Actes et paroles/Depuis l’exil/1880




Depuis l’exil 1876-1885
1880



I

LE CINQUANTENAIRE D’HERNANI

— 26 février

Extrait du Rappel :

Nous sortons d’un banquet dont se souviendront longtemps tous ceux qui ont eu l’honneur et le bonheur d’y assister.

On rendait à Victor Hugo, à l’occasion du soixante-dix-huitième anniversaire de sa naissance et du cinquantenaire d’Hernani, le dîner qu’il avait donné à la centième représentation de la dernière reprise du chef-d’œuvre qui ne quittera plus le répertoire du Théâtre-Français.

La plus grande salle de l’hôtel Continental était aussi pleine qu’elle peut l’être.

Citons, au hasard de la mémoire, les noms des convives qui nous reviennent.

Victor Hugo avait à sa droite doña Sol, Mlle Sarah Bernhardt.

La Comédie-Française était représentée par Mlle Sarah Bernhardt et par MM. Mounet-Sully, Worms, Maubant, etc.

L’administrateur général, M. Émile Perrin, avait été retenu par un deuil de famille.

La politique avait pour représentants : MM. Louis Blanc, Laurent Pichat, Édouard Lockroy, Clémenceau, Georges Périn, Spuller, Emmanuel Arago, Émile Deschanel, Camille Sée, Noël Parfait, Laisant, Henri de Lacretelle, etc.

Le Rappel y était dans la personne de MM. Auguste Vacquerie, Paul Meurice, Ernest d’Hervilly, Ernest Blum, Émile Blémont.

Les autres journaux avaient pour les représenter MM. Francisque Sarcey, Jourde, Isambert, Hébrard, Henri Martin, Edmond Texier, Henry Maret, Camille Pelletan, Jules Claretie, Pierre Véron, Charles Bigot, Edmond About, de Molinari, Louis Ulbach, Auguste Vitu, Aurélien Scholl, Dalloz, Adolphe Michel, Escoffier, Léon Bienvenu, Charles Monselet, Arnold Mortier, Maurice Talmeyr, Armand Gouzien, Le Reboullet, Alexis Bouvier, Louis Leroy, Charles Canivet, Édouard Fournier, Stoullig, Paul Foucher, Clément Caraguel, Mayer, Bonboure, Gaston Bérardi, Dumont, Paul Démény, Jean Walter, Achille Denis, Henri Salles, Eugène Montrosier, Raoul Toché, Renaut, René de Pontjest, Émile Abraham, A. Spoll, etc.

Nous n’avons garde d’oublier MM. Émile Augier, Paul de Saint-Victor, Théodore de Banville, François Coppée, Alphonse Daudet, Henri de Bornier, Arsène et Henri Houssaye, Édouard Thierry, Calmann Lévy, A. Quantin, Lemerre, Méaulle, Jacques Normand, Voillemot, Catulle Mendès, Hetzel, Carjat, Eugène Ritt, Paul Deroulède, le comte d’Ideville, le prince Lubomirsky, Pierre Elzéar, Jean Aicard, Benjamin Constant, Alfred Gassier, Philippe Burty, Émile Allix, Lecanu, Paul Viguier, Édouard Blau, E. Wittmann, Moreau-Châlon, Léon Bocher, Georges Peyrat, de Reinach, Gustave Rivet, Paul Bourdon, Clovis Hugues, Alfred Talon, Adolfo Calzado, Bertie Marriott, Crawford, Alphonse Duchemin, Duret, Campbell-Clarke, Mme Edmond Adam.

En face de Victor Hugo était son petit-fils Georges, avec Pierre et Jacques Lefèvre, les deux fils d’Ernest Lefèvre et les deux petits-neveux d’Auguste Vacquerie.

Au dessert, M. Émile Augier s’est levé et a prononcé le toast suivant :

Cher et glorieux maître,

Combien, parmi ceux qui vous offrent cette fête, combien n’avaient pas atteint l’âge d’homme, combien même n’étaient pas nés le jour où éclatait sur la scène française l’œuvre immortelle dont nous célébrons aujourd’hui le cinquantième anniversaire !

Les premiers artistes qui ont eu l’honneur de l’interpréter ont tous disparu ; ils ont été deux fois et brillamment remplacés ; les générations se sont succédées, les gouvernements sont tombés, les révolutions se sont multipliées ; l’œuvre a survécu à tout et à tous, de plus en plus acclamée, de plus en plus jeune…

Et il semble qu’elle ait communiqué au poète quelque chose de son éternelle jeunesse ! Le temps n’a pas pas de prise sur vous, cher maître ; vous ne connaissez pas de déclin ; vous traversez tous les âges de la vie sans sortir de l’âge viril ; l’imperturbable fécondité de votre génie, depuis un demi-siècle et plus, a couvert le monde de sa marée toujours montante ; les résistances furieuses de la première heure, les aigres rébellions de la seconde se sont fondues dans une admiration universelle ; les derniers réfractaires sont rentrés au giron ; et vous donnez aujourd’hui ce rare et magnifique spectacle d’un grand homme assistant à sa propre apothéose et conduisant lui-même le char du triomphe définitif que ne poursuit plus l’insulteur.

