Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/Île charmante, Amphitrite

Œuvres poétiques, Texte établi par Louis MolandGarnierVolume 1 (p. 268-269).

LII[1]


....Île charmante, Amphitrile, ta mère,
N’environne point d’île à ses yeux aussi chère.
Paphos, Gnide ont perdu ce renom si vanté.
C’est chez toi que l’amour, la grâce, la beauté,
La jeunesse, ont fixé leurs demeures fidèles.
Berceau délicieux des plus belles mortelles,
Tes cieux ont plus d’éclat, ton sol plus de chaleurs ;
Ton soleil est plus pur, plus suaves tes fleurs.

D’… reçut le jour sur tes heureux rivages[2].
Que toujours tes vaisseaux ignorent les naufrages,
Que l’ouragan jamais ne soulève tes mers,
Que la terre en tremblant, l’orage, les éclairs,
N’épouvantent jamais la troupe au doux sourire
Des vierges aux yeux noirs, reines de ton empire !

  1. Édition 1833.
  2. Selon les conjectures de M. Becq de Fouquières il s’agirait toujours de Mme  de Bonneuil (Michelle Santuary), née à l’île Bourbon. Le premier éditeur avait mis Fanny.