Études poétiques (Lacaussade)/L’Ironie
II
L’IRONIE
Tu crains le ridicule, ô jeune homme insensé !
Autour de toi regarde, interroge les âges :
Partout auprès du Beau boite un masque glacé ;
Il s’est moqué des dieux, des prêtres et des sages ;
Le Juste sur sa croix n’en fut point respecté ;
Toujours aux pieds du Bien son rire âpre circule.
Le Mal seul n’est point ridicule !
On s’est raillé de tout, — de Satan excepté !
Laisse-toi donc railler, jeune homme aux divins songes ;
Crois au Bien, en dépit du lâche et du moqueur ;
Chante, les yeux levés, l’ivresse où tu te plonges ;
Noble, ne rougis point d’avoir un noble cœur.
Berce tes frais pensers au vent de l’harmonie,
Et, comme un arbre en fleur aux bruits mélodieux,
Ouvre tes rêves dans les cieux !
Laisse rire à tes pieds la boiteuse Ironie.