Quand La Bruyère, en pleine Académie, saluait Bossuet père de l’Église, il parlait d’avance le langage de la postérité ; vous, cher maître, c’est la postérité même qui vous entoure ici, c’est elle qui vous salue et vous porte ce toast :

Au père !

Il nous serait impossible de rendre l’émotion produite par ces belles et généreuses paroles. Quand l’auteur de tant d’œuvres applaudies, et si justement, a si modestement et si dignement parlé des « réfractaires rentrés au giron », il y a eu, dans l’explosion des applaudissements, en même temps qu’une vive admiration pour l’orateur, une profonde cordialité pour l’homme.

Le deuxième toast a été porté, au nom de la Comédie-Française, par M. Delaunay :

Messieurs,

En l’absence du notre administrateur général, retenu par un deuil de famille, permettez-moi, comme l’un des doyens de la compagnie, de prendre la parole au nom de la Comédie-Française et de porter un toast à l’hôte illustre qui a bien voulu se rendre à notre appel.

Que souhaiter à M. Victor Hugo ? Il a lassé la renommée, on a épuisé pour lui toutes les formules de la louange, il a touché à tous les sommets. Qu’il ajoute de longues années à cette longue et prodigieuse carrière faite de gloire et de génie ! Tel doit être le seul vœu de tous nos cœurs.

Il en est bien encore un autre ! Mais j’ose à peine le formuler, messieurs, et pourtant il aurait, j’en suis sûr, votre approbation unanime. Aux drames merveilleux, à ces chefs-d’œuvre qui sont dans toutes les mémoires, le maître en a ajouté d’autres qu’il tient secrets et qu’il dérobe à notre admiration. Qu’il entende au moins une fois l’immense cri de joie qui saluerait l’apparition d’une nouvelle œuvre dramatique signée de ce nom resplendissant : Victor Hugo !

Voulez-vous vous unir à moi, messieurs ? C’est peut-être un moment unique et favorable pour lui demander, pour le supplier d’ouvrir, ne fût-ce qu’une fois, la porte de son trésor.

Les applaudissements ont associé tout l’auditoire au vœu si bien exprimé par l’éminent comédien qui a tant de titres à parler au nom de la Comédie-Française.

Les battements de mains n’avaient pas cessé, lorsque M. Francisque Sarcey a repris pour son compte le vœu que venaient d’exprimer M. Delaunay par son discours et tous les assistants par leurs battements de mains.

Nous regrettons de n’avoir pas le texte du discours de l’éminent critique du Temps. Disons seulement qu’il a été spirituellement bon enfant quand il a reconnu avoir été un de ces réfractaires dont avait parlé Émile Augier, et qu’il a eu des paroles émues et touchantes quand il a déclaré que sa conviction, pour avoir été tardive, n’en était que plus raisonnée et plus inébranlable.

Après l’éloquente causerie de M. Francisque Sarcey, Mlle Sarah Bernhardt a redit les beaux vers de François Coppée, la Bataille d’Hernani, qui ont eu à l’hôtel Continental le même succès qu’ils venaient d’avoir au Théâtre-Français.

On a acclamé ces vers si vrais :

Désormais tu confonds Chimène et doña Sol,
Et tu sais bien, alors qu’un chef-d’œuvre se trouve,
Que Molière sourit et que Corneille approuve.
Au firmament de l’art où tu les mets tous deux,
Hugo depuis longtemps rayonne à côté d’eux.

Les applaudissements ont redoublé à ce beau vers :

Vieux chêne plein d’oiseaux, sens tressaillir tes branches !

Et à celui-ci :

Ton front marmoréen et fait pour le laurier.

Victor Hugo a pris alors la parole :

J’ai devant moi la grande presse française.

Les hommes considérables qui la représentent ici ont voulu prouver sa concorde souveraine et montrer son indestructible unité. Vous vous ralliez tous pour serrer la main du vieux combattant qui a commencé avec le siècle et qui continue avec lui. Je suis profondément ému. Je remercie.

Toutes ces grandes et nobles paroles que vous venez d’entendre ajoutent encore à mon émotion.

Les journaux, dans ces derniers jours, ont souvent répété certaines dates. — 26 février 1802, naissance de l’homme qui parle à cette heure ; 25 février 1830, bataille d’Hernani ; 26 février 1880, la date actuelle. Autrefois, il y a cinquante ans, l’homme qui vous parle était haï ; il était hué, exécré, maudit. Aujourd’hui… aujourd’hui, il remercie.

