Librairie de L. Hachette et Cie (p. 149-150).

LIII

JÉSUS VA À NAZARETH.



Notre-Seigneur quitta ce lieu et vint dans son pays, à Nazareth, accompagné de ses disciples. Un jour de sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Un grand nombre de ceux qui l’entendaient s’étonnaient qu’il parlât si bien, et disaient :

« D’où lui viennent toutes ces choses ? Et d’où lui vient cette sagesse que nous voyons ? Et d’où vient que tant de merveilles se font par ses mains ? N’est-ce pas ce charpentier, fils de Marie, frère de Jacques, de Joseph, de Juda, de Simon ? »

Armand. Comment, frère ?

Grand’mère. C’est-à-dire cousin. Je vous ai expliqué qu’en syriaque et en hébreu, les cousins s’appelaient frères et sœurs, et qu’il n’y a même pas de mot pour dire cousin ou cousine. Les frères et les sœurs dont on parle dans l’Évangile sont les cousins et les cousines de Notre-Seigneur, les enfants de Marie, femme de Cléophas, sœur aînée de la Sainte Vierge.

« Ses sœurs, disaient les gens de Nazareth, ne sont-elles pas ici parmi nous ? »

Et ils se scandalisaient de lui.

Armand. Comment, scandalisaient ? Qu’est-ce que c’est, scandalisaient ?

Grand’mère. Scandaliser, c’est faire quelque chose de mal, c’est donner un mauvais exemple. Les Nazaréens se scandalisaient, c’est-à-dire se choquaient, se révoltaient de ce que disait Notre-Seigneur, trouvant qu’un fils de charpentier ne devait pas se permettre de faire de la morale et de prêcher les autres.

Et Jésus leur dit :

« Un Prophète n’est sans honneur que dans sa patrie, dans sa maison, dans sa famille. »

Et il ne fit là aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelques malades.

Valentine. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que, pour faire des miracles sur les corps, Notre-Seigneur voulait ordinairement que l’âme eût foi en lui, qu’elle reconnût ses péchés et qu’elle éprouvât le désir de s’améliorer. À Nazareth, il ne trouvait rien de tout cela ; tout au contraire, on ne voulait pas croire en lui, et on se moquait de sa divinité.