Œuvres complètes de Démosthène et Eschine (Traduction de Joseph Planche)/Volume VI/Notes sur la harangue contre Androtion

NOTES

SUR LA HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE

CONTRE ANDROTION.

[i] Nous voyons, par cet endroit et par mille autres, que les Anciens ne rougissaient pas de manifester les senlimens de haine et les d^isirs de vengeance. Il fallait qu’un Dieu vînt nous apprendre, par ses leçons et par son exemple, à faire à la religion le sacrifice des mouvemens de la nature.

[2] Nous répéterons ce que nous avons déjà observé plus d’une fois, qu’avant de présenter au peuple un décret , il fallait qu’il fût adopté par le sénat. Lorsqu’il avait été accepté par cet ordre, et avant qu’il fût reçu pat le peuple, on l'appelait Trps^oi>Xfi</aa. [3] Il semble qu’il manque ici quelque chose pour la justesse du raisonnement, et qu’il aurait fallu dire : Mais si, dans tout mon décret, sans parler de vaisseaux , et sans faire intervenir la demande du sénal, je requiers, de mon chef, et je cite d’autres motifs... Car il est vbible, et ce qui suit le démontre , que l’essentiel était de savoir si le sénat avait demandé ou non une récompense, n’ayant pas construit de vaisseaux.— (Il ne manque rien ici. L’objection d’Androtion est suffisamment exposée. Addit. de l’Éditeur. )

[4] Le grec dit : on vendait jusqu’à i’oroée. Orobe , herbe qui croît partout, et qui est fort commune. — (L’orobe des Anciens est une légumineusc , une espèce d’ers. Addii. de V Éditeur. ) [5] Suivant Ulpien , cet intendant, comme en général tous ceux qui avaient le manienïent des deniers publics, devait être nommé par le peuple.

[6] Voici le raisonnement de Démosthène. Il s’agit, dans cette cause , d’une infraction de lois ; car nous accusons Androtion d’avoir proposé des choses contraires aux lois ; donc nous pouvons, dans cette même cause, l’accuser d’avoir enfreint la loi qui défend à tout homme, convaincu d’impudicité, de parler à la tribune, et de porter des décrets ; donc nous ne manquons pas aux formes, en parlant de l’infraction d’une loi particulière , dans une cause où il s’agit d’infraction de lois. Ce raisonnement est bien subtil, je ne le crois pas fort convaincant. — Plus bas , <Vnfit douhU infraction, c’est-à-dire, d’avoir proposé des choses contraires aux lois, et malgré la loi portée contre les impudiques.

[ ;:] Démosthène converse, pour ainsi dire, avec quelqu’un qui veut attaquer un homme qui l’a volé. Il lui propose d’abord la voie la plus violente, où il faut de la force, de la hardiesse , et où, de plus, on risque d’être condamné à mille drachmes. Il lui propose ensuite deux voies plus douces, mais où on risque pareillement d’être condamné à mille drachmes. ïlnGn, il lui propose une voie plus douce encore , et où on ne risque rien ; après quoi , supposant que la voie de l’arbitre ne lui plaît pas, ni aussi celle de traîner le coupable en prison , il revient aux deux voies intermédiaires. Voilà comme j’entends cet endroit qui a beaucoup embarrassé, et non sans raison, tous les commentateurs. Rappelons-nous, au reste, que Démosthène, ayant affaire à un orateur qui se piquait de subtilité , affecte , dans ce discours , d’employer les raisons les plus subtiles. [8] J’ai ajouté ici au texte ce qui me semble y manquer pour compléteif le sens. "^

[9] Cette dernière phrase est comme jetée en passant, et fait entendre qu’on n’a besoin d’Androtion , que lorsqu’il faut user de violence envers les citoyens.

[ 10] Harpocration parle de ces deux courtisanes. Il dit de la première, qu’elle était de la ville d’Abydos, et que les poè’tes comiques en faisaient l’objet de leurs satires : il dit de la seconde, que, malgré son mauvais commerce, elle se vit réduite à une extrême indigence. [11] Ulpien prétend que, pendant les Bacchanales, on ouvrait les prisons , et qu’on permettait aux prisonniers de se promener librement dans la ville. Le père d’Androtion abusa de cette permission pour s’enfuir. [12] Contrôleur ; voilà comme j’ai rendu le mot grecàFTop^jnOç , qui signifiait un officier chargé de veiller à l’emploi des deniers publics. [i3] Cette inscription sur la victoire de Chabrias a été ajoutée par le Traducteur. ISote de i’Édit.


FIN DU TOME SIXIÈME.