Quel a été, dans cette longue lutte, son grand et puissant auxiliaire ?

C’est la presse française.

Messieurs, la presse française est une des maîtresses de l’esprit humain. Sa tâche est quotidienne, son œuvre est colossale. Elle agit à la fois et à toute minute sur toutes les parties du monde civilisé ; ses luttes, ses querelles, ses colères se résolvent en progrès, en harmonie et en paix. Dans ses préméditations, elle veut la vérité ; par ses polémiques, elle fait étinceler la lumière.

Je bois à la presse française, qui rend de si grands services et qui remplit de si grands devoirs.

Les acclamations et les cris de : Vive Victor Hugo ! qui avaient interrompu plusieurs fois le grand poète populaire et national, ont éclaté alors avec une énergie incomparable, et n’ont cessé que lorsqu’il a fallu se lever de table pour passer dans les salons, dont un était moins un salon qu’un jardin ; M. Alphand, voulant participer à l’hommage qu’on rendait au génie, l’avait magnifiquement et artistement empli d’admirables fleurs.

On a complimenté les orateurs, on a causé, et ainsi s’est terminé ce banquet, qui est plus qu’un banquet exceptionnel, qui est un banquet

unique.

II

DEUXIÈME DISCOURS POUR L’AMNISTIE

SÉANCE DU SÉNAT
du 3 juillet

Je ne veux dire qu’un mot.

J’ai souvent parlé de l’amnistie, et mes paroles ne sont peut-être pas complètement effacées de vos esprits ; je ne les répéterai point.

Je vous laisse vous redire à vous-mêmes ce qui a été dit, dans tous les temps, contre l’amnistie et pour l’amnistie, dans les deux ordres de faits, dans l’ordre politique et dans l’ordre moral. — Dans l’ordre politique, toujours les mêmes crimes reprochés par un côté à l’autre côté ; toujours, à toutes les époques, quels que soient les accusés, quels que soient les juges, les mêmes condamnations, sur lesquelles on entrevoit au fond de l’ombre ce mot tranquille et sinistre : les vainqueurs jugent les vaincus. — Dans l’ordre moral, toujours le même gémissement, toujours la même invocation, toujours les mêmes éloquences, irritées ou attendries, et, ce qui dépasse toute éloquence, des femmes qui lèvent les mains au ciel, des mères qui pleurent. (Sensation.)

J’appellerai seulement votre attention sur un fait.

Messieurs, le 14 juillet est la grande fête ; votre vote aujourd’hui touche à cette fête.

Cette fête est une fête populaire ; voyez la joie qui rayonne sur tous les visages, écoutez la rumeur qui sort de toutes les bouches. C’est plus qu’une fête populaire, c’est une fête nationale ; regardez ces bannières, entendez ces acclamations. C’est plus qu’une fête nationale, c’est une fête universelle ; constatez sur tous les fronts, anglais, hongrois, espagnols, italiens, le même enthousiasme ; il n’y a plus d’étrangers.

Messieurs, le 14 juillet, c’est la fête humaine.

Cette gloire est donnée à la France, que la grande fête française, c’est la fête de toutes les nations.

Fête unique.

Ce jour-là, le 14 juillet, au-dessus de l’assemblée nationale, au-dessus de Paris victorieux, s’est dressée, dans un resplendissement suprême, une figure, plus grande que toi, Peuple, plus grande que toi, Patrie, — l’Humanité ! (Applaudissements.)

Oui, la chute de cette Bastille, c’était la chute de toutes les bastilles. L’écroulement de cette citadelle, c’était l’écroulement de toutes les tyrannies, de tous les despotismes, de toutes les oppressions. C’était la délivrance, la mise en lumière, toute la terre tirée de toute la nuit. C’était l’éclosion de l’homme. La destruction de cet édifice du mal, c’était la construction de l’édifice du bien. Ce jour-là, après un long supplice, après tant de siècles de torture, l’immense et vénérable Humanité s’est levée, avec ses chaînes sous ses pieds et sa couronne sur sa tête.

Le 14 juillet a marqué la fin de tous les esclavages. Ce grand effort humain a été un effort divin. Quand on comprendra, pour employer les mots dans leur sens absolu, que toute action humaine est une action divine, alors tout sera dit, le monde n’aura plus qu’à marcher dans le progrès tranquille vers l’avenir superbe.

Eh bien, messieurs, ce jour-là, on vous demande de le célébrer, cette année, de deux façons, toutes deux augustes. Vous ne manquerez ni à l’une ni à l’autre. Vous donnerez à l’armée le drapeau, qui exprime à la fois la guerre glorieuse et la paix puissante, et vous donnerez à la nation l’amnistie, qui signifie concorde, oubli, conciliation, et qui, là-haut, dans la lumière, place au-dessus de la guerre civile la paix civile. (Très bien ! — Bravos.)

