Alexandre Bugge
note biographique extraite de la Revue belge de philologie et d’histoire, tome 9
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NÉCROLOGIE
ALEXANDRE BUGGE.

Avec Alexander Bugge, décédé inopinément à Copenhague en décembre 1929, la Norwège a perdu un de ses meilleurs historiens. Fils du célèbre philologue Sophus Bugge, il était arrivé à l’histoire par l’étude des Sagas scandinaves. Tout naturellement ces récits de marins et de pirates avaient orienté son intérêt vers l’histoire de la navigation, qui, elle-même, l’avait amené à l’histoire économique. On lui doit quantité d’études singulièrement suggestives, encore que parfois un peu trop abondantes en conclusions tirées de rapprochements linguistiques hasardeux, sur la marine et le commerce scandinaves au Moyen Âge. Beaucoup d’entre elles ont paru en anglais ou en allemand. L’une des plus importantes, consacrée aux routes commerciales dans l’Europe septentrionale et au rôle commercial des Vikings, est insérée au t. IV (1906) de la Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte. Après la guerre, M. A. Bugge avait entrepris la publication d’une histoire du commerce du bois en Norwège (Den Norske traelasthandelshistorie) dont le t. II est daté de 1928. Il se proposait de consacrer la fin de sa carrière à une histoire de la mer du Nord, sujet admirable s’il en fût et dont le choix suffirait à attester l’ampleur de sa vision historique. C’est à cette direction de ses recherches que se rattache sa communication au Congrès international des Sciences historiques d’Oslo. En dépit de sa santé chancelante, il était plein d’espoir dans l’avenir et parlait d’un voyage d’exploration dans les archives anglaises. Il laisse à ses amis le souvenir émouvant d’un homme auquel la destinée a refusé l’accomplissement d’une grande œuvre qu’il eût été digne d’accomplir.

H. P.