Académies et sociétés savantes 1830-4/01

PARIS.Académie des Sciences. — Séance du 4 octobre 1830. — M. Cordier communique à l’Académie, de la part de M. Bozet, ingénieur à Alger, des détails géologiques sur la partie de la côte occupée par l’armée française. Le même membre présente encore, au nom de la Société d’histoire naturelle de Strasbourg, le premier volume des Mémoires de cette Société. Il contient des travaux d’un grand intérêt. — M. Alexandre de Humboldt présente un Mémoire et une carte sur les chaînes de montagnes et les volcans de l’intérieur de l’Asie. — Le même membre annonce aussi à l’Académie que de nouveaux diamans ont été récemment trouvés dans les monts Ourals. M. Smith et le comte Collier, ses compagnons de voyage, en ont trouvé huit, et depuis, on en a découvert sept autres. — M. Serullas fait en son nom, et celui de M. Chevreul, un rapport favorable sur un Mémoire intitulé : Monographie de l’asparagine, de MM. A. Plisson et Henri fils, pharmaciens. — MM. Boyer, Dupuytren et Larrey font un rapport sur le Mémoire de M. Velpeau, relatif à l’amputation de la jambe dans l’articulation du genou, dans lequel, tout en donnant des louanges à ce dernier sur son travail, ils conseillent cependant aux praticiens de préférer l’amputation dans l’épaisseur des condyles. — M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un Mémoire sur de grands sauriens trouvés à l’état fossile sur les côtes de la Basse-Normandie, établissant deux genres, celui des teleo-saurus et celui des spheleo-saurus, animaux désignés jusqu’ici sous les noms de crocodiles de Caen et de Honfleur. — M. Latreille lit l’extrait d’un Mémoire intitulé : Vues générales sur les aranéïdes quadripulmonaires ; Notice sur quelques espèces nouvelles du genre mygale de M. Walkenaer, et sur l’habitation de celle qu’il a nommée récluse.

11 octobre. — MM. Henri de Cassini et Mirbel font un rapport sur un Mémoire de M. Fay, intitulé : Monographie du genre trypethelium, genre de plantes agames appartenant à la famille des lichens. Ce Mémoire présente un recueil d’observations exactes sans aucun mélange d’idées systématiques. L’Académie accorde son approbation à ce travail modeste et utile. — M. Poisson lit un Mémoire sur la propagation du mouvement dans les milieux élastiques. — M. Delpech, de Montpellier, adresse un Mémoire sur l’ablation de l’utérus. Renvoyé à MM. Serres et Dupuytren, chargés d’en faire un rapport. — M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un Mémoire intitulé : De la Spécialité des formes de l’arrière-crâne chez les crocodiles, et de l’identité des mêmes conditions organiques chez les teleo-saurus.

19 octobre. — M. le docteur Charles Said adresse à l’Académie un ouvrage anglais sur la nature et le traitement du choléra-morbus. M. Dupuytren fera un rapport verbal sur cet ouvrage. — Le ministre de l’intérieur demande l’opinion de l’Académie sur une méthode nouvelle d’enseigner l’arithmétique, imaginée par M. Delahaye. — MM. Lacroix et Poisson sont nommés commissaires pour cet objet. — M. de Humholdt fait une communication relative à des observations magnétiques faites en différens lieux du monde, par M. Erman. — M. Cordier communique une note de M. William Fox, l’un des principaux intéressés des mines de Cornouailles, sur les rapports de l’arrangement des filons métalliques avec l’électricité. — M. Leroux, pharmacien à Vitry-le-Français, qui, le premier, a découvert dans l’écorce du saule l’existence de la salicine, fait part à l’Académie d’un nouveau procédé plus simple que celui qu’il a déjà publié pour préparer cette substance, et annonce qu’il pense bientôt la livrer au commerce à 5 francs l’once, c’est-à-dire à un prix qui n’est que la moitié de celui auquel revient le sulfate de quinine. — M. Le Chevalier, capitaine d’artillerie, fait lecture de son Mémoire sur le mouvement des fluides. — M. Moreau de Joanès lit un Mémoire sur la population des différens états de l’Europe, et sur la proportion qui existe dans le nombre des individus des différens âges.