Oui, ce sera un double don de paix que vous ferez à ce grand pays : le drapeau, qui exprime la fraternité du peuple et de l’armée ; l’amnistie, qui exprime la fraternité de la France et de l’humanité.

Quant à moi, — laissez-moi terminer par ce souvenir, — il y a trente-quatre ans, je débutais à la tribune française, — à cette tribune. Dieu permettait que mes premières paroles fussent pour la marche en avant et pour la vérité ; il permet aujourd’hui que celles-ci, — les dernières, si je songe à mon âge, que je prononcerai parmi vous peut-être, — soient pour la clémence et pour la justice.

(Profonde émotion et vifs applaudissements.)

III

L’INSTRUCTION ÉLÉMENTAIRE

1er  août

La Société pour l’instruction élémentaire (enseignement laïque), fondée en 1814 par J.-B. Say et Carnot, distribuait, dans la salle du Trocadéro, ses prix et récompenses, et célébrait en même temps son 65e  anniversaire.

Victor Hugo présidait. Il a prononcé, en ouvrant la séance, le discours qui suit :

Il y a un combat qui dure encore, un combat désespéré, un combat suprême, entre deux enseignements, l’enseignement ecclésiastique et l’enseignement universitaire. J’ai proposé, il y a trente ans, à la tribune de l’Assemblée législative, une solution du problème. Cette solution, qui était la vraie, a été repoussée par la réaction, qui a dû en partie peut-être à ce refus son désastreux triomphe.

Aujourd’hui, messieurs, je veux rester dans le calme philosophique. Vous avez pu remarquer que, pour caractériser les deux enseignements qui se querellent, je n’ai voulu employer que les qualificatifs dont ils se désignent eux-mêmes : ecclésiastique, universitaire ; j’ai laissé de côté, vieux combattant, ces expressions vivement populaires dont la polémique actuelle se sert avec tant d’éclat. Ne mettons pas de colère dans les mots, il y a assez de colère dans les choses. L’avenir avance, le passé résiste ; la lutte est violente, les efforts sont quelquefois excessifs ; modérons-les. La certitude du triomphe se mesure à la dignité du combat ; la victoire est d’autant plus certaine qu’elle est plus tranquille. (Bravos.)

Quelle fête célébrons-nous ici ? La fête d’une société pour l’enseignement élémentaire.

Qu’est-ce que cette société ? Je vais tâcher de vous le dire.

Elle s’occupe peu de ce qui occupe particulièrement l’école ecclésiastique dont je viens de vous parler ; cette société est absorbée, d’abord par ce premier art, lire et écrire, puis par l’histoire, la géographie, la morale, la littérature, la cosmographie, l’hygiène, l’arithmétique, la géométrie, le droit usuel, la chimie, la physique, la musique. Pendant que l’enseignement ecclésiastique, inquiet pour l’erreur dont il est l’apôtre, entre en folie et pousse des cris de guerre et de rage, cette société, profondément calme, se tourne vers les enfants, les mères et les familles, et se laisse pénétrer par la sérénité céleste des choses nécessaires ; elle travaille. (Applaudissements.)

Elle travaille ; elle élève des esprits. Elle n’enseigne rien de ce qu’il faudra plus tard oublier ; elle laisse blanche la page où la conscience, éclairée par la vie, écrira, quand l’heure sera venue. (Bravos répétés.)

Elle travaille. Que produit-elle ? Écoutez, messieurs. Elle va donner, cette année :

Trois médailles de vermeil,

Trente-cinq médailles d’argent,

Cent dix médailles de bronze,

Deux cent dix-huit mentions honorables,

Et quinze cent quatrevingt-dix certificats d’études.

Ici, j’entends un cri unanime : Grand succès ! Messieurs, j’aime mieux dire : Grand effort !

Ce mot, grand effort, fait mieux que satisfaire l’amour-propre, il engage l’avenir.

Oui, un noble, puissant et généreux effort ! Et aucune bonne volonté n’est inutile à la marche de l’humanité. La somme du progrès, qu’est-ce ? le total de nos efforts.

Je suis un de ces passants qui vont partout où il y a un conseil à donner ou à recevoir, et qui s’arrêtent émus devant ces choses saintes, l’enfance, la jeunesse, l’espérance, le travail. On se sent satisfait et tranquillisé, quand on est de ceux qui s’en vont, de pouvoir, de ce point extrême de la vie, jeter au loin les yeux sur l’horizon, et dire aux hommes :

« Tout va bien. Vous êtes dans la bonne voie. Le mal est derrière vous, le bien est devant vous. Continuez. Les volontés suprêmes s’accomplissent. » (Vive sensation.)

Messieurs, nous achevons un grand siècle.

Ce siècle a vaillamment et ardemment produit les premiers fruits de cette immense révolution qui, même lorsqu’elle sera devenue la révolution humaine, s’appellera toujours la Révolution française. (Bravos prolongés.)

