. Au reste, c’est ici de ma part un simple essai, sur lequel j’appelle franchement la critique sévère et éclairée du public.