25 octobre. — M. Poisson fait un rapport sur un ouvrage manuscrit de M. Ostrogrask, intitulé : Cours de Mécanique céleste. — M. Levasseur soumet au jugement de l’Académie un nouveau baromètre avec l’exposé des principes sur lesquels cet instrument est construit. — MM. Gay-Lussac et Dulong font un rapport sur cette communication. — M. Duvernis lit un Mémoire sur les caractères anatomiques qui peuvent faire distinguer les serpens venimeux de ceux dont la morsure est sans danger.

Séance du 2 novembre 1830. — M. le docteur Lassis demande qu’il soit fait un rapport sur les documens relatifs aux maladies prétendues contagieuses, qu’il a soumis au jugement de l’Académie. — M. Thomas Johnston, de Glascow, écrit à l’Académie une lettre dans laquelle il donne une description détaillée d’une machine de son invention, dont les effets sont semblables à ceux des machines à vapeur, et dans laquelle le seul moteur est l’air comprimé. — M. Serullas lit un Mémoire sur les chlorures d’iode, sur un nouveau procédé pour obtenir très-promptement l’acide iodique, et sur un moyen de reconnaître la plus petite quantité de l’un des alcalis végétaux dans leur dissolution alcoolique. — M. le chevalier Gamba, consul de France à Tiflis, adresse quelques détails sur l’origine et les progrès effrayans du choléra-morbus, dont les ravages sont tels, qu’à Tiflis même, résidence de l’auteur, la population, qui s’élevait à 30,000 âmes, a été réduite à 8,000. — M. le baron de Halberg adresse une lettre sur le projet d’établir une communication entre le Rhin et le Danube. — M. Velpeau lit un Mémoire sur la cessation spontanée des hémorrhagies traumatiques, le froissement, la fermeture, le renversement, la torsion des artères, et fait un exposé intéressant des recherches qu’il a faites à ce sujet. — M. Person, inventeur d’un nouveau électomètre destiné à mesurer les plus petites quantités d’électricité, joint une note à l’appui d’un fait qu’il avait avancé dans la dernière séance, savoir que les nerfs des animaux étaient moins bons conducteurs de l’électricité que les métaux. Cette assertion ayant été depuis révoquée en doute, M. Person décrit les expériences sur lesquelles sa conviction est fondée. — Renvoyé à la commission.

8 novembre. — M. Paul Binet lit une note sur les formules relatives aux calculs des équations aux différences partielles. — MM. Poisson et Poinsot sont nommés commissaires. — M. Tanchon fait hommage à l’Académie d’un ouvrage relatif à une nouvelle méthode de détruire les calculs dans la vessie, sans opération sanglante. — M. Duméril, au nom d’une commission, fait un rapport favorable sur le travail de M. Strauss, relatif à l’anatomie du frelon. — M. Libri lit un Mémoire sur la détermination de l’échelle thermométrique des instrumens employés par les membres de l’Académie del Cimento, académie fondée par les élèves de Galilée, et qui s’occupa en particulier de la météorologie avec beaucoup de soin. — MM. Corbin, Ajasson de Gransagne, Fossé, Brière de Boismont, demandent à faire partie d’une commission qui serait chargée d’aller en Russie étudier le choléra-morbus. Leurs lettres sont renvoyées à la section de médecine, ainsi que les observations de M. Leymerie sur cette maladie. — M. Brière de Boismont lit un Mémoire sur la pelagre, maladie qui sévit depuis plusieurs siècles sur les habitans du Milanais, et qui, selon l’opinion de cet académicien, semblerait être une sorte de dégénérescence de la lèpre.

