Œuvres complètes de Démosthène et Eschine (Traduction de Joseph Planche)/Volume VI/Notes sur la harangue contre Midias

NOTES


DE LA HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE


CONTRE MIDIAS.


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[i] Ces fêles de la lune et du soleil s’appelaient thargèties.

[2] Le passage de la déposition de l’orfèvre à la phrase suivante , me paraît un peu brusque , et je serais assez porté à croire qu’il manque ici une phrase ou deux. L’orateur devait au moins avertir ses juges qu’il était inutile de leur prouver des faits qui s’étaient passés à la vue de tout le monde, dont ils étaient parfaitement instruits, et que l’accusé lui-même ne pouvait nier. Il devait leur rappeler, en peu de mots, les persécutions et les insultes qu’il avait essuyées de la part de Midias ^ avant de paraître sur le théâtre , et lorsqu’il y avait paru. [5] On a î’7i5«i<é.... Lcgrec : on a insulté votre couronne commune. Lorsque les ihesmothètes s’assemblaient pour juger de quelque affaire, ils portaient sur la tête une couronne , qui était comme la marque de la dignité de leur place.

[4] Erechthée , sixième roi d’Athènes ; Pandion , cinquième roi de b même ville ; ils avaient donné leurs noms aux tribus Érechthéide et Fandionide.

[5] Ici le raisonnement de Démostfaène est captieux. Il j avait deux lois ; l’une qui autorisait à citer devant le juge , avant qu’il parût sur le théâtre, ou après qu’il y avait paru, un étranger qui se mettait parmi les personnages du chœur : le juge examinait s’il était vraiment étranger ; et, après un examen suffisant, il le condamnait à une amende : l’autre» qui défendait de le citer lorsqu’il était sur le théâtre , en exercice , une couronne sui la tête. Démosthène, pour fortifier son raisonnement par une antithèse , mêle les deux lois au lieu de les distinguer. Cciui, dit-il , qui aura cita devant le juge un personnage de chœur ^ quoique autorisé par la loi , subira une peine. S’il est autorisé par la loi , il ne subira pas de peine : s’il subit une peine , c’est qu’il n’était pas autorisé par la loi.

[6] La loi , pour les citoyens diffamés , était différente de celle pour les étrangers. On pouvait citer ceux-ci devant le juge avant qu’ils parussent sur le théâtre, ou après qu’ils y avaient paru, mais non pas Jes autres : il fallait les expulser soi-même du théâtre.

[7] C’est, sans doute, le même Philostrate dont il est parlé dans le discours contre Nééra. Voici la réflexion d’Ulpien sur cet endroit. Chabrias, dit-il, avait persuadé aux Athéniens de secourir les Thébains qui étaient en péril : ceux-ci, peu reconnaissans, leur enlevèrent Orope, ville voisine de Thèbes. Le général fut ioupçonné d’avoir favorisé leur usurpation, et en conséquence accusé comme traître.

[8] Quintilien ( vi. 1. 17), Longin, et d’autres rhéteurs encore, ont loué à l’envi cet endroit de la harangue, et en ont expliqué les beau* tés. Je les ai senties ces beautés, je m’en suis pénétré, et j’ai tâché de les faire sentir dans ma traduction. Voyez Longin, Traité du sublime^ chap. 17, où il parle du mélange des figures. — [ Il n’est pas trop sûr que le Traité du SuHime seit de Longin : Voyez la Biographie Universelle, au mot Longin^ et M. Wolfdans ses Analekten^T. a. Addit. dei’Edit.’]

[9] Nous avons encore les plaidoyers que Démosthène composa contre ses tuteurs, dont le principal et celui qui avait lé plus malversé était un nommé Aphobus. — Plus bas, c’était Thrasyloque Il est parlé de Thrasyloque et de l’échange, dans le second discours contre Aphobus.

[10] Voyez, pour tout cet endroit, l’article des arbitres, dans le traité sur les lois et la jurisdiction d’Athènes, que nous avons mis dans lo premier volume.

[11] On devait prêter serment, lorsqu’on revenait par opposition ; Midias ne le prétait pas, afin que Straton restât tranquille, et que par-là il pût le prendre en défaut, et l’attaquer sans qu’il se défendît. [12] Un arbitre f un homme qu’il avait choisi lui-même pour juger son diiTérend avec Démosthène. — A été entièrement diffamé. Il y avait des diffamationi qui n’ôtaient qu’une partie des droits des citoyens, d’autres qui les ôtaient tous.

[i3] Il faut distinguer revenir par appel, appeler de la décision d’un tribunal à un autre tribunal, et r&venir par opposition, c’est-à-dire, empêcher l’exécution d’une sentence obtenue par défaut. On ne pouvait appeler de la décision d’un arbitre qu’on avait choisi soi-même ; mais oa pouvait empêcher l’ciTet de la condamnation par défaut, en montrant, par de bonnes raisons, qu’on n’avait pu se présenter. — Dix mines ou mille drachmes, c’était la même somme exprimée différemment, à peu près cinq cents livres de notre monnaie.

[i4] Une oboie. Le texte dit, où/i ; <αλκβ>. Le Chalcous était la huitième partie d’une obole. {Note de i’Édit.) [15] C’est sans doute un autre Euctémon que celui dont il est parlé dans les harangues contre Timocrate et contre Androtion.

[1G] Cette calomnie, comme nous voyons ensuite, avait été forgée par Midias dans rinterrallc de la condamnation du peuple au jugement actuel.

[16] Faire des réflexions ά qtLcIquun n’est pas plus exact quoùser•v&r à quoiqu’un, faire (Us observations à quelqu’un. Auger devait écrire, faire faire quelques ré/îeayions, soumettre quelques réflexions. ( Note de l’Editeur.)

[18] Plutarque et sa perfidie sont suffisamment connus par les discours précédons. Voyez τ, 1, p. 54o.

[19] Jeux néméens, jeux célébrés en l’honneur de Jupiter, près de la foiét Néraée, dans le Péloponèse. Ces jeux furent établis bu renouvelés par Hercule, après qu’il eut tué le lion de la forêt Kéroée. — Déesses redoutables, les furies qui avaient un autel dans le sénat de l’aréopa^çe. Ainsi Démoslhène, accusé de meurtre par Midias, avait été choisi par le sénat de l’aréopage, ce tribunal célèbre qui connaissait surtout du meurtre, pour sacrifier aux Furies, vengeresses des meurtres. [20] Auger a suivi la mauvaise leçon xa> « r. H. Etienne avait restitué déjà, d’après les manuscrits, « λ « >^ /^ « r xo<ruyii# « (, excellente leçon que Reiske avait presque trouvée par conjecture, et que M. Spaldinga reçue dans son édition. ( Note de l’Editeur.)

[21] Argoura, ville d’Eubée, dans le territoire de Ghalcide, auprès de laquelle les Athéniens firent une expédition. [22] Porté sur une mule ; ce qui était une mollesse pour un homme et pour un guerrier : il n’y avait que les femmes qui se servissent de cette monture. — Inconnus dans nos camfs : en grec, sur iesquds les eoUectcurs levaient un impôt, il y avait certains objets, surtout ceux de luxe, sur lesquels on levait un impôt. Cet impôt était à peu près la cinquantième partie du prix de la chose. Les collecteurs étaient nommés en conséquence, tttiiiKOcitxoyu, quinquagcsitnœ collectorcs. [20] Ce n’est pas assurément le même Polyeucte dont l’orateur parle dans la neuvième Philippique, comme d’un excellent citoyen. On verra plus loin un discours contre Timocrate. — (Et pourquoi ne serait-ce pas le même Polyeucte ? Est-ce que dans les grandes affaires, est-ce que dans le gouvernement, les mêmes hommes sont toujours amis, sont longtems amis ? Addition de l’Editeur.)

[24] Alcibiade est connu daus l’histoire comme un des hommes les plus singuliers qu’ait produits la Grèce ; il joignait toutes sortes de vices à d’excellentes qualité*, ! plus brillantes néanmoins que solides ; également funeste et utile à sa patrie, il lui rendit les services les plus importuns , et lui causa les plus grands maux. — Dm côte de sa mère. ... Le savant Paulmier prétend, d’après Plutarque, et surtout d’après Andocide, que Démosthène s’est trompé, ou a aiTecté de se tromper, en disant qu’AIcibiade était de la famille d’Hipponique du côté de sa mère. Il avait épousé Hipparète , fille d’Hipponique , sœur de Callias. C’était donc son file , et non pas lui , qui était de la famille d’Hipponique par sa mère.

— L’histoire ne spécifie pas dans quelles circonstances il combattit pour Athènes avant son bannissement, deux fois à Samos , et une troisième fois dans l’enceinte ’môme de la ville. — M. Spalding cherche à expliquer cette généalogie d’Alcibiade ; mais il ne nous paraît pas avoir réussi à concilier Démosthène avec les historiens. La mémoire de Démosthène aura ici été infidèle. Qaii ait affecté de se tromper , comme le prétend Paulmier de Grantemesnil , cela manque de vraisemblance. Addition de l’Editeur. )

[2 5] En exposant sa personne, et non en déboursant de l’argent y ou en débitant des discours. On sent que ces traits tombent sur Midias. [26] Il y avait dans Athènes beaucoup d’hermès, ou de statues de Mercure : on les mutila toutes pendant une nuit. Alcibiade fut accusé d’avoir été complice, ou même auteur de cette impiété. [27] Démosthène prétend que Midias était Barbare d’origine. Eschine lui fait à lui-même un pareil reproche.

[28] Nous avons déjà observé que les panathénées étaient des fêtes qui se célébraient à Athènes en l’honneur de Minerve, avec beaucoup de pompe et d’appareil. Nous avons observé pareillement qu’on distribuait par classes les plus riches citoyens pour avancer les contributions, ou pour équiper des navires. Chaque classe avait son chef, dont la fonction , sans doute j était de recueillir les contributions de sa classe. [29] Eschine parle de l’affaire de Tamynes dans son discours sur la couronne , et dans celui contre Timarque.

[3o] Styre, ville d’Eubée.

[3i] Le nom du bourg manque au nom de Pamphile. [02] En grec , de la galère paraiienne, destinée particulièrement à des usages de religion , et servant aussi à porter aux généraux les ordres de h république.

[53] Dans la guerre sociale, dit Ulpien, les Athéniens avaient décidé qu’on pillerai^ tous les vaisseaux marchands des ennemis qu’on rencontrerait. Midias pilla des vaisseaux des Cyzicéniens qui étaient amis d’Athènes. Ceux-ci vinrent se plaindreet redemander leurs marchandises, Midiaa vint à bout, par sesiutriguesjdeles faire renvoyer sans qu’ils eussent obtenu réparation. De retour chez eux, ils engagèrent leur ville à déclarer la guerre aux Athéniens. — Dioclès, général Athénien, qui fitJa guerre aux Thébains, et conclut avec eux un traité.

[5ij.] J’ai cru devoir transposer ici une petite phrase, aGn que les idées se lient mieux. C’est peut-être en grec une faute de copiste. [35] Mystères est le nom qu’on donnait aux fêtes de Gérés. [56] Il ne faut pas oublier, dans tout cet endroit, ce que nous avons observé dans le sommaire, que les délits concernant les fêtes de Bacchus étaient jugés d’abord par le peuple assemblé tumultuairemcnt dans le temple de ce dieu, pour être portés ensuite à un tribunal plus tranquille. [57] Nous avons déjà dit, dans ce qui précède ( Voyez t. iv, p. 459, note 4-5), que Butés était un ancien sacriGcateur d’Athènes. [58] Cette mauvaise locution a déjà été relevée plus haut, note 17. ( Note de l’Éditeur.)

[59] Qiioi qu’il en arrive, c’est — à — dire, qu’ils soient choqués ou non que je révèle leur secret.

[4o] C’est Ëubulus qu’il désigne sans le nommer. [4i] Aristophon, suivant Ulpien, avait été préposé à la levée des impôts ; il garda pour lui les dîmes de Minerve, avec lesquelles on devait consacrer des couronnes dans le temple de cette déesse. Accusé par Ëubulus, il prévint le jugement, et mit des couronnes dans le temple.