Œuvres littéraires de Napoléon Bonaparte/Lettres de Famille/36
XXXVI
À LA REINE HORTENSE.
Ma fille, je suis mécontent que vous soyez sortie de France sans ma permission, et surtout que vous ayez fait sortir mes neveux[1]. Puisque vous êtes aux eaux de Bade, restez-y ; mais une heure après avoir reçu la présente lettre, renvoyez mes deux neveux à Strasbourg, auprès de l’impératrice ; ils ne doivent jamais sortir de France. C’est la première fois que j’ai lieu d’être mécontent de vous ; mais vous ne deviez pas disposer de mes neveux sans ma permission ; vous devez sentir le mauvais effet que cela produit. Puisque les eaux de Bade vous font du bien, vous pouvez y rester quelques jours ; mais, je vous le répète, ne perdez pas un moment pour renvoyer mes neveux à Strasbourg. Si l’impératrice va aux eaux de Plombières, ils l’y accompagneront ; mais ils ne doivent jamais passer le pont de Strasbourg. Votre affectionné père,
- ↑ Ces deux neveux de l’empereur étaient les jeunes Charles-Napoléon-Louis, né en 1804, et Charles-Louis-Napoléon, né en 1808, le futur Napoléon III.
- ↑ Cette lettre sévère donne une idée de la rigidité avec laquelle Napoléon comprenait son rôle de chef de la famille impériale. N’ayant pas d’enfant, il se réservait encore à ce moment-là la faculté d’adopter l’un des deux fils de Louis et d’Hortense. Aussi a-t -il eu la précaution de charger l’impératrice Joséphine de faire parvenir à la reine de Hollande la terrible épître. Le soin jaloux avec lequel Napoléon veillait sur les enfants d’Hortense ne dut pas peu contribuer à