16 novembre. — M. le docteur Eusèbe de Salle et Louis Lesper demandent à faire partie de la commission future chargée d’aller observer le choléra-morbus. — M. Geoffroy Saint-Hilaire lit une note concernant plusieurs circonstances nouvelles de l’organisation sexuelle des animaux à bourses. — M. Beautemps de Beaupré présente, de la part du directeur de l’observatoire de Copenhague, un tableau des distances du centre de la lune, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne pour l’année 1832 ; ces distances sont celles dont on se sert maintenant pour déterminer les longitudes. — Le ministre de la justice adresse deux Mémoires, l’un de M. Pouillet, l’autre de M. Lebrun, relatifs aux moyens de découvrir l’altération des écritures. MM. Cuvier, Latreille et Duméril font un rapport sur les Mémoires de MM. Audouin et Milne Edwards, relatifs aux animaux sans vertèbres des côtes de la Manche. — M. Duméril fait un rapport sur un Mémoire de M. Benoiston, de Châteauneuf, relatif à l’influence qu’exerce la profession de tailleur de pierres à fusil sur le développement de la phthysie pulmonaire. — MM. Prony, Mathieu et Navier font un rapport sur une jauge pour les tonneaux, construite par M. Pugnaut, marchand de vin à Belleville. — M. Serullas lit un Mémoire sur la séparation du chlore et du brome contenus dans un mélange de chlorure et de bromure alcalins.

22 novembre. — Le ministre de la guerre annonce que le conseil de l’École Polytechnique vient de proposer M. Dulong pour directeur des études. Il invite l’Académie à vouloir bien, de son côté, s’occuper de la présentation d’un candidat. On procède immédiatement au scrutin pour la nomination d’une commission de cinq membres. MM. Gay-Lussac, Arago, Poisson, Legendre et Lacroix réunissent la majorité des suffrages. M. Gay-Lussac déclare que la commission dont il est l’organe présente à l’unanimité M. Dulong comme candidat à la place de directeur des études à l’École Polytechnique.

29 novembre. — M. Foy annonce avoir employé utilement contre le choléra-morbus un traitement particulier, et demande à être envoyé en Russie. Renvoyé à la section de médecine. — M. Isidore Bourdon insiste sur la nécessité d’envoyer en Russie pour prendre connaissance du choléra-morbus. Il pense que c’est à l’Académie de choisir les commissaires, et fait connaître les titres qu’il a pour en faire partie. — L’Académie nomme M. Dulong candidat pour la place de directeur des études de l’École Polytechnique. — M. Flourens lit des considérations sur l’opération du trépan et sur les lésions du cerveau. La section de physique présente pour la place de correspondans près de cette section, MM. Larive, à Genève ; Amici, à Modène ; Marianini, à Venise ; Nobili, à Reggio ; Bellani, à Pavie ; Morlet, à Saint-Cyr.

Académie française. — Séance du 18 novembre. — Dans sa séance du 18 novembre, l’Académie a procédé au remplacement de MM. Fourier et Ségur père. Les candidats étaient MM. Victor Cousin, B. Constant, Viennet, Tissot et Kératry ; M. Cousin a été nommé au premier tour de scrutin, et M. Viennet après un ballottage avec M. Benjamin Constant.

NÎMES.Académie royale du Gard. — L’Académie royale du Gard a proposé les questions suivantes pour le concours de l’année 1831.

1o Quels sont les obstacles qu’apportent les patois aux progrès de la civilisation des classes du peuple dans les contrées où ils sont en usage. Le prix qui doit être décerné pour cette première question sera une médaille d’or de la valeur de 300 francs.

2o Déterminer quelle est l’influence exercée par les substances salines solubles que l’on peut se procurer à bas prix dans le commerce, telles que le sel commun, le sulfate de soude, l’hydrochlorate et l’acétate de chaux, les sels ammoniacaux, soit employés en dissolution dans l’eau, soit surtout à l’état pulvérulent ; déduire de ce genre de recherches, et indiquer, d’après des expériences, quelles ressources l’agriculture pourrait retirer de ces sortes de matières employées comme engrais. Le prix consiste en une médaille de la valeur de 450 fr.

Les ouvrages envoyés au concours doivent être adressés francs de port avant le 1er août 1831, à M. Nicot, secrétaire de l’Académie du Gard.