À un ami qui me disait : tu dois languir

À un ami qui me disait : tu dois languir
Roumieux (p. 126).

À un ami qui me disait : tu dois languir


Écoute un peu, mon cher ami,

Et vois comme je peux languir :

De six à sept je vais chez Tonnelle,

De sept à neuf je suis auprès de Brunel ;

Après dîner chez ce cher Chaber,

Puis un moment avec Tabory le soir.

Parfois dans la journée

Je vais faire un brin de promenade ;

Je m’arrête en revenant des champs,

Soit chez Galas, soit chez Vitran.

Parfois je fais une partie de cartes,

Je joue surtout à l’écarté,

Ou encore aux boules, ou au billard ;

Mais lorsque je gagne, c’est bien par hasard…

Je ne déteste pas le jeu de dames,

J’en atteste du plus profond de mon âme !

Car je le trouve si plaisant,

Que j’y jouerais bien toute l’année…

Mais je ne t’ai encore rien dit de ma chambrette

Où j’ai fait placer ma couchette :

C’est là que je fais la sieste tout l’été,

Et où je me trouve bien, grâce à Dieu !

Là sans bruit je m’adonne à la lecture,

Ou alors bien souvent à l’écriture,

Même si je n’y comprends rien,

Tout cela fait bien passer le temps.