La vieille Europe est finie ; une nouvelle Europe commence.

L’Europe nouvelle sera une Europe de paix, de labeur, de concorde, de bonne volonté. Elle apprendra, elle saura. Elle marchera à ce but superbe : l’homme sachant ce qu’il veut, l’homme voulant ce qu’il peut. (Applaudissements.)

Nous ne ferons entendre que des paroles de conciliation. Nous sommes les ennemis du massacre qui est dans la guerre, de l’échafaud qui est dans la pénalité, de l’enfer qui est dans le dogme ; mais notre haine ne va pas jusqu’aux hommes. Nous plaignons le soldat, nous plaignons le juge, nous plaignons le prêtre. Grâce au glorieux drapeau du 14 juillet, le soldat est désormais hors de notre inquiétude, car il est réservé aux seules guerres nationales ; on ne ment pas au drapeau. Notre pitié reste sur le prêtre et sur le juge. Qu’ils nous fassent la guerre, nous leur offrons la paix. Ils veulent obscurcir notre âme, nous voulons éclairer la leur. Toute notre revanche, c’est la lumière. (Longue acclamation.)

Allez donc, je ne me lasserai pas de le redire, allez, et efforcez-vous, vous tous, mes contemporains ! Que personne ne se ménage, que personne ne s’épargne ! Faites chacun ce que vous pouvez faire. L’Être immense sera content. Il égalise l’importance des résultats devant l’énergie des intentions. L’effort du plus petit est aussi vénérable que l’effort du plus grand. (Bravos.)

Allez, marchez, avancez. Ayez dans les yeux la clarté de l’aurore. Ayez en vous la vision du droit, la bonne résolution, la volonté ferme, la conscience, qui est le grand conseil. Ayez en vous — c’est par là que je termine — ces deux choses, qui toutes deux sont l’expression du plus court chemin de l’homme à la vérité, la

rectitude dans l’esprit, la droiture dans le cœur. (Triple salve d’applaudissements. Cri unanime de : Vive Victor Hugo ! Toute la salle se lève et fait une ovation à l’orateur.)

IV

LA FÊTE DE BESANÇON

— 27 décembre 1880 —

En mai 1879, M. le sénateur Oudet, maire de Besançon, transmettait à Victor Hugo un extrait d’une délibération du conseil municipal de Besançon, lequel décidait :


« Une plaque en bronze sera placée sur la façade et contre le jambage séparatif des deux fenêtres de la chambre où est né Victor Hugo, au premier étage de la maison Arthaud ; cette plaque portant une inscription qui rappellera la naissance de notre illustre compatriote.

« La rue du Rondot-Saint-Quentin recevra à l’avenir le nom de rue Victor Hugo. »

En conséquence de cette décision, la ville de Besançon célébrait, le 27 décembre 1880, par une fête en l’honneur de Victor Hugo, l’inauguration de la plaque commémorative.

À une heure, le cortège officiel se réunissait à l’hôtel de ville : le maire, M. Beauquier, député, M. Alfred Rambaud, délégué du ministre de l’instruction publique, les professeurs, les magistrats, les généraux, etc.

Paul Meurice, venu de Paris, représentait Victor Hugo.

Le cortège s’est dirigé vers la maison natale de Victor Hugo.

Le Rappel donne ce récit de la journée :

… La foule est immense sur la place du Capitole, sur les balcons, aux fenêtres.

Une vaste estrade a été dressée, toute fleurie d’arbustes charmants. Elle est recouverte d’un haut pavillon, constellé des initiales V. H. sur fond d’or.

En face de l’estrade, la maison où est né Victor Hugo.

Cette maison, qu’habitait en 1802 le commandant Hugo, père du poète de la Légende des Siècles, s’élève dans la Grande-Rue qui conduit à la citadelle. Une place, ornée d’une fontaine, monumentale, s’étend devant la maison célèbre.

La maison a deux étages et cinq fenêtres de front. Les deux fenêtres, à droite de la porte d’entrée, au premier étage, éclairent une vaste chambre, celle où Victor Hugo est né.

Le large toit flamand a deux rangées de mansardes espagnoles, surmontées de frontons terminés par des boules de pierre. L’une de ces boules, celle du milieu, se termine par trois feuilles de chêne en granit sculpté. Celui qui a sculpté ces feuilles de chêne savait-il quel grand front elles couronneraient ?

Les fenêtres sont aujourd’hui remplies de larges camélias en fleurs et surmontées d’écussons peints et dorés sur lesquels on lit : Hernani — Ruy Blas — Les Orientales, etc.

Une immense guirlande de bois émaillée de roses brode la frise et la corniche du toit et encadre en retombant la sixième croisée du premier étage, qui est du quinzième siècle.

Cette ouverture étrange, formée de deux croisées jumelles à ogive, fait partie de la maison voisine ; mais elle appartenait alors à l’appartement du commandant Léopold Hugo, et encore aujourd’hui la chambre sur laquelle elle s’ouvre est annexée à l’immeuble du présent propriétaire.

Ainsi, la maison où Victor Hugo est né, située sur l’emplacement d’un ancien capitole romain, donne la main à une maison contemporaine de Notre-Dame de Paris.

Autre coïncidence : à dix mètres de cette maison illustre se dresse une magnifique colonnade antique qui a été retrouvée en 1870 avec plusieurs chapiteaux et fragments de statues antiques. Ces restes d’un ancien théâtre romain semblent être sortis de terre pour saluer le glorieux représentant du théâtre moderne.

À quelques pas se dresse un arc de triomphe du temps de Marc-Aurèle.

Le maire, le préfet, les députés, les généraux, les universitaires, le premier président, Paul Meurice, montent sur l’estrade.

M. Oudet prononce, au milieu des applaudissements, un chaleureux discours, dont voici les principaux passages :

Le père de Victor Hugo revint de la campagne du Rhin chef de bataillon ; et, dans les premiers mois de 1801, il fut appelé en cette qualité au commandement du 4e  bataillon de la 20e demi-brigade, alors en garnison à Besançon.

À cette époque, Jacques Delelée, aide de camp de Moreau, était rentré à Besançon, où il habitait avec sa jeune femme. Peu de nos contemporains ont connu le commandant Delelée, décédé en 1810, à l’armée de Portugal, à l’âge de quarante-neuf ans ; mais plusieurs de ceux qui m’entourent se souviennent de sa veuve, Mme Delelée, morte le 17 mars 1850, et d’un frère de celle-ci, le capitaine Dessirier, décédé en cette ville depuis quelques mois seulement. Si donc nous n’avons plus aujourd’hui les témoins des événements que nous allons raconter, du moins nous en tenons le récit de première main.

Delelée était l’ami du commandant Hugo, qui descendit chez lui et profita de celle hospitalité pendant deux ou trois mois, d’après l’affirmation que m’en donnait le capitaine Dessirier lui-même, peu de temps avant sa mort. Mais le commandant, ayant appelé près de lui sa femme et ses deux enfants, dut chercher en ville un appartement suffisant pour installer sa jeune famille. Et c’est ainsi qu’il vint à louer le premier étage d’une maison appartenant aux enfants Barratte, située sur la place du Capitole (ancienne place Saint-Quentin, 264). Cette maison, d’une certaine apparence extérieure, était d’ailleurs admirablement placée au point de vue de l’hygiène, dans le quartier le plus salubre de la ville, protégée contre les vents humides et malsains du sud-ouest par la montagne de la citadelle, et ayant sa façade largement aérée et tournée au soleil levant, comme la vigne du chansonnier.

Peu après, s’annonça un troisième enfant. Le père, ayant déjà deux garçons, désirait une fille. Garçon ou fille, on lui chercha un parrain ; la marraine était toute trouvée, c’était Mme Delelée. Pour parrain, on pensa au général Lahorie. Il était à Paris, Delelée le représenta.

La mère fut si rapidement relevée de ses couches, que vingt-deux jours après elle assistait elle-même, à la mairie de Besançon, à la rédaction de l’acte de naissance du fils d’un compagnon d’armes de son mari, acte qui porte la signature de Mme Hugo, et lui donne l’âge de vingt-cinq ans. Le commandant Hugo en avait alors vingt-huit.

À quelles circonstances extérieures la mère et l’enfant, l’enfant surtout, venu au monde si chétif, devaient-ils d’avoir surmonté si facilement, la mère les dangers d’un accouchement précédé d’une grossesse pénible, l’enfant la délicate constitution avec laquelle il vint au monde ? L’un et l’autre le durent à la salubrité de notre climat, aux soins affectueux qu’ils reçurent.

Oui, il y a de cela soixante-dix-neuf ans, Victor Hugo naquit dans cette maison, dans cette chambre au premier étage ; oui, il y est né d’un sang breton et lorrain à la fois ; mais il y naquit chétif et moribond, et s’il survécut, s’il fit mentir les prévisions de la science, c’est qu’il eut, dès sa première aspiration à la vie, pour se réchauffer et se revivifier, cet air si pur qui anime toute la nature dans notre pays, qui fait les constitutions solides, les caractères bien trempés, les âmes fortes, et qui, dans ses effluves généreuses, inspire nos artistes et nos poëtes.

J’ai donc le droit de dire que le sang qui a produit ce puissant génie n’est pas seulement lorrain et breton ; il est franc-comtois aussi, et j’en revendique notre part ; le berceau qui a recueilli et réchauffé au seuil de la vie l’enfant moribond est à nous tout entier !

Arrivé là, ma tâche est finie. Je ne suivrai pas cette longue et incomparable existence dans les diverses phases de son évolution littéraire, politique et sociale. Je n’oserais aborder un pareil et si vaste sujet. Une voix plus jeune, mais aussi plus autorisée par de savantes études littéraires, vous les fera connaître ou vous les rappellera tout à l’heure. Un de mes collègues et amis du sénat disait, il y a quelque temps, à la tribune, en parlant de Victor Hugo : « Cet homme de génie dont le cerveau a donné l’hospitalité à toutes les idées généreuses et à tous les progrès de son siècle. » Cet éloge, si grand qu’il soit, est insuffisant. Victor Hugo fut avant tout le poëte du dix-neuvième siècle. Or, le poëte ne reçoit pas les idées, il les crée, ou plutôt il les devine. Ce n’est point un vulgarisateur, c’est un prophète. Il ne suit pas, il marche en avant. Tel fut le rôle de Victor Hugo, tel il est encore.

J’en ai dit assez pour faire comprendre à mes concitoyens pourquoi j’ai, le 3 mars 1879, proposé au conseil municipal, et pourquoi le conseil a décidé de donner le nom de Victor Hugo à l’une des rues de la ville et de poser sur la façade de cette maison une plaque commémorative de sa naissance.

Vive Victor Hugo ! Vive la république !!

Au dernier mot du maire, le voile de velours cramoisi qui cache la plaque commémorative est enlevé, aux acclamations de la foule.

La plaque est en bronze. Une lyre sur laquelle montent deux branches de laurier d’or dresse ses cinq cordes au dessus d’une inscription qui, d’après le désir du poète, se compose uniquement d’un nom et d’une date :

VICTOR HUGO
26 février 1802.

La lyre est couronnée par la rayonnante figure d’une République étoilée.

La jeune fille du propriétaire de la maison, Mlle Artauld, apporte au maire, qui le remet à Paul Meurice, un superbe bouquet destiné à Victor Hugo.

Puis le cortège se dirige vers le théâtre.

Il y entre par une grande porte de côté qui s’ouvre sur la scène même.

Des gradins recouverts d’un tapis y ont été ménagés pour donner accès à l’estrade où ont pris place les invités.

Le buste de Victor Hugo, par David d’Angers, est au milieu de la scène.

Les loges du premier rang, le balcon et l’orchestre étaient déjà occupés par les personnes admises sur lettres d’invitation. Mais alors on a ouvert les portes aux premiers arrivants d’une foule énorme qui se pressait sur la place, et cet admirable public populaire, vivant, bruyant et chaud, s’est entassé, non sans rumeur et sans clameur, sur les banquettes des places d’en haut.

Quand le calme s’est un peu rétabli, le maire-sénateur a résumé, dans une courte allocution, ce qui venait de se dire et de se faire devant la maison de la place du Capitole.

Il a ensuite donné la parole à M. Rambaud.

Ainsi que M. Rambaud l’a rappelé lui-même, il ne parlait pas seulement comme délégué du ministre de l’instruction publique, il parlait aussi comme enfant de Besançon, car il a l’honneur d’être le compatriote de Victor Hugo.

Il a pu ainsi donner à son éloquent discours une allure plus libre et moins officielle. Il a esquissé à larges traits la vie du grand poëte et du grand combattant. Puis, il a parlé de son œuvre si multiple et si puissante. Il a dit les luttes du commencement, la bataille d’Hernani, les résistances, les haines, puis la conquête progressive des esprits et des pensées, l’influence chaque jour grandissante, et enfin le triomphe éclatant et l’acclamation universelle. Il a raconté aussi les combats intérieurs et les progrès du penseur et de l’homme politique, son exil, son duel de dix-huit ans avec l’empire et, là aussi, sa victoire, qui est la victoire de la république et de la libre pensée.

Il a terminé ainsi :

« … Le génie lyrique de Victor Hugo n’entend pas vivre hors de ce temps et de ce pays ; il s’inspire des sentiments et des passions de l’homme moderne ; il a chanté la Révolution, la république, la démocratie, et, depuis l’Ode à la Colonne jusqu’à l’Année terrible, rien de ce qui a fait battre les cœurs français ne lui est resté étranger.

On peut dire qu’il n’est pas un sentiment humain, français, qu’il n’ait exprimé ; et qu’en revanche il n’est pas un de nous qui n’ait dans l’esprit et dans le cœur quelque empreinte de Victor Hugo, qui, sous le coup de quelque émotion, de quelque enthousiasme, de quelque sentiment triste ou joyeux, ne trouve cette émotion ou ce sentiment déjà formulé en lui avec la frappe que lui a donnée Victor Hugo.

De là cette action prodigieuse qu’il a exercée sur ses contemporains, pendant les trois générations, si différentes entre elles, qu’il a traversées. Les hommes du premier tiers de ce siècle se groupent autour de lui : Balzac a été un des applaudisseurs de son Hernani ; Lamartine, Musset, Vigny, Sainte-Beuve, George Sand, Mérimée, ont plus ou moins ressenti son influence. Paul de Saint-Victor a prophétisé que sous les pas de celui qu’on appelait le roi des Huns ne repousseraient jamais « les tristes chardons et les fleurettes artificielles des pseudo-classiques ». Théodore de Banville voit en lui un géant, un Hercule victorieux, et, dans son merveilleux Traité de la poésie française, justifie toutes les règles de la poétique nouvelle par des exemples empruntés à celui qu’il appelle tout simplement le poëte. Michelet se défend de toucher au sujet de Notre-Dame de Paris, parce que, dit-il, « il a été marqué de la griffe du lion ».

Théophile Gautier, bien des années après la représentation d’Hernani, lui qui a compté parmi les trois cents Spartiates, écrivait ceci :

« Cette date reste écrite dans le fond de notre passé en caractères flamboyants… Cette soirée décida de notre vie. Là, nous reçûmes l’impulsion qui nous pousse encore après tant d’années et qui nous fera marcher jusqu’au bout de la carrière. »

« Cette impulsion n’a pas été donnée à Théophile Gautier seulement ; elle a été donnée à tout un siècle, à tout un monde, qui depuis ce jour-là est en marche.

« Les Grecs disaient que d’Homère découlait toute poésie. De Victor Hugo sort aussi une grande source de poésie qui s’est répandue sur les esprits les plus divers et qui les a vivifiés. Les peintres comme Delacroix, les musiciens comme Berlioz ont bu à cette source.

« L’action qu’il a exercée sur ses premiers contemporains s’étend encore sur la génération actuelle. Lorsqu’en 1867, sous l’empire, eut lieu la première reprise d’Hernani, le poëte exilé reçut une adresse de quelques-uns des noms les plus illustres de la jeune école : Sully Prudhomme, Coppée, Jean Aicard, Theuriet, Léon Dierx, Armand Silvestre, Lafenestre. Bien des vaillants qui avaient fait partie des « vieilles bandes d’Hernani » étaient couchés dans la tombe ; une armée nouvelle sortait de terre, rien qu’à voir frissonner de nouveau les plis du vieux drapeau ; la vieille garde morte, toute une jeune garde accourait se ranger autour du maître. »

Le public a souvent interrompu par ses applaudissements ce remarquable discours et les heureuses citations de Victor Hugo que M. Rambaud y a mêlées. On voulait presque faire bisser un passage du discours sur la loi de l’enseignement de 1850.

Les artistes du grand théâtre ont ensuite lu ou chanté diverses poésies de l’œuvre du maître.

Paul Meurice lit alors ce remerciement de Victor Hugo :

Je remercie mes compatriotes avec une émotion profonde.

Je suis une pierre de la route où marche l’humanité, mais c’est la bonne route. L’homme n’est le maître ni de sa vie, ni de sa mort. Il ne peut qu’offrir à ses concitoyens ses efforts pour diminuer la souffrance humaine, et qu’offrir à Dieu sa foi invincible dans l’accroissement de la liberté.

Victor Hugo.

Applaudissements prolongés. On couronne le buste d’un laurier d’or. Cris : Vive Victor Hugo ! vive la république !

La fête de jour s’est brillamment terminée par le chant de la Marseillaise, qui a été exécuté avec une verve toute patriotique par les artistes et l’orchestre du théâtre.

Le soir, à sept heures et demie, un magnifique banquet a été donné dans la grande salle du palais Granvelle, admirablement décorée pour la circonstance par le jeune et habile architecte auquel on doit le dessin de la plaque commémorative. Sur un fond rouge se détachaient en lettres d’or les initiales R. F. et V. H.

Plus de cent convives assistaient à ce banquet, qui réunissait les représentants de la presse parisienne et locale, les autorités civiles, municipales, universitaires et militaires du département.

Divers toasts ont été portés :

Le maire : Au président de la République.

A. Rambaud : À Victor Hugo, poète des États-Unis du monde.

Ad. Pelleport : À Garibaldi, qui empêcha l’ennemi d’envahir Besançon.

Le général Wolf : Au génie, dans la personne de Victor Hugo.

Paul Meurice : À la ville de Besançon.

M. Beauquier, député : À Victor Hugo, président de la république des lettres.

Après les toasts, de beaux vers de M. Grandmougin, enfant de Besançon comme Victor Hugo, lus par M. le recteur, ont été salués d’unanimes applaudissements.

On a passé dans un jardin d’hiver qui avait été improvisé dans une autre salle du palais Granvelle.

De beaux arbustes verts portaient des lanternes vénitiennes d’un effet charmant, l’hôtel de ville et la maison où est né Victor Hugo étaient brillamment illuminés.

La foule répandue dans les rues participait à la fête par sa joie et ses nombreux vivats auxquels faisait écho la musique militaire. — Ad. Pelleport.