À soi-même : Journal (1867-1915)/Meissonier

Texte établi par Introduction de Jacques Morland, H. Floury, Éditeur (Notes sur la vie. L’Art et les Artistesp. 146-147).

MEISSONIER

Le tableau de Meissonier est une des belles toiles de ce jour. Vous dites qu’il manque de plan, cela est vrai, mais vous remarquerez que tous les peintres primitifs n’en ont pas davantage. — Aux époques qui finissent on revient aux procédés de leur commencement. — Il y a dans cet ouvrage une grande puissance d’imitation et de représentation. Si les fonds et les derniers plans sont aussi formulés et achevés que les objets et les personnages du premier plan, c’est que l’auteur n’a fait qu’obéir à une loi de sa nature qui le porte toujours à voir la nature dans ses plus menus détails, et en quelque sorte avec la fidélité de la photographie. Ce tableau de Waterloo, il l’a conçu, porté, travaillé et mené à fin durant des années ; j’affirme que l’auteur a mis en cette toile toute la force de son talent de peintre.

(Entretien avec Chenavard.)