À DES COUPLETS QUI M’ONT ÉTÉ ADRESSÉS PAR MADEMOISELLE *** ÂGÉE DE DOUZE ANS
Air : Où s’en vont ces gais bergers ? (Air noté ♫)
Pour les vers, quoi ! vous quittez
Les plaisirs de votre âge !
Ma Muse, que vous flattez,
Aux amours rend hommage.
Ce sont aussi des enfants
À la voix séduisante ;
Mais, hélas ! vous n’avez que douze ans,
Et moi j’en ai quarante !
Pourquoi parler de lauriers ?
De pleurs on les arrose.
Ce n’est point aux chansonniers
Que la gloire en impose.
La fleur, orgueil du printemps,
Est le prix qui nous tente.
Mais, hélas ! vous n’avez que douze ans,
Et moi j’en ai quarante !
Jeune oiseau, prenez l’essor ;
Égayez le bocage.
Par des chants plus doux encor
Brillez dans un autre âge.
De les inspirer je sens
Combien l’espoir m’enchante.
Mais, hélas ! vous n’avez que douze ans,
Et moi j’en ai quarante !
De me couronner de fleurs,
Oui, vous perdrez l’envie ;
Sous des dehors plus flatteurs
Vous verrez le génie.
Puissiez-vous pour mon encens
Être alors indulgente !
Mais à peine vous aurez vingt ans
Que j’en aurai cinquante.