Études poétiques (Lacaussade)/La Mer calme

Études poétiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 145).

V

LA MER CALME


 
Le vent des nuits, flottant sur ta nappe sereine,
Enfle ton onde, ô mer ! de sa plus molle haleine.
Comme un sein virginal que berce un rêve pur,
Belle et calme, tu dors dans ta couche d’azur.

La lune épanche au loin sa lumière tranquille ;
La voile pend au mât, la vergue est immobile ;
Le vaisseau dort cloué sur sa quille de fer ;
L’étoile de Vénus se mire au flot amer.

O mer ! un monstre étrange habite sous ton onde :
Il s’y replie et dort tant que l’aquilon gronde ;
Lorsque le ciel est pur et brille dans tes eaux,
Le polype y déroule au soleil ses anneaux.

O poète ! en ton sein est une hydre glacée :
Elle y dort quand ton cœur lutte avec ta pensée ;
Lorsque ton âme est calme et brille sous tes pleurs »
L’hydre des souvenirs sort de ses profondeurs !

Inspiré de Miçkiéwiécz.