Œuvres complètes de Béranger/Mon Curé

Pour les autres éditions de ce texte, voir Mon Curé.

Œuvres complètes de BérangerH. Fourniertome 1 (p. 142-144).


MON CURÉ


Air : Un chanoine de l’Auxerrois (Air noté )


Le curé de notre hameau
S’empresse à vider son tonneau,
        Pour quand viendra l’automne.
Bénissant Dieu de ses présents,
À sa nièce, enfant de seize ans,
        Il dit parfois : Mignonne,
Cache-moi bien ce qu’on fera ;
Le diable aura ce qu’il pourra.
                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.

Fait pour chasser les loups gloutons,
Dois-je essayer sur les moutons
        Si ma houlette est bonne ?
Non, mais à mon troupeau je dis :
La paix est un vrai paradis
        Qu’ici-bas l’on se donne.
Surtout j’ai soin, tant qu’il se peut,
De ne prêcher que lorsqu’il pleut.
                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.


Les dimanches, point ne défends
La joie à ces pauvres enfants ;
        J’aime alors qu’on s’en donne.
Du chœur, où je suis seul souvent,
Je les entends rire en buvant
        Chez la mère Simone ;
Ou j’y cours même, s’il le faut,
Les prier de chanter moins haut.
                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.

Sans jamais en rien publier,
Je vois s’enfler le tablier
        De plus d’une friponne.
S’épouse-t-on six mois trop tard ;
Faut-il baptiser un bâtard ;
        C’est le ciel qui l’ordonne.
Les plaintes fort peu me siéraient,
Le ciel et Suzon en riraient.
                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.

Notre maire, un peu mécréant,
À maint sermon répond : Néant.
        Mais que Dieu lui pardonne !
Depuis qu’à sa table il m’admet,
J’ai su qu’à deux mains il semait,
        Sans bruit faisant l’aumône ;
Or, la grâce ne peut faillir :
Puisqu’il sème, il doit recueillir.

                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.

Je préside à tous les banquets,
À ma fête j’ai des bouquets,
        Et l’on remplit ma tonne.
Mon évêque, triste et bigot,
Prétend que je sens le fagot ;
        Mais pour qu’un jour, mignonne,
J’aille où les anges font leurs nids,
Revoir tous ceux que j’ai bénits,
                Eh ! zon, zon, zon,
            Baise-moi, Suzon,
        Et ne damnons personne.



Air noté dans Musique des chansons de Béranger :


MON CURÉ.

Air : Un chanoine de l’Auxerrois.
No 54.



\relative c'' {
  \time 2/2
  \key c \major
  \tempo "Allegretto."
  \autoBeamOff
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    \tempo 4 = 120
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\addlyrics {
Le cu -- ré de no -- tre ha -- meau
S’em -- presse à vi -- der son ton -- neau
Pour quand vien -- dra l’au -- tom -- ne
Bé -- nis -- sant Dieu de ses pré -- sents
À sa nièce, en -- fant de seize ans
Il dit par -- fois mi -- gnon -- ne
Ca -- che- moi bien ce qu’on fe -- ra
Le diable au -- ra ce qu’il pour -- ra
"Eh !" zon zon zon
Bai -- se- moi Su -- zon
Et ne dam -- nons per -- son -- ne